Cocody / Bataille pour la conquête de la commune du Président de la République - Treize prétendants, un fauteuil : la tradition va-t-elle être respectée

De la caserne de gendarmerie d’Agban à la lisière de la commune d’Adjamé, la commune de Cocody poursuit son extension. Elle se confond dans sa partie Sud aujourd’hui avec l’ancienne capitale Bingerville. La commune qui abrite la résidence présidentielle et bien d’autres autorités du pays est une belle dame très courtisée dans cette élection municipale qui a lieu ce dimanche. Treize candidats sont en lice et la belle commune de Cocody devra désigner son prince charmant. Des treize prétendants au fauteuil du maire intérimaire Jacques Dogo Niahoua, hormis le candidat du Pdci qui a déjà tenté l’expérience en 2001, les 12 autres sont des novices. Deux sont issus d’un parti politique (Félicien Agbahi du Rdr et N’Goan Aka Mathias du Pdci), un d’une coalition de petits partis autrefois proches de La Majorité Présidentielle (Lmp) de Laurent Gbagbo (Akossi Akossi). De mémoire d’Ivoirien, depuis que les élections ont été imposées comme mode de désignation des maires en 1980, la commune a toujours été contrôlée par un maire issu du parti présidentiel. De Usher Assouan (Pdci) en passant par Mel Eg Théodore (Pdci) puis Jean Baptiste Gomon Diagou (Fpi), ce presque théorème a été respecté. Félicien Agbahi relèvera-t-il ce défi ? Qui va oser vaincre ce signe indien ? On devrait être situé à partir de lundi, jour probable de proclamation des premiers résultats du scrutin. Pour l’heure passons en revue, ceux des candidats qui ont animé la campagne.

Les grands favoris
Félicien Agbahi – sur la base de la proportionnelle, il était membre du conseil municipal sortant élu en 2001 sur la liste conduite par l’actuel ministre d’Etat Hamed Bakayoko. Cet ingénieur commercial est bien connu parmi les militants de première heure du Rdr de Cocody même s’il est resté longtemps dans le starting-bloc et propulsé cette année au devant de la scène surtout pour son appartenance à l’ethnie Atchan, communauté autochtone des diverses communes d’Abidjan. Une faiblesse, mais aussi un atout, relativisent les observateurs. Félicien Agbahi qui met au centre de son projet la réconciliation, veut réinventer Cocody. Son défaut, il n’est pas connu du grand public. Une autre faiblesse, depuis qu’il participe aux élections, le Rdr n’a jamais gagné une élection à Cocody. Les dernières législatives ont été à l’avantage de son grand rival le Pdci à l’absence du Fpi qui détenait la mairie et les deux sièges à l’Assemblée nationale. Agbahi a mené une véritable campagne, très présent sur le terrain avec à la clé dix meetings. Sera-t-il l’exception à la règle?
N’Goan Aka Mathias - Les cheveux grisonnants, le style bon chic bon genre, N’Goan Aka est le cheval du Pdci-Rda. Il était déjà là en 2001 mais avait perdu avec un score honorable. Cette fois il a la faveur des pronostics si l’on s’en réfère à la performance de son parti aux législatives de 2011 devant le Rdr. L’ancien Président du conseil d’administration (Pca) de l’Ocab est diplômé d’économie et a occupé de hautes responsabilités à l’ancienne société d’Etat Satmaci qui intervenait dans le milieu agricole. Responsabilités qu’il a abandonnées pour se lancer dans l’initiative privée. Il a mené une campagne apaisée et a occupé le terrain avec une superstructure allant du directeur central de campagne aux directeurs locaux. Créer des emplois, la sécurité de ses concitoyens, rapprocher les services communaux des populations, sont les grandes lignes de son programme.

Ces gros outsiders qui veulent créer la surprise
S’il y a des candidats qui ont fait parler d’eux au cours de cette campagne, c’est bien Thierry Guédé, Dr Arsène Ouattara et Mohamed Diabaté et d’une certaine façon, Koné Cheick Oumar. Ils sont issus de la société civile et pour des commentateurs, ce sont de vrais indépendants qui se sont d’abord illustrés par leurs actions sociales à travers leurs fondations respectives. Ils sont des nouveaux venus dans l’arène avec un discours qui ne diffère pas du discours courant de création d’emplois, mais ils ont le mérite d’être jeunes et d’être des managers qui font déjà leurs preuves. Thierry Guédé est patron de société et ambassadeur itinérant, Dr Arsène Ouattara est médecin, Mohamed Diabaté est cadre commercial, Médard Doho, jeune frère du ministre d’Etat Albert Toikeusse Mabri et Koné Cheick Oumar, patron de société. Ils ont surtout la faveur des jeunes et particulièrement de l’électorat féminin. Les filles étant généralement très influencées par les critères subjectifs dans leurs choix : le charme, la personnalité, la diction, le mode vestimentaire… ceux qui font office de favoris devraient revoir leur prétention à la baisse avec ces gros outsiders qui peuvent créer la surprise

Ceux qu’on n’a pas beaucoup vu dans la campagne
Marie Thérèse Boka, la seule femme qui devait pourtant profiter de cet avantage n’a pas brillé. Tout comme Akossi Akossi, M’Ponon Daipo, Goé Bolou, Dr Daniel N’Guessan et Nicolas Vako. Ce dernier était pourtant le premier à avoir déposé sa candidature. Ils font office de tocard et lorgnent un siège dans le conseil municipal selon la règle de la proportionnelle. A eux de faire des scores honorables.
S. Debailly