Exclusif. Selon un document confidentiel, le cabinet conseil en charge de la concession, doute de la viabilité du plan d'entreprise du consortium vainqueur et estime qu'une renégociation en cours d'exécution paraît probable. La polémique n’a pas finir d’enfler à Abidjan, au sujet du consortium rassemblant Apm Terminals, Bolloré Africa Logistics et Bouygues. Le groupement mené par Cma Cgm, le troisième armateur mondial, qui continue de contester la procédure d’appel d’offres a intenté deux actions en avril: l’une devant le tribunal de Commerce d’Abidjan et l’autre devant l'Autorité nationale de régulation des Marchés publics (Anrpm) pour annulation du marché. En attendant la décision des organes saisis, notre source a eu copie d'un rapport confidentiel de l’appel d’offres. Baptisé ‘‘Rapport d'analyse et d'évaluation des offres financières’’ et rédigé par le cabinet conseil de la concession (Axelcium), ce document émet très clairement des réserves sur l’offre financière du consortium vainqueur, qui avait misé 78,600 milliards Fcfa de droit d’entrée et 14,410 milliards Fcfa de redevances, pour un trafic global de 896 000 TEU dont 450 000 TEU en transbordement.
Conséquences dommageables sur la pérennité du projet
‘‘La viabilité du plan d’entreprise du soumissionnaire paraît discutable…, l’équilibre et la rentabilité financière du projet ne paraissent pas réellement assurés et une renégociation en cours d’exécution paraît probable’’, note Axelcium, qui poursuit que ‘‘ces risques financiers pourraient avoir des conséquences dommageable sur la réalisation/et ou la pérennité du projet’’. Pourtant, malgré ses réserves, la Commission d’ouverture des plis et de jugements des offres, présidée par Bamba Seydou, le directeur des participations et de la privatisation, a décidé d’attribuer le marché au consortium Apm Terminals. ‘‘Nous avons agi dans l’intérêt du pays, en respectant les instructions du chef de l’État’’, se défend une source proche de la commission d’attribution. Dans la foulée, Yacouba Coulibaly, le directeur des Marchés publics au ministère de l’Economie et des finances, adresse un courrier de non objection sur le résultat des travaux de la commission. Chez Bolloré, auquel notre source consacre une grande enquête dans son édition datée du 21 avril, c’est le grand optimisme. ‘‘Nous avons fait une offre financière réaliste. Nous nous concentrons maintenant sur les négociations avec le Port d’Abidjan qui devraient démarrer avant la fin du mois d’avril’’.
Movis en colère
Movis était le seul candidat ivoirien pour la concession du second terminal à conteneurs d’Abidjan. Désormais, la Pme n’a plus d’autre choix que de se repositionner. Ainsi, pour ce manutentionnaire, le coup est dur. A la rue des Conteneurs, en plein port d’Abidjan, la Pme ivoirienne se remet difficilement d’avoir échoué à l’appel d’offres pour la concession du deuxième terminal à conteneurs (Tc2) d’Abidjan, remporté par le consortium Apmt/Bolloré/Bouygues. Seul candidat local, Movis s’était associé à Cma Cgm, Necotrans et Ictsi pour remporter la mise. ‘‘C’était le premier véritable appel d’offres car sur le Tc1, il n’y en avait pas eu’’, rappelle David Billon, directeur général de Movis international. Plus qu’une simple défaite, l’événement pourrait peser lourdement sur l’avenir du manutentionnaire. ‘‘Je ne sais pas ce que la Côte d’Ivoire veut faire pour aider à la conservation ou au développement de certains savoir-faire au niveau local. Au Nigeria, au Ghana, on tente de protéger les nationaux. Depuis quelques années et la première concession donnée à Bolloré, nous ne pouvons plus manutentionner à bord des navires, explique David Billon. Pour nous, derrière l’appel d’offres du Tc2, il y avait un enjeu plus important : retrouver cette technicité fondamentale dans le métier de manutention portuaire, a déploré David Billon. Résultat Movis n’a plus d’autre choix désormais que de se repositionner, sans savoir aujourd’hui précisément vers quel métier. ‘‘Je ne sais pas ce que la Côte d’Ivoire veut faire pour aider à la conservation ou au développement de certains savoir-faire au niveau local, regrette David Billon. Au Nigeria, au Ghana, on tente de protéger les nationaux,’’ stigmatise-t-il. Présent au Sénégal, au Cameroun, au Liberia, au Ghana, au Mali, au Burkina Faso, au Tchad et en Côte d’Ivoire (ce pays représente toujours l’essentiel de ses activités), Movis affiche 65 milliards Fcfa de revenus pour 600 employés. Ses métiers vont de la manutention au transit en passant par la consignation, l’agence maritime et le transport. Détenu à 60 % par Sivom (famille Billon), Movis compte également à son tour de table un géant mondial de la logistique, Geodis, filiale du français Sncf présente dans près de 60 pays. La prometteuse association née en 2010 n’a malheureusement pas réellement porté ses fruits en termes d'activités. Crise ivoirienne oblige.
Dossier repris par T. Guy (lhebdoivoirien@yahoo.fr)
(Source Jeune Afrique )
Conséquences dommageables sur la pérennité du projet
‘‘La viabilité du plan d’entreprise du soumissionnaire paraît discutable…, l’équilibre et la rentabilité financière du projet ne paraissent pas réellement assurés et une renégociation en cours d’exécution paraît probable’’, note Axelcium, qui poursuit que ‘‘ces risques financiers pourraient avoir des conséquences dommageable sur la réalisation/et ou la pérennité du projet’’. Pourtant, malgré ses réserves, la Commission d’ouverture des plis et de jugements des offres, présidée par Bamba Seydou, le directeur des participations et de la privatisation, a décidé d’attribuer le marché au consortium Apm Terminals. ‘‘Nous avons agi dans l’intérêt du pays, en respectant les instructions du chef de l’État’’, se défend une source proche de la commission d’attribution. Dans la foulée, Yacouba Coulibaly, le directeur des Marchés publics au ministère de l’Economie et des finances, adresse un courrier de non objection sur le résultat des travaux de la commission. Chez Bolloré, auquel notre source consacre une grande enquête dans son édition datée du 21 avril, c’est le grand optimisme. ‘‘Nous avons fait une offre financière réaliste. Nous nous concentrons maintenant sur les négociations avec le Port d’Abidjan qui devraient démarrer avant la fin du mois d’avril’’.
Movis en colère
Movis était le seul candidat ivoirien pour la concession du second terminal à conteneurs d’Abidjan. Désormais, la Pme n’a plus d’autre choix que de se repositionner. Ainsi, pour ce manutentionnaire, le coup est dur. A la rue des Conteneurs, en plein port d’Abidjan, la Pme ivoirienne se remet difficilement d’avoir échoué à l’appel d’offres pour la concession du deuxième terminal à conteneurs (Tc2) d’Abidjan, remporté par le consortium Apmt/Bolloré/Bouygues. Seul candidat local, Movis s’était associé à Cma Cgm, Necotrans et Ictsi pour remporter la mise. ‘‘C’était le premier véritable appel d’offres car sur le Tc1, il n’y en avait pas eu’’, rappelle David Billon, directeur général de Movis international. Plus qu’une simple défaite, l’événement pourrait peser lourdement sur l’avenir du manutentionnaire. ‘‘Je ne sais pas ce que la Côte d’Ivoire veut faire pour aider à la conservation ou au développement de certains savoir-faire au niveau local. Au Nigeria, au Ghana, on tente de protéger les nationaux. Depuis quelques années et la première concession donnée à Bolloré, nous ne pouvons plus manutentionner à bord des navires, explique David Billon. Pour nous, derrière l’appel d’offres du Tc2, il y avait un enjeu plus important : retrouver cette technicité fondamentale dans le métier de manutention portuaire, a déploré David Billon. Résultat Movis n’a plus d’autre choix désormais que de se repositionner, sans savoir aujourd’hui précisément vers quel métier. ‘‘Je ne sais pas ce que la Côte d’Ivoire veut faire pour aider à la conservation ou au développement de certains savoir-faire au niveau local, regrette David Billon. Au Nigeria, au Ghana, on tente de protéger les nationaux,’’ stigmatise-t-il. Présent au Sénégal, au Cameroun, au Liberia, au Ghana, au Mali, au Burkina Faso, au Tchad et en Côte d’Ivoire (ce pays représente toujours l’essentiel de ses activités), Movis affiche 65 milliards Fcfa de revenus pour 600 employés. Ses métiers vont de la manutention au transit en passant par la consignation, l’agence maritime et le transport. Détenu à 60 % par Sivom (famille Billon), Movis compte également à son tour de table un géant mondial de la logistique, Geodis, filiale du français Sncf présente dans près de 60 pays. La prometteuse association née en 2010 n’a malheureusement pas réellement porté ses fruits en termes d'activités. Crise ivoirienne oblige.
Dossier repris par T. Guy (lhebdoivoirien@yahoo.fr)
(Source Jeune Afrique )