Troisième pont, barrage de Soubré, Extension de la centrale d’Azito etc., de gros chantiers qui n’intègrent pas les Pme ivoiriennes. C’est que dans sa politique de relance économique, Alassane Ouattara est obsédé par les multinationales étrangères. La quasi-totalité des marchés publics leur sont attribués dans un système d’appel d’offres dont les termes de référence excluent de facto les entreprises ivoiriennes. Et quand les multinationales arrivent au pays, elles préfèrent, le cas échéant, contracter avec leurs succursales basées en Côte d’Ivoire ou des Pme qui leur sont proches. Et tout le financement dégagé est partagé entre elles. « Entre nous, que peuvent faire les Pme actuellement dans le plan de relance économique. Le pays a besoin de gros investissements pour booster son économie. Et le contexte est favorable aux multinationales. On comprend l’amertume de nos Pme, mais le moment n’est pas encore arrivé pour elles », tentent de justifier en écho des barons du régime Ouattara.
Eh bien, ils ont tous tort. A l’heure où leur mentor s’époumone à exhorter le privé à donner des emplois aux jeunes, ils feraient mieux de regarder là où il y a de l’espoir. Du côté des petits. Combien d’entreprises de plus de 500 salariés existe-t-il en Côte d’Ivoire? Moins de 300. Combien sont-elles celles qui sont prêtes à recruter ? Aucune. A contrario, sait-on combien, la Côte d’Ivoire compte de Pme , petits commerçants, artisans ? Les dernières estimations nous renseignent sur le nombre de 31.292.
Certes comparaison n’est pas raison. Durant la décennie Gbagbo, les Pme étaient de véritables machines à fabriquer des postes. Elles en avaient créés 4800 entre 2000 et 2005, d’après les données de l’Institut national de la statistique. Après la décrispation politique qui a suivi la signature des Accords de Ouaga, les Pme ont été vaillamment à l’origine de 120.000 emplois. « On avait de bons marchés. On signait aussi de gros contrats avec des multinationales, surtout dans le secteur des bâtiments et des services. On était beaucoup sollicité. Est-ce qu’il y a un rapport avec les entreprises étrangères qui avaient délocalisé ? Je n’en sais rien. Je constate seulement que les dirigeants des Pme, à cette époque, ont gagné beaucoup d’argent et créé beaucoup d’emplois », témoignage Pierre D., qui exploite actuellement une grande pâtisserie à Cocody.
Les Pme, de véritables réservoirs d’emplois
« En 2000, la DGI recensait quelque 44.560 Pme (dont 25.340 micro - entreprises), soit 98% des entreprises recensées, largement représentées dans tous les secteurs d’activités. Les Pme ont contribué à hauteur de 20% en moyenne à la formation du Pib à environ 23% de la population active. En outre, les Pme ont réalisé 17 à 18% de la valeur ajoutée totale constitué pour 20 à 23% de la masse salariale et réalisé 12% des investissements cumulés », renchérit Jean-Louis Billon, ministre du Commerce, de l’Artisanat, des Pme, s’appuyant sur les statiques de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire.
Cette expérience heureuse aurait pu servir à Alassane Ouattara. Surtout que les derniers chiffres indiquent près de 31.292 Pme recensées. Rêvons un peu. Si chaque patron d’une de ces petites structures économiques, sûr de lui et optimiste, était en mesure d’embaucher un seul chômeur, un malheureux sans travail, qualifié ou non, ce sont au moins 31.000 chômeurs qui disparaitraient des fichiers de l’Agepe. Malheureusement, la tendance ouattariste a préféré sacrifier les Pme (l’emploi) au profit des grosses entreprises (la productivité).
J-S Lia