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Art et Culture Publié le lundi 29 avril 2013 | Le Patriote

Littérature : “Une femme, deux maris” de Fatou Fanny-Cissé / Les effets pervers de la polyandrie

Fatou Fanny-Cissé fait ses premiers pas dans la littérature classique. Après avoir signé trois titres (« Philtre d’amour », « Destination tendresse » et « Amour vif ») de la collection à l’eau de rose Adoras, et s’être essayée à la littérature de jeunesse en publiant « La blessure », sur le thème de l’excision, dans la collection « Lire au Présent » (Editions CEDA en 2002), cette universitaire franchit cette fois un cap, avec « Une femme, deux maris », son roman qui vient de paraître chez Nei/Ceda. Et l’histoire qu’elle nous sert ne manque pas de piment. Issue d’un milieu défavorisé, Penda est une jeune femme à l’ambition démesurée.

Ce qui compte à ses yeux, c’est gravir, coûte que coûte, les échelons pour être au sommet. Peu importe les moyens pour y parvenir. Alors qu’elle n’est qu’une servante chez le couple Séka, elle s’entiche de l’homme, et éjecte l’infortunée Cécile Samaké de son foyer, à qui son époux reproche de ne pas enfanter. Penda se marie donc avec M. Séka, lui donne deux enfants Jacques Issa et Marie Madina. Jusque là, l’oeuvre de Fatou Cissé-Fanny plonge le lecteur dans un mélodrame, où se côtoient amour, haine et trahison. Il ne se doute pas que les pages qui suivent, sont dignes du scénario d’un thriller à sensation forte... Dans cette oeuvre de 246 pages digeste qui se lit très aisément, l’auteur aborde, dans un style dépouillé, les effets pervers de la polyandrie, un phénomène qui brise les fondements d’une société classique et puritaine. Car, si on est habitué à un homme, deux femmes, mais une femme, deux maris ? Ça fait bizarre et ça choque. Pour autant, ces deux pratiques ont souvent des incidences malheureuses sur notre existence. C’est en filigrane, l’enseignement qui ressort de la minable vie de Penda. Et pour justement qu’il n’y ait plus de Penda, Fatou Fanny-Cissé a choisi de la tuer, histoire de ne pas encourager l’immoralité. Enfin, c’est un message clair qu’elle lance à tous. Il y a moins de soucis à gérer dans un ménage monogamique que dans un foyer polygame où il faudra toujours compter avec les rivalités sournoises entre les coépouses, avec à la clé de l’ensorcellement et autres pratiques fétichistes. Ce qui n’est pas faux. Hommes et femmes, vous êtes donc avertis…

Y. Sangaré
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