Au terme de sa visite d’Etat dans la région du Tonkpi, le Président de la République Alassane Ouattara a organisé une conférence de presse, à la résidence présidentielle, à Man pour faire le bilan de la tournée. Le chef de l’Etat a échangé à cette occasion, avec les journalistes à bâtons rompus. Toutes les questions brûlantes qui ont marqué l’actualité ou qui continuent de défrayer la chronique ont été abordées. De l’avenir des membres du gouvernement élus présidents du Conseil régionaux au rapport de l’Onu accablant les Ex-comzones en passant par le vote électronique, tous ces sujets ont été passés au peigne fin par Alassane Ouattara .
Le Président de la République a au cours de son meeting à Zouan-Hounien annoncé l’usage du vote électronique aux prochaines élections en Côte d’Ivoire. Cette information a suscité la polémique au sein des partis politiques qui ont accusé le Chef de l’Etat de vouloir préparer la fraude. Alassane Ouattara a indiqué que sa proposition a fait l’objet d’une mauvaise interprétation. «Le vote électronique, je crois que le thème est mal utilisé. Le vote continuera donc d’être ce qu’il est parce que la plupart de nos concitoyens ne savent pas voter électroniquement. Je pense que cela se passe au Ghana. Là-bas, il y a eu un vote électronique. Cela a créé un certain nombre de cafouillages au départ, mais il n’y a rien de compliqué puisqu’il y a des empreintes digitales. Nous essayerons de faire la même chose. Ce qui se passe dans les autres pays, c’est qu’après le décompte des bulletins, on introduit dans une machine et devant tout le monde les résultats du vote qui vont à la centrale. Et si quelqu’un vole les urnes ou détruit les procès verbaux, cela n’a plus de conséquence puisque les éléments sont déjà à la centrale et peuvent être exploités immédiatement. C’est donc la volonté de transparence, de montrer qu’il n’y a pas possibilité de manipuler les bulletins ou d’essayer de penser qu’on ne peut pas proclamer les résultats parce que les urnes ou les bulletins auraient été volés. Soyez rassuré. Moi je suis très attaché aux élections crédibles et transparentes. Ma réputation a toujours été basée sur la véracité des faits et la crédibilité. On ne peut pas s’amuser à penser que ce serait pour faire de la fraude», a laissé entendre le Président de la République. Et puis les élections régionales ont pris fin. Seront-elles suivies d’un remaniement ? A cette question, le Chef de l’Etat a fait savoir qu’il échangera avec le Premier ministre sur le sujet. «Après les élections régionales, est-ce qu’il il y a remaniement ? En général, mais cela ne veut pas dire que ce sera nécessairement le cas. Donc, je concerterai le Premier ministre et nous verrons les décisions à prendre pour voir si c’est nécessaire ou pas. Je signale que J’ai une très bonne équipe, mais certains ministres peuvent eux-mêmes souhaiter par exemple aller diriger les Conseils régionaux. Nous devons vérifier tout cela, mais l’équipe actuelle me donne satisfaction».
Rapport de l’Onu et la nomination des nouveaux gouverneurs
Récemment un rapport de l’Onu a accusé les ex-chefs de guerre de continuer à piller les ressources économiques ivoiriennes. Alassane Ouattara s’est prononcé sur la question : «Ce rapport de l’Onu nous interpelle. J’ai demandé aux ministres de la Défense et des Affaires étrangères de prendre attache avec l’Onu pour que nous soyons destinateur de ce rapport et que nous puissions l’analyser pour en tirer des conclusions et des décisions. Nous attendons que ce rapport nous parvienne. Je signale que c’est un rapport d’expert. Par conséquent, je ne met pas en doute la compétence des experts, mais notre volonté c’est de clarifier les choses et de prendre des décisions qui sont nécessaires. Quand il y a eu le rapport de Human Rights Watch , la declaration a été faite avant que nous ayons le rapport pour faire des commentaires. Le rapport nous a été envoyé. Nous venons d’envoyer à Human Rights, notre position sur les différentes questions évoquées. J’ai demandé d’ailleurs que Human Rights publie notre réponse. Il en sera de même pour le rapport de l’Onu sur ces questions» . Des gouverneurs seront bientôt nommés pour fermer le cycle électoral. Le gouvernorat sera constitué des personnes compétentes et d’expérience qui ont fait leurs preuves et qui ne trainent pas de casseroles. «Par conséquent, cela prendra plusieurs mois parce qu’on ne pourra pas nommer tout le monde. Ce n’est pas un gouvernement qu’on met en place. On le fera au fur et à mesure des possibilités et de la nécessité que tout soit prêt pour procéder aux nominations. Les gouverneurs des Districts autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro sont déjà nommés. Donc, eux ils continueront leurs missions. Il ne restera qu’à nommer les 12 gouverneurs des 12 districts et cela se fera sur une période qui pourra atteindre une année. Je ne suis pas pressé de le faire. Je veux choisir des hommes et des femmes de qualité pour exercer ces fonctions d’autant plus que ces personnes auront rang de ministre», a soutenu le Président de la République qui avait à ses côtés les ministres d’Etat Hamed Bakayoko et Albert Mabri Toikeusse .
Le foncier, la nationalité, la justice et le retour des exilés
Les localités ivoiriennes en général et celles de l’Ouest en particulier, sont en proie à des conflits fonciers qui engendrent souvent des morts et des blessés. Le Président de la République entend prendre ce problème épineux à bras le corps. Il a indiqué avoir donné des instructions aux ministres de l’Intérieur et de la Défense de régler les cas les plus connus. Il compte en amont reprendre le code foncier et le renforcer. C’est pourquoi, en accord avec le Premier ministre et le chef du parlement, il envisage «envoyer à l’Assemblée nationale pour la session budgétaire en octobre prochain, un projet concernant la question foncière. J’espère que cette question foncière sera donc examinée par l’Assemblée nationale d’ici la fin de l’année. La question foncière est liée à celle de la nationalité. Celle-ci n’a pas été totalement réglée. Le gouvernement enverra dans les prochaines semaines toute une série de textes sur la nationalité qui sont conformes aux décisions prises à Marcoussis et à Ouaga. Ces textes doivent faire l’objet d’une série de projets de loi pour clarifier la question de la nationalité. Nous avons convenu avec le Président de l’Assemblée et le Premier ministre que ces textes doivent aller à l’Assemblée pour que celle-ci puisse statuer et confirmer ces décisions pour la session qui se tient actuellement d’avril à juillet». S’agissant du cas spécifique de l’occupation de la forêt du mont Peko par Amadé Ouremi, Alassane Ouattara a donné l’assurance que «Ce sont des dossiers qui sont en cours de traitement, il n’y aura pas d’impunité. Le ministre de la Défense a eu les instructions nécessaires avec le ministre de la Sécurité. Cela va être réglé. L’impunité n’est pas acceptable». Autre chose, la justice fait actuellement des investigations pour faire la lumière sur la mort du général Robert Guéi. Mais ce n’est pas le cas pour l’ex-ministre Boga Doudou et de l’artiste Marcelin Yacé tués dans la même période. A cette préoccupation, le Président de la République a souligné qu’il mettra les victimes sur un pied d’égalité. «J’ai trouvé les dossiers en instance et nous allons les régler. Je ne fais pas de distinction entre les morts de ces crises postélectorales ou de ceux du coup d’Etat manqué, pas du tout. Nous devons faire la lumière sur tous les assassinats, les tueries y compris la tentative d’assassinat me concernant», a-t-il expliqué. En outre, l’ex-Première dame Simone Gbagbo a été évacuée sur Abidjan le jeudi 2 mai. «Simone Gbagbo a souhaité venir à Abidjan pour un bilan de santé et nous avons donné notre accord», a laissé entendre Alassane Ouattara qui répondait ainsi à la question de savoir si l’épouse de l’ex-Président Laurent Gbagbo sera transféré à la Maca. Par ailleurs, au cours de son meeting à Danané, le porte-parole des populations a souhaité que des dispositions soient prises pour le retour des exilés. Alassane Ouattara a saisi l’occasion de sa rencontre avec les journalistes pour relever que plusieurs refugiés sont retournés au bercail. «Il y a quelques mois on m’a dit que certains refugiés du Liberia voulaient revenir, mais ils estimaient que ce que le HCR leur donnait n’était pas suffisant. Il fallait un complément. Nous avons payé le complément. Je crois qu’il y a près de 438 refugiés qui sont rentrés. (…) Nous avons même le cas de 200 militaires au Togo dont 20 officiers) Nous sommes en train d’organiser leur retour au pays», a déclaré le Chef de l’Etat avant de faire remarquer que la sécurité est revenue à l’ouest d’autant plus que les élections s’y sont bien déroulées contrairement à la mauvaise météorologie qu’avait prédite certaines personnes.
La cherté de la vie, l’avenir du Rhdp et la percée des indépendants
Combien de temps les Ivoiriens doivent encore passer avant de voir le bout du tunnel concernant la vie chère ? Le Chef de l’Etat a répondu qu’il ne veut pas prendre beaucoup de temps. «Mais, en économie, les réformes portent leurs fruits plusieurs années après. Quand j’étais Premier ministre, nous avons fait des réformes difficiles de 1990 à 1993. C’est à partir de 1995 et 1996 qu’on a vu les effets. Donc, il faut trois ou quatre ans pour voir les effets», a indiqué Alassane Ouattara. Tout en signalant avoir trouvé un pays totalement effondré où le taux de pauvreté a augmenté en 10 ans de 25 à 30% et où l’administration était totalement défaillante. «On ne peut pas nous demander des résultats après un ou deux ans. Nulle part cela est possible. Mais ce que nous voulons faire c’est de trouver des mesures spécifiques ponctuelles pour les plus défavorisées étant entendu que globalement avec le temps, la situation va s’améliorer. C’est comme cela ça se passe partout notamment en Chine, en Inde où le taux de pauvreté a baissé de manière graduelle», a-t-il souligné. Avant de faire savoir que le gouvernement «tentera d’éliminer les subventions sur les produits pétroliers partout où cela est nécessaire, mais en protégeant les plus pauvres». En clair, Alassane Ouattara s’est engagé à faire en sorte que le prix du gaz demeure partout le même sur toute l’étendue du territoire à travers une péréquation. Et puis, le gouvernement s’attèlera à améliorer les conditions de vie des populations en investissant 200 milliards de F CFA dans le secteur de la santé. D’ailleurs, l’aménagement des pistes rurales devaient contribuer à la réduction du prix des denrées alimentaires. Autre sujet évoqué lors de la conférence de presse, l’avenir du Rhdp que le président du Mfa avait déclaré mort. Pour le Président de la République, le Rhdp «est une grande coalition qui va évoluer». Par ailleurs, le Chef de l’Etat a salué les percées des indépendants lors des élections locales. Il a fait remarquer que 50% de ces indépendants sont issus du Rdr, 20% du Pdci et 20% du Fpi. Le Président de la République a révélé que les deux premiers ont écrit à la Cei pour demander qu’on les comptabilise comme Rdr ou Pdci.
Ouattara salue le travail de la presse ivoirienne
Dans son propos liminaire, au cours de la conférence de presse qui a eu lieu au lendemain de la Journée internationale de la liberté de presse, le Président de la République s’est félicité du travail abattu par les journalistes en Côte d’Ivoire «Vous savez à quel point je suis attaché à la presse. Je l’ai démontré il y a 20 ans au moment où j’étais Premier ministre. Je l’ai démontré également étant dans l’opposition. Depuis que je suis au pouvoir, je suis heureux qu’une journée soit dédiée à la liberté de la presse. Je voudrais me féliciter de l’évolution positive du journalisme dans notre pays. Les journalistes ont fait des progrès. Bien évidemment, c’est le 4ème pouvoir. Nous sommes très attentifs à ce que la presse donne comme opinion. Même si nous ne sommes pas totalement en phase, la liberté d’expression est l’un des piliers de la démocratie. Je sais qu’il y a une plus grande responsabilité de la presse, des journalistes. Moi je voudrais que la presse ivoirienne soit l’une des meilleures dans le monde et ce faisant, nous soyons en conformité avec les progrès qui sont faits par ailleurs. En deuxième lieu, nous avons un pays qui est sorti d’une crise très grave qui a occasionné de milliers de morts et beaucoup de divisions et de meurtrissures. Au-delà de cela, c’est important également de penser à l’aspect réconciliation. Je dis souvent que ce n’est pas seulement les dirigeants ou les politiques qui sont responsables de la réconciliation. Les journalistes le sont également. Je voudrais vous rassurer à nouveau que je ferai tout pour que les journalistes continuent de travailler en toute liberté car je respecte la liberté de la presse. Bien évidemment, je constate qu’il y a eu quelques dérapages ici et là au niveau de certains qui sont journalistes, mais qui avaient des activités parallèles qui leur ont causé quelques mois de prison. Mais j’ai été heureux de constater que hier ou avant-hier le ministre de l’Intérieur m’a informé que la justice avait donné la liberté provisoire à un de vos confrères (Ousmane Savané, DG du Groupe Cyclone). Ce qui est une excellente chose.
Une visite d’Etat fructueuse
Faisant le bilan de sa tournée dans la région du Tonkpi, le Chef de l’Etat a fait savoir que celle-ci a été fructueuse. «C’est une visite que je considère avoir été vraiment fructueuse. Cela nous a permis de voir ce qui a été fait depuis l’année dernière en avril. (…) Je me réjouis de constater que ce District est maintenant en paix et en sécurité. Nous avons d’ailleurs déployé des moyens très importants pour sécuriser l’ouest notamment la frontière avec le Liberia. Mme Johnson et moi-même avons convenu que la situation sécuritaire devra se renforcer davantage. Nous envisageons d’ailleurs dans les semaines qui viennent de tenir une grande réunion à la frontière avec les populations, les chefs traditionnels des deux pays pour être aussi sincère dans le processus de réconciliation. Nous avons également au cours de ces périodes d’un an constaté de très belles réalisations en matière de voiries, d’approvisionnement en eau, la réhabilitation du réseau électrique, l’innovation et l’équipement de certains hôpitaux, la rénovation et la construction de nombreuses salles de classe, la couverture de tout l’ouest par les médias d’Etat. C’était une promesse qui avait été faite. Maintenant c’est chose faite. Donc ce sont des avancées importantes. Nous avons pu réaliser tout cela à partir du programme présidentiel d’urgence qui a permis de dépenser 4 milliards en 2011 et 9 milliards en 2012 dans le District des montagnes. Vous vous souviendrez que j’avais lors de la campagne présidentielle indiqué que nous allons investir 1555 milliards de F CFA dans le District des montagnes. Nous sommes sur la bonne voie puisque les projets concernés sont quasiment terminés. L’université de Man va ouvrir l’année prochaine et va nécessiter des investissements importants. Pour le chemin de fer Man- San-Pedro, un opérateur a été désigné, les études sont en cours. Une convention sera bientôt signée et qui parlera également de l’exploitation du minerai de Fer du mont Klaohyo et du mont Glao. Ces deux investissements font plus de 1200 milliards de CFA. Nous avons la mine de Nickel de Sipilou qui sera également mise en œuvre», a indiqué Alassane Ouattara qui compte en plus du développement, améliorer les conditions de vie des Ivoiriens dans les secteurs notamment de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.
Touré Abdoulaye, envoyé spécial
Le Président de la République a au cours de son meeting à Zouan-Hounien annoncé l’usage du vote électronique aux prochaines élections en Côte d’Ivoire. Cette information a suscité la polémique au sein des partis politiques qui ont accusé le Chef de l’Etat de vouloir préparer la fraude. Alassane Ouattara a indiqué que sa proposition a fait l’objet d’une mauvaise interprétation. «Le vote électronique, je crois que le thème est mal utilisé. Le vote continuera donc d’être ce qu’il est parce que la plupart de nos concitoyens ne savent pas voter électroniquement. Je pense que cela se passe au Ghana. Là-bas, il y a eu un vote électronique. Cela a créé un certain nombre de cafouillages au départ, mais il n’y a rien de compliqué puisqu’il y a des empreintes digitales. Nous essayerons de faire la même chose. Ce qui se passe dans les autres pays, c’est qu’après le décompte des bulletins, on introduit dans une machine et devant tout le monde les résultats du vote qui vont à la centrale. Et si quelqu’un vole les urnes ou détruit les procès verbaux, cela n’a plus de conséquence puisque les éléments sont déjà à la centrale et peuvent être exploités immédiatement. C’est donc la volonté de transparence, de montrer qu’il n’y a pas possibilité de manipuler les bulletins ou d’essayer de penser qu’on ne peut pas proclamer les résultats parce que les urnes ou les bulletins auraient été volés. Soyez rassuré. Moi je suis très attaché aux élections crédibles et transparentes. Ma réputation a toujours été basée sur la véracité des faits et la crédibilité. On ne peut pas s’amuser à penser que ce serait pour faire de la fraude», a laissé entendre le Président de la République. Et puis les élections régionales ont pris fin. Seront-elles suivies d’un remaniement ? A cette question, le Chef de l’Etat a fait savoir qu’il échangera avec le Premier ministre sur le sujet. «Après les élections régionales, est-ce qu’il il y a remaniement ? En général, mais cela ne veut pas dire que ce sera nécessairement le cas. Donc, je concerterai le Premier ministre et nous verrons les décisions à prendre pour voir si c’est nécessaire ou pas. Je signale que J’ai une très bonne équipe, mais certains ministres peuvent eux-mêmes souhaiter par exemple aller diriger les Conseils régionaux. Nous devons vérifier tout cela, mais l’équipe actuelle me donne satisfaction».
Rapport de l’Onu et la nomination des nouveaux gouverneurs
Récemment un rapport de l’Onu a accusé les ex-chefs de guerre de continuer à piller les ressources économiques ivoiriennes. Alassane Ouattara s’est prononcé sur la question : «Ce rapport de l’Onu nous interpelle. J’ai demandé aux ministres de la Défense et des Affaires étrangères de prendre attache avec l’Onu pour que nous soyons destinateur de ce rapport et que nous puissions l’analyser pour en tirer des conclusions et des décisions. Nous attendons que ce rapport nous parvienne. Je signale que c’est un rapport d’expert. Par conséquent, je ne met pas en doute la compétence des experts, mais notre volonté c’est de clarifier les choses et de prendre des décisions qui sont nécessaires. Quand il y a eu le rapport de Human Rights Watch , la declaration a été faite avant que nous ayons le rapport pour faire des commentaires. Le rapport nous a été envoyé. Nous venons d’envoyer à Human Rights, notre position sur les différentes questions évoquées. J’ai demandé d’ailleurs que Human Rights publie notre réponse. Il en sera de même pour le rapport de l’Onu sur ces questions» . Des gouverneurs seront bientôt nommés pour fermer le cycle électoral. Le gouvernorat sera constitué des personnes compétentes et d’expérience qui ont fait leurs preuves et qui ne trainent pas de casseroles. «Par conséquent, cela prendra plusieurs mois parce qu’on ne pourra pas nommer tout le monde. Ce n’est pas un gouvernement qu’on met en place. On le fera au fur et à mesure des possibilités et de la nécessité que tout soit prêt pour procéder aux nominations. Les gouverneurs des Districts autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro sont déjà nommés. Donc, eux ils continueront leurs missions. Il ne restera qu’à nommer les 12 gouverneurs des 12 districts et cela se fera sur une période qui pourra atteindre une année. Je ne suis pas pressé de le faire. Je veux choisir des hommes et des femmes de qualité pour exercer ces fonctions d’autant plus que ces personnes auront rang de ministre», a soutenu le Président de la République qui avait à ses côtés les ministres d’Etat Hamed Bakayoko et Albert Mabri Toikeusse .
Le foncier, la nationalité, la justice et le retour des exilés
Les localités ivoiriennes en général et celles de l’Ouest en particulier, sont en proie à des conflits fonciers qui engendrent souvent des morts et des blessés. Le Président de la République entend prendre ce problème épineux à bras le corps. Il a indiqué avoir donné des instructions aux ministres de l’Intérieur et de la Défense de régler les cas les plus connus. Il compte en amont reprendre le code foncier et le renforcer. C’est pourquoi, en accord avec le Premier ministre et le chef du parlement, il envisage «envoyer à l’Assemblée nationale pour la session budgétaire en octobre prochain, un projet concernant la question foncière. J’espère que cette question foncière sera donc examinée par l’Assemblée nationale d’ici la fin de l’année. La question foncière est liée à celle de la nationalité. Celle-ci n’a pas été totalement réglée. Le gouvernement enverra dans les prochaines semaines toute une série de textes sur la nationalité qui sont conformes aux décisions prises à Marcoussis et à Ouaga. Ces textes doivent faire l’objet d’une série de projets de loi pour clarifier la question de la nationalité. Nous avons convenu avec le Président de l’Assemblée et le Premier ministre que ces textes doivent aller à l’Assemblée pour que celle-ci puisse statuer et confirmer ces décisions pour la session qui se tient actuellement d’avril à juillet». S’agissant du cas spécifique de l’occupation de la forêt du mont Peko par Amadé Ouremi, Alassane Ouattara a donné l’assurance que «Ce sont des dossiers qui sont en cours de traitement, il n’y aura pas d’impunité. Le ministre de la Défense a eu les instructions nécessaires avec le ministre de la Sécurité. Cela va être réglé. L’impunité n’est pas acceptable». Autre chose, la justice fait actuellement des investigations pour faire la lumière sur la mort du général Robert Guéi. Mais ce n’est pas le cas pour l’ex-ministre Boga Doudou et de l’artiste Marcelin Yacé tués dans la même période. A cette préoccupation, le Président de la République a souligné qu’il mettra les victimes sur un pied d’égalité. «J’ai trouvé les dossiers en instance et nous allons les régler. Je ne fais pas de distinction entre les morts de ces crises postélectorales ou de ceux du coup d’Etat manqué, pas du tout. Nous devons faire la lumière sur tous les assassinats, les tueries y compris la tentative d’assassinat me concernant», a-t-il expliqué. En outre, l’ex-Première dame Simone Gbagbo a été évacuée sur Abidjan le jeudi 2 mai. «Simone Gbagbo a souhaité venir à Abidjan pour un bilan de santé et nous avons donné notre accord», a laissé entendre Alassane Ouattara qui répondait ainsi à la question de savoir si l’épouse de l’ex-Président Laurent Gbagbo sera transféré à la Maca. Par ailleurs, au cours de son meeting à Danané, le porte-parole des populations a souhaité que des dispositions soient prises pour le retour des exilés. Alassane Ouattara a saisi l’occasion de sa rencontre avec les journalistes pour relever que plusieurs refugiés sont retournés au bercail. «Il y a quelques mois on m’a dit que certains refugiés du Liberia voulaient revenir, mais ils estimaient que ce que le HCR leur donnait n’était pas suffisant. Il fallait un complément. Nous avons payé le complément. Je crois qu’il y a près de 438 refugiés qui sont rentrés. (…) Nous avons même le cas de 200 militaires au Togo dont 20 officiers) Nous sommes en train d’organiser leur retour au pays», a déclaré le Chef de l’Etat avant de faire remarquer que la sécurité est revenue à l’ouest d’autant plus que les élections s’y sont bien déroulées contrairement à la mauvaise météorologie qu’avait prédite certaines personnes.
La cherté de la vie, l’avenir du Rhdp et la percée des indépendants
Combien de temps les Ivoiriens doivent encore passer avant de voir le bout du tunnel concernant la vie chère ? Le Chef de l’Etat a répondu qu’il ne veut pas prendre beaucoup de temps. «Mais, en économie, les réformes portent leurs fruits plusieurs années après. Quand j’étais Premier ministre, nous avons fait des réformes difficiles de 1990 à 1993. C’est à partir de 1995 et 1996 qu’on a vu les effets. Donc, il faut trois ou quatre ans pour voir les effets», a indiqué Alassane Ouattara. Tout en signalant avoir trouvé un pays totalement effondré où le taux de pauvreté a augmenté en 10 ans de 25 à 30% et où l’administration était totalement défaillante. «On ne peut pas nous demander des résultats après un ou deux ans. Nulle part cela est possible. Mais ce que nous voulons faire c’est de trouver des mesures spécifiques ponctuelles pour les plus défavorisées étant entendu que globalement avec le temps, la situation va s’améliorer. C’est comme cela ça se passe partout notamment en Chine, en Inde où le taux de pauvreté a baissé de manière graduelle», a-t-il souligné. Avant de faire savoir que le gouvernement «tentera d’éliminer les subventions sur les produits pétroliers partout où cela est nécessaire, mais en protégeant les plus pauvres». En clair, Alassane Ouattara s’est engagé à faire en sorte que le prix du gaz demeure partout le même sur toute l’étendue du territoire à travers une péréquation. Et puis, le gouvernement s’attèlera à améliorer les conditions de vie des populations en investissant 200 milliards de F CFA dans le secteur de la santé. D’ailleurs, l’aménagement des pistes rurales devaient contribuer à la réduction du prix des denrées alimentaires. Autre sujet évoqué lors de la conférence de presse, l’avenir du Rhdp que le président du Mfa avait déclaré mort. Pour le Président de la République, le Rhdp «est une grande coalition qui va évoluer». Par ailleurs, le Chef de l’Etat a salué les percées des indépendants lors des élections locales. Il a fait remarquer que 50% de ces indépendants sont issus du Rdr, 20% du Pdci et 20% du Fpi. Le Président de la République a révélé que les deux premiers ont écrit à la Cei pour demander qu’on les comptabilise comme Rdr ou Pdci.
Ouattara salue le travail de la presse ivoirienne
Dans son propos liminaire, au cours de la conférence de presse qui a eu lieu au lendemain de la Journée internationale de la liberté de presse, le Président de la République s’est félicité du travail abattu par les journalistes en Côte d’Ivoire «Vous savez à quel point je suis attaché à la presse. Je l’ai démontré il y a 20 ans au moment où j’étais Premier ministre. Je l’ai démontré également étant dans l’opposition. Depuis que je suis au pouvoir, je suis heureux qu’une journée soit dédiée à la liberté de la presse. Je voudrais me féliciter de l’évolution positive du journalisme dans notre pays. Les journalistes ont fait des progrès. Bien évidemment, c’est le 4ème pouvoir. Nous sommes très attentifs à ce que la presse donne comme opinion. Même si nous ne sommes pas totalement en phase, la liberté d’expression est l’un des piliers de la démocratie. Je sais qu’il y a une plus grande responsabilité de la presse, des journalistes. Moi je voudrais que la presse ivoirienne soit l’une des meilleures dans le monde et ce faisant, nous soyons en conformité avec les progrès qui sont faits par ailleurs. En deuxième lieu, nous avons un pays qui est sorti d’une crise très grave qui a occasionné de milliers de morts et beaucoup de divisions et de meurtrissures. Au-delà de cela, c’est important également de penser à l’aspect réconciliation. Je dis souvent que ce n’est pas seulement les dirigeants ou les politiques qui sont responsables de la réconciliation. Les journalistes le sont également. Je voudrais vous rassurer à nouveau que je ferai tout pour que les journalistes continuent de travailler en toute liberté car je respecte la liberté de la presse. Bien évidemment, je constate qu’il y a eu quelques dérapages ici et là au niveau de certains qui sont journalistes, mais qui avaient des activités parallèles qui leur ont causé quelques mois de prison. Mais j’ai été heureux de constater que hier ou avant-hier le ministre de l’Intérieur m’a informé que la justice avait donné la liberté provisoire à un de vos confrères (Ousmane Savané, DG du Groupe Cyclone). Ce qui est une excellente chose.
Une visite d’Etat fructueuse
Faisant le bilan de sa tournée dans la région du Tonkpi, le Chef de l’Etat a fait savoir que celle-ci a été fructueuse. «C’est une visite que je considère avoir été vraiment fructueuse. Cela nous a permis de voir ce qui a été fait depuis l’année dernière en avril. (…) Je me réjouis de constater que ce District est maintenant en paix et en sécurité. Nous avons d’ailleurs déployé des moyens très importants pour sécuriser l’ouest notamment la frontière avec le Liberia. Mme Johnson et moi-même avons convenu que la situation sécuritaire devra se renforcer davantage. Nous envisageons d’ailleurs dans les semaines qui viennent de tenir une grande réunion à la frontière avec les populations, les chefs traditionnels des deux pays pour être aussi sincère dans le processus de réconciliation. Nous avons également au cours de ces périodes d’un an constaté de très belles réalisations en matière de voiries, d’approvisionnement en eau, la réhabilitation du réseau électrique, l’innovation et l’équipement de certains hôpitaux, la rénovation et la construction de nombreuses salles de classe, la couverture de tout l’ouest par les médias d’Etat. C’était une promesse qui avait été faite. Maintenant c’est chose faite. Donc ce sont des avancées importantes. Nous avons pu réaliser tout cela à partir du programme présidentiel d’urgence qui a permis de dépenser 4 milliards en 2011 et 9 milliards en 2012 dans le District des montagnes. Vous vous souviendrez que j’avais lors de la campagne présidentielle indiqué que nous allons investir 1555 milliards de F CFA dans le District des montagnes. Nous sommes sur la bonne voie puisque les projets concernés sont quasiment terminés. L’université de Man va ouvrir l’année prochaine et va nécessiter des investissements importants. Pour le chemin de fer Man- San-Pedro, un opérateur a été désigné, les études sont en cours. Une convention sera bientôt signée et qui parlera également de l’exploitation du minerai de Fer du mont Klaohyo et du mont Glao. Ces deux investissements font plus de 1200 milliards de CFA. Nous avons la mine de Nickel de Sipilou qui sera également mise en œuvre», a indiqué Alassane Ouattara qui compte en plus du développement, améliorer les conditions de vie des Ivoiriens dans les secteurs notamment de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.
Touré Abdoulaye, envoyé spécial