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Sport Publié le jeudi 16 mai 2013 | Le Patriote

Trazié Serge Pacôme (président de la FISP) : “Les réformes sont dans l’intérêt des fédérations”

La parafiscalité constitue une manne substantielle pour les fédérations ivoiriennes sportives nationales, reconnaît le président de la fédération ivoirienne de sports paralympiques, Trazié Serge Pacôme. Même s’il appelle de toutes ses forces le reversement de cet argent pour aider les fédérations à mener sans trop de soucis leurs missions, il déplore par contre la méthode, l’attitude adoptée par la conférence des présidents de fédérations en engageant un bras de fer avec la tutelle.
Le Patriote : Comment se porte aujourd’hui la fédération ivoirienne de sports paralympiques ?
Trazié Serge Pacôme : Nous avons débuté nos différents championnats. Et pour le moment, je peux dire que ça se passe. Vous savez nous sommes une fédération omnisports et ce n’est pas toujours facile. Nous sommes à la troisième journée du championnat de goalball. Le week-end prochain, on entame l’athlétisme. Il y a aussi le tennis de table et l’haltérophilie. Ça va pour le moment et on espère tenir le coup.

LP : Vous êtes vraiment engagé dans les compétitions nationales. Mais il y a aussi l’international où vous ne chômerez pas cette saison.
TSP : Une fédération n’existe que par les compétitions nationales qu’elle organise. C’est tout à fait normal que nous nous investissons dans les compétitions nationales. C’est à travers ces compétitions que nous obtenons le visa d’aller à l’international. Sinon, nous avons plusieurs compétitions inscrites au programme au niveau international. A travers nos différents championnats, nous nous préparons pour les compétitions internationales. Il y a le Meeting international de Tunisie qui nous servira de préparation pour le Championnat du Monde en France en juillet prochain et le championnat d’Afrique de goalball en Egypte. Il ne faut pas oublier le tennis de table qui aura également lieu en Egypte. Voilà autant d’enjeux pour nous. Parce qu’il s’agit de relever un défi. Lors des derniers Jeux paralympiques, nous n’avons pas eu de médailles. Pour les prochains Jeux, nous entendons glaner au moins une médaille au niveau de l’athlétisme pendant les Mondiaux en France.

LP : Comment la fédération arrive-t-elle à organiser ces différentes compétitions sans l’apport financier de l’Etat connu sous l’appellation de «parafiscalité». Puisque vous n’avez pas perçu cette subvention depuis le début de l’année 2013 ?
TSP : Nous sommes avant tout une structure privée étant donné que nous sommes une fédération. Donc avec nos propres ressources, nous arrivons à organiser nos différents championnats nationaux sans la taxe parafiscale qui, nous l’espérons, viendra bientôt. Et elle sera comme une bouffée d’oxygène pour nous. Pour l’heure, nous faisons fi de tout cela et en tant que association privée, nous faisons avec nos moyens. Même si ces moyens sont limités. Nous faisons avec les moyens de bord.

LP : Le non paiement de cette taxe parafiscale au titre du premier trimestre 2013 semble engager la conférence des présidents de fédérations et le ministère des Sports dans une guerre froide.
TSP : Je pense qu’il ne doit pas avoir de guerre froide. En tant que président de fédération et membre de la conférence des présidents, nous disons que la parafiscalité est une bouffée d’oxygène pour toutes les fédérations. Nous en avons besoin. Mais nous avons un ministre de la République qui est investi d’une mission de l’Etat. Je ne crois pas à un seul instant qu’un ministre ait l’envie de détruire ce qui a été construit. Il a été clair en affirmant qu’il a une feuille de route. Ce qui est normal d’ailleurs parce que tout responsable à la tête d’une structure donnée doit avoir une feuille de route. Autant il est jugé au résultat, nous devons accepter d’être jugés au résultat. Sa feuille de route lui impose entre autres actions la promotion et le développement du sport, la construction des infrastructures. Il vient pour faire la promotion du sport et il faudrait qu’on sache que cette promotion doit passer par sa vision. Aujourd’hui, le ministre parle de fond de soutien. Ce qui sous-entend qu’il s’agit du développement du sport.

LP : Tous ne semblent pas partager cette vision dans les fédérations. En lieu et place des réformes annoncées, d’aucuns font de la parafiscalité leur cheval de bataille.
TSP : Le Ministre veut apporter sa touche et c’est à nous, présidents de fédérations, de l’expliquer. Il ne faudrait pas que les choses soient forcément comme nous les présidents de fédérations nous le concevons. Avec une analyse froide et minutieuse, les réformes sont dans l’intérêt des fédérations que nous sommes. A l’instant présent, on pense que c’est contre nous, mais à l’avenir on sera les plus heureux avec ce qu’il entend faire pour le sport dans son ensemble. C’est vrai ! Nous avons besoin de la taxe parafiscale, parce que nous sommes extrêmement bloqués, mais je pense que ça ne servira à rien de faire un bras de fer avec le Ministre. Mais de lui expliquer les enjeux que cela renferme pour nous (présidents de fédération). Ça ne sert à rien de faire de bras de fer avec la tutelle, encore moins de s’étaler dans les medias parce que cela n’honore pas le sport. Le sport, c’est le fair-play. Et c’est nous, présidents de fédérations, qui doivent être fair-play. Si nous qui avons ces vertus et qui devons l’inculquer aux jeunes que nous encadrons, nous sommes hors-jeu, je pense que c’est dommage.

LP : A vous entendre, vous prenez vos distances vis-à-vis du mouvement d’ensemble entrepris par les présidents de fédérations sous la coupole de la conférence des présidents de fédérations.
TSP : Nous n’adhérons pas à ce mouvement des présidents de fédérations. Nous sommes une jeune fédération et nous avons besoin de calme afin que les choses avancent. Nous avons besoin de soutien moral et financier et ce n'est pas dans cette atmosphère que nous allons émerger. Les présidents de fédérations doivent comprendre cela. Je vois le combat qu’il mène, et je leur demande de la mener autrement. Je ne conteste pas le combat qu’ils mènent mais Gérald Lescarbeault, on apprend que «On engendre les conflits en fertilisant les petites erreurs.» Ce qui se passe aujourd’hui aurait pu être circonscrit si la Conférence avait fait preuve de retenue à l’égard du Ministre. Ce qui n’a pas été le cas. Parce que le Ministre, quand il accepte de recevoir les présidents de fédérations et de discuter avec eux, c’est parce qu’il veut que nous soyons partie prenante dans son action. Au lieu de ça, on a préféré se braquer pour revendiquer la parafiscalité. Mais je pense humblement que nous avions la possibilité d’obtenir le versement de cette subvention si importante pour nous en optant pour une bonne négociation. Malheureusement, on est tous à regretter ça aujourd’hui. Maintenant, on parle d’un nouvel arrêté qui va définir les critères d’éligibilité à la parafiscalité et la clé de répartition. On espère qu’avec cet arrêté, les plus méritants seront récompensés à la hauteur de leurs efforts.

LP : Parmi les nouveaux critères annoncés, on parle de l’organisation des compétitions sur toute l’étendue du territoire. Cela ne vous effraie-t-il pas ?
TSP : Nous n’avons pas attendu que cela nous soit dit. Au niveau des sports paralympiques, nous essayons d’investir le territoire national chaque année parce que tous nos athlètes ne peuvent pas se déplacer pour intégrer les clubs d’Abidjan. Nous avons donc décidé de créer des clubs un peu partout. La dernière activité hors d’Abidjan était à Duékoué où nous avons mené une caravane pour la réconciliation nationale. Cela a été un véritable moment fort de communion avec ces personnes handicapées du fait de la guerre et qui pensaient que la vie était perdue pour elles. Notre présence à leurs côtés, et en leur montrant le sport paralympique, les différentes disciplines qu’on peut pratiquer et en les pratiquant, a apporté beaucoup d’espoir en elles. Et cet espoir a besoin d'être entretenu. Nous dévons les suivre, les encadrer, les installer. Mais avec quels moyens? Nous avons besoin d’être appuyés, d’être soutenus pour que ces personnes ne se croient pas dans une situation obscure et qu’elles peuvent sortir s'épanouir grâce au sport. Mais cela se fera avec l’appui de l’Etat. Nous avons organisé cette caravane aussi parce qu’en tant qu’entité sportive, on peut être en marge du processus de réconciliation. Aujourd’hui la pratique du sport demande une stabilité surtout pour nous les handicapés. C’est pour toutes ces raisons que nous refusons la manière avec laquelle la Conférence défend le dossier de la parafiscalité. Si la méthode avait été bonne, je pense qu’on ne sera pas là encore à parler de paiement de cette subvention étatique.

Recueillis par OUATTARA Gaoussou
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