Du cancer de François Mitterrand à celui d’Hugo Chavez ou au mal dont souffre Fidel Castro, les maladies des chefs d’Etat restent le plus souvent dissimulées. Les rumeurs, démentis et censures qui ont entouré l’hospitalisation du président algérien au Val-de Grâce à Paris en donnnent une nouvelle illustration. Selon Denis Demonpion, journaliste qui s’est intéressé à la santé des présidents, « que ce soit en France sous la Ve République ou en Algérie, c’est toujours le plus grand secret qui entoure les maladies des dirigeants. Qu’on soit dans un Etat démocratique où le président est élu au suffrage universel ou dans un régime où la succession ne se fait pas de façon démocratique, tous ont ce côté «petit père des peuples », car l’image du chef et de son pouvoir sont en jeu. Comme on peut le constater, quel que soit le degré de gravité d’une maladie, l’espoir d’une guérison est permis. Les exemples types sont ceux des présidents français et algérien, François Mitterrand et Abdelaziz Bouteflika. Le premier a été atteint du cancer en 1981 après avoir été reélu, il a défié toutes les lois de la médecine. En 2005, Abdelaziz Bouteflika, le second, « avait déjà été hospitalisé à l’hôpital Val-de-Grâce dans des conditions aussi mystérieuses, sans que rien ne filtre. Il a été donné, par certains, pour mourant, mais la surprise a été de taille ; ses adversaires ont mordu la poussière et finalement, il a survécu durant huit(8) ans jusqu’à ce jour ». Aussi, dès lors qu’un chef d’Etat fut-il européen ou africain est élu au suffrage universel, il se doit d’informer ses concitoyens sur son état de santé. C’est cela aussi la démocratie. Malheureusement, nombreux sont ceux des présidents africains élus qui ignorent cet état de fait. Car, lorsque des cas sont revélés, surtout par des journaux africains, les journalistes sont poursuivis et on parle d’atteinte à la vie privée du président, comme si ce président était immortel. On se cache toujours derrière un soi-disant secret médical pour dissimuler la réalité des choses. Alors donner des informations sur la santé d’un chef d’Etat ne doit pas rester un sujet tabou. Au contraire, cela rassure ses compatriotes et le monde entier.
Yann Dominique N’guessan
Yann Dominique N’guessan