Nommé à la tête de la représentation diplomatique ivoirienne en Guinée, en novembre 2011, SEM Mifougo Youssouf Diarrassouba aborde dans cette interview, l’excellence des relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la Guinée. Par ailleurs, le diplomate ivoirien se prononce sur l’évolution sociale, politique et économique de son pays.
Le Patriote : Excellence, vous êtes l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire en Guinée, un pays frontalier de votre pays, quels sont les conditions de vie de nos compatriotes ?
Youssouf Diarrassouba : J’ai pris fonction fin novembre 2011. J’ai trouvé en place des Ivoiriens installés en Guinée pour des raisons personnelles, professionnelles, familiales et autres. En général, les Ivoiriens se sentent bien ici, ils n’ont pas de problèmes avec les Guinéens. Je voudrais profiter pour dire que nous sommes fiers de nos compatriotes qui sont ici, parce que vous n’entendrez aucuns bruits de leur part mettant en cause les institutions guinéennes. Ils sont venus pour la plupart, comme ça se dit chez nous, pour ‘’se chercher’’, et ça se passe plutôt bien pour eux. Pour l’instant, ce qui est un motif de satisfaction, c’est que nos compatriotes s’éloignent de plus en plus des ‘’petits métiers’’ pour s’insérer progressivement dans le top management des entreprises. Ici en Guinée, l’expertise ivoirienne est recherchée. Nous avons des directeurs de banque et des hauts responsables d’entreprises qui sont des Ivoiriens.
LP :Quel est leur nombre actuel ici en République de Guinée ?
Y.D : Officiellement recensé, on parle de 3500 Ivoiriens, sinon c’est un peu plus. Parce que malheureusement, beaucoup de nos compatriotes viennent ici, mais ne se font pas enregistrer par l’ambassade. Il faut qu’ils viennent à l’ambassade pour avoir une carte consulaire.
LP : Mais, comment se portent les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la Guinée ?
Y.D : Les relations sont au beau fixe. Parce que, moi, j’ai eu la chance au lendemain de mon arrivée ici, de recevoir le Président de la République, SEM Alassane Ouattara. Et à deux reprises. C’est pour dire combien de fois les relations sont fluides entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, qui se retrouvent dans des relations bilatérales. Mais, également, ces deux pays se retrouvent dans plusieurs organisations sous-régionales. L’ancien premier ministre, Guillaume Soro est également venu ici pour une visite de travail et d’amitié de 48 heures. Plusieurs délégations ministérielles sont aussi venues. Au plan politique et au plan bilatéral, les relations sont très bonnes.
LP : Concernant le litige frontalier opposant la Côte d’Ivoire et la Guinée, comment avez-vous géré cette situation ?
Y.D : Cette situation a été gérée de la façon la plus simple possible. Parce que les autorités guinéennes qui ont été saisies par nos soins ont marqué leur étonnement. C’est pour vous dire que les militaires à la frontière sont à milles lieues de Conakry. Vous savez que dans ce genre de situation, il y a des choses qui se passent et échappent aux autorités. Mais, les autorités guinéennes ont pris le problème à bras-le-corps et nos autorités ont souhaité régler ce problème de façon pacifique et responsable. Je peux vous rassurer que tout est rentré dans l’ordre.
LP : Est-ce qu’on peut dire que cette page est définitivement tournée et réglée ?
Y.D : Ce problème est définitivement réglé parce que les autorités des deux pays se sont rencontrées. Le ministre des affaires étrangères guinéen, M. Fall, a rencontré le ministre Charles Koffi Diby et il y aura une commission mixte sur le renforcement des frontières, qui va régler définitivement ce problème.
LP : Excellence, aujourd’hui en Guinée, quels sont les grands axes sur lesquels l’ambassade travaille au nom de la Côte d’Ivoire ?
Y.D : L’ambassade est une entité administrative relevant de l’autorité supérieure et le premier axe qui nous a été proposé par nos autorités, c’est la réconciliation. Parce qu’on a pris service dans un contexte de crise, la première des choses à faire ici, était de rassembler tous les concitoyens ivoiriens. C’est la réconciliation entre les Ivoiriens qui primait d’abord. C’est pourquoi dire que, nous avons été nommés par le président Ouattara dans un souci de vengeance ou de revanche, est archi-faux. Les Ivoiriens se retrouvent ici et s’entendent bien.
LP : Avez-vous pu convaincre certains compatriotes proches de l’ancien régime ou des gens qui étaient réfugiés ici de rentrer en Côte d’Ivoire ?
Y.D : Ici à Conakry, on n’a pas eu de réfugiés à proprement parler. Mais, il a dû y en avoir certainement à la frontière qui fuyait la guerre. Parce que quand le Président de la République est arrivé ici, il y a un accord tripartite qui a été signé avec le Hcr et la Guinée pour faciliter le retour des réfugiés chez eux. Une somme a été remise par le Président à tout Ivoirien qui souhaiterait retourner au pays. Et cette somme est encore intacte jusque-là. En tout cas à Conakry, nous n’avons pas encore connaissance de réfugiés, mais, peut-être à la frontière. Bientôt nous ferons un tour là-bas pour faire l’état des lieux. A ma connaissance, les Ivoiriens qui sont ici, sont là de façon volontaire.
LP : Comment se porte la coopération ivoiro-guinéenne?
Y.D : Les perspectives sont bonnes dans cette coopération. La question économique y joue un rôle important. Parce que depuis un certain moment, la coopération était entre guillemets, à un niveau théorique. Mais, aujourd’hui, les deux Présidents ont pris conscience que les deux pays ont des potentialités énormes. On a une expertise à tous les niveaux à offrir à la Guinée, et vice-versa
LP :En ce qui concerne surtout l’éducation et la formation, nous pensons que la Guinée a plus que jamais besoin de nous. N’est-ce pas ?
Y.D : Dans tous les domaines, la Guinée a besoin de la Côte d’Ivoire. La Côte a besoin de la Guinée. Nous, on a l’expertise, eux, ils ont les potentialités. Mais, le Président Alpha Condé connaît très bien la Côte d’Ivoire et il aura des rencontres avec le Président Ouattara. Dans beaucoup de domaines, l’expertise de notre pays leur sera utile. Au niveau agricole, au niveau de l’éducation et la formation dont vous parliez tantôt, je peux vous dire que la formation des élèves de l’institut culturel ISAAC, ce sont des Ivoiriens qui ont cette charge depuis deux ans et les gens sont satisfaits de leur travail. Donc, dans tous les domaines, on peut s’entraider.
LP :Concernant les investisseurs ivoiriens, est-ce qu’il y en a qui sont déjà là. Est-ce que vous-même vous les attirez ?
Y.D : Dans notre plan d’action, nous avons prévu cette année un forum économique ivoiro-guinéen. Il y a une mission exploratoire qui est venue ici avec le Cepici, le Bnetd et la Sodemi pour voir comment il était possible de faire ce forum économique. Donc, les autorités sont prêtes à Abidjan pour organiser cela. Nous attendons toujours le retour des autorités ivoiriennes. Parce que les guinéens nous pressent aussi, car, ils ont envie de voir les investisseurs ivoiriens.
LP : Vous êtes ici depuis quelques temps, comment entrevoyez-vous l’évolution de la Guinée au plan sociopolitique?
Y.D : Vous savez que la Guinée a connu presque le même parcours que nous, même si ce n’est pas tout à fait identique. Nous avons été heureux qu’il y ait eu ici en Guinée, un Président démocratiquement élu en décembre 2010. La situation politique est un peu difficile pour l’organisation des élections législatives. Mais nous pensons que le Président de la République, qui a signé un décret de convocation du corps électoral pour les élections du 30 juin, a les ressources qu’il faut pour mettre fin à la situation de blocage du processus de ces élections importantes pour le pays. On estime qu’il arrivera à amorcer le dialogue entre les deux parties, dans le souci de préserver l’unité nationale, la cohésion sociale et la paix. C’est un pays qui va se relever. Si les conditions de la transition politique se terminent bien, la Guinée va se développer.
LP :: D’ici, comment appréciez-vous la situation du pays ?
Y.D : La réconciliation, vous savez, comme le Président Ouattara le dit lui-même, ce n’est pas quelque chose qui se fait en un jour. Mais, je crois qu’il y a un travail qui est en train d’être fait, il y a une volonté affichée du gouvernement. Parce que je vois les rencontres que le Premier ministre a avec l’opposition en Côte d’Ivoire. Je crois que c’est de bon augure, même si on souhaiterait que les choses aillent plus vite. Parce que les Ivoiriens ont besoin de cette réconciliation pour faire de notre pays, un pays émergent à l’horizon 2020. Donc, il faut qu’on le fasse ensemble. C’est un travail de longue haleine.
Interview réalisé à Conakry par KIGBAFORY Inza (envoyé spécial)
Le Patriote : Excellence, vous êtes l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire en Guinée, un pays frontalier de votre pays, quels sont les conditions de vie de nos compatriotes ?
Youssouf Diarrassouba : J’ai pris fonction fin novembre 2011. J’ai trouvé en place des Ivoiriens installés en Guinée pour des raisons personnelles, professionnelles, familiales et autres. En général, les Ivoiriens se sentent bien ici, ils n’ont pas de problèmes avec les Guinéens. Je voudrais profiter pour dire que nous sommes fiers de nos compatriotes qui sont ici, parce que vous n’entendrez aucuns bruits de leur part mettant en cause les institutions guinéennes. Ils sont venus pour la plupart, comme ça se dit chez nous, pour ‘’se chercher’’, et ça se passe plutôt bien pour eux. Pour l’instant, ce qui est un motif de satisfaction, c’est que nos compatriotes s’éloignent de plus en plus des ‘’petits métiers’’ pour s’insérer progressivement dans le top management des entreprises. Ici en Guinée, l’expertise ivoirienne est recherchée. Nous avons des directeurs de banque et des hauts responsables d’entreprises qui sont des Ivoiriens.
LP :Quel est leur nombre actuel ici en République de Guinée ?
Y.D : Officiellement recensé, on parle de 3500 Ivoiriens, sinon c’est un peu plus. Parce que malheureusement, beaucoup de nos compatriotes viennent ici, mais ne se font pas enregistrer par l’ambassade. Il faut qu’ils viennent à l’ambassade pour avoir une carte consulaire.
LP : Mais, comment se portent les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la Guinée ?
Y.D : Les relations sont au beau fixe. Parce que, moi, j’ai eu la chance au lendemain de mon arrivée ici, de recevoir le Président de la République, SEM Alassane Ouattara. Et à deux reprises. C’est pour dire combien de fois les relations sont fluides entre la Côte d’Ivoire et la Guinée, qui se retrouvent dans des relations bilatérales. Mais, également, ces deux pays se retrouvent dans plusieurs organisations sous-régionales. L’ancien premier ministre, Guillaume Soro est également venu ici pour une visite de travail et d’amitié de 48 heures. Plusieurs délégations ministérielles sont aussi venues. Au plan politique et au plan bilatéral, les relations sont très bonnes.
LP : Concernant le litige frontalier opposant la Côte d’Ivoire et la Guinée, comment avez-vous géré cette situation ?
Y.D : Cette situation a été gérée de la façon la plus simple possible. Parce que les autorités guinéennes qui ont été saisies par nos soins ont marqué leur étonnement. C’est pour vous dire que les militaires à la frontière sont à milles lieues de Conakry. Vous savez que dans ce genre de situation, il y a des choses qui se passent et échappent aux autorités. Mais, les autorités guinéennes ont pris le problème à bras-le-corps et nos autorités ont souhaité régler ce problème de façon pacifique et responsable. Je peux vous rassurer que tout est rentré dans l’ordre.
LP : Est-ce qu’on peut dire que cette page est définitivement tournée et réglée ?
Y.D : Ce problème est définitivement réglé parce que les autorités des deux pays se sont rencontrées. Le ministre des affaires étrangères guinéen, M. Fall, a rencontré le ministre Charles Koffi Diby et il y aura une commission mixte sur le renforcement des frontières, qui va régler définitivement ce problème.
LP : Excellence, aujourd’hui en Guinée, quels sont les grands axes sur lesquels l’ambassade travaille au nom de la Côte d’Ivoire ?
Y.D : L’ambassade est une entité administrative relevant de l’autorité supérieure et le premier axe qui nous a été proposé par nos autorités, c’est la réconciliation. Parce qu’on a pris service dans un contexte de crise, la première des choses à faire ici, était de rassembler tous les concitoyens ivoiriens. C’est la réconciliation entre les Ivoiriens qui primait d’abord. C’est pourquoi dire que, nous avons été nommés par le président Ouattara dans un souci de vengeance ou de revanche, est archi-faux. Les Ivoiriens se retrouvent ici et s’entendent bien.
LP : Avez-vous pu convaincre certains compatriotes proches de l’ancien régime ou des gens qui étaient réfugiés ici de rentrer en Côte d’Ivoire ?
Y.D : Ici à Conakry, on n’a pas eu de réfugiés à proprement parler. Mais, il a dû y en avoir certainement à la frontière qui fuyait la guerre. Parce que quand le Président de la République est arrivé ici, il y a un accord tripartite qui a été signé avec le Hcr et la Guinée pour faciliter le retour des réfugiés chez eux. Une somme a été remise par le Président à tout Ivoirien qui souhaiterait retourner au pays. Et cette somme est encore intacte jusque-là. En tout cas à Conakry, nous n’avons pas encore connaissance de réfugiés, mais, peut-être à la frontière. Bientôt nous ferons un tour là-bas pour faire l’état des lieux. A ma connaissance, les Ivoiriens qui sont ici, sont là de façon volontaire.
LP : Comment se porte la coopération ivoiro-guinéenne?
Y.D : Les perspectives sont bonnes dans cette coopération. La question économique y joue un rôle important. Parce que depuis un certain moment, la coopération était entre guillemets, à un niveau théorique. Mais, aujourd’hui, les deux Présidents ont pris conscience que les deux pays ont des potentialités énormes. On a une expertise à tous les niveaux à offrir à la Guinée, et vice-versa
LP :En ce qui concerne surtout l’éducation et la formation, nous pensons que la Guinée a plus que jamais besoin de nous. N’est-ce pas ?
Y.D : Dans tous les domaines, la Guinée a besoin de la Côte d’Ivoire. La Côte a besoin de la Guinée. Nous, on a l’expertise, eux, ils ont les potentialités. Mais, le Président Alpha Condé connaît très bien la Côte d’Ivoire et il aura des rencontres avec le Président Ouattara. Dans beaucoup de domaines, l’expertise de notre pays leur sera utile. Au niveau agricole, au niveau de l’éducation et la formation dont vous parliez tantôt, je peux vous dire que la formation des élèves de l’institut culturel ISAAC, ce sont des Ivoiriens qui ont cette charge depuis deux ans et les gens sont satisfaits de leur travail. Donc, dans tous les domaines, on peut s’entraider.
LP :Concernant les investisseurs ivoiriens, est-ce qu’il y en a qui sont déjà là. Est-ce que vous-même vous les attirez ?
Y.D : Dans notre plan d’action, nous avons prévu cette année un forum économique ivoiro-guinéen. Il y a une mission exploratoire qui est venue ici avec le Cepici, le Bnetd et la Sodemi pour voir comment il était possible de faire ce forum économique. Donc, les autorités sont prêtes à Abidjan pour organiser cela. Nous attendons toujours le retour des autorités ivoiriennes. Parce que les guinéens nous pressent aussi, car, ils ont envie de voir les investisseurs ivoiriens.
LP : Vous êtes ici depuis quelques temps, comment entrevoyez-vous l’évolution de la Guinée au plan sociopolitique?
Y.D : Vous savez que la Guinée a connu presque le même parcours que nous, même si ce n’est pas tout à fait identique. Nous avons été heureux qu’il y ait eu ici en Guinée, un Président démocratiquement élu en décembre 2010. La situation politique est un peu difficile pour l’organisation des élections législatives. Mais nous pensons que le Président de la République, qui a signé un décret de convocation du corps électoral pour les élections du 30 juin, a les ressources qu’il faut pour mettre fin à la situation de blocage du processus de ces élections importantes pour le pays. On estime qu’il arrivera à amorcer le dialogue entre les deux parties, dans le souci de préserver l’unité nationale, la cohésion sociale et la paix. C’est un pays qui va se relever. Si les conditions de la transition politique se terminent bien, la Guinée va se développer.
LP :: D’ici, comment appréciez-vous la situation du pays ?
Y.D : La réconciliation, vous savez, comme le Président Ouattara le dit lui-même, ce n’est pas quelque chose qui se fait en un jour. Mais, je crois qu’il y a un travail qui est en train d’être fait, il y a une volonté affichée du gouvernement. Parce que je vois les rencontres que le Premier ministre a avec l’opposition en Côte d’Ivoire. Je crois que c’est de bon augure, même si on souhaiterait que les choses aillent plus vite. Parce que les Ivoiriens ont besoin de cette réconciliation pour faire de notre pays, un pays émergent à l’horizon 2020. Donc, il faut qu’on le fasse ensemble. C’est un travail de longue haleine.
Interview réalisé à Conakry par KIGBAFORY Inza (envoyé spécial)