Chef de la défunte galaxie patriotique, Charles Blé Goudé est sous les verrous depuis son inculpation le 23 janvier 2013 passé par la justice ivoirienne pour crimes de guerre, assassinats et vols en réunion après son arrestation le 17 janvier au Ghana où il était en cavale et son extradition le lendemain à Abidjan. Sous mandat de dépôt, ‘’le général de la rue’’ est détenu au secret. Et des voix s’élèvent pour décrier cette détention qu’elles qualifient d’irrégulière. Pis, les rumeurs les plus folles circulent en ce moment sur un éventuel décès de Blé Goudé. Mais les Ivoiriens sont désormais coutumiers de ces rumeurs macabres et savent qu’il n’en est rien, en réalité. Si l’ancien bras séculier de Gbagbo est maintenu au secret, la raison n’est à rechercher nulle part que dans le souci des autorités ivoiriennes d’assurer sa sécurité, voire sa survie. Car ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que cet homme fait partie des personnalités en Côte d’Ivoire les plus exposées à une vindicte populaire, si des précautions particulières n’étaient pas prises pour éviter tout contact de ses innombrables victimes avec lui. Personne n’ignore le rôle extrêmement nuisible qu’il a joué dans le drame ivoirien, notamment pendant la crise postélectorale. En effet, dans le plan machiavélique de confiscation du pouvoir par le FPI, le ‘’général de la rue'’ était chargé de coordonner les opérations criminelles au niveau des « jeunes patriotes », des miliciens de la FESCI et de certains militaires des FDS qui ne juraient que par lui. Or, Dieu seul sait combien de personnes ont perdu la vie aux barrages anarchiques tenus par des jeunes dés?uvrés fanatisés et nourris à la sève de la haine par Blé Goudé. Le fameux article ‘’125’’ qui consistait à jeter des êtres humains suspectés d’être des partisans du Rassemblement des républicains (RDR) et de la coalition des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le bloc rival à celui de l’ancienne majorité présidentielle qui soutenait, l’ex-chef d’Etat, Laurent Gbagbo, a, en outre, endeuillé des milliers de familles en Côte d’Ivoire. Pas besoin de dire que les nombreuses victimes n’hésiteront pas à faire la peau à leur bourreau si celui-ci se trouvait par mégarde des autorités à leur porté. C’est pourquoi, le pouvoir a décidé de le garder au secret et surtout à l’abri de toute surprise désagréable. Et les pourfendeurs de l’administration Ouattara pensent trouver l’occasion pour dénoncer une détention hors norme. Pourtant ce sont les mêmes qui monteront au créneau si d’aventure quelque chose arrivait à l’activiste Blé Goudé. En effet, Blé Goudé trainent d’énormes boulets aux pieds qu’il serait hasardeux de le détenir dans une prison ordinaire. En attendant que les esprits se calment et soient enclins à l’apaisement, le pouvoir joue la carte de la prudence. Il n’est pas question de prendre des risques. La détention de Blé Goudé en résidence surveillée obéit donc à un souci de protection de sa vie et non à une volonté de le torturer. Il faut donc sortir des manigances, des intrigues et de la manipulation, qui ne visent, et cela n’est plus à démontrer, qu’à noircir l’image du pouvoir d’Abidjan.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara