«Gouverner, c’est prévoir», dit-on. Mieux, gouverner, c’est répondre aux préoccupations des populations et donner forme à toutes leurs aspirations. C’est fort de cela que tout parti qui veut gouverner propose en premier lieu, un projet de société, pour le bien- être de son peuple. En la matière, un Etat ou un gouvernement sérieux a le devoir de donner réponses aux grandes interrogations qui se précisent. C’est en cela que le pouvoir Ouattara a décidé de trouver des solutions aux questions de nationalité et du foncier qui défrayent la chronique ivoirienne depuis de nombreuses décennies. Ces deux sujets auront été des pommes de discorde et des contentieux qui ont fâché dans le microcosme national. C’est pourquoi, tout citoyen normal ou toute formation politique qui se soucie de la cohésion nationale aurait applaudi l’initiative des tenants du pouvoir. Pour un pays qui sort de graves convulsions et qui a vécu des crises à répétition, l’initiative de régler définitivement les questions de nationalité et du foncier rural est une aubaine. C’était sans compter avec les vieux démons de la division, notamment du Front Populaire Ivoirien. Cette formation politique, qui n’a pas tiré les enseignements nécessaires de sa décennie chaotique du pouvoir et de la dernière crise postélectorale, a choisi de manipuler les esprits et de crier à un péril issu de son imaginaire. Depuis un bon moment, la refondation, fidèle à une longue tradition d’instrumentalisation, ne cesse de crier à «un bradage de la nationalité ivoirienne». L’opinion nationale qui n’est pas dupe a compris les petits calculs des partisans du pensionnaire de la Cour Pénale Internationale de La Haye. De l’opposition à l’accession au pouvoir dans des «conditions calamiteuses», le FPI a toujours usé et abusé de ces deux questions, pour afficher son existence dans le landerneau politique. C’est très souvent que ce parti, pour soulever les Ivoiriens a mis en avant une volonté de bradage de notre nationalité à des étrangers « haineux et jaloux », qui envisagent de prendre nos terres. C’est donc aisément que cette formation, arcboutée sur des vues tribales et pour qui, «la patrie, c’est le village», a mis au cœur de sa gouvernance, les délits de patronyme, de faciès et de port de «grands boubous», pour marginaliser et pour stigmatiser de pans entiers de populations. Pour des ambitions purement politiciennes, le FPI a mis en danger l’existence même de la Côte d’Ivoire, en tentant de détruire les bases de sa cohésion et de son unité. Pour sûr, en décidant de régler définitivement les thèmes de la nationalité et du foncier, conformément aux lois en vigueur, le gouvernement retire au FPI ses deux béquilles de postiche sur lesquelles il s’est appuyé, pour troubler la vie nationale et pour exister. Pris de court et en manque d’arguments de poids pour justifier l’injustifiable et pour défendre l’indéfendable, les frontistes ont décidé de tirer dans tous les sens, de crier à hue et à dia, pour trouver preneurs à leur imposture. Le FPI, cet ennemi de la paix, qui ne prospère que dans les décombres est pris de saisissement. Pour avoir trop servi, sa mayonnaise ne prend plus. Les cris qui se font jour ont tout l’air de l’hallali, voire des derniers râles d’une grosse forfaiture nommée refondation.
Bakary Nimaga
Bakary Nimaga