Après le livre l’an dernier, c’est au tour du cinéma de bénéficier de l’attention des décideurs politiques en cette année 2013. Ainsi, en a décidé le ministre de la Culture et de la francophonie, Maurice Kouacou Bandaman qui a inauguré à cet effet le vendredi 14 Juin dernier, le siège de l’Office national du cinéma en Côte d’Ivoire (Onac-ci) à Mpouto (Cocody). Si lors de cette cérémonie, en sa qualité de parrain, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a annoncé qu’un fonds de soutien au cinéma verrait le jour pour booster la production cinématographique en Côte d’Ivoire, la promesse faite par le ministre Bandaman de “faire venir sur les bords de la lagune ébrié, au prochain Fespaco, en févier 2015, au moins deux Yennega d’or en long et en court métrages et de nombreux autres prix de Ouagadougou" est salutaire. Quand on sait que lors du dernier Fespaco (2012), la Côte d’Ivoire, pourtant (re) connue comme un grand pays de cinéma en Afrique subsaharienne relativement à son passé glorieux, n’a pu compétir faute de productions récentes, une telle promesse ne peut que réjouir le cœur de ceux qui croient encore en l’avenir du cinéma ivoirien. A travers cette déclaration, deux choses sont certainement à retenir. Premièrement, on peut estimer que le ministre Bandaman voudrait bouter hors du champ cinématographique ce pessimisme outrageusement pernicieux qui depuis au moins une decennie, s’obstine à véhiculer l’idée selon laquelle le cinéma ivoirien est mort. Deuxièmement, cette promesse est un signal fort envoyé aux cinéastes. D’autant qu’à travers elle, le ministre et par ricochet le gouvernement attendent des réalisateurs qui bénéficieront des fonds de l’Etat et du secteur privé, des productions de qualité capables de rivaliser et même de détrôner celles des pays comme le Sénégal, le Maroc ou le Nigéria qui ces dernières années planent sur le cinéma africain. Il y a donc au bout, une obligation de résultats pour les potentiels bénéficiaires de ces fonds. Il appartient désormais aux cinéastes de se retrousser les manches et de repositionner le cinéma “made in Côte d’Ivoire” sur l’échiquier international. C’est d’ailleurs, ce qu’a signifié le ministre de la Culture et du Tourisme du Burkina Faso, Baba Hama lorsqu’il a été reçu par la présentatrice Marie-Laure Ngoran lors du journal télévisé de 20h, le samedi 15 Juin dernier. «Décréter une année du cinéma en Côte d’Ivoire, c’est qu’il y a une volonté politique affichée de faire évoluer les choses. C’est une aubaine, il appartient aux acteurs de saisir la balle au rebond et de s’organiser…» dira t-il. L’Etat avec l’appui du secteur privé veut faire redecoller le cinéma, les cinéastes pourront-ils relever le défi? Seul l’avenir nous le dira.
Francis Kouamé
Francis Kouamé