À quelques heures de l’arrivée à Dakar du président américain Barack Obama, les mesures de sécurité draconiennes qui entourent la visite laissent perplexes les Dakarois, qui commencent à se plaindre des perturbations du trafic, et... les journalistes, qui peinent à obtenir des informations claires.
« For Security Reasons », le public ne doit rien savoir de l’heure ni du lieu des déplacements du président Barack Obama à Dakar. C’est du moins ce que déclarait mardi une représentante de l’ambassade des États-Unis lors d’une réunion d’information organisée par la présidence de la République sénégalaise, devant un parterre médusé de 300 journalistes accrédités au Sénégal. Présents dans le salon des Princes de l’hôtel Terrou Bi depuis une centaine de minutes, eux-mêmes ne disposaient encore que de bribes d’informations contradictoires à propos des modalités de la couverture médiatique de la visite officielle tant attendue.
Lorsque Air Force One atterrira à Dakar, seuls la Radio télévision sénégalaise (RTS), la chaîne américaine CBS et une poignée de photographes représentant les grandes agences de presse internationales seront autorisés à immortaliser ce moment, dont les images seront ensuite gracieusement redistribuées. Dans ces conditions, comme le résume le maître des cérémonies de la présidence, Souleymane Jules Diop, « puisque vous n’aurez pas accès au tarmac, autant aller vous coucher tôt car le lendemain vous devrez être au Palais présidentiel à 7 heures pour la conférence de presse des deux présidents. » Une conférence de presse pourtant programmée quatre heures plus tard. Seulement voilà : « For Security Reasons », il y aura une succession de détecteurs de métaux à franchir.
« No, you can’t »
Comme le précise Souleymane Jules Diop dans son propos liminaire, « organiser tout ça est très très difficile : à tout moment il y a des changements, des choses à valider avec la Maison Blanche ou la présidence de la République ». Alors, faute de mieux, l’orateur brode comme il peut, détaillant longuement la diapositive présentant le plan du Palais présidentiel. Les différentes entrées, les portiques de sécurité, les endroits autorisés ou interdits, la cantine pour les journalistes, les sanitaires… Les journalistes présents préféreraient qu’on leur indique qui Barack Obama doit rencontrer ce jour-là, mais aussi où et quand. Ils se feront une raison. Quant à savoir quels médias auront accès aux différentes étapes de la visite, Wait and See. Après une heure d’attente suivie de trois quarts d’heure d’exposé, chacun nage toujours dans un épais brouillard.
Une journaliste de la RTS traduit avec humour le sentiment général : « Merci Jules pour ce brillant cours de géolocalisation ! Je suis heureuse de savoir que si je me rends au Palais présidentiel, je n’aurai pas le droit d’aller visiter les appartements du président. » Un représentant de BBC Afrique se montre plus direct : « Washington affirme qu’il y aura des pools restreints pour couvrir les différents déplacements du président Obama, ce n’est pas clair ce que vous nous dites. » En aparté, chacun s’échange les bribes d’information qu’il a pu glaner par ses propres moyens.
Scandé par le speaker, qui slalome entre le français et anglais, l’essentiel du propos tient en quelques mots : « For Security Reasons » ; « Screening » ; « Vous comprendrez que »… Ou encore « You cannot » – comble de l’ironie au moment d’accueillir Barack Obama –, qui revient comme un leitmotiv. Les « Security Issues » étant ce qu’elles sont, les médias accrédités au Sénégal devront donc se contenter de suivre la visite à distance. La rencontre à la Cour suprême entre Barack Obama et douze présidents de juridictions venus d’Afrique francophone et anglophone ? Elle sera réservée aux télés panafricaines. Et la visite à Gorée, moment hautement symbolique pour le premier président noir des États-Unis ? « C’est une visite privée du président et de sa famille, dans la discrétion », réservée à quelques happy few. Alors peut-être la visite des deux Premières Dames au collège Martin Luther King ? Là encore, la partie n’est pas gagnée. « Puisque vous ne pourrez pas voir le président Obama, vous le verrez sur des écrans que nous sommes en train d’installer », rassure l’organisateur. Une autre option consistant, pour les reporters, à suivre la visite officielle depuis leur domicile, devant leur écran de télé calé sur le signal de la RTS.
Mehdi Ba, à Dakar
« For Security Reasons », le public ne doit rien savoir de l’heure ni du lieu des déplacements du président Barack Obama à Dakar. C’est du moins ce que déclarait mardi une représentante de l’ambassade des États-Unis lors d’une réunion d’information organisée par la présidence de la République sénégalaise, devant un parterre médusé de 300 journalistes accrédités au Sénégal. Présents dans le salon des Princes de l’hôtel Terrou Bi depuis une centaine de minutes, eux-mêmes ne disposaient encore que de bribes d’informations contradictoires à propos des modalités de la couverture médiatique de la visite officielle tant attendue.
Lorsque Air Force One atterrira à Dakar, seuls la Radio télévision sénégalaise (RTS), la chaîne américaine CBS et une poignée de photographes représentant les grandes agences de presse internationales seront autorisés à immortaliser ce moment, dont les images seront ensuite gracieusement redistribuées. Dans ces conditions, comme le résume le maître des cérémonies de la présidence, Souleymane Jules Diop, « puisque vous n’aurez pas accès au tarmac, autant aller vous coucher tôt car le lendemain vous devrez être au Palais présidentiel à 7 heures pour la conférence de presse des deux présidents. » Une conférence de presse pourtant programmée quatre heures plus tard. Seulement voilà : « For Security Reasons », il y aura une succession de détecteurs de métaux à franchir.
« No, you can’t »
Comme le précise Souleymane Jules Diop dans son propos liminaire, « organiser tout ça est très très difficile : à tout moment il y a des changements, des choses à valider avec la Maison Blanche ou la présidence de la République ». Alors, faute de mieux, l’orateur brode comme il peut, détaillant longuement la diapositive présentant le plan du Palais présidentiel. Les différentes entrées, les portiques de sécurité, les endroits autorisés ou interdits, la cantine pour les journalistes, les sanitaires… Les journalistes présents préféreraient qu’on leur indique qui Barack Obama doit rencontrer ce jour-là, mais aussi où et quand. Ils se feront une raison. Quant à savoir quels médias auront accès aux différentes étapes de la visite, Wait and See. Après une heure d’attente suivie de trois quarts d’heure d’exposé, chacun nage toujours dans un épais brouillard.
Une journaliste de la RTS traduit avec humour le sentiment général : « Merci Jules pour ce brillant cours de géolocalisation ! Je suis heureuse de savoir que si je me rends au Palais présidentiel, je n’aurai pas le droit d’aller visiter les appartements du président. » Un représentant de BBC Afrique se montre plus direct : « Washington affirme qu’il y aura des pools restreints pour couvrir les différents déplacements du président Obama, ce n’est pas clair ce que vous nous dites. » En aparté, chacun s’échange les bribes d’information qu’il a pu glaner par ses propres moyens.
Scandé par le speaker, qui slalome entre le français et anglais, l’essentiel du propos tient en quelques mots : « For Security Reasons » ; « Screening » ; « Vous comprendrez que »… Ou encore « You cannot » – comble de l’ironie au moment d’accueillir Barack Obama –, qui revient comme un leitmotiv. Les « Security Issues » étant ce qu’elles sont, les médias accrédités au Sénégal devront donc se contenter de suivre la visite à distance. La rencontre à la Cour suprême entre Barack Obama et douze présidents de juridictions venus d’Afrique francophone et anglophone ? Elle sera réservée aux télés panafricaines. Et la visite à Gorée, moment hautement symbolique pour le premier président noir des États-Unis ? « C’est une visite privée du président et de sa famille, dans la discrétion », réservée à quelques happy few. Alors peut-être la visite des deux Premières Dames au collège Martin Luther King ? Là encore, la partie n’est pas gagnée. « Puisque vous ne pourrez pas voir le président Obama, vous le verrez sur des écrans que nous sommes en train d’installer », rassure l’organisateur. Une autre option consistant, pour les reporters, à suivre la visite officielle depuis leur domicile, devant leur écran de télé calé sur le signal de la RTS.
Mehdi Ba, à Dakar