Le processus DDR (Désarmement et Démobilisation et Réintégration) a été relancé avec la création de l’ADDR en août dernier 2012 par le président de la République. Les ex-combattants semblent avoir retrouvé le sourire après la création de cette structure. Le Patriote a fait une incursion dans le milieu de démobilisés.
Lundi 15 juillet 2013, il est exactement 14h36. Nous sommes à a la résidence universitaire de Williamsville. Le premier visiteur qui arrive sur les lieux est tout de suite impressionnés par l’état de délabrement très avancés des locaux. Les ayants-droit, c’est-à-dire les étudiants, n’y sont plus depuis plus de deux ans. La résidence est désormais occupée par les ex-combattants. Ils sont les maîtres des lieux depuis avril 2011. Leur nombre est estimé à plus de 500. Les occupants des lieux sont tous des démobilisés. Ils sont en attente d’être réinsérés dans le tissus socio économique par l’ADDR (Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants). Les ex-combattants que nous avons rencontrés sur les lieux avancent avoir attendu trop longtemps, mais disent avoir repris espoir avec la création l’ADDR. Nombreux sont les jeunes qui, à la faveur de la crise poste électorale, ont rejoint le mouvement et qui, à après un certain moment de doute, retrouvent espoir après la création de l’Autorité de désarmement et de réintégration. «J’avais perdu espoir je ne savais pas à quel sein me vouer après avoir combattu. Aujourd’hui il y a de l’espoir avec l’ADDR », explique Ouattara Bakary qui dit avoir rejoint le mouvement à la faveur de la crise postélectorale.
De l’espoir à l’horizon
Il confie qu’il était élève en classe de Tle A au Lycée municipal de Korhogo au moment du déclenchement de la crise postélectorale. Il place beaucoup d’espoir à la nouvelle structure chargée de leur réinsertion et réintégration. «J’ai retrouvé le sourire grâce à l’ADDR qui un programme de réinsertion très pratique pour nous. J’ai été retenu pour être agent de l’office national de la protection civile. J’attends qu’on m’appelle pour la formation pour partir de la cité. Je peux maintenant pousser un ouf de soulagement», poursuit-il. Ouattara Bakary pense que cette fois-ci, le processus de réintégration des démobilisés est bien parti pour être une réussite. «Des personnes qui n’ont pas combattu, s’étaient retrouvées sur les listes, on ne sait par quel miracle. Avec la nouvelle structure, on constate que ce n’est plus le cas », affirme Koné Lamine, venu de Minignan où il était commerçant avant le déclenchement de la crise. Lamine fait partie des 314 ex-combattants qui ont reçu des carnets d’épargne des mains de Fidèle Sarassoro, le DG de l’ADDR le 27 juin dernier, à l’occasion de la cérémonie officielle de restitution de la cité universitaire de Williamsville aux autorités. Il a dans son compte 800.000 francs Cfa.
Cette somme devrait lui permettre de renforcer ses capacités en menuiserie, métier qu’il exerçait avant de se familiariser avec les armes. Koné Lamine estime, pour sa part, que le processus est lent pour lui il faut accélérer les choses. « Je demande aux responsables de l’ADDR de faire vite. Car nous les ex-combattants nous sommes pressés. On veut vite finir avec ce problème », soupire-t-il.
Le jeune Doumbia Oumar, la vingtaine révolue, a un seul rêve : faire partir de l’effectif de la nouvelle armée. « Moi, je veux être militaire. Mais, on m’a dit que ce n’est pas possible, j’ai donc été retenu pour travailler dans une société de la place. J’attends qu’on me fasse appel », dit-il. Titulaire d’un BEPC, Doumbia avance qu’il souhaite exercer une profession qui peut lui permettre d’évoluer. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les démobilisées ne sont pas tous des analphabètes. Adama Sékongo a un Bac + 2. Après avoir donné sa poitrine pour défendre ses convictions, il est aujourd’hui un garde pénitentiaire. « Les gens pensent que nous ne savons pas lire et écrire. Je voudrais leur faire comprendre que c’est par conviction que nous avons agi. Moi, personnellement, j’ai pris les armes pour défendre une cause que j’estime juste », justifie notre interlocuteur qui, par ailleurs, est titulaire d’un BTS en gestion commerciale. Gouin Séverin était membre d’un groupe d’autodéfense. Après la chute de l’ancien régime, il s’était refugié au Liberia voisin. Il a regagné le pays après que l’ADDR lui ait donné la garantie de ce que sa sécurité sera assurée. Lui et ses camarades qui sont originaires de Toulépleu ont, dès leur retour, aussitôt intégré le processus DDR. « On était inquiet, on se demandait si dès notre retour, on ne serait pas arrêté. On avait la peur au ventre en rentrant. Mais, avec le temps, on se rend compte qu’il n y a rien », se réjouit-il. L’ex-membre du groupe d’autodéfense souhaite que le processus de leur intégration se réalise vite. « Nous sommes impatients d’être réintégrés. Nos frères qui sont encore au Liberia attendent de voir notre réintégration avant de rentrer. Si ça se passe bien, ils vont revenir sans même qu’on ne le leur demande », pense M. Gouin. Koho Sébastien, le président des ex-combattants de Man est du même avis. Ce dernier fonde beaucoup d’espoir en l’ADDR. « On espère que cette fois-ci sera la bonne. Nous au niveau de Toulépleu, nous sommes prêts à intégrer le processus mis en place par le gouvernement à travers l’ADDR. Nous faisons confiance à l’ADDR pour notre réintégration », confie-t-il.
A l’ADDR, on se dit conscient de l’impatience de la cible. Les responsables de la structure de réintégration sont à pied d’?uvre pour booster le processus. Selon Soro Karna, le responsable de la division de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) de janvier à juillet, ce sont au total 8200 ex-combattants qui ont été démobilisés et qui ont été déjà réintégrés. « Nous sommes au travail. En sept mois d’activités, on peut dire que les choses avancent dans le bon sens », rassure Soro Karna. Ajoutant que 4282 armes ont été déjà collectées dont 3383 grenades, 184 obus, 308 roquettes et plus de 40.000 minutions de petit calibre.
Profils et obstacles
Pour une bonne réussite du processus, les ex-combattants sont intégrés en fonction de leur préférence et profil. Ainsi ceux qui désirent poursuivre leurs études bénéficient du soutien de l’ADDR pour achever leurs études. Ceux des ex-combattants qui veulent revenir au métier qu’ils exerçaient avant la crise sont formés et installés par la structure de réintégration. « L’ADDR est créée pour vous les ex-combattants et personne ne sera laissé pour compte », ne cesse de rassurer Fidèle Sarassoro, DG de l’ADDR. Sarassoro et ses collaborateurs sont confrontés à des difficultés dans la mise en ?uvre du processus DDR. L’obstacle majeur est l’impatience des concernés. Cette impatience donne lieu souvent à des manifestations qui souvent débouchent sur le désordre. En témoignent les récentes manifestations de Bouaké et Man. Ces mouvements d’humeur, selon le DG de l’ADDR, ne sont pas de nature à faciliter les choses. « Je comprends leur impatience. Mais, je leur demande d’éviter de poser des actes qui peuvent retarder le processus. Je leur demande de faire confiance à l’ADDR », conseille le patron de l’ADDR. Le budget pour l’opération DDR est estimé entre 85 milliards et 90 milliards CFA. En attendant, l’intégration et le désarmement des ex-combattants se poursuivent, malgré tout. Avec des démobilisés en proie à la fois au doute et à l’espoir.
Zana Coulibaly
Lundi 15 juillet 2013, il est exactement 14h36. Nous sommes à a la résidence universitaire de Williamsville. Le premier visiteur qui arrive sur les lieux est tout de suite impressionnés par l’état de délabrement très avancés des locaux. Les ayants-droit, c’est-à-dire les étudiants, n’y sont plus depuis plus de deux ans. La résidence est désormais occupée par les ex-combattants. Ils sont les maîtres des lieux depuis avril 2011. Leur nombre est estimé à plus de 500. Les occupants des lieux sont tous des démobilisés. Ils sont en attente d’être réinsérés dans le tissus socio économique par l’ADDR (Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants). Les ex-combattants que nous avons rencontrés sur les lieux avancent avoir attendu trop longtemps, mais disent avoir repris espoir avec la création l’ADDR. Nombreux sont les jeunes qui, à la faveur de la crise poste électorale, ont rejoint le mouvement et qui, à après un certain moment de doute, retrouvent espoir après la création de l’Autorité de désarmement et de réintégration. «J’avais perdu espoir je ne savais pas à quel sein me vouer après avoir combattu. Aujourd’hui il y a de l’espoir avec l’ADDR », explique Ouattara Bakary qui dit avoir rejoint le mouvement à la faveur de la crise postélectorale.
De l’espoir à l’horizon
Il confie qu’il était élève en classe de Tle A au Lycée municipal de Korhogo au moment du déclenchement de la crise postélectorale. Il place beaucoup d’espoir à la nouvelle structure chargée de leur réinsertion et réintégration. «J’ai retrouvé le sourire grâce à l’ADDR qui un programme de réinsertion très pratique pour nous. J’ai été retenu pour être agent de l’office national de la protection civile. J’attends qu’on m’appelle pour la formation pour partir de la cité. Je peux maintenant pousser un ouf de soulagement», poursuit-il. Ouattara Bakary pense que cette fois-ci, le processus de réintégration des démobilisés est bien parti pour être une réussite. «Des personnes qui n’ont pas combattu, s’étaient retrouvées sur les listes, on ne sait par quel miracle. Avec la nouvelle structure, on constate que ce n’est plus le cas », affirme Koné Lamine, venu de Minignan où il était commerçant avant le déclenchement de la crise. Lamine fait partie des 314 ex-combattants qui ont reçu des carnets d’épargne des mains de Fidèle Sarassoro, le DG de l’ADDR le 27 juin dernier, à l’occasion de la cérémonie officielle de restitution de la cité universitaire de Williamsville aux autorités. Il a dans son compte 800.000 francs Cfa.
Cette somme devrait lui permettre de renforcer ses capacités en menuiserie, métier qu’il exerçait avant de se familiariser avec les armes. Koné Lamine estime, pour sa part, que le processus est lent pour lui il faut accélérer les choses. « Je demande aux responsables de l’ADDR de faire vite. Car nous les ex-combattants nous sommes pressés. On veut vite finir avec ce problème », soupire-t-il.
Le jeune Doumbia Oumar, la vingtaine révolue, a un seul rêve : faire partir de l’effectif de la nouvelle armée. « Moi, je veux être militaire. Mais, on m’a dit que ce n’est pas possible, j’ai donc été retenu pour travailler dans une société de la place. J’attends qu’on me fasse appel », dit-il. Titulaire d’un BEPC, Doumbia avance qu’il souhaite exercer une profession qui peut lui permettre d’évoluer. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les démobilisées ne sont pas tous des analphabètes. Adama Sékongo a un Bac + 2. Après avoir donné sa poitrine pour défendre ses convictions, il est aujourd’hui un garde pénitentiaire. « Les gens pensent que nous ne savons pas lire et écrire. Je voudrais leur faire comprendre que c’est par conviction que nous avons agi. Moi, personnellement, j’ai pris les armes pour défendre une cause que j’estime juste », justifie notre interlocuteur qui, par ailleurs, est titulaire d’un BTS en gestion commerciale. Gouin Séverin était membre d’un groupe d’autodéfense. Après la chute de l’ancien régime, il s’était refugié au Liberia voisin. Il a regagné le pays après que l’ADDR lui ait donné la garantie de ce que sa sécurité sera assurée. Lui et ses camarades qui sont originaires de Toulépleu ont, dès leur retour, aussitôt intégré le processus DDR. « On était inquiet, on se demandait si dès notre retour, on ne serait pas arrêté. On avait la peur au ventre en rentrant. Mais, avec le temps, on se rend compte qu’il n y a rien », se réjouit-il. L’ex-membre du groupe d’autodéfense souhaite que le processus de leur intégration se réalise vite. « Nous sommes impatients d’être réintégrés. Nos frères qui sont encore au Liberia attendent de voir notre réintégration avant de rentrer. Si ça se passe bien, ils vont revenir sans même qu’on ne le leur demande », pense M. Gouin. Koho Sébastien, le président des ex-combattants de Man est du même avis. Ce dernier fonde beaucoup d’espoir en l’ADDR. « On espère que cette fois-ci sera la bonne. Nous au niveau de Toulépleu, nous sommes prêts à intégrer le processus mis en place par le gouvernement à travers l’ADDR. Nous faisons confiance à l’ADDR pour notre réintégration », confie-t-il.
A l’ADDR, on se dit conscient de l’impatience de la cible. Les responsables de la structure de réintégration sont à pied d’?uvre pour booster le processus. Selon Soro Karna, le responsable de la division de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) de janvier à juillet, ce sont au total 8200 ex-combattants qui ont été démobilisés et qui ont été déjà réintégrés. « Nous sommes au travail. En sept mois d’activités, on peut dire que les choses avancent dans le bon sens », rassure Soro Karna. Ajoutant que 4282 armes ont été déjà collectées dont 3383 grenades, 184 obus, 308 roquettes et plus de 40.000 minutions de petit calibre.
Profils et obstacles
Pour une bonne réussite du processus, les ex-combattants sont intégrés en fonction de leur préférence et profil. Ainsi ceux qui désirent poursuivre leurs études bénéficient du soutien de l’ADDR pour achever leurs études. Ceux des ex-combattants qui veulent revenir au métier qu’ils exerçaient avant la crise sont formés et installés par la structure de réintégration. « L’ADDR est créée pour vous les ex-combattants et personne ne sera laissé pour compte », ne cesse de rassurer Fidèle Sarassoro, DG de l’ADDR. Sarassoro et ses collaborateurs sont confrontés à des difficultés dans la mise en ?uvre du processus DDR. L’obstacle majeur est l’impatience des concernés. Cette impatience donne lieu souvent à des manifestations qui souvent débouchent sur le désordre. En témoignent les récentes manifestations de Bouaké et Man. Ces mouvements d’humeur, selon le DG de l’ADDR, ne sont pas de nature à faciliter les choses. « Je comprends leur impatience. Mais, je leur demande d’éviter de poser des actes qui peuvent retarder le processus. Je leur demande de faire confiance à l’ADDR », conseille le patron de l’ADDR. Le budget pour l’opération DDR est estimé entre 85 milliards et 90 milliards CFA. En attendant, l’intégration et le désarmement des ex-combattants se poursuivent, malgré tout. Avec des démobilisés en proie à la fois au doute et à l’espoir.
Zana Coulibaly