‘’Soro a une vraie surprise pour Gagnoa. Au lieu de s’interroger sur sa visite, il vaut mieux qu’on aille l’écouter. En Côte d’Ivoire, il y a toujours une possibilité de s’entendre. Aujourd’hui on doit faire un pas en avant et poser des actes significatifs et Guillaume Soro le sait bien’’. Telles sont les convictions d’une interlocutrice dirigeant une entreprise de communication et très investie dans les activités de réconciliation nationale. On connait les raisons officielles qui amènent le président de l’Assemblée nationale à Gagnoa, chez lui en tant que ivoirien. Il y va, à l’occasion des vacances parlementaires, communier avec les chefs traditionnels qui l’ont invité à la cérémonie d’inauguration de leur siège. Mais au regard de l’histoire récente et de l’actualité politique en Côte d’Ivoire, tout déplacement d’une haute autorité de ce pays a valeur de symbole. Gagnoa est la ville natale de Laurent Gbagbo qui a exercé le pouvoir de 2000 à 2011. Laurent Gbagbo est aujourd’hui loin des siens à La Haye et le cœur de nombre d’ivoiriens y est. Celui de Gagnoa aussi. La Côte d’Ivoire qui est à la recherche des voies pour la réconciliation de ses fils et filles doit explorer toutes les voies de rapprochement. C’est ainsi qu’il faut situer la visite de Guillaume Soro. A défaut d’avoir des solutions immédiates, il pourra au moins rassurer et désarmer les cœurs meurtris qui ruminent encore vengeance deux ans après la tragédie ivoirienne. Guillaume Soro ne va pas en territoire inconnu. Il a des frères et sœurs dans cette localité. Mieux sa relation avec le peuple Bété va au-delà des simples liens d’amitié. C’est le beau-frère, le bien-aimé de Sylvie Tagro (bété de Daloa) qui va saluer ses parents. Gagnoa, c’est aussi chez son ami et frère Charles Blé Goudé pour le moment sous le verrou de la justice ivoirienne. De ce point de vue-là, au nom de la tradition et de l’hospitalité coutumière, il ne peut qu’être le bienvenu. Les arguments ne manqueront pas. Notre interlocutrice qui l’a suivi à Bruxelles lors de sa visite au parlement européen en a la conviction. C’est là-bas qu’il avait confié à son auditoire que Laurent Gbagbo lui doit la vie. Là-bas, il avait aussi dévoilé ses convictions pour la Côte d’Ivoire. La réconciliation, le pardon, l’amour. ‘’Le temps de la réconciliation en Côte d’Ivoire est arrivé’’, avait-il déclaré à Bruxelles. Ce déplacement de Gagnoa est placé sous cet enjeu. Il y aura Gagnoa, mais aussi bien d’autres localités du pays pour porter le message de la paix. Ce message, les populations de Gagnoa, Ouragahio, Guibéroua, Galébré, Bayota et Gnagbodougnoa l’attendent. Dire un mot, une parole forte pour que la Côte d’ivoire soit sauvée. Nsrè monsieur le président de l’Assemblée nationale !
SD
SD
