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Editorial Publié le vendredi 16 août 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Jusqu’où iront les militaires au pays des pharaons ?

Ça ne va pas en Egypte depuis le renversement du président élu Mohamed Morsi par les militaires sous la houlette du général Abdel Fatah Al-Sissi. Il croyait si bien faire mais c’était sans compter avec la détermination des Frères musulmans qui ont fini par le pousser à la faute. Après moult tractations, l’armée est passée à l’offensive pour déloger les Frères musulmans des campements de fortune qu’ils avaient érigés dans la capitale. Après des décennies de pouvoir militaire depuis son accession à la souveraineté nationale, l’Egypte expérimentait pour la première fois la gestion du pouvoir par les civils. Après l’éviction du général Hosni Moubarak (33 ans au pouvoir) et une révolution populaire et une transition conduite une fois de plus par des militaires, Mohamed Morsi le leader du parti Liberté et Justice issu des Frères musulmans remporte l’élection présidentielle au deuxième tour avec près de 52 % des voix devant Hamed Chafik. Les militaires ont beaucoup hésité avant d’admettre et laisser proclamer sa victoire. Le 30 juin 2012 Morsi est investi cinquième président de la République arabe d’Egypte. On croyait tournée à jamais la page des militaires. ‘’Chassez le naturel, il revient aux galops’’, dit un adage. Le 3 juillet 2013 soit un peu plus d’un an après l’avènement de Morsi, revoilà les militaires qui prennent pour prétexte un soulèvement populaire pour déposer Morsi. Ils s’entourent de quelques civils dont le vice-président Mohamed El Baradeï, ancien dirigeant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Sa divergence de vue dans la gestion de la contestation des pro-Morsi n’aura pas suffi pour décourager les militaires à engager l’épreuve de force. Tel dans une logique de ‘’mille morts à gauche, mille morts à droite, j’avance’’, ils ont fait d’une bouchée les irréductibles frères musulmans. Ce ne sont pas les indignations des médecins après la mort de la communauté internationale, encore moins la condamnation du bout des lèvres de l’allié américain qui les feront reculer. Hier encore le ministère de l’Intérieur autorisait la police à ‘’tirer à balles réelles sur les manifestants attaquant des biens publics ou les forces de l'ordre’’. Un vrai permis de tuer pour assouvir la soif de pouvoir. Jusqu’où ira cette folie meurtrière car rien ne semble freiner l’ardeur des hommes forts du Caire. La CPI naguère active en Côte d’Ivoire, au Soudan, au Congo ou au Kenya reste malheureusement muette. La Ligue arabe reste plombée par ses dissensions internes quant à l’appréciation même de la situation. Qui va arrêter Al-Sissi and Co ?

SD
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