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Politique Publié le lundi 19 août 2013 | Le Patriote

INTERVIEW / Berté Abdrahamane Tiémoko (DG de l’IPS-CGRAE) “Voici ce qui change”

Les différentes études actuarielles menées ont révélé un déficit chronique de la Société d’Etat, CGRAE. C’est ainsi que le Gouvernement a adopté en avril et juillet 2012, un ensemble de textes de reforme relatifs aussi bien à la gestion des pensions publiques qu’au statut juridique de la CGRAE (Caisse générale de retraite des agents de l’Etat). Dans cet entretien, Berté Abdrahamane Tiémoko, Directeur général de l’IPS-CGRAE explique les enjeux de cette reforme.

Le Patriote : Pourquoi IPS -CGRAE ?

Berté Abdrahamane Tiemoko : Depuis avril 2012, l’Institution de prévoyance sociale de la caisse générale de retraite des agents de l’Etat (IPS-CGRAE) a été créée. C’est une nouvelle institution qui veut s’adapter à sa vocation sociale. Il faut noter que la reforme de la CGRAE a été initiée depuis très longtemps. Et cela a été motivé par le déficit chronique structurel de cette institution. C’est pourquoi, il est apparu urgent pour le Gouvernement de mettre en œuvre une nouvelle reforme. Le nouveau statut juridique de la CGRAE lui confère une autonomie de gestion, une souplesse de fonctionnement répondant aux attentes de plus en plus pressantes des nos assurés sociaux.

LP : Quels sont les avantages d’une telle reforme pour les retraités ?

B.A.T. : Les avantages sont nombreux. Pour les retraités, la reforme induit des changements notables. LP : Lesquels ?

B.A.T : il s’agit pour l’IPS-CGRAE d’assurer une qualité de service de plus en plus meilleure et de faire en sorte que ce que connaissaient les retraités comme souffrance par le passé, ils ne le revivent plus. La qualité de service, c’est d’abord un accueil bienveillant et courtois. Parce qu’il s’agit des retraités. Ce qui, à mon sens, n’était pas le cas auparavant. Nous allons mettre également un accent particulier sur l’accueil et cela a déjà commencé. Il s’agit d’un dispositif accueil amélioré avec des agents qui sont professionnalisés à la gestion d’accueil. Ça se ressent tous les jours. Nous sommes dans une dynamique d’amélioration continue et donc nous voulons être vraiment bienveillants vis-vis de nos retraités. C’est un nouveau regard. La deuxième chose, c’est la facilitation de l’accès aux droits des assurés. Concrètement, c’est la simplification des formalités administratives. L’une des raisons pour lesquelles les retraités attendent durant de longs mois avant de toucher leurs pensions, ce sont les tracasseries administratives. C’est un véritable parcours de combattant pour constituer son dossier de retraite. Nous voulons simplifier les formalités administratives. Ce, en informant utilement les retraités sur leurs droits et obligations et comment constituer les différents dossiers de retraites. En clair, nous essayons d’anticiper les choses. Ensuite nous avons décidé de faire en sorte que tout ce qui est superflu et qui n’est pas nécessaire au traitement des dossiers soit abandonné. C’est ainsi que lorsque j’ai pris fonction après un diagnostic de la situation, je me suis rendu compte que la cause importante des instances de dossiers à la CGRAE, était le défaut de production de certaines pièces dans les dossiers de retraites.

LP : Quelle sont ces pièces ?

B.AT. : Il s’agit du Certificat de cessation de paiement (CCP). A défaut de ce document, certes important, les dossiers de retraite s’entassaient. J’ai essayé de comprendre et j’ai fait en sorte qu’il y ait une opération d’apurement des instances. Nous avions ici des instances énormes ! Le fait de ne pas exiger comme préalable à la liquidation des pensions de retraite, le CCP (Certificat de cessation de paiement), a permis aujourd’hui de liquider près de 5000 dossiers qui étaient en instance de traitement. C’est énorme. Le Certificat de cessation de paiement est un document délivré par l’administration financière pour montrer que le retraité n’est plus redevable vis-à-vis de l’Etat de Côte d’Ivoire. A tout moment, quand ce document est produit, nous pouvons ajuster la pension des retraités. Donc, on estime que ce n’est pas la peine de retarder le paiement des pensions de ces retraités qui souffrent et qui ont des besoins familiaux. Ils sont privés de pensions parce qu’ils leur manquent une pièce. Non ! Alors que cette pièce n’est pas indispensable au traitement des dossiers. C’est comme les pensions alimentaires. Dès qu’on a une décision de justice, on fait les prélèvements nécessaires sur la pension.

LP : Est-ce qu’avec cette reforme de la CGRAE, le circuit de production des dossiers change ?

B.A.T : Nous avons beaucoup communiqué sur la reforme. Nous avons rencontré toutes les associations professionnelles, les syndicats, les représentants des structures affiliées, les Directeurs des ressources humaines (Drh), à l’effet de communiquer sur la reforme. Cette reforme est paramétrique. Il y a des concepts que les gens ne comprennent pas. Nous voulons être très opérationnels. Que doit faire un Directeur des ressources humaines dans la constitution des dossiers de retraites d’un retraité ? Et que doit faire le retraité lui-même ? Nous avons eu à discuter de cela et informé sérieusement les concernés sur ce parcours. La gestion des dossiers des retraités en ce qui concerne les pensions civiles faisaient intervenir plusieurs structures : la Direction de la solde, le Ministère de l’Economie et des Finances, le Ministère de la Fonction publique et de la reforme administrative, la Direction des pensions et la CGRAE. Des intervenants, alourdissaient le système, diluaient les responsabilités et créaient des tracasseries aux retraités. Le fait que la reforme crée aujourd’hui un Guichet unique de pension, est une chose salutaire. Cela nous amène à prendre des engagements de services réels, concrets et mesurables. Par contre, à côté de ces dossiers de pensions civiles, on gère aussi les dossiers de pensions militaires, de policiers, de gendarmes qui adressent toujours et directement leurs dossiers à la CGRAE. Pour le traitement de ces dossiers, c’est vrai qu’il faut toujours être en amélioration continue, mais les délais sont relativement meilleurs. Et les dossiers sont traités avec célérité et il y a moins de plainte.

LP : Quels conseils pouvez-vous donner aux DRH afin que les dossiers des futurs retraités soient rapidement déposés auprès de la CGRAE ?

B.A T : Je pense que le message est déjà passé. Nous avons eu des séances de travail, nous comptons organiser un séminaire national qui va regrouper tous les acteurs intervenants dans le processus de retraites, notamment les DRH. Il y a une veritable déconcentration de la gestion administrative des ressources humaines. Le DRH doit donc prendre sa part parce qu’il s’agit de faire preuve de responsabilité sociale et faire en sorte que ceux qui ont travaillé pour nous, qui ont contribué au développement de la Côte d’Ivoire, puissent avoir des jours meilleurs pendant leur retraite. Nous avons une part importante de responsabilité.

LP : Avant la mise en route de la reforme, combien de temps passait un retraité pour toucher sa première pension ?

B.A.T : Avant la reforme, en moyenne six mois. L’antériorité est diverse. J’ai trouvé ici des dossiers qui dataient de trois à quatre ans. Ce, par défaut de production de certaines pièces qui étaient préalables à la liquidation. Aujourd’hui, du fait de la reforme, de l’allègement des procédures administratives que nous sommes en train d’initier, j’ai pris l’engagement qu’un dossier de retraite qui rentre à la CGRAE et qui est complet soit liquidé pour être payé à échéances réglementaire de jouissance des droits du retraité. C’est-à-dire le mois suivant le dépôt des dossiers. Cela est possible. On en a fait l’expérience. Il faut savoir que le système a été impacté par les nombreuses instances que nous avons trouvées. Ainsi que le transfert des dossiers qui nous a été acheminé. Nous avons reçu au cours de l’année 2012, plus de 6000 dossiers. Nous recevons en moyenne, moins de 3000 dossiers par an qui sont traités à la CGRAE. On reçoit près de 6000 dossiers en une année. Vous voyez la charge de travail que cela représente. Malgré cela, on a pu apurer toutes les instances de liquidation de dossiers qui étaient complets. Je dois féliciter mes collaborateurs pour ce gros travail abattu.

LP : Cette reforme prévoit-elle la prise en charge sociale des retraités ?

B.AT : J’ai toujours coutume de dire que la retraite n’est pas le seul paiement en espèce d’une pension de retraite. La retraite, c’est un concept. C’est une préoccupation aujourd’hui dans tous les pays. Les retraités font partie de la population. Je les côtoie tous les jours, je connais leurs problèmes. Le volet action sanitaire et sociale doit venir en complément des prestations afin que la retraite soit une vie. C’est pour cela que nous avons comme slogan « L’IPS-CGRAE, avec vous, pour vous, la vie ». Nous allons faire en sorte que tous les agents de la CGRAE cultivent la bienveillance. Nous avons ici une infirmerie qui n’est pas très équipée, mais qui offre des soins aux retraités. Nous aidons des associations de retraités à s’installer. Parce que les retraités ont besoin d’un cadre de vie, ils ont besoins de se retrouver. Ils sont très souvent enfermés dans leurs maisons et ils ont besoin de sortir. Le volet sanitaire et social va se développer au fur et à mesure. Nous ne voulons pas aller seul sur ce terrain, nous voulons créer un véritable partenariat avec les communes, mairies qui ont aussi un rôle dans le Mieux -Vivre de leur population.

Par Anzoumana Cissé
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