x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Sport Publié le mercredi 21 août 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Athlétisme / De Gaoussou Koné à Murielle Ahouré : L’histoire en dents de scie de la discipline en Côte d’Ivoire

© L’intelligent d’Abidjan
Jeux olympiques/Londres 2012: l`athlete ivoirienne Murielle Ahouré
Vendredi 03 aout 2012.stade olympique de Londres. L`ivoirienne Murielle Ahouré s`est qualifié pour les demi-finales 100 m dames avec un temps de 10.99s
Murielle Ahouré a créé la sensation ce mois d’août en remportant à Moscou deux médailles d’argent (100 et 200m) aux Mondiaux d’athlétisme. Une performance qui ressuscite cette discipline après la glorieuse époque de Gaoussou Koné et surtout celle de Gabriel Tiacoh.

Elle est la toute première athlète en Côte d’Ivoire, tout sexe confondu, à inscrire son nom au palmarès des vainqueurs de médailles au championnat du monde d’athlétisme. Elle, c’est bien Murielle Ahouré. Une championne sortie de nulle part et qui fait la fierté de la Côte d’Ivoire au plan international. Son histoire, tout le monde la connaît presque. Pas la peine d’y revenir. Toutefois, il est bon de retenir que c’est en 2001 que la fille adoptive du Général Mathias Doué quitte le pays pour les Etats-Unis du fait de la situation sociopolitique…. Celle qui fêtera ces 26 ans le 23 août prochain, est désormais vice-championne du monde des 100 et 200 mètres des Mondiaux d’athlétisme de Moscou. Une performance inédite qui fait le bonheur des hautes autorités du pays dont le Président de la République, le Président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan et le ministre en charge des sports, Alain Lobognon. Mais qu’est-ce que l’Etat ivoirien a réellement fait pour Murielle Ahouré ? Avant elle, qu’a-t-on fait pour Gabriel Tiacoh et autres Gaoussou Koné, Kablan Deignan, Méité Amadou, N’Da Lucienne ?

Une vraie véritable percée et des noms évocateurs !

A l’évocation du nom de Gaoussou Koné, l’ex-président de la Fédération ivoirienne d’athlétisme, Hervé Porquet a coulé les larmes. « C’est un grand sprinteur, Gaoussou Koné. S’il avait eu des moyens conséquents, il aurait établi des records ! », a-t-il regretté. Oui, Gaoussou Koné a fait parler de lui en Afrique francophone dans les années 1960. C’est en 1963 qu’il surprend tout le monde en se qualifiant pour la finale du 100m à l’âge de 17 ans, aux jeux de l’Amitié. En 1964 à Tokyo au Japon, il devenait le premier athlète africain à se qualifier pour la finale du 100m des Jeux Olympiques. Il est classé sixième à l’issue de la course. Il participera aux JO de 1968 et 1972. Sans adversaires au plan africain, il s’offrira deux médailles d’or aux 100 et 200m en 1965 à Brazzaville (Jeux Africains). Qu’est-ce qu’il a obtenu comme récompenses ? « On courait pour l’honneur avant ! On n’avait que 2000FCFA par jour lorsqu’on partait en compétition internationale. Il n’y avait pas de prime de sélection ou de qualification. On courait seulement sans rien exiger. Et puis, on était heureux à l’idée de prendre l’avion. Ce qui est sûr, l’argent ne circulait pas avant, c’est pourquoi vous voyez les anciennes gloires dans la détresse », a dit Kamelan Hyacinthe, sprinteur et vice-champion d’Afrique. Méité Amadou est une autre figure de proue de l’athlétisme ivoirien. Il a été médaillé d’or au 100m aux Jeux panafricains d’Alger en 1978. Le père de l’athlète Méité Ben Youssef, a participé à deux reprises aux JO, ceux de 1972 à Munich et 1976 à Montréal. Mais il n’a pas connu le même succès que Gaoussou Koné. Kablan Deignan a aussi porté le drapeau ivoire. Médaillé d’or au 200m aux Jeux de la Cedeao en 1977 au Nigéria, il se distinguera au championnat du monde universitaire à Mexico en 1980 en disputant la finale du 200 m, tout comme Méité Amadou au 100m. Ayé Jacques marquera l’année 1973 avec sa médaille d’or aux Jeux Africains au Nigéria, au lancer de javelot. De 1973 à 1980, les athlètes ivoiriens que sont Amadou Méité, Gaoussou Koné (frère de l’Imam Koudouss Koné), Eloé Brou, Kragbé Segui, Maki Sambara, Ayé Jacques, Deignan Kablan, N’da Lucienne, Ouré Patrice et Nogboun Avognan, vont illuminer les rendez-vous africains avec des médailles de toute sorte (or, argent, bronze) mais sans aucun métal hors du continent. Il a fallu attendre 1984 pour conquérir l’argent aux JO de Los Angeles, grâce à sa Majesté Gabriel Tiacoh…

Tiacoh pas comme Ahouré

C’est au championnat d’Afrique au Caire en Egypte en 1982 que Gabriel Tiacoh se signale déjà au 400m. Il s’offre l’or, tout comme Womplou Marie au 400m haies, N’da Lucienne au saut en longueur. Cette année-là, la Côte d’Ivoire obtient quatre médailles d’or avec notamment le relais 4x100m. Retranché aux Etats-Unis, Gabriel Tiacoh ne participera pas au championnat d’Afrique au Maroc l’année suivante. En 1984, il décroche avec fracas, la médaille d’argent au 400m. Devenant ainsi le premier médaillé africain et par ricochet le premier athlète ivoirien à s’illustrer de cette façon aux JO. Depuis Tiacoh, plus rien jusqu’à la révélation Ahouré. Une athlète pas connue au pays mais qui a fait plaisir aux amoureux de la première discipline olympique. Cependant, il est impérieux de souligner qu’Allou Affoué Amandine (100m), Kragbé Suzanne (lancer de disque), Méité Ben Youssef (100 et 200m), Ayetotché Louise (200m)…ont essayé de conquérir l’or lors des grands rendez-vous mondiaux mais sans grand succès. Après Tiacoh aux JO, c’est Murielle Ahouré qui donne deux médailles d’argent (100 et 200m) aux Mondiaux de la discipline. Après deux échecs cuisants à Londres en 2012 aux JO, Ahouré qui s’était révélé en salle sur 60 m, a surpris plus d’un cette année. Et la victoire a plusieurs pères ! Et pourtant…

Sidy Diallo vole au secours de Nicolas Débrimou

« On travaille sans grand bruit et quand on pose une action, on ne crie pas sur tous les toits. Mais sachez que c’est la Fif et son président Sidy Diallo qui ont remis des survêtements à la jeune Ahouré », a fait remarquer un membre du comité exécutif de la Fif. Oui, à bien voir Murielle Ahouré hors des pistes, l’on s’en rend compte. N’a-t-elle pas eu de soutien avant son départ pour Moscou ? En tout cas, selon un vice-président de la Fédération ivoirienne d’athlétisme, c’est sans la communication en Conseil des ministres des Mondiaux que le président Nicolas Débrimou s’est rendu à Moscou. « Il avait souhaité 4 millions FCFA comme prime de qualification pour Murielle Ahouré, mais jusqu’à son départ, rien n’avait été décaissé », a-t-il dit. Que gagnent aujourd’hui les athlètes lorsqu’ils participent aux compétitions internationales ? Le dirigeant fédéral note que les choses ont évolué depuis 2005. Si auparavant, les athlètes percevaient 2000FCFA comme prime par jour, aujourd’hui, la prime olympique est de 25.000FCFA par jour pour les disciplines dites mineures en Côte d’Ivoire.

Mais exceptionnellement, précise-t-il, en 2012 pour les JO de Londres, la prime olympique a été fixée à 35.000FCFA pour les athlètes en plus de la prime de qualification de 2.000.000FCFA. « Des efforts sont fait par la tutelle, mais cela est loin du traitement fait aux footballeurs ». Et Murielle Ahouré de façon exceptionnelle ? S’agissant de la vice-championne du monde, tous les collaborateurs du président Nicolas Débrimou affirment mordicus que l’Etat ivoirien par le biais du Président Alassane Ouattara, fait déjà beaucoup pour Murielle Ahouré. Depuis janvier, la Présidence de la République lui octroie une bourse de 5.000.000FCFA par mois pour pouvoir faire face à ses charges dont le paiement de son entraîneur. « On remercie déjà le Chef de l’Etat pour son geste très important. Sans moyens, il n’y aura jamais de résultat ! », Reconnaît-on au niveau de la Fédération. Pour aller conquérir une médaille d’or aux JO au Brésil en 2016, il faudra encore des moyens conséquents, pour elle et pour toutes les disciplines.

Annoncia Séhoué
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Sport

Toutes les vidéos Sport à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ