L’Union africaine, en demandant à la Cour pénale internationale (Cpi) d’abandonner les poursuites contre les chefs d’Etat africains, en fonction, donne plutôt un mauvais signal aux prédateurs des droits de l’Homme.
C’est un grand recul pour l’Afrique ! Les présidents africains, réunis samedi au siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba (Ethiopie), sont convenus de demander à la Cour pénale internationale (Cpi) d’ajourner ses poursuites contre les dirigeants africains en exercice. «Un groupe de contact (...) va entreprendre des consultations avec les membres du Conseil de sécurité de l’Onu (...) afin de discuter de toutes les préoccupations de l’Ua concernant ses relations avec la Cpi, notamment l’ajournement des affaires kenyane et soudanaise. Aucune accusation ne saurait être lancée ou maintenue devant un quelconque tribunal international contre un chef d’Etat en exercice», a déclaré, à la clôture du sommet, le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, président en exercice de l’Ua. Au-delà des présidents soudanais, Omar El Béchir et kényan, Uhuru Kenyatta, le sommet extraordinaire de l’organisation continentale préconise que désormais, plus aucun président au pouvoir ne soit inquiété par une juridiction, qu’elle soit africaine ou internationale. C’est en clair une immunité que l’Ua a décidé d’accorder aux présidents africains. Ce qui est, en soi, une décision regrettable puisqu’elle consacre l’impunité. Mieux, elle représente une sérieuse menace pour les droits de l’Homme. Car, dans le fond, elle encourage insidieusement les chefs d’Etat éligibles à des poursuites à la Cpi, à s’accrocher au pouvoir, pour échapper à la juridiction internationale spécialisée dans la lutte contre les violations massives des droits humains. La décision de l’UA fait donc courir le risque de faire reculer la démocratie sur le continent africain et, de ramener les dictateurs. Comment, dans le contexte actuel, amener le président soudanais, (en proie à des contestations internes, opposé à son collègue du sud-Soudan, Salva Kiir, et qui se sent obligé d’employer la force, pour ‘’neutraliser’’ tous ses opposants), à quitter le pouvoir ? L’exercice paraît difficile à réaliser, surtout que M. Béchir est conscient qu’il est déjà dans le viseur des juges de la Cpi. La décision de l’Ua est d’autant plus condamnable, que généralement, c’est une fois aux affaires que les dictateurs et autres violateurs des droits de l’Homme montrent leur vrai visage. Le cas du président Uhuru Kenyatta et de son vice-président, William Ruto, est donc une exception. En Côte d’Ivoire, dans l’opposition, Laurent Gbagbo a donné des garanties, quant au respect des droits de l’Homme dans son pays. C’est une fois aux affaires que sa capacité à faire respecter les droits les plus élémentaires, a commencé à devenir problématique. Un an après son accession au pouvoir, son régime se révèlera comme l’un des plus féroces, en matière de répression. Confronté à partir de septembre 2002, à une crise militaro-politique, il militarise son régime. Il donne ainsi, implicitement, carte blanche aux securocrates de son régime de mettre hors d’état de nuire tout ce qui semble l’empêcher de tourner en rond. Battu à la régulière à la présidentielle de novembre 2010 (54,10% pour le président élu, Alassane Ouattara), Laurent Gbagbo (45,90%) refuse de se plier au verdict des urnes. Il sort encore les armes lourdes pour mettre au pas aussi bien le président nouvellement élu, que tous ceux qui lui montrent la porte de sortie. Il en a résulté 3000 morts. C’est ce qui lui vaut, aujourd’hui, de se retrouver devant les juges de la Cpi. C’est dire que si la décision de l’Ua était intervenue avant qu’il ne tente son forcing pour s’accrocher au pouvoir et si la communauté internationale n’avait pas pris ses responsabilités pour le dégager, il serait encore au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. Surtout qu’il disposait d’un impressionnant armement pour cela.
Marc Dossa
C’est un grand recul pour l’Afrique ! Les présidents africains, réunis samedi au siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba (Ethiopie), sont convenus de demander à la Cour pénale internationale (Cpi) d’ajourner ses poursuites contre les dirigeants africains en exercice. «Un groupe de contact (...) va entreprendre des consultations avec les membres du Conseil de sécurité de l’Onu (...) afin de discuter de toutes les préoccupations de l’Ua concernant ses relations avec la Cpi, notamment l’ajournement des affaires kenyane et soudanaise. Aucune accusation ne saurait être lancée ou maintenue devant un quelconque tribunal international contre un chef d’Etat en exercice», a déclaré, à la clôture du sommet, le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, président en exercice de l’Ua. Au-delà des présidents soudanais, Omar El Béchir et kényan, Uhuru Kenyatta, le sommet extraordinaire de l’organisation continentale préconise que désormais, plus aucun président au pouvoir ne soit inquiété par une juridiction, qu’elle soit africaine ou internationale. C’est en clair une immunité que l’Ua a décidé d’accorder aux présidents africains. Ce qui est, en soi, une décision regrettable puisqu’elle consacre l’impunité. Mieux, elle représente une sérieuse menace pour les droits de l’Homme. Car, dans le fond, elle encourage insidieusement les chefs d’Etat éligibles à des poursuites à la Cpi, à s’accrocher au pouvoir, pour échapper à la juridiction internationale spécialisée dans la lutte contre les violations massives des droits humains. La décision de l’UA fait donc courir le risque de faire reculer la démocratie sur le continent africain et, de ramener les dictateurs. Comment, dans le contexte actuel, amener le président soudanais, (en proie à des contestations internes, opposé à son collègue du sud-Soudan, Salva Kiir, et qui se sent obligé d’employer la force, pour ‘’neutraliser’’ tous ses opposants), à quitter le pouvoir ? L’exercice paraît difficile à réaliser, surtout que M. Béchir est conscient qu’il est déjà dans le viseur des juges de la Cpi. La décision de l’Ua est d’autant plus condamnable, que généralement, c’est une fois aux affaires que les dictateurs et autres violateurs des droits de l’Homme montrent leur vrai visage. Le cas du président Uhuru Kenyatta et de son vice-président, William Ruto, est donc une exception. En Côte d’Ivoire, dans l’opposition, Laurent Gbagbo a donné des garanties, quant au respect des droits de l’Homme dans son pays. C’est une fois aux affaires que sa capacité à faire respecter les droits les plus élémentaires, a commencé à devenir problématique. Un an après son accession au pouvoir, son régime se révèlera comme l’un des plus féroces, en matière de répression. Confronté à partir de septembre 2002, à une crise militaro-politique, il militarise son régime. Il donne ainsi, implicitement, carte blanche aux securocrates de son régime de mettre hors d’état de nuire tout ce qui semble l’empêcher de tourner en rond. Battu à la régulière à la présidentielle de novembre 2010 (54,10% pour le président élu, Alassane Ouattara), Laurent Gbagbo (45,90%) refuse de se plier au verdict des urnes. Il sort encore les armes lourdes pour mettre au pas aussi bien le président nouvellement élu, que tous ceux qui lui montrent la porte de sortie. Il en a résulté 3000 morts. C’est ce qui lui vaut, aujourd’hui, de se retrouver devant les juges de la Cpi. C’est dire que si la décision de l’Ua était intervenue avant qu’il ne tente son forcing pour s’accrocher au pouvoir et si la communauté internationale n’avait pas pris ses responsabilités pour le dégager, il serait encore au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau. Surtout qu’il disposait d’un impressionnant armement pour cela.
Marc Dossa