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Économie Publié le lundi 21 octobre 2013 | Le Patriote

Financements des missions des agents de l’Etat / Mme Marie Lattroh (Coordonnatrice du Cicm) revele : “Nous pouvons saisir les salaires des agents indélicats”

L’Etat de Côte d’Ivoire veut optimiser ses dépenses relatives au budget des conférences et missions à l’étranger. Pour en savoir davantage, nous avons interrogé Mme Marie Lattroh, Coordonnatrice de la Commission interministérielle des conférences et missions (Cicm) qui nous explique ce qui a été fait, ce qui reste à faire ainsi que les innovations pour mieux gérer la manne financière destinée aux agents de l’Etat.

Le Patriote : Depuis la création de la Commission interministérielle des conférences et missions, qu’est-ce qui a changé ?
Marie Lattroh : Cette commission a été d’un grand apport. En effet, elle a permis de réduire drastiquement le budget des conférences et missions. Nous étions à 10 milliards de Fcfa et aujourd’hui nous sommes à 5,5 milliards de FCFA, soit moins de six milliards de FCFA par an. Nous avons également mieux maitrisé les missions non programmées qui ont été considérablement réduites et cette année encore, beaucoup plus. A côté de cela, nous avons réussi à maitriser la formule de la procédure d’urgence que beaucoup utilisaient. Aujourd’hui nous programmons mieux les missions et ceux qui effectuent les missions s’y prennent à temps afin d’utiliser la procédure normale pour le décaissement des fonds.

L.P. : La réduction du budget des missions, de 10 à 5,5 milliards de FCFA ne peut-elle pas avoir un impact sur l’efficacité des missions ?
M.L. : Non ! Les 10 milliards de FCFA étaient des dépassements. C’est-à-dire le budget qui était estimé à 4 ou 5 milliards de Fcfa, l’on faisait des dépassements jusqu’à 10 milliards de Fcfa. Le fait de l’avoir contenu à son budget réel nous permet de rester dans l’enveloppe. Lorsqu’ il n’y avait pas de contrôle, n’importe quel sujet était sujet de mission. Maintenant nous regardons le contenu de la mission et analysons ce qu’elle peut apporter à l’Etat avant de la valider ou pas.

L.P. : A combien s’élève le montant réel des conférences et missions et prend-t-elle en compte les missions du chef de l’Etat?
M.L. : Nous sommes aujourd’hui à un peu plus de 5 milliards de Fcfa. Quant au chef de l’Etat, il a son budget. La Cicm ne concerne que les ministères et les établissements publics nationaux.

L.P. : Il est prévu cette année, l’adoption du décret 2010 qui va apporter des changements dans la gestion des conférences et missions. Qu’est-ce qu’il faut en attendre ?
M.L. : Il faut s’attendre à la réduction de certaines étapes de la constitution des dossiers des conférences et missions. Aujourd’hui, tout le monde est unanime à annuler une étape, celle du secrétariat de la présidence. Comme l’attestation du gouvernement est un document officiel avec lequel on n’a plus besoin d’avoir un accord supplémentaire, nous nous sommes dit qu’il fallait annuler l’étape du Secrétariat de la présidence. Cela va permettre de réduire le temps de constitution des dossiers. Nous avons aussi revu la formule de l’ordre de mission. Toute chose qui va désormais constituer plus d’éléments et qui nous renseignera davantage sur la nature des missions. Objectif : mieux contrôler les personnes qui iront en mission.

L.P. : En quoi consistait le rôle du Secrétariat de la présidence?
M.L. : Cette étape consistait à apposer un visa sur l’ordre de mission. Mais souvent l’on nous demandait des documents qui retardaient la procédure. Aujourd’hui, il y a la procédure d’urgence. Elle est beaucoup utilisée. Elle est la lettre d’avance qui permet à l’agent d’avoir toutes les ressources, le plus rapidement possible par rapport à l’autre procédure qui exigeait qu’on ait l’attestation de gouvernement avant d’engager les dépenses qui permettent d’avoir le billet d’avion et les indemnités. Alors que ces dépenses doivent être engagées par la direction de la solde. Mais avec la lettre d’avance, l’agent peut se rendre directement au trésor et c’est là qu’on lui paye les frais de mission. Et cette procédure ne nous permettait pas de contrôler si réellement l’agent qui a pris les frais de mission est parti ou pas. Alors qu’en utilisant la procédure normale, nous avons toutes les étapes qui nous facilitent le contrôle.

L.P. : Quelles sont les failles trouvées dans la gestion des missions, à votre arrivée à la tête du Cicm ?
M.L. : Il y a eu beaucoup de failles. Surtout lorsque les agents utilisaient la procédure d’urgence. Avec cette méthode, vous pouvez prendre votre budget de mission sans y aller. Aujourd’hui tout cela est terminé parce que l’agent qui va en mission va avec 80% des frais et c’est à son retour qu’on lui rembourse les 20%.

L.P. : A quoi s’expose un agent indélicat?
M.L. : Le Décret prévoit une mesure qui est la saisie du salaire de l’agent en question. Ce qui veut dire qu’un agent qui fera du faux, conformément au décret, peut voir son salaire saisi.

Jean Eric ADINGRA
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