Les Chefs d’Etat de l’Uemoa sont réunis depuis jeudi à Dakar pour le 17e sommet de l’Union après le 16e tenu en 2012 à Lomé au Togo. Dans la même capitale sénégalaise, se tient également un sommet de la Cedeao qui doit débattre de sujets importants entre autres, la crise guinéenne consécutive aux élections législatives, les élections en Guinée Bissau. Mais les chefs d’Etat et de gouvernement ont abordé le sujet de l’intégration monétaire. La question d’une monnaie ouest-africaine (monnaie Cedeao) est toujours évoquée mais jamais concrétisée en dépit des réunions qui se sont succédé. Toutefois les réflexions sur le sujet ont connu des avancées au niveau des économistes de la sous-région. Ce double sommet auquel participe le président Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire est une opportunité pour faire bouger les choses. L’Uemoa est un sous-ensemble de la Cedeao et les actions des deux organisations s’imbriquent. Mais malheureusement, des obstacles bloquent encore les politiques d’intégration sous-régionale, l’intégration monétaire en particulier. Et c’est le ministre sénégalais des Affaires étrangères Mankeur N’diaye qui, dans son intervention face aux chefs d’Etat hier a relevé le chapelet de ces difficultés qui plombent encore les efforts des uns et des autres. ‘’A Abuja, les questions fondamentales à l’ordre du jour étaient s’il fallait aller vers un marché commun, il fallait absolument aller vers un tarif commun. Nous n’avions pas pu à Abuja nous entendre sur l’institution d’un tarif extérieur commun parce que les économies des Etats ne sont pas les mêmes, les relations commerciales externes non plus, le niveau de production et de compétitivité également, donc on avait beaucoup échangé sur cela, nous avions échangé sur le prélèvement communautaire d’intégration parce que c’est un mécanisme de financement de la CEDEAO. Au niveau de l’UEMOA, l’union a appelé à la naissance d’un mécanisme de financement de la solidarité. On a pensé qu’il fallait les unifier et aller vers un mécanisme de financement d’intégration. Il n’y a pas eu d’accord sur le taux de prélèvements à appliquer’’, a relevé Mankeur N’diaye. A l’analyse, il reste encore du travail à faire pour arriver un jour à une intégration totale. La façon dont le ministre sénégalais présente la situation, dénote qu’il y a encore de la méfiance entre les différents pays malgré l’affirmation du besoin d’être ensemble. Les uns craignent d’être submergés en cas d’ouverture totale des frontières. Les autres restent jaloux de leurs performances économiques et n’entendent pas les partager. Sinon comment peut-on aller au tarif extérieur commun, substance et étape première de l’union douanière si jusqu’à présent les obstacles se multiplient ? Parmi ces obstacles la difficulté de la convertibilité des monnaies sous-régionales entre elles. Le FCFA, le Naïra, le Cedi n’ont pas un taux de convertibilité clairement défini les unes (monnaies) avec les autres. Il faut des réponses concrètes à ces problèmes. Et pour y parvenir, il faut un minimum de volonté de ceux qui nous dirigent, il faut penser de plus en plus communauté et lever les barrières douanières pour permettre une plus grande fluidité des transactions commerciales. Donner aussi toutes leur chance à la libre circulation des personnes et des biens. C’est à ce prix que l’Union européenne est devenue à ce jour un modèle. Puisse cette déclaration de Macky Sall sonner le glas de la mobilisation des chefs d’Etat : ‘’Ce qui nous réunit, c’est la force d’un idéal de développement intégré, faisant de nos pays les maillons inséparables d’une même chaine de solidarités et de complémentarités agissantes, pour parvenir à nos fins communes, dans la paix et la sécurité’’.
S. Debailly
S. Debailly