Serge Bilé, journaliste-écrivain, grand acteur du monde des médias connu pour sa lutte contre le racisme, la condition du Noire, l’injustice, vient de signer les textes de l’hymne pour l’abolition du travail des enfants. Une œuvre que des artistes ivoiriens, notamment Bamba Amy Sarah, Honakamy et Onel Mala sont sur le point de réaliser.
Au programme «Un chœur pour l’abolition du travail des enfants», vous avez offert gracieusement un beau texte que les artistes engagés sur le projet vont chanter. Est-ce une cause qui retient votre attention?
J'ai accepté de signer le texte de cette chanson parce que je suis sensible à la cause des enfants. J'ai souvent écrit pour eux. J'ai publié par exemple un livre pour enfants, pour sensibiliser à la question de la tolérance et du vivre ensemble. Cela a eu un joli succès ici aux Antilles et je pense le sortir en Côte d'ivoire l'an prochain. J'ai écrit également, il y a déjà 15 ans, en me mettant dans la peau d'un enfant, une chanson contre le racisme, qui est devenue un hymne dans les écoles de Martinique, avec ce refrain repris en chœur : "On n'est jamais tout noir. On n'est jamais tout blanc. On est tout simplement. Porteur ou pas d'espoir". Donc, ça fait des années que je m'intéresse au monde des enfants, que je trouve d'ailleurs plus vrai que celui des grands. Mais il est aussi plus fragile et plus exposé au bon vouloir de ces mêmes adultes. Ça demande par conséquent qu'on soit constamment vigilant et mobilisé pour défendre leurs droits et leurs aspirations à vivre dans un monde meilleur. Voilà pourquoi, lorsque Guy Constant-Neza m'a demandé d'écrire le texte de cette chanson contre le travail des enfants, j'ai immédiatement accepté, sans me poser de questions.
Vous est-il arrivé d’être confronté à cette dure réalité ?
Comme tout le monde ! Chaque fois que j'étais à Abidjan, j'ai vu évidemment des enfants qui n'allaient pas à l'école, mais qu'on faisait travailler, très jeunes. Ça m'a bouleversé. Ça m'a interpellé, mais, pour tout dire, je me sentais impuissant, parce que je n'avais pas le pouvoir de changer les choses. Aujourd'hui, on m'offre, à travers cette opération, l'opportunité d'exercer avec mes mots, une autre forme de pouvoir.
En quoi consiste l’exercice de ce pouvoir ?
Il consiste à interpeler les autorités ivoiriennes, africaines, et autres, sur un fléau mondial qui n'a que trop duré et qui n'a pas lieu d'être dans nos sociétés modernes. Je suis content d'apporter ainsi ma pierre à l'édifice, même si ce n'est qu'une toute petite pierre. Elle s'ajoute néanmoins à celle des artistes, auxquels je rends hommage pour avoir accepté de prendre leur part dans cette mobilisation, en prêtant leurs voix à ce projet. Je pense aussi au travail musical de David Tayorault qui donne, avec talent, tout son sens aux paroles que j'ai souhaité poser sur cette souffrance, dans l'espoir de contribuer, avec le Bit, à guérir ces plaies qui font mal. C'est d'ailleurs, en pensant à mes propres enfants que j'ai trouvé et déroulé le fil de ce texte.
Marlène Sih Kah
Au programme «Un chœur pour l’abolition du travail des enfants», vous avez offert gracieusement un beau texte que les artistes engagés sur le projet vont chanter. Est-ce une cause qui retient votre attention?
J'ai accepté de signer le texte de cette chanson parce que je suis sensible à la cause des enfants. J'ai souvent écrit pour eux. J'ai publié par exemple un livre pour enfants, pour sensibiliser à la question de la tolérance et du vivre ensemble. Cela a eu un joli succès ici aux Antilles et je pense le sortir en Côte d'ivoire l'an prochain. J'ai écrit également, il y a déjà 15 ans, en me mettant dans la peau d'un enfant, une chanson contre le racisme, qui est devenue un hymne dans les écoles de Martinique, avec ce refrain repris en chœur : "On n'est jamais tout noir. On n'est jamais tout blanc. On est tout simplement. Porteur ou pas d'espoir". Donc, ça fait des années que je m'intéresse au monde des enfants, que je trouve d'ailleurs plus vrai que celui des grands. Mais il est aussi plus fragile et plus exposé au bon vouloir de ces mêmes adultes. Ça demande par conséquent qu'on soit constamment vigilant et mobilisé pour défendre leurs droits et leurs aspirations à vivre dans un monde meilleur. Voilà pourquoi, lorsque Guy Constant-Neza m'a demandé d'écrire le texte de cette chanson contre le travail des enfants, j'ai immédiatement accepté, sans me poser de questions.
Vous est-il arrivé d’être confronté à cette dure réalité ?
Comme tout le monde ! Chaque fois que j'étais à Abidjan, j'ai vu évidemment des enfants qui n'allaient pas à l'école, mais qu'on faisait travailler, très jeunes. Ça m'a bouleversé. Ça m'a interpellé, mais, pour tout dire, je me sentais impuissant, parce que je n'avais pas le pouvoir de changer les choses. Aujourd'hui, on m'offre, à travers cette opération, l'opportunité d'exercer avec mes mots, une autre forme de pouvoir.
En quoi consiste l’exercice de ce pouvoir ?
Il consiste à interpeler les autorités ivoiriennes, africaines, et autres, sur un fléau mondial qui n'a que trop duré et qui n'a pas lieu d'être dans nos sociétés modernes. Je suis content d'apporter ainsi ma pierre à l'édifice, même si ce n'est qu'une toute petite pierre. Elle s'ajoute néanmoins à celle des artistes, auxquels je rends hommage pour avoir accepté de prendre leur part dans cette mobilisation, en prêtant leurs voix à ce projet. Je pense aussi au travail musical de David Tayorault qui donne, avec talent, tout son sens aux paroles que j'ai souhaité poser sur cette souffrance, dans l'espoir de contribuer, avec le Bit, à guérir ces plaies qui font mal. C'est d'ailleurs, en pensant à mes propres enfants que j'ai trouvé et déroulé le fil de ce texte.
Marlène Sih Kah