Les gens du Sud remontent vers le Nord. Les uns, attirés par les mirages de l’opulence occidentale véhiculée par les médias visionnés même au fin fond de la brousse ; d’autres fuyant une guerre, la misère... Ce mouvement est consubstantiel de la vie des hommes. Les pays du Nord, escamote le problème en ne luttant que sur le volet sécuritaire. Bref, une vision de très court terme !
Un événement chasse l’autre : le drame de Lampedusa a été étouffé par l’écho de l’expulsion de Léonarda et sa famille, collégienne de 15 ans d’origine kosovare scolarisée en France. Ainsi va le rythme médiatique à l’heure d’internet, des journaux télévisés en boucle et de la profusion d’informations. Le 3 octobre dernier, 366 personnes sont mortes noyées à quelques encablures de l’île italienne de Lampedusa. Partis de Benghazi, entassés à plus 500 dans un rafiot, sacrifié par un propriétaire véreux, pour un ultime voyage sans retour. Advienne que pourra ! L’embarcation tomba en panne et commença à dériver ; les passagers n’ont trouvé d’autres solutions que de brûler des draps et des tissus en guise de fusée de détresse. La panique provoquée par la propagation de l’incendie à bord finît par faire chavirer le bateau en emmenant par le fond plus de 200 victimes. Choquée, l’Europe s’en émeut et promet que d’une part, des solutions d’urgence seront prises pour éviter ce genre de catastrophe ; et que d’autre part elle veut changer sa politique migratoire.
Oui mais l’Afrique pleure ses filles et ses fils, échoués dans les abîmes de la mer après avoir franchi de nombreux obstacles qui jalonnent leurs parcours : traversée du désert, passage des frontières africaines, des séjours en prison, violence des passeurs… Le réseau Migeurop – observatoire des frontières - avance le chiffre de cinq morts par jour sur les frontières extérieures de l’Europe. En deux décennies c’est-à-dire entre 1988 et 2010, environ 18.000 personnes ont péri dans cette tentative désespérée de la recherche d’une meilleure existence ou tout simplement de sauver sa vie. Ce n’est que la partie immergée de l’iceberg ; car les plus nombreux usent d’autres subterfuges : rentrer légalement en Europe grâce un visa temporaire avant de s’évanouir dans la nature.
Les différentes « routes » de l’émigration
Le détroit de Bab al-Mandab, «la porte des larmes», qui sépare l’Afrique et la péninsule arabe est une tragédie silencieuse : les embarcations sont tellement petites que les candidats à l’exil sont entassés les uns sur les autres. Et gare à celui ou celle qui tente de se rebeller ; il risque de se faire jeter par-dessus bord ! La crise alimentaire et sécuritaire endémique de la corne de l’Afrique pousse une majeure partie de sa population à s’enfuir. Depuis les années 1986, la guerre, la famine rongent l’Ethiopie, l’Erythrée et la Somalie. Le Yémen est la tête de pont de cette traversée. La présence d’une forte communauté somalienne (7,7% de la population) dans ce pays est la raison principale de ce choix. La plupart de ceux qui ont réussi à gagner l’autre rive, rejoindra l’Arabie Saoudite ou les pays du Golfe, économie à la recherche d’une main d’œuvre corvéable à merci. Les candidats au départ sont essentiellement des gens qui sont persécutés. Lorsque des jeunes filles sont menacées de viols ou de morts en longueur de journée, partir semble une évidence. Quant aux jeunes garçons érythréens, leur gouvernement les enrôle pour un service militaire d’un minimum de deux ans, et ce avec un risque de ne pas s’en sortir vivant dans un pays constamment en conflit avec ses voisins.
Il existe une autre « route » pour les migrants de la corne de l’Afrique. Elle remonte par le Soudan, en traversant le désert de Sinaï pour essayer de se réfugier en Israël. Ces cinq dernières années, 600.000 migrants africains ont franchi la frontière de l’Etat hébreu. Cette nouvelle voie est devenue tout aussi dangereuse car les bédouins du désert de Sinaï se sont reconvertis dans ce vaste trafic très lucratif. Ils deviennent des passeurs ou pire encore preneurs d’otages qu’ils ne libèrent qu’au prix d’une rançon exigée auprès de la famille restée au pays.
Agadès (Niger) est le centre névralgique de la migration du golfe de Guinée vers la Méditerranée. Autrefois, Tamanrasset a été l’itinéraire privilégié pour remonter vers le Nord avant d’atteindre l’enclave espagnole de Melilla. Mais depuis l’opération Serval, l’oasis de Dirkou (Niger) absorbe la majorité de la traversée sahélo-saharienne. Il s’agit d’une porte d’entrée en Lybie, pays dont le gouvernement, depuis la chute du colonel Kadhafi, a d’autres chats à fouetter que de s’occuper des contrôles aux frontières.
Et enfin sur la côte Atlantique, les migrants ont le choix entre la voie terrestre – en longeant la côte Ouest - ou la voie maritime. L’objectif reste le même : franchir les frontières espagnoles ou portugaises par le détroit de Gibraltar ; les cas échéant via les possessions hispaniques comme les îles canaries ou l’enclave de Ceuta. Plus proches du continent africain elles sont déjà considérées comme l’Europe. Les mesures draconiennes des gouvernements espagnols et portugais contre cette immigration ont ouvert la voie vers la Sicile. Bien qu’italienne, Lampedusa est un confetti situé à équidistance des côtes libyenne et sicilienne.
Les passeurs les pays de transit
Les pays de transit bénéficient d’une sorte de rente de position. Se trouvant sur le lieu de passage emprunté par les candidats au départ, les pays de destination passent des accords avec eux pour mieux contrôler les vagues de migrations clandestines. C’est le cas du Yémen : la plupart des migrants qui traversent le détroit Bab al-Mandab ne font que transiter. Il y a une collusion entre le Yémen et l’Arabie Saoudite, qui lui reverse une subvention. Le Maroc a aussi signé un accord de coopération avec l’Espagne, qui lui, paye des subventions pour étanchéifier les frontières et former des fonctionnaires de police. Aujourd’hui plus de 3.000 subsahariens sont ainsi retenus au Maroc. Le colonel Kadhafi a, en son temps, promis à l’Union Européenne – moyennant une manne de 2 milliards €uros – de lutter contre cette immigration. Des milliers de clandestins se sont fait ainsi embastillés en Libye. Cela ne l’a pas empêché de favoriser les armateurs libyens pour compenser leurs faibles revenus tirés de la pêche. Il s’agissait de leur ouvrir l’accès aux prêts bancaires. Par conséquent, des centaines de pêcheurs se sont recyclés dans l’achat d’embarcation pourrie pour transporter les migrants.
Le business de la migration est aujourd’hui est estimée par l’ONU à 5 milliards $ par an. La partie visible reste le dernier maillon de la chaîne : le passeur et sa barque. Or c’est devenu une activité criminelle très lucrative qui gangrène la planète entière. Les réseaux mafieux se sont placés sur le créneau, moins répréhensibles pénalement que la traite de prostituées ou le trafic de drogue.
Les flux migratoires dans la mondialisation
Selon les statistiques de l’ONU, 230 millions de personnes se déplacent dans le monde, dont 80% est le fait d’une migration transfrontalière ; donc de proximité. Parmi ce total, 120 millions est un flux Nord-Nord (entre pays riches) ou Sud-Nord (des pays pauvres vers les pays riches). Et le solde - 110 millions - est une migration Sud-Sud (essentiellement en Asie ou dans les pays du Golfe) et également un déplacement Nord-Sud. Ce dernier est le fait de travailleurs occidentaux spécialisés dans des activités comme le tourisme ou faisant appel à des technologies très pointues.
En résumé, le monde entier voyage : 2/3 des personnes qui se déplacent sont soumis à visa ; donc un contrôle aux frontières. Les pays occidentaux ont prôné la mondialisation, depuis la chute du mur de Berlin et la fin du communisme vers les années 1990. Cette doctrine sous-entend une libre circulation des biens, des capitaux et des personnes. Pourquoi, la composante migratoire doit-elle être restreinte alors que la circulation des marchandises et des capitaux sont totalement fluides. Les pays pauvres ont même signé les accords de libéralisation du commerce de l’OMC, pourtant en leur défaveur et souvent contre leur volonté. Alors que les Etats-Unis et les pays de l’Union Européenne refusent, depuis 10 ans, de signer les conventions internationales sur la migration qui permettront de fixer les normes relatives à la circulation des personnes.
Les pays occidentaux focalisent le débat uniquement sur sa dimension sécuritaire. Eriger des murs infranchissables ou des barrages comme le font les Etats-Unis face à l’afflux d’immigrants mexicains ? Combien de milliards d’€uros l’Union Européenne dépensera-t-elle pour son agence Frontex, chargée de surveiller ses frontières extérieures ? Les Etats-Unis hébergent en son sein plus de 10 millions de sans-papiers. Quant à l’Europe, 4 millions d’envahisseurs arpenteraient son territoire de 280 millions d’habitants.
Pour les pays occidentaux, la migration est un enjeu politique et de très court terme. Ils veillent jalousement à leur richesse et leur protection sociale. Or, le centre de gravité de l’économie mondiale s’est déjà déplacé vers l’Asie et le Proche-Orient. Le système industriel et les taux de salaires en Europe et aux Etats-Unis ne sont plus concurrentiels. D’après l’ancien directeur Général de l’OMC, Pascal Lamy « le continent africain est en phase de pré-émergence et évolue vers un changement fulgurant ». Plusieurs pays d’Afrique, à fort potentiel économique, affichent des taux croissance annuels de 6 à 7% de moyenne. D’ici 20 à 30 ans, plus 250 millions d’africains accèderont à un niveau de revenus d’une classe moyenne consumériste. Cette perspective serait une chance et une opportunité pour l’Europe qui est géographiquement proche de l’Afrique.
Et enfin, les réactions des dirigeants des pays de départ, face à l’hémorragie d’une frange de sa population, sont pour le moins mitigées. D’une part, ils considèrent que ce sont des fardeaux en moins à supporter pour un pays déjà exsangue économiquement. D’autre part, nos chefs d’Etats sont conscients que ceux qui décident de partir sont les forces vives de la Nation c’est-à-dire les cerveaux, les plus valeureux et physiquement bien portant. En d’autres termes, ils seront indispensables, à plus ou moins long terme, pour accompagner l’essor économique du pays.
Alex ZAKA
Un événement chasse l’autre : le drame de Lampedusa a été étouffé par l’écho de l’expulsion de Léonarda et sa famille, collégienne de 15 ans d’origine kosovare scolarisée en France. Ainsi va le rythme médiatique à l’heure d’internet, des journaux télévisés en boucle et de la profusion d’informations. Le 3 octobre dernier, 366 personnes sont mortes noyées à quelques encablures de l’île italienne de Lampedusa. Partis de Benghazi, entassés à plus 500 dans un rafiot, sacrifié par un propriétaire véreux, pour un ultime voyage sans retour. Advienne que pourra ! L’embarcation tomba en panne et commença à dériver ; les passagers n’ont trouvé d’autres solutions que de brûler des draps et des tissus en guise de fusée de détresse. La panique provoquée par la propagation de l’incendie à bord finît par faire chavirer le bateau en emmenant par le fond plus de 200 victimes. Choquée, l’Europe s’en émeut et promet que d’une part, des solutions d’urgence seront prises pour éviter ce genre de catastrophe ; et que d’autre part elle veut changer sa politique migratoire.
Oui mais l’Afrique pleure ses filles et ses fils, échoués dans les abîmes de la mer après avoir franchi de nombreux obstacles qui jalonnent leurs parcours : traversée du désert, passage des frontières africaines, des séjours en prison, violence des passeurs… Le réseau Migeurop – observatoire des frontières - avance le chiffre de cinq morts par jour sur les frontières extérieures de l’Europe. En deux décennies c’est-à-dire entre 1988 et 2010, environ 18.000 personnes ont péri dans cette tentative désespérée de la recherche d’une meilleure existence ou tout simplement de sauver sa vie. Ce n’est que la partie immergée de l’iceberg ; car les plus nombreux usent d’autres subterfuges : rentrer légalement en Europe grâce un visa temporaire avant de s’évanouir dans la nature.
Les différentes « routes » de l’émigration
Le détroit de Bab al-Mandab, «la porte des larmes», qui sépare l’Afrique et la péninsule arabe est une tragédie silencieuse : les embarcations sont tellement petites que les candidats à l’exil sont entassés les uns sur les autres. Et gare à celui ou celle qui tente de se rebeller ; il risque de se faire jeter par-dessus bord ! La crise alimentaire et sécuritaire endémique de la corne de l’Afrique pousse une majeure partie de sa population à s’enfuir. Depuis les années 1986, la guerre, la famine rongent l’Ethiopie, l’Erythrée et la Somalie. Le Yémen est la tête de pont de cette traversée. La présence d’une forte communauté somalienne (7,7% de la population) dans ce pays est la raison principale de ce choix. La plupart de ceux qui ont réussi à gagner l’autre rive, rejoindra l’Arabie Saoudite ou les pays du Golfe, économie à la recherche d’une main d’œuvre corvéable à merci. Les candidats au départ sont essentiellement des gens qui sont persécutés. Lorsque des jeunes filles sont menacées de viols ou de morts en longueur de journée, partir semble une évidence. Quant aux jeunes garçons érythréens, leur gouvernement les enrôle pour un service militaire d’un minimum de deux ans, et ce avec un risque de ne pas s’en sortir vivant dans un pays constamment en conflit avec ses voisins.
Il existe une autre « route » pour les migrants de la corne de l’Afrique. Elle remonte par le Soudan, en traversant le désert de Sinaï pour essayer de se réfugier en Israël. Ces cinq dernières années, 600.000 migrants africains ont franchi la frontière de l’Etat hébreu. Cette nouvelle voie est devenue tout aussi dangereuse car les bédouins du désert de Sinaï se sont reconvertis dans ce vaste trafic très lucratif. Ils deviennent des passeurs ou pire encore preneurs d’otages qu’ils ne libèrent qu’au prix d’une rançon exigée auprès de la famille restée au pays.
Agadès (Niger) est le centre névralgique de la migration du golfe de Guinée vers la Méditerranée. Autrefois, Tamanrasset a été l’itinéraire privilégié pour remonter vers le Nord avant d’atteindre l’enclave espagnole de Melilla. Mais depuis l’opération Serval, l’oasis de Dirkou (Niger) absorbe la majorité de la traversée sahélo-saharienne. Il s’agit d’une porte d’entrée en Lybie, pays dont le gouvernement, depuis la chute du colonel Kadhafi, a d’autres chats à fouetter que de s’occuper des contrôles aux frontières.
Et enfin sur la côte Atlantique, les migrants ont le choix entre la voie terrestre – en longeant la côte Ouest - ou la voie maritime. L’objectif reste le même : franchir les frontières espagnoles ou portugaises par le détroit de Gibraltar ; les cas échéant via les possessions hispaniques comme les îles canaries ou l’enclave de Ceuta. Plus proches du continent africain elles sont déjà considérées comme l’Europe. Les mesures draconiennes des gouvernements espagnols et portugais contre cette immigration ont ouvert la voie vers la Sicile. Bien qu’italienne, Lampedusa est un confetti situé à équidistance des côtes libyenne et sicilienne.
Les passeurs les pays de transit
Les pays de transit bénéficient d’une sorte de rente de position. Se trouvant sur le lieu de passage emprunté par les candidats au départ, les pays de destination passent des accords avec eux pour mieux contrôler les vagues de migrations clandestines. C’est le cas du Yémen : la plupart des migrants qui traversent le détroit Bab al-Mandab ne font que transiter. Il y a une collusion entre le Yémen et l’Arabie Saoudite, qui lui reverse une subvention. Le Maroc a aussi signé un accord de coopération avec l’Espagne, qui lui, paye des subventions pour étanchéifier les frontières et former des fonctionnaires de police. Aujourd’hui plus de 3.000 subsahariens sont ainsi retenus au Maroc. Le colonel Kadhafi a, en son temps, promis à l’Union Européenne – moyennant une manne de 2 milliards €uros – de lutter contre cette immigration. Des milliers de clandestins se sont fait ainsi embastillés en Libye. Cela ne l’a pas empêché de favoriser les armateurs libyens pour compenser leurs faibles revenus tirés de la pêche. Il s’agissait de leur ouvrir l’accès aux prêts bancaires. Par conséquent, des centaines de pêcheurs se sont recyclés dans l’achat d’embarcation pourrie pour transporter les migrants.
Le business de la migration est aujourd’hui est estimée par l’ONU à 5 milliards $ par an. La partie visible reste le dernier maillon de la chaîne : le passeur et sa barque. Or c’est devenu une activité criminelle très lucrative qui gangrène la planète entière. Les réseaux mafieux se sont placés sur le créneau, moins répréhensibles pénalement que la traite de prostituées ou le trafic de drogue.
Les flux migratoires dans la mondialisation
Selon les statistiques de l’ONU, 230 millions de personnes se déplacent dans le monde, dont 80% est le fait d’une migration transfrontalière ; donc de proximité. Parmi ce total, 120 millions est un flux Nord-Nord (entre pays riches) ou Sud-Nord (des pays pauvres vers les pays riches). Et le solde - 110 millions - est une migration Sud-Sud (essentiellement en Asie ou dans les pays du Golfe) et également un déplacement Nord-Sud. Ce dernier est le fait de travailleurs occidentaux spécialisés dans des activités comme le tourisme ou faisant appel à des technologies très pointues.
En résumé, le monde entier voyage : 2/3 des personnes qui se déplacent sont soumis à visa ; donc un contrôle aux frontières. Les pays occidentaux ont prôné la mondialisation, depuis la chute du mur de Berlin et la fin du communisme vers les années 1990. Cette doctrine sous-entend une libre circulation des biens, des capitaux et des personnes. Pourquoi, la composante migratoire doit-elle être restreinte alors que la circulation des marchandises et des capitaux sont totalement fluides. Les pays pauvres ont même signé les accords de libéralisation du commerce de l’OMC, pourtant en leur défaveur et souvent contre leur volonté. Alors que les Etats-Unis et les pays de l’Union Européenne refusent, depuis 10 ans, de signer les conventions internationales sur la migration qui permettront de fixer les normes relatives à la circulation des personnes.
Les pays occidentaux focalisent le débat uniquement sur sa dimension sécuritaire. Eriger des murs infranchissables ou des barrages comme le font les Etats-Unis face à l’afflux d’immigrants mexicains ? Combien de milliards d’€uros l’Union Européenne dépensera-t-elle pour son agence Frontex, chargée de surveiller ses frontières extérieures ? Les Etats-Unis hébergent en son sein plus de 10 millions de sans-papiers. Quant à l’Europe, 4 millions d’envahisseurs arpenteraient son territoire de 280 millions d’habitants.
Pour les pays occidentaux, la migration est un enjeu politique et de très court terme. Ils veillent jalousement à leur richesse et leur protection sociale. Or, le centre de gravité de l’économie mondiale s’est déjà déplacé vers l’Asie et le Proche-Orient. Le système industriel et les taux de salaires en Europe et aux Etats-Unis ne sont plus concurrentiels. D’après l’ancien directeur Général de l’OMC, Pascal Lamy « le continent africain est en phase de pré-émergence et évolue vers un changement fulgurant ». Plusieurs pays d’Afrique, à fort potentiel économique, affichent des taux croissance annuels de 6 à 7% de moyenne. D’ici 20 à 30 ans, plus 250 millions d’africains accèderont à un niveau de revenus d’une classe moyenne consumériste. Cette perspective serait une chance et une opportunité pour l’Europe qui est géographiquement proche de l’Afrique.
Et enfin, les réactions des dirigeants des pays de départ, face à l’hémorragie d’une frange de sa population, sont pour le moins mitigées. D’une part, ils considèrent que ce sont des fardeaux en moins à supporter pour un pays déjà exsangue économiquement. D’autre part, nos chefs d’Etats sont conscients que ceux qui décident de partir sont les forces vives de la Nation c’est-à-dire les cerveaux, les plus valeureux et physiquement bien portant. En d’autres termes, ils seront indispensables, à plus ou moins long terme, pour accompagner l’essor économique du pays.
Alex ZAKA