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Économie Publié le vendredi 29 novembre 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Pêche artisanale / Après l’atelier de la CAOPA : Retour sur les grandes décisions de Praia 2013

Les professionnels de la pêche artisanale et leurs partenaires viennent de réfléchir une fois encore sur la question de la pêche artisanale, mais aussi, du changement climatique. Ils ont passé en revue toutes les questions liées à l’exploitation des ressources halieutiques, au bien-être des communautés pêcheurs, à la sécurité alimentaire et de la responsabilité des Etats face aux enjeux de cette pêche.

La pêche artisanale génère des emplois. Selon les estimations, 10 millions d’africains dépendent d’elle, comme moyen subistance 90 millions (fermiers et pauvres en ressources) dépendent de la pêche pour leur stratégie de moyen d’existence diversifié. Indirectement ou directement, toutes les populations africaines consomment du poisson comme principale source de protéines et micronutriments importants. Les représentants des différents pays présents aux ateliers organisés par la Confédération africaine des organisations professionnels de pêche artisanale (CAOPA), du 22 au 23 novembre 2013 à Praia au Cap-Vert ont tous témoigné que l’activité de la pêche artisanale présente de nombreux défis. Mais, qui doit les relever ? Selon la lettre d’information panafricaine, Fishers Net, toute l’Afrique est en lice pour une nouvelle génération de programmes d’ajustement de la Banque mondiale dans tous les secteurs. Concernant le secteur des pêches, Fishers Net propose que les gouvernements africains alignent leurs politiques de pêche. Pour mettre en œuvre ce programme, la Banque mondiale s’est alliée avec de puissantes sociétés occidentaux, des gouvernements de par le monde, les Nations Unis et les organisations environnementales internationales. Cette alliance est appelée : le Partenariat mondial pour les océans (PMO). Pour Fishers Net, la Banque mondiale a développé un nouveau ‘‘programme africain pour les pêcheries’’, au sein du PMO, sans consulter les communautés de pêcheurs. «Le document du programme a été rédigé en juillet 2012, mais n’a été mis à la disposition du public sur les sites internet du PMO que le 17 mai 2013. Ceci est problématique, car un autre document clé du PMO – le document de cadre préalable, qui a été rendu public en janvier 2013 – met l’accent sur le fait que les principes pour le choix des zones océaniques prioritaires pour le soutien PMO seront développés au cours du premier semestre 2013. En d’autres termes, la Banque mondiale veut nous faire croire que son programme inclut tout le monde et permet aux personnes concernées de participer, mais en réalité, ils ont déjà pris leur décision depuis longtemps», a dénoncé Fishers Net. Pour Hamady Diop, chef du département Recherche et systèmes d’information à la Commission sous régionale des pêches (CSRP), la question des pêches doit être abordée en présence des professionnels du secteur. Pour lui, les professionnels doivent être présents au niveau des débats liés aux pêches. «Je pense que la création des Institutions de professionnels dans un secteur, est important. Les professionnels ont leur voix à apporter au niveau du débat. Nous avons reconnu depuis plusieurs années qu’il fallait travailler avec eux. Nous reconnaissons tous, l’intérêt et l’importance que présente la CAOPA. Elle est impliquée dans toutes les activités que mènent la Commission sous régionale des pêches. Actuellement, nous développons un projet pour l’union CAOPA-CSRP pour la pêche artisanale», a-t-il révélé.

La vision de la CAOPA
La CAOPA (Confédération africaine des organisations de pêches artisanales) est une confédération composée de différentes organisations professionnelles d’Afrique en général et particulièrement d’Afrique de l’ouest, dont l’objectif est de faire connaitre les préoccupations des professionnels de la pêche artisanale et favoriser un bien-être des acteurs de ce secteur. Pour elle, les pêcheries artisanales doivent être reconnues comme un poumon du développement économique en Afrique et un secteur d’investissement prioritaire, qui contribue à la sécurité alimentaire et à la création d’emplois pour les groupes les plus vulnérables (les femmes et les jeunes). Elle envisage travailler avec les gouvernements, les communautés, les institutions nationales et internationales pour définir et mettre en application des politiques de pêche durable qui contribuent à la réduction de la pauvreté. La CAOPA encourage et soutient les communautés de pêche artisanale en favorisant des pratiques de pêche durable et en renforçant les capacités d’utilisation de façon efficace pour faire bénéficier de la valeur des ressources marines. Elle permet aussi aux communautés de pêcheurs de s’impliquer dans la mise en œuvre des politiques de pêche, et d’en tirer profit tout en responsabilisant les organisations de base.

De la pêche artisanale et industrielle, laquelle peut assurer la sécurité alimentaire ?
Les avis sont tranchés. Mais, la raison est unanime. Pour la sécurité alimentaire en Afrique, il faudrait que les Etats africains accompagnent avec sincérité les acteurs de la pêche artisanale. Même si, certains disent encore que, octroyer une licence à un chalutier étranger rempli les caisses de l’Etat, ils reconnaissent que ces chalutiers affament les populations et appauvrissent les côtes marines de l’Afrique en général et particulièrement de l’Afrique de l’Ouest où leurs activités sont privilégiées. Si tout le débarquement des pêcheurs artisans africains est destiné à la consommation d’environ plus 200 millions d’africains, les chalutiers qui pratiquent la pêche industrielle exportent leur fruit des fruits de la mer loin de l’Afrique. Si dans de nombreux pays africains actuellement, le prix du poisson est élevé, cela est dû aux activités des bateaux industriels. A Praia 2013, les institutions internationales, les organisations non gouvernementales européennes et africaines, le gouvernement de la république du Cap-Vert et les professionnels de la pêche artisanale ont décidé de faire la part- belle à la pêche artisanale car, pour eux, elle seule pourra assurer la sécurité alimentaire en Afrique. Alors, en attendant, les effets néfastes du changement climatique, tous les Etats africains sont invités à vulgariser l’activité de la pêche artisanale.

Ogou Dama, envoyé spécial à Praia
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