Un accord intérimaire sur l’enrichissement de l'uranium dans le cadre du programme nucléaire, vient d'être signé le 24 novembre dernier à Genève(Suisse) entre l'Iran et le groupe des 5 + 1 (Les États-Unis, la France, l’Angleterre, la Chine, la Russie et l'Allemagne). Cet accord est, cependant, diversement apprécié. Ici en Côte d'Ivoire, l'ambassadeur de la République islamique a bien voulu se prononcer sur ledit accord. Interview.
Après la signature de l'accord de Genève sur le nucléaire, le président iranien, Hassan Rohani affirme que cet accord vient fissurer le mur des sanctions. Qu'en pensez-vous ?
S.R.N : Il faut déjà saluer cet accord et s'en féliciter. L'accord obtenu souligne en effet, dans ses différents articles que l'Iran est désormais libre d'enrichir son uranium. Il y a deux grands paragraphes qui le soulignent clairement. Le président Rohani fait bien de dire que cela va fissurer le mur des sanctions et les faire reculer puisque selon l'accord, ces sanctions seront levées progressivement pendant les six prochains mois. C'est-à-dire 25 % les six premiers mois, ensuite le reste certainement après, un an, si les négociations progressent.
L'ayatollah Ali Khamenei, le Guide Suprême, parle plutôt de résister. Que doit-on comprendre par là ?
En le disant, il interpelle le peuple iranien sur sa responsabilité commune de soutenir l’industrie nucléaire iranienne. Vous savez qu'en Iran, la démocratie instituée donne lieu à une large opposition qui ne partage pas toujours la vision du parti au pouvoir sur la question du nucléaire. Donc, c'est une façon pour le Guide Suprême d'interpeller toutes les composantes de la nation iranienne sur la nécessité, désormais, de ne pas franchir la ligne rouge sur cette question d'enrichissement de l'uranium et de taire nos divisions internes. L’heure est donc venue pour l’Iran de renforcer l’unité de ses fils pour la poursuite de son programme d'enrichissement de l'uranium pour une utilisation civile, notamment pour notre industrie nationale.
En Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahou pense plutôt que cet accord est une erreur historique pour les Occidentaux. Quel est votre avis sur cette vision des choses ?
Israël a toujours tiré profit des différents conflits dans la sous-région. Cela lui permet d'asseoir son autorité et une certaine domination sur les peuples. Et comme les Israéliens savent les potentialités économiques et la capacité de l'Iran à pouvoir se défendre en toutes circonstances, ils craignent que notre nucléaire puisse servir au plan militaire. Israël n'a cependant pas à s'inquiéter puisque notre nucléaire est civil, donc pacifique. Non, cet accord n'est pas une erreur historique.
La France, pour sa part, a d'abord refusé de signer cet accord le 09 novembre dernier avant de le faire après. Que pensez-vous de cette attitude de la France ?
Vous savez, le problème de l'Iran avec la France et tous les Occidentaux n'est véritablement pas la question de l'enrichissement de l'uranium au plan militaire avec la fabrication de la bombe atomique. La question est plus économique que diplomatique, pour ne pas dire politique. La France, par exemple, exportait chaque année plus de 500 000 véhicules vers notre pays, sans compter les autres domaines où intervenaient les experts et autres investisseurs français.
Enfin, les Etats-Unis précisent que cet accord n'est qu'intérimaire et qu'ils n'auront une visibilité qu'après la signature d'un accord définitif. Est-ce que cela est de nature à rassurer l'Iran ?
Nous savons tous que l'accord est intérimaire et ne tient que pour six mois. D'autres négociations suivront après les six mois pour réviser les sanctions et la coopération bilatérale. Les Etats-Unis sont aussi satisfaits, il faut que vous le souligniez puisque le président Obama pense que cela va rassurer la sous-région et tous les partenaires d'affaires. De toutes les façons, l'Iran tiendra sa promesse de respecter cet accord et de continuer son programme d'enrichissement civil de son uranium à des fins purement industrielles.
Dans cette course à l'enrichissement de l'uranium, toutes les grandes puissances ont déjà les programmes nucléaires militaires. L'Iran ne perd-il pas en se contentant d'un accord basé sur le nucléaire civil ?
Non, l'Iran ne perd rien et je vous l'ai signifié dans un précédent entretien que l'Islam, notre religion, nous interdit toute conception d'armes de destruction massive comme la bombe atomique. De toutes les façons, la bombe atomique n'a pas empêché certains pays détenteurs comme l'ex-URSS de se disloquer. Le gouvernement iranien n'a pas besoin de l'arme atomique pour son développement et sa défense.
L'Iran n'est-il pas confronté à une question de souveraineté face à l'exigence de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui, sur ordre des puissances occidentales, enverra des équipes pour suivre le programme d'enrichissement de l'uranium ?
Je ne le pense pas, puisque ces visites de l’AIEA sont régulièrement effectuées dans tous les pays où existent ces programmes nucléaires. Il n'y a pas de problème de souveraineté pour l'Iran, sur cet aspect, si tant est que cela se passe selon les règles de l’AIEA.
Que pensez-vous de certains États qui restent sceptiques quant aux engagements de l'Iran à respecter l'accord intérimaire ?
Eh Bien, ces États n'ont pas de raison de mettre en doute la bonne foi des autorités iraniennes. Cet accord a été signé librement par l'Iran, personne ne l'y a obligé. Et sachez que lorsque l’Iran prend un engagement, il le tient. L'accord sera donc respecté.
Les Etats-Unis ont aussi parlé d'accord gagnant-gagnant. Que gagne concrètement chaque partie ?
L'Iran gagne la poursuite de son programme nucléaire. Cela va développer son industrie locale et impulser son développement et sa technologie. Les États-Unis, tout comme l'ensemble des autres puissances, après la levée de l'embargo, pourront nouer des partenariats d'affaires, surtout que l'Iran a aussi du pétrole en dehors de l'uranium.
Vous avez aussi deux grands partenaires, la Chine et la Russie. Que gagnent-ils dans cet accord ?
Au plan diplomatique, nous saluons déjà les soutiens de la Russie et de la Chine, deux pays qui nous ont toujours soutenus dans le dossier nucléaire face à l'embargo des pays occidentaux ; mais aussi des pays non alignés et islamiques. Nous allons donc renforcer nos relations avec tous ces pays pour les rendre dynamiques, avec les possibilités qu’offre ce nouvel accord. Eux aussi pourront augmenter leurs volumes d’investissement en Iran.
L’Afrique a aussi salué le nouvel accord sur le nucléaire, notamment l'Algérie et l 'Afrique du Sud.
C'est une bonne chose que l'ensemble de la communauté internationale ait salué l'accord. L’Afrique est aussi notre partenaire, et elle gagne puisque les investisseurs iraniens pourront désormais augmenter leurs volumes d'affaires en direction de l'Afrique, tout comme les Africains pourront en faire autant en bénéficiant de formation au plan technologique en Iran. En Côte d'Ivoire par exemple, si tout va bien après cet accord, l'Iran est prêt à ouvrir d'ici un an, une usine d'assemblage de pièces et de montage d'automobiles. Nous avons aussi une usine au Sénégal qui a connu des difficultés du fait des sanctions liées à notre programme nucléaire. Mais, avec le nouvel accord, les choses vont reprendre. Il en sera de même pour toute l'Afrique, où l'Iran est prêt à faire bénéficier de sa technologie avec des formations, des bourses et des échanges au plan bilatéral. Nous croyons donc en cet accord, et nous avons foi que dans un an, les sanctions seront définitivement levées.
Interview réalisée par Sébastien Kouassi
Après la signature de l'accord de Genève sur le nucléaire, le président iranien, Hassan Rohani affirme que cet accord vient fissurer le mur des sanctions. Qu'en pensez-vous ?
S.R.N : Il faut déjà saluer cet accord et s'en féliciter. L'accord obtenu souligne en effet, dans ses différents articles que l'Iran est désormais libre d'enrichir son uranium. Il y a deux grands paragraphes qui le soulignent clairement. Le président Rohani fait bien de dire que cela va fissurer le mur des sanctions et les faire reculer puisque selon l'accord, ces sanctions seront levées progressivement pendant les six prochains mois. C'est-à-dire 25 % les six premiers mois, ensuite le reste certainement après, un an, si les négociations progressent.
L'ayatollah Ali Khamenei, le Guide Suprême, parle plutôt de résister. Que doit-on comprendre par là ?
En le disant, il interpelle le peuple iranien sur sa responsabilité commune de soutenir l’industrie nucléaire iranienne. Vous savez qu'en Iran, la démocratie instituée donne lieu à une large opposition qui ne partage pas toujours la vision du parti au pouvoir sur la question du nucléaire. Donc, c'est une façon pour le Guide Suprême d'interpeller toutes les composantes de la nation iranienne sur la nécessité, désormais, de ne pas franchir la ligne rouge sur cette question d'enrichissement de l'uranium et de taire nos divisions internes. L’heure est donc venue pour l’Iran de renforcer l’unité de ses fils pour la poursuite de son programme d'enrichissement de l'uranium pour une utilisation civile, notamment pour notre industrie nationale.
En Israël, le Premier ministre Benyamin Netanyahou pense plutôt que cet accord est une erreur historique pour les Occidentaux. Quel est votre avis sur cette vision des choses ?
Israël a toujours tiré profit des différents conflits dans la sous-région. Cela lui permet d'asseoir son autorité et une certaine domination sur les peuples. Et comme les Israéliens savent les potentialités économiques et la capacité de l'Iran à pouvoir se défendre en toutes circonstances, ils craignent que notre nucléaire puisse servir au plan militaire. Israël n'a cependant pas à s'inquiéter puisque notre nucléaire est civil, donc pacifique. Non, cet accord n'est pas une erreur historique.
La France, pour sa part, a d'abord refusé de signer cet accord le 09 novembre dernier avant de le faire après. Que pensez-vous de cette attitude de la France ?
Vous savez, le problème de l'Iran avec la France et tous les Occidentaux n'est véritablement pas la question de l'enrichissement de l'uranium au plan militaire avec la fabrication de la bombe atomique. La question est plus économique que diplomatique, pour ne pas dire politique. La France, par exemple, exportait chaque année plus de 500 000 véhicules vers notre pays, sans compter les autres domaines où intervenaient les experts et autres investisseurs français.
Enfin, les Etats-Unis précisent que cet accord n'est qu'intérimaire et qu'ils n'auront une visibilité qu'après la signature d'un accord définitif. Est-ce que cela est de nature à rassurer l'Iran ?
Nous savons tous que l'accord est intérimaire et ne tient que pour six mois. D'autres négociations suivront après les six mois pour réviser les sanctions et la coopération bilatérale. Les Etats-Unis sont aussi satisfaits, il faut que vous le souligniez puisque le président Obama pense que cela va rassurer la sous-région et tous les partenaires d'affaires. De toutes les façons, l'Iran tiendra sa promesse de respecter cet accord et de continuer son programme d'enrichissement civil de son uranium à des fins purement industrielles.
Dans cette course à l'enrichissement de l'uranium, toutes les grandes puissances ont déjà les programmes nucléaires militaires. L'Iran ne perd-il pas en se contentant d'un accord basé sur le nucléaire civil ?
Non, l'Iran ne perd rien et je vous l'ai signifié dans un précédent entretien que l'Islam, notre religion, nous interdit toute conception d'armes de destruction massive comme la bombe atomique. De toutes les façons, la bombe atomique n'a pas empêché certains pays détenteurs comme l'ex-URSS de se disloquer. Le gouvernement iranien n'a pas besoin de l'arme atomique pour son développement et sa défense.
L'Iran n'est-il pas confronté à une question de souveraineté face à l'exigence de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui, sur ordre des puissances occidentales, enverra des équipes pour suivre le programme d'enrichissement de l'uranium ?
Je ne le pense pas, puisque ces visites de l’AIEA sont régulièrement effectuées dans tous les pays où existent ces programmes nucléaires. Il n'y a pas de problème de souveraineté pour l'Iran, sur cet aspect, si tant est que cela se passe selon les règles de l’AIEA.
Que pensez-vous de certains États qui restent sceptiques quant aux engagements de l'Iran à respecter l'accord intérimaire ?
Eh Bien, ces États n'ont pas de raison de mettre en doute la bonne foi des autorités iraniennes. Cet accord a été signé librement par l'Iran, personne ne l'y a obligé. Et sachez que lorsque l’Iran prend un engagement, il le tient. L'accord sera donc respecté.
Les Etats-Unis ont aussi parlé d'accord gagnant-gagnant. Que gagne concrètement chaque partie ?
L'Iran gagne la poursuite de son programme nucléaire. Cela va développer son industrie locale et impulser son développement et sa technologie. Les États-Unis, tout comme l'ensemble des autres puissances, après la levée de l'embargo, pourront nouer des partenariats d'affaires, surtout que l'Iran a aussi du pétrole en dehors de l'uranium.
Vous avez aussi deux grands partenaires, la Chine et la Russie. Que gagnent-ils dans cet accord ?
Au plan diplomatique, nous saluons déjà les soutiens de la Russie et de la Chine, deux pays qui nous ont toujours soutenus dans le dossier nucléaire face à l'embargo des pays occidentaux ; mais aussi des pays non alignés et islamiques. Nous allons donc renforcer nos relations avec tous ces pays pour les rendre dynamiques, avec les possibilités qu’offre ce nouvel accord. Eux aussi pourront augmenter leurs volumes d’investissement en Iran.
L’Afrique a aussi salué le nouvel accord sur le nucléaire, notamment l'Algérie et l 'Afrique du Sud.
C'est une bonne chose que l'ensemble de la communauté internationale ait salué l'accord. L’Afrique est aussi notre partenaire, et elle gagne puisque les investisseurs iraniens pourront désormais augmenter leurs volumes d'affaires en direction de l'Afrique, tout comme les Africains pourront en faire autant en bénéficiant de formation au plan technologique en Iran. En Côte d'Ivoire par exemple, si tout va bien après cet accord, l'Iran est prêt à ouvrir d'ici un an, une usine d'assemblage de pièces et de montage d'automobiles. Nous avons aussi une usine au Sénégal qui a connu des difficultés du fait des sanctions liées à notre programme nucléaire. Mais, avec le nouvel accord, les choses vont reprendre. Il en sera de même pour toute l'Afrique, où l'Iran est prêt à faire bénéficier de sa technologie avec des formations, des bourses et des échanges au plan bilatéral. Nous croyons donc en cet accord, et nous avons foi que dans un an, les sanctions seront définitivement levées.
Interview réalisée par Sébastien Kouassi