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Editorial Publié le lundi 16 décembre 2013 | Nord-Sud

Edito : Pauvre Afrique…

Pendant que le monde entier rend un dernier vibrant hommage à Nelson Mandela, inhumé hier en Afrique du Sud, il se déroule à quelques milliers de kilomètres de là, une tragédie d’une autre nature.
Celle de la République centrafricaine. Encore un drame qui place le continent africain sous les feux des projecteurs. Un drame de trop, inattendu, incompréhensible et qui se décline hélas, en plusieurs centaines de morts. Des tueries massives sur fond de violents affrontements interreligieux. Pauvre Afrique…
Ce pays, niché en plein centre de l’Afrique (d’où son nom actuel) avec une population estimée à 4,5 millions d’habitants est vivement ébranlé par une énième convulsion. L’histoire est-elle en train de se répéter au pays de l’ancien empereur-dictateur Jean-Bedel Bokassa? Il faut le craindre, à l’aune des tristes événements de ces derniers jours. La Centrafrique n’est pas à une contradiction près : plusieurs coups d’Etat et deux principales guerres civiles très meurtrières ont déjà émaillé sa jeune histoire. Pourtant, le pays possède une richesse minière et énergétique à faire pâlir de jalousie les grandes puissances mondiales, et qui aurait pu contribuer au bonheur de sa population.
En 53 années d’indépendance, la République centrafricaine a vu défiler une pléthore de chefs d’Etat synonyme d’instabilité politique chronique. Les Barthélemy Boganda, Jean-Bedel Bokassa, André Kollingba, Ange-Félix Patassé, et François Bozizé portent individuellement la responsabilité de ce désastre. Que dire de Michel Djotodia parvenu au pouvoir en mars 2013, à la surprise générale, après avoir chassé manu militari François Bozizé ? Ne rien dire à son sujet serait la meilleure façon de déplorer le chaos qui règne en ce moment dans tout le pays.
Très rapidement, et comme à l’accoutumée, l’ancienne puissance colonisatrice, pressentant une guerre civile, a volé au secours de son ex-colonie. Une intervention diversement appréciée et qui a le mérite de diviser l’opinion africaine. Si d’aucuns saluent cette présence militaire française qui permet incontestablement de ramener une paix précaire sur le terrain, d’autres voix condamnent avec véhémence un retour insidieux de la « Françafrique ». En tout cas, la France est pour l’heure solidement présente sur le sol centrafricain.
On en vient à se demander où se terrent les forces africaines, celles qui avaient fait une apparition remarquée au Nord Mali l’année dernière? Que fait l’Union africaine devant cette énième crise en Afrique ? Il ne faut pas se leurrer. La capacité de réaction et de mobilisation des troupes africaines est tellement lente qu’elle ne laisse pas le choix à la France de mettre son dispositif militaire en branle. Comme ce fut le cas au Mali où les légionnaires français ont débarqué en un temps record, rejoints plusieurs semaines après par leurs collègues africains.
Vu les résultats obtenus au Mali par la France, et unanimement célébrés dans toute l’Afrique, passer du temps à disserter sur ce nouvel engagement français en République centrafricaine, c’est faire preuve de mauvaise foi. Convenons avec le philosophe antique grec Aristote : la nature a horreur du vide. Tant que les Africains ne seront pas hyper réactifs pour accourir au chevet d’un pays du continent en proie à des soubresauts, les pays occidentaux, la France en tête, seront toujours en première ligne. Même si ce n’est pas toujours. Normal. Quand des intérêts connus ou cachés sont menacés, on ne se pose pas trop de questions pour empêcher la chienlit de prospérer.
Les populations en Centrafrique doivent revenir très rapidement à la raison. Dans un pays qui a toujours été multiconfessionnel, remettre en cause subitement cet équilibre, sous prétexte d’une domination politique d’une religion sur une autre, est une bêtise. Ils ne se rendront compte de l’erreur qu’après coup. Vivement que la raison prévale sur la haine et la violence gratuites !


Par Karim Wally
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