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Politique Publié le vendredi 20 décembre 2013 | Nord-Sud

Présidentielle 2015 : Comment le Fpi veut casser le Rhdp

© Nord-Sud
Sylvain Miaka Ouretto, président intérimaire du FPI
En prélude aux échéances de 2015, les frontistes jouent sur plusieurs tableaux. Outre les démarches pour rallier le maximum d’Ivoiriens à la cause des états généraux qu’ils promeuvent depuis un trimestre, les dirigeants du Front populaire ivoirien (Fpi) ne verraient pas d’un mauvais œil que le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), la coalition qui soutient le régime Ouattara, vole en éclats. Une option que les frontistes n’envisagent pas passivement, c’est-à-dire en restant les bras croisés. Bien au contraire ! Ils manœuvrent fort dans cette perspective. Après l’appel du pied du 15 avril 2013, à travers une lettre ouverte signée de Sylvain Miaka Ouretto, alors président par intérim du Fpi, les frontistes ont semble-t-il changé de fusil d’épaule. Cette fois-ci, les partisans de Laurent Gbagbo la jouent plus subtil. Face à un Henri Konan Bédié qui paraît intraitable et flexible sur la question et après l’échec d’Alphonse Djédjé Mady et de Bertin Kouadio Konan, les frontistes ont décidé de faire les yeux doux au Rassemblement des républicains (Rdr), même s’ils ne fondent aucun espoir sur l’issue de la démarche. Car, à la différence avec le Pdci (du moins avec certains cadres de l’ancien parti unique) avec qui les frontistes partagent les mêmes vues sur certains dossiers, les chances d’un aboutissement des discussions avec le Rdr sont quasi nulles. Ce que les responsables du Fpi cherchent par-dessus tout, c’est de créer la suspicion entre les cadres houphouétistes et semer le doute dans l’esprit des militants du Rhdp. Ils sont à fond dans cette entreprise de ‘’sabotage’’ depuis qu’ils ont adressé des demandes d’audiences aux principales chapelles politiques, notamment à la direction du Rdr. Le message que les responsables de l’ancien parti au pouvoir veulent envoyer à l’opinion est celui-ci : « si le Rdr et le Fpi qui sont d’anciens alliés, devenus ennemis jurés peuvent s’asseoir et discuter, cela veut dire que les partisans de l’ancien président, Laurent Gbagbo, ne sont pas aussi infréquentables qu’on a voulu le faire croire. La preuve est qu’ils discutent avec le Rdr. Le lendemain, vous avez vu, tout le monde y est allé de son commentaire. Quand les uns saluaient le caractère historique de la rencontre, les autres applaudissaient en attendant ses retombées sur la décrispation de l’atmosphère politique et la réconciliation », analyse Mamadou Konaté, doctorant en sciences politique. « Du coup, ceux qui les voient comme la cause du mal, notamment au Pdci et dans les autres partis alliés au Rdr, peuvent être tentés de réviser leur position, embarrassés qu’ils sont, par ce qu’ils voient. D’où leur présence aux côtés de l’Udpci à l’ouverture de son congrès, après avoir répondu présent à l’invitation du Pdci qui était en congrès, trois mois en arrière. Le Fpi ne se privera pas d’être toujours aux côtés de tous ceux qui grognent au sein Rhdp, qui critiquent ce qu’ils qualifient de voracité du Rdr (…) », renchérit-il. La visite rendue par le Fpi au Rdr le 9 décembre 2013 est donc une arme fatale, une sorte de couteau à double tranchant que les frontistes ont sorti pour tenter de porter le coup de grâce aux houphouétistes. Le Rhdp saura-t-il déjouer le coup et à maintenir intacte sa cohésion jusqu’au scrutin présidentielle de 2015 ? La question reste posée.

Marc Dossa
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