Dans une interview, à Radio-France Internationale, d’une criante vérité, l’Evêque d’Odienné, a fustigé les politiciens africains qui ont instrumentalisé le tribalisme. L’environnement africain nous montre tous les dégâts que crée cette « bête » qui refuse de mourir. Tout part du colonialisme. Pour mieux asseoir sa domination afin de piller les ressources des pays colonisés, les envahisseurs ont trouvé judicieux de diviser les ethnies trouvées sur place. On sait que pour mieux régner il faut diviser. Même un gamin le sait. Et pain béni pour le colonisateur il arrive sur des terres d’animisme. C’était donc un jeu d’enfant pour le colon de distribuer des points entre les ethnies afin de mieux accentuer encore plus les rancœurs, les jalousies et la haine entre les habitants de ces territoires. Le désastre a été immense. L’Afrique qui a été divisée à l’aide d’un compas et d’une équerre à Berlin a été le vrai cataclysme d’un désastre annoncé. Des ethnies ont été divisées entre plusieurs pays accentuant encore l’animosité entre les mêmes ethnies de pays différents. Le quotidien de l’Africain sera ponctué, au quotidien, de divergence ethnique. Si la langue du colon permettait aux uns et autres de se parler, de s’entendre et de se comprendre chacun en retrouvant les siens va parler son « patois ». L’enfant qui grandit en parlant sa langue maternelle sait d’avance qu’il est différent des autres et surtout que les autres ont des défauts comme on le lui dit chaque jour à la maison. Et voilà que tombent les indépendances octroyées aux pays africains. Les partis politiques africains qui étaient presque tous à base ethnique vont s’entredéchirer entre eux. De nombreux coups d’Etat militaires vont se faire à cause du tribalisme institutionnalisé dans presque tous les pays. Les nouveaux dirigeants africains, à l’indépendance, au lieu de trouver des solutions ou des mesures pour finir avec le tribalisme vont se ruer sur la politique tribale, comme le colon, pour mieux diviser et régner. Au moment où l’année 2014 démarre presque tous les pays africains sont au même point tribaliste comme à l’époque du colonialisme. Seul un pays, apparemment, semble échapper à ce schéma. C’est le Sénégal. J’y reviens. J’y ai été souvent. Le Sénégal, malgré la guerre larvée, de la Casamance, a réussi à se soustraire de certains maux que plusieurs pays africains ont connu. Pourquoi ce pays est-il si différent des autres ? Pourquoi à Dakar, en dehors des plaisanteries entre ethnies, on n’entend personne parler à bout de champs quelle est votre ethnie, d’où venez-vous ? Pourquoi on n’entend pas dire qu’on part au village ou qu’on en revient ? A mon avis, il y a d’abord une langue commune parlée par une très large majorité du pays jetant la base d’une véritable nation. Mais il y a surtout un amour vraiment poussé pour Dieu. Et cela grâce aux dirigeants religieux. Il faut avoir vécu l’atmosphère du pèlerinage à Touba pour comprendre que ce pays est différent des autres. Cette année, on a parlé de plus de trois millions de personnes présentes à ce grand magal à Touba. Le message du guide religieux, respecté de tous, est entendu et appliqué. Et c’est un message d’amour, d’union et de paix. A écouter le guide on éprouve l’envie de faire partie des mourides. L’autre grande confrérie qu’est la tidjania donne les mêmes recommandations aux fidèles qui obéissent à la lettre et l’esprit. A voir comment les Sénégalais vivent leur foi on comprend aisément pourquoi Monseigneur Antoine Koné a parlé de la défaillance des responsables religieux dans plusieurs pays du continent et à l’appel d’une nouvelle évangélisation. Comment des gens qui entendent dire dans une église qu’il faut aimer son prochain comme soi même sont méprisants pour les autres ? Pourquoi des gens entendent dire dans des temples qu’il faut aimer ses ennemis et pardonner sept fois soixante dix sept fois continuent d’attiser la haine ? Comment entendre régulièrement Seigneur et de dire de pardonner leurs car ils ne savent pas ce qu’ils font, continuent, d’entretenir les divisions ? Il est clair que nos religions et surtout nos guides religieux ont failli. Leur enseignement n’a pas pris dans le corps social ou plutôt la parole de Dieu ne peut pas prendre dans des cœurs inondés de tribalisme. Les guides religieux doivent commencer à extirper la racine du tribalisme dans les cœurs, non par la parole, on a vu que cela n’a rien donné, mais par des actes. A moins qu’on les envoie souvent en Pèlerinage à Touba pour voir comment la foi véritable et vécue, transforme un pays vers la bonté et l’amour envers le prochain. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly
