Ce n’est pas encore le véritable regret. Devant ses parents qui devaient «le purifier» ce week-end à Akoupé-Zeudji, son village, après sa sortie de prison, le Premier ministre du gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo s’est de nouveau défendu de n’avoir fait que «servir la République.» Mais dans le ton, c’est un Aké N’Gbo bien différent de ses amis de l’ex-parti au pouvoir qui s’est exprimé. Avec une humilité qui se démarque de l’arrogance des hiérarques du Front populaire ivoirien (Fpi), l’ancien président de l’université de Cocody a appelé son auditoire à oublier les rancœurs. «Quel que soit ce que nous avons pu endurer, il faut qu’en toute circonstance, l’amour triomphe de la haine, et que le pardon l’emporte sur la vengeance. Les Ivoiriennes, les Ivoiriens, les habitants de la Côte d’Ivoire aspirent à vivre en paix», a souhaité le professeur d’économie. Là où des extrémistes du clan Gbagbo continuent de nier leurs crimes de la période postélectorale de 2010-2011, à narguer le régime Ouattara, ou à s’opposer au retour au pays de leurs camarades exilés, l’ancien pensionnaire de la prison de Bouna se montre reconnaissant vis-à-vis des autorités, et renouvelle son plaidoyer en faveur des autres détenus de la crise postélectorale. «Que ceux qui ont contribué à notre libération et que nous avons remerciés tantôt, contribuent à la libération de tous les détenus et au retour des exilés car il n’y a rien de nouveau sous le soleil, tout ce qui existe a déjà existé et tout ce qui existera l’a été également.» A l’endroit de ses anciens compagnons de prison, il a terminé par ces paroles riches en enseignements. «Il est dit dans la bible qu’après que vous ayez souffert un peu de temps, le Dieu de grâce vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera et vous rendra inébranlable. Camarades, soyez bénis.»
Cissé Sindou
Cissé Sindou