Vœux à Alassane Ouattara : les diplomates pour un dialogue sans arrogance

Les hôtes du président de la République avaient tous ou presque un même leitmotiv, hier, à la cérémonie traditionnelle de vœux au chef de l’Etat. Le corps diplomatique, les religieux, les rois et les chefs traditionnels, pour ne citer que ceux-là, ont affirmé l’«espérance» d’un dialogue social et politique meilleur.

Une cérémonie de vœux placée sous le signe de l’espérance. Cette espérance formulée hier par le corps diplomatique face au chef de l’Etat est une réconciliation sans accroc. C’est le tout nouveau Nonce apostolique, Joseph Spiteri, qui l’a exprimée à la cérémonie annuelle de présentation des vœux au président de la République au Palais présidentiel au Plateau. «Que l’exemple de ce grand Africain qui nous a laissés récemment, l’apôtre de la paix et des droits inaliénables, le président Nelson Mandela, nous inspire afin d’être nous aussi animés par la force non violente de la vérité et de la justice, de l’amour et de la fraternité. Que le courage du dialogue et de la réconciliation prévale donc sur les tentations de vengeance, d’arrogance et de la corruption», a-t-il exhorté. Les chancelleries accréditées en Côte d’Ivoire font cet appel avant la reprise, annoncée pour le jeudi 9 janvier, des discussions entre le pouvoir et l’opposition. Les diplomates disent en attendre l’essor du pays, après les deux crises (2002-2007 ; 2010-2011) qu’il a connues. «Que la Côte d’Ivoire puisse continuer sur le chemin de la prospérité, dans la sauvegarde de la nature et du progrès social favorisant les plus démunis», a notamment insisté leur doyen. A part qu’ils saluent l’intention d’Alassane Ouattara de continuer les efforts en faveur de la réconciliation, ils l’encouragent à poursuivre le dialogue avec l’opposition politique. En outre, les ambassadeurs, consuls et autres attachés d’affaires se félicitent, d’après leur porte-parole, de l’intensification, prochainement, de la politique de retour des exilés. Le rapprochement des Ivoiriens doit être une réalité par les actions courageuses de tous les dirigeants et protagonistes politiques et sociaux, a affirmé Joseph Spiteri. Lui et ses homologues disent attendre «avec confiance » les résultats de la poursuite du processus de réconciliation. Aussi le représentant à Abidjan du Saint-Siège a-t-il encouragé la libération des prisonniers de la crise postélectorale. «Nous espérons, a énoncé l’orateur, que les détenus ne restent pas longtemps en prison sans procès et que la réparation des torts causés à toutes les victimes ne soit pas oubliée». Comme les représentants de la communauté internationale, les religieux ont prié pour la «prospérité» du pays, demandé à Dieu d’accorder «santé et longévité» au président, à sa famille et à ses collaborateurs. Parlant au nom des évêques, des pasteurs et des bishops, Mgr Alexis Touabli a dit qu’ils nourrissent l’espoir de voir la nation se réconcilier avec elle-même. «La première richesse de l’Ivoirien, c’est l’Ivoirien. Il est donc urgent que chacun à son niveau cherche à restaurer la cohésion sociale, l’amour et la fraternité», a-t-il exhorté. En ce qui le concerne, le numéro Un ivoirien gagnerait à poursuivre les visites d’Etat dans le pays profond, selon l’évêque du diocèse d’Agboville. D’après son analyse, la tournée présidentielle permet à Alassane Ouattara «de toucher du doigt les réalités des populations, d’apaiser les cœurs, de panser les plaies et de raviver l’espérance». C’est pourquoi, l’encouragera-t-il, le chef de l’Etat doit continuer de multiplier les initiatives visant à rassembler les fils et filles de la Côte d’Ivoire. Autre dignitaire, même optimisme et conseil, presque. Cette fois, le Cheick Al Aïma Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des imams (Cosim), a mis l’accent sur «une expression plurielle des opinions politiques, ethniques et sociales». La communauté musulmane a transmis la «demande incessante et croissante» d’une jeunesse en quête d’emploi. Elle a par conséquent encouragé M. Ouattara à atteindre son objectif ‘’emploi-jeune‘’. Un autre point «positif et concret» que voudraient voir se réaliser les rois et chefs traditionnels, c’est leur statut promis par le candidat républicain. Aujourd’hui chef de l’Etat, il avait assuré en novembre depuis Yamoussoukro qu’il le leur accorderait cette année. Les têtes couronnées attendent aussi l’acquisition d’un «siège digne» de leurs rangs, «à Cocody». Au titre de leurs vœux, ils appellent «tous les fils et filles du pays à participer au dialogue républicain». Seulement, ils disent qu’il faut éviter les discours enflammés, les appels à la haine et les débordements.Comme à l’accoutumée, ce ‘’rituel‘’ organisé à la ‘’Salle des Pas perdus‘’ a été sobre. Il a été l’occasion des retrouvailles des responsables des institutions de la République et des corps constitués de la société civile avec l’édile. Une communion à laquelle ont participé les chefs, ou leurs représentants, de partis. A l’exception du Front populaire ivoirien (Fpi) et de Liberté et démocratie pour la paix (Lider).

Bidi Ignace