Révérend Ediémou Blin Jacob, président du Forum des confessions religieuses et également chef de l’église du christianisme céleste, formule des griefs contre la réduction du quota des pèlerins au profit de ses adversaires. Il répond aussi à certaines polémiques et évoque sa maladie.
On vous savait très malade. De quoi souffriez-vous et comment vous sentez-vous à présent ?
Gloire soit rendue à Dieu ! J’ai été malade. Intérieurement ça allait mal, mais à l’extérieur, je faisais tout pour ne pas laisser transparaître la maladie, car un serviteur de Dieu ne doit pas faire honte à Dieu. La maladie des yeux était sérieuse; je ne voyais presque plus. Aujourd’hui, mon œil droit ne voit plus rien. Je ne vois plus que d’un seul œil. Mais grâce à l’appui du président de la République, je me sens mieux.
Justement, lors de la cérémonie de présentation de vœux à la présidence, Mgr Alexis Touably a remercié Alassane Ouattara de vous avoir aidé à vous soigner. En quoi a consisté cet appui ?
Je remercie Dieu pour le fait que son excellence Mgr Touably, porte-parole du Forum des religieux, ait mentionné cet acte dans son discours. Je vivais longtemps avec ce mal, mais il me fallait les moyens pour me soigner. J’ai subi deux opérations en Côte d’Ivoire. Il s’agit de deux maladies des yeux que je traîne à la fois. J’ai soixante neuf ans et depuis plusieurs années, je savais que ma vue baissait. Je me suis amusé à dire que Jésus est là. Or il fallait aller à la médecine car le médecin soigne et Jésus guérit. L’ophtalmologue a jugé que le mal était grave et que je devrais être évacué en France. C’est ainsi que le président de la République a démontré qu’il est là pour tous. Il m’a dit d’aller me faire consulter et il a pris en charge mon voyage et mon séjour en France. Je n’ai rien payé. Et hier encore (Ndlr, lundi dernier), lors de la présentation des vœux, il m’a dit qu’il va donner des consignes pour que je retourne pour mes soins, alors que moi-même, j’hésitais à demander son aide pour la suite, vu ce qu’il a déjà fait.
Pour la cérémonie de lundi, certains milieux évangéliques vous reprochent d’avoir redistribué les cartes d’invitation des religieux par copinage. Quelle est votre version des faits ?
Il n’y a pas eu de copinage dans la répartition des cartes d’invitation au Palais. Nous avons reçu vingt cartes pour le Forum. Or il y a beaucoup de confessions religieuses. Même l’église catholique n’a reçu que deux cartes. Les églises africaines ont eu trois cartes, les musulmans ont eu cinq cartes, les orthodoxes, les bouddhistes et autres, chacun a eu sa part. Nous avons fait en sorte que la grande famille évangélique ait quatre cartes. L’église catholique qui n’a reçu que deux cartes alors qu’elle est la plus ancienne, ne se bat pas. Les évêques n’en font pas une affaire, pourquoi les évangéliques se plaignent-ils ?
Comment expliquez-vous qu’on vous confie toujours la répartition des cartes ?
Il y a longtemps que nous sommes dans le Forum et c’est la même procédure qui est de mise. Le protocole remet les cartes au président du Forum qui, à son tour, les redistribue aux confessions religieuses. On sait quand même que je suis quelqu’un qui compte dans ce pays. Je l’ai servi dans ma jeunesse, au plan civil et politique, avant de porter la toge. Et je continue de le servir, en servant Dieu.
Ceux qui sont fâchés vous accusent de vous réfugier derrière le Forum des confessions religieuses qui serait une coquille vide…
Nos frères évangéliques, quand ils ne sont pas à la tête, ils ne sont jamais d’accord. Celui qui dit que le Forum est dissous est un diable. Le Forum est là pour garantir la paix entre les religions. Il a été mis en place depuis l’an 2000 par Honoré Guié pour éviter une guerre religieuse, à la veille des élections. Nous sommes ensemble avec nos frères des autres confessions. Si ce n’est pas la volonté de Dieu, cela n’aurait pas été possible. Les églises évangéliques qui se plaignent viennent d’arriver. Chacun se dit qu’il est meilleur. Maintenant, ils font des prophéties, or avant c’était l’église du Christianisme céleste seule qui faisait des prophéties. On ne parlait que de l’église des Béninois, l’église du vaudou, pour désigner notre église. Même le charismatique a commencé avec papa Ediémou.
Quel acte le Forum a-t-il concrètement posé en faveur de la cohésion ?
Le Forum est là pour montrer qu’on doit être ensemble. Le Forum a résolu beaucoup de différends. Avant, les responsables de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme et ceux du Mouvement ivoirien des droits de l’Homme ne se parlaient pas. C’est grâce au Forum qu’ils s’entendent désormais. Nous sommes à l’origine du collectif de la société civile pour la paix. C’est après nous que les gens ont créé la Convention de la société civile. On doit laisser le Forum travailler maintenant parce que le diable veut attaquer par la religion. Regardez ce qui se passe en Centrafrique et au Nord du Mali! Les politiciens passent par la religion ; ce n’est pas bien. Voilà pourquoi le Forum a toute sa place.
Malgré votre présence à la tête du Forum qui milite pour la cohésion, il y a toujours des dissensions au niveau de votre église, celle du Christianisme céleste. Qu’est-ce qui coince?
Je pense que nous devons faire l’effort de vivre en fraternité. L’hymne national dit que la Côte d’Ivoire est le pays de l’espérance et de la vraie fraternité. On doit le ressentir au niveau des religieux. L’année dernière, l’ancienne directrice des cultes, Diaby Dao Aminata, nous a mis ensemble. Nous avons fait un travail d’union et c’est sur cela que nous nous basons. Nous ne parlons plus contre quelqu’un parce que le droit de Dieu est en cours. Chacun a son étoile.
La qualité de vos rapports avec le supérieur évangéliste Kanon Luc ne s’est pas pour autant totalement améliorée…
J’ai travaillé au Nigéria, au Bénin avec tous les titans de l’église du Christianisme céleste. Je ne peux pas faire du mal à Kanon Luc ; il est mon petit frère. Nous nous sommes vus à la présentation des vœux à la Présidence et il n’y a pas eu de palabre. Il est venu me saluer et m’a souhaité un prompt rétablissement. Nous sommes des parents. C’est devant les fidèles qu’on crie, mais au fond il n’y a pas de palabre. Je lui souhaite une bonne année. Mais sachez que l’église est immuable. Il n’y a pas deux églises. Dieu dit : «la fondation est là. Tu dois mettre ta brique sur la fondation d’Oshoffa. Si tu la mets ailleurs, ce n’est pas bon». Nous sommes donc condamnés à nous entendre en 2014. Dieu va faire que Kanon saura qui est son grand frère. Il saura qui il appelle « papa» et moi je saurai qui j’appelle «mon fils». Et nous allons nous aimer pour que la Côte d’Ivoire soit le pays de la vraie fraternité.
Vous avez vécu difficilement l’éviction de l’ancienne directrice des Cultes, présentée à l’époque comme votre préférée. Votre position a-t-elle un impact sur vos rapports avec Bemba Messemba, l’actuel responsable du poste ?
Je suis un patriote spirituel. Je me bats pour que la vérité triomphe. Quand l’autorité parle, je me tais comme le recommande la discipline de Dieu. A partir du moment où la guerre est terminée et on dit qu’un tel a gagné, je dis amen ! Je ne me promène pas dans les bureaux pour voir les directeurs des Cultes ; je suis rigoureux. Mais lorsqu’Aminata Dao Diaby est arrivée, elle m’a convaincu par sa vision. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler avec elle. Mais je n’étais pas le seul, car tout le monde y allait. Dieu a un côté féminin, mais tout le monde n’accepte pas que la femme commande. Et on compare la femme au diable.
N’acceptez- vous toujours pas son départ, un an après ?
Le ministre d’Etat était absent quand on a signé le papier pour la faire débarquer. Qui a signé le papier ? Je n’étais pas d’accord. Mais lorsque le ministre Hamed Bakayoko est arrivé et a confirmé la décision, je me suis tu.
Fréquentez-vous alors l’actuel directeur des Cultes ?
Je suis d’accord avec le nouveau directeur, mais je travaille dans le temple. Je suis retourné à ma place. Si on m’appelle, j’irai. Si on ne m’appelle pas, je reste à ma place.
Est-ce à dire que vous ne l’avez pas encore rencontré ?
Si, nous nous sommes vus pour le pèlerinage en terre sainte. Et à ce sujet, je préparais un point presse quand vous m’avez surpris. L’année dernière, Madame Diaby nous avait octroyé près de 420 places pour le pèlerinage. Cette année, nous n’avons obtenu que 125 places. Madame Diaby nous avait promis des places en avion pour les responsables et des cars climatisés. Nous allons juste au Bénin, alors que les autres vont plus loin, en Israël et à La Mecque. Certains vont même à Lourdes. L’Etat paye des billets d’avion pour eux et nous, nous allons toujours en car. Elle est partie et nous n’avons pas eu ce qui était prévu. Mais pour montrer notre attachement à ce qui était prévu, nous avons nous-mêmes organisé le voyage Abidjan-Cotonou-Abidjan avec un car climatisé. On ne nous a donné que 125 places, en raison de 75 000 F Cfa par place. C’est le montant que nous avons obtenu. Nous ne sommes pas d’accord.
La direction des Cultes vous a certainement justifié la réduction du nombre de places…
Justement. On nous a dit qu’on a partagé les places. Ils ont octroyé un quota à Kanon Luc et compagnie, alors que ces derniers et moi étions censés être en union. Madame Diaby nous avait réconciliés. Et ils ont fait en sorte que cette réconciliation tombe à l’eau. Et pourtant, Dieu aime l’union. Depuis l’ancien pouvoir, des enquêtes ont été menées au Bénin et au Nigéria et les conclusions me reconnaissent comme le chef de l’église en Côte d’Ivoire. Kanon a ouvert un procès contre moi, avant la réconciliation occasionnée par l’ancienne directrice. Et aujourd’hui, ceux que Kanon avait assignés en procès en même temps que moi, se retournent contre moi au profit de ce dernier. Cela m’a fait beaucoup mal.
Lors de l’accident dont vos pèlerins ont été victimes au Bénin, comment a réagi l’autorité cultuelle ?
Il faut reconnaître que l’arrivée de Bemba Messemba sur les lieux du drame a mis du baume au cœur de nos fidèles qui étaient blessés. Je l’ai reçu dans ma loge spirituelle à Porto-Novo. Il a donné trois millions pour aider les gens à rentrer au pays. Ils ont ressenti le réconfort de l’Etat et c’est le président de la République qu’il faut remercier.
Quel message particulier adressez-vous aux Ivoiriens ?
Je dis aux Ivoiriens qu’il n’est pas possible de se réconcilier, mais il est possible de vivre dans la paix. C’est comme un match de football. Lorsque l’un a gagné, demain l’autre peut gagner, mais ce n’est pas pour cela qu’on doit se battre. Chacun à son tour. Nous prions Dieu pour qu’il touche nos cœurs pour savoir que nous sommes un, nous sommes des frères.
Réalisée par Nesmon De Laure
On vous savait très malade. De quoi souffriez-vous et comment vous sentez-vous à présent ?
Gloire soit rendue à Dieu ! J’ai été malade. Intérieurement ça allait mal, mais à l’extérieur, je faisais tout pour ne pas laisser transparaître la maladie, car un serviteur de Dieu ne doit pas faire honte à Dieu. La maladie des yeux était sérieuse; je ne voyais presque plus. Aujourd’hui, mon œil droit ne voit plus rien. Je ne vois plus que d’un seul œil. Mais grâce à l’appui du président de la République, je me sens mieux.
Justement, lors de la cérémonie de présentation de vœux à la présidence, Mgr Alexis Touably a remercié Alassane Ouattara de vous avoir aidé à vous soigner. En quoi a consisté cet appui ?
Je remercie Dieu pour le fait que son excellence Mgr Touably, porte-parole du Forum des religieux, ait mentionné cet acte dans son discours. Je vivais longtemps avec ce mal, mais il me fallait les moyens pour me soigner. J’ai subi deux opérations en Côte d’Ivoire. Il s’agit de deux maladies des yeux que je traîne à la fois. J’ai soixante neuf ans et depuis plusieurs années, je savais que ma vue baissait. Je me suis amusé à dire que Jésus est là. Or il fallait aller à la médecine car le médecin soigne et Jésus guérit. L’ophtalmologue a jugé que le mal était grave et que je devrais être évacué en France. C’est ainsi que le président de la République a démontré qu’il est là pour tous. Il m’a dit d’aller me faire consulter et il a pris en charge mon voyage et mon séjour en France. Je n’ai rien payé. Et hier encore (Ndlr, lundi dernier), lors de la présentation des vœux, il m’a dit qu’il va donner des consignes pour que je retourne pour mes soins, alors que moi-même, j’hésitais à demander son aide pour la suite, vu ce qu’il a déjà fait.
Pour la cérémonie de lundi, certains milieux évangéliques vous reprochent d’avoir redistribué les cartes d’invitation des religieux par copinage. Quelle est votre version des faits ?
Il n’y a pas eu de copinage dans la répartition des cartes d’invitation au Palais. Nous avons reçu vingt cartes pour le Forum. Or il y a beaucoup de confessions religieuses. Même l’église catholique n’a reçu que deux cartes. Les églises africaines ont eu trois cartes, les musulmans ont eu cinq cartes, les orthodoxes, les bouddhistes et autres, chacun a eu sa part. Nous avons fait en sorte que la grande famille évangélique ait quatre cartes. L’église catholique qui n’a reçu que deux cartes alors qu’elle est la plus ancienne, ne se bat pas. Les évêques n’en font pas une affaire, pourquoi les évangéliques se plaignent-ils ?
Comment expliquez-vous qu’on vous confie toujours la répartition des cartes ?
Il y a longtemps que nous sommes dans le Forum et c’est la même procédure qui est de mise. Le protocole remet les cartes au président du Forum qui, à son tour, les redistribue aux confessions religieuses. On sait quand même que je suis quelqu’un qui compte dans ce pays. Je l’ai servi dans ma jeunesse, au plan civil et politique, avant de porter la toge. Et je continue de le servir, en servant Dieu.
Ceux qui sont fâchés vous accusent de vous réfugier derrière le Forum des confessions religieuses qui serait une coquille vide…
Nos frères évangéliques, quand ils ne sont pas à la tête, ils ne sont jamais d’accord. Celui qui dit que le Forum est dissous est un diable. Le Forum est là pour garantir la paix entre les religions. Il a été mis en place depuis l’an 2000 par Honoré Guié pour éviter une guerre religieuse, à la veille des élections. Nous sommes ensemble avec nos frères des autres confessions. Si ce n’est pas la volonté de Dieu, cela n’aurait pas été possible. Les églises évangéliques qui se plaignent viennent d’arriver. Chacun se dit qu’il est meilleur. Maintenant, ils font des prophéties, or avant c’était l’église du Christianisme céleste seule qui faisait des prophéties. On ne parlait que de l’église des Béninois, l’église du vaudou, pour désigner notre église. Même le charismatique a commencé avec papa Ediémou.
Quel acte le Forum a-t-il concrètement posé en faveur de la cohésion ?
Le Forum est là pour montrer qu’on doit être ensemble. Le Forum a résolu beaucoup de différends. Avant, les responsables de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme et ceux du Mouvement ivoirien des droits de l’Homme ne se parlaient pas. C’est grâce au Forum qu’ils s’entendent désormais. Nous sommes à l’origine du collectif de la société civile pour la paix. C’est après nous que les gens ont créé la Convention de la société civile. On doit laisser le Forum travailler maintenant parce que le diable veut attaquer par la religion. Regardez ce qui se passe en Centrafrique et au Nord du Mali! Les politiciens passent par la religion ; ce n’est pas bien. Voilà pourquoi le Forum a toute sa place.
Malgré votre présence à la tête du Forum qui milite pour la cohésion, il y a toujours des dissensions au niveau de votre église, celle du Christianisme céleste. Qu’est-ce qui coince?
Je pense que nous devons faire l’effort de vivre en fraternité. L’hymne national dit que la Côte d’Ivoire est le pays de l’espérance et de la vraie fraternité. On doit le ressentir au niveau des religieux. L’année dernière, l’ancienne directrice des cultes, Diaby Dao Aminata, nous a mis ensemble. Nous avons fait un travail d’union et c’est sur cela que nous nous basons. Nous ne parlons plus contre quelqu’un parce que le droit de Dieu est en cours. Chacun a son étoile.
La qualité de vos rapports avec le supérieur évangéliste Kanon Luc ne s’est pas pour autant totalement améliorée…
J’ai travaillé au Nigéria, au Bénin avec tous les titans de l’église du Christianisme céleste. Je ne peux pas faire du mal à Kanon Luc ; il est mon petit frère. Nous nous sommes vus à la présentation des vœux à la Présidence et il n’y a pas eu de palabre. Il est venu me saluer et m’a souhaité un prompt rétablissement. Nous sommes des parents. C’est devant les fidèles qu’on crie, mais au fond il n’y a pas de palabre. Je lui souhaite une bonne année. Mais sachez que l’église est immuable. Il n’y a pas deux églises. Dieu dit : «la fondation est là. Tu dois mettre ta brique sur la fondation d’Oshoffa. Si tu la mets ailleurs, ce n’est pas bon». Nous sommes donc condamnés à nous entendre en 2014. Dieu va faire que Kanon saura qui est son grand frère. Il saura qui il appelle « papa» et moi je saurai qui j’appelle «mon fils». Et nous allons nous aimer pour que la Côte d’Ivoire soit le pays de la vraie fraternité.
Vous avez vécu difficilement l’éviction de l’ancienne directrice des Cultes, présentée à l’époque comme votre préférée. Votre position a-t-elle un impact sur vos rapports avec Bemba Messemba, l’actuel responsable du poste ?
Je suis un patriote spirituel. Je me bats pour que la vérité triomphe. Quand l’autorité parle, je me tais comme le recommande la discipline de Dieu. A partir du moment où la guerre est terminée et on dit qu’un tel a gagné, je dis amen ! Je ne me promène pas dans les bureaux pour voir les directeurs des Cultes ; je suis rigoureux. Mais lorsqu’Aminata Dao Diaby est arrivée, elle m’a convaincu par sa vision. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler avec elle. Mais je n’étais pas le seul, car tout le monde y allait. Dieu a un côté féminin, mais tout le monde n’accepte pas que la femme commande. Et on compare la femme au diable.
N’acceptez- vous toujours pas son départ, un an après ?
Le ministre d’Etat était absent quand on a signé le papier pour la faire débarquer. Qui a signé le papier ? Je n’étais pas d’accord. Mais lorsque le ministre Hamed Bakayoko est arrivé et a confirmé la décision, je me suis tu.
Fréquentez-vous alors l’actuel directeur des Cultes ?
Je suis d’accord avec le nouveau directeur, mais je travaille dans le temple. Je suis retourné à ma place. Si on m’appelle, j’irai. Si on ne m’appelle pas, je reste à ma place.
Est-ce à dire que vous ne l’avez pas encore rencontré ?
Si, nous nous sommes vus pour le pèlerinage en terre sainte. Et à ce sujet, je préparais un point presse quand vous m’avez surpris. L’année dernière, Madame Diaby nous avait octroyé près de 420 places pour le pèlerinage. Cette année, nous n’avons obtenu que 125 places. Madame Diaby nous avait promis des places en avion pour les responsables et des cars climatisés. Nous allons juste au Bénin, alors que les autres vont plus loin, en Israël et à La Mecque. Certains vont même à Lourdes. L’Etat paye des billets d’avion pour eux et nous, nous allons toujours en car. Elle est partie et nous n’avons pas eu ce qui était prévu. Mais pour montrer notre attachement à ce qui était prévu, nous avons nous-mêmes organisé le voyage Abidjan-Cotonou-Abidjan avec un car climatisé. On ne nous a donné que 125 places, en raison de 75 000 F Cfa par place. C’est le montant que nous avons obtenu. Nous ne sommes pas d’accord.
La direction des Cultes vous a certainement justifié la réduction du nombre de places…
Justement. On nous a dit qu’on a partagé les places. Ils ont octroyé un quota à Kanon Luc et compagnie, alors que ces derniers et moi étions censés être en union. Madame Diaby nous avait réconciliés. Et ils ont fait en sorte que cette réconciliation tombe à l’eau. Et pourtant, Dieu aime l’union. Depuis l’ancien pouvoir, des enquêtes ont été menées au Bénin et au Nigéria et les conclusions me reconnaissent comme le chef de l’église en Côte d’Ivoire. Kanon a ouvert un procès contre moi, avant la réconciliation occasionnée par l’ancienne directrice. Et aujourd’hui, ceux que Kanon avait assignés en procès en même temps que moi, se retournent contre moi au profit de ce dernier. Cela m’a fait beaucoup mal.
Lors de l’accident dont vos pèlerins ont été victimes au Bénin, comment a réagi l’autorité cultuelle ?
Il faut reconnaître que l’arrivée de Bemba Messemba sur les lieux du drame a mis du baume au cœur de nos fidèles qui étaient blessés. Je l’ai reçu dans ma loge spirituelle à Porto-Novo. Il a donné trois millions pour aider les gens à rentrer au pays. Ils ont ressenti le réconfort de l’Etat et c’est le président de la République qu’il faut remercier.
Quel message particulier adressez-vous aux Ivoiriens ?
Je dis aux Ivoiriens qu’il n’est pas possible de se réconcilier, mais il est possible de vivre dans la paix. C’est comme un match de football. Lorsque l’un a gagné, demain l’autre peut gagner, mais ce n’est pas pour cela qu’on doit se battre. Chacun à son tour. Nous prions Dieu pour qu’il touche nos cœurs pour savoir que nous sommes un, nous sommes des frères.
Réalisée par Nesmon De Laure
