Avec la tournée du Premier Ministre japonais dans certains Etats africains nous avons une occasion exceptionnelle de nous mirer dans le développement de ce pays et surtout chercher à l’imiter. Tout semble avoir été dit et écrit sur ce pays. Et pourtant, le pays du soleil levant ne nous contamine toujours pas. L’Africain sera-t-il japonais ou peut-il même l’être ? De nombreux africains continuent de voir du Japon que les kimonos et le judo. Pour ne pas dire le karaté. Imiter un tout petit peu le Japon sera un pas de géant vers l’émergence. On n’attendra pas alors dix, quinze ou vingt ans pour être émergeant. Le japonais c’est avant tout une mentalité, une attitude, un esprit. Il se caractérise particulièrement par le travail. Au moment où de nombreux pays, dans le monde, travaillent trente cinq heures par semaine et même moins, le japonais fait cinquante heures et plus. Pas moins. On sait que l’Afrique aussi est censée travailler trente cinq heures par semaine mais en tenant compte des heures perdues dans les interminables bavardages dans les bureaux ce sont, ainsi, des heures de travail qui se perdent. L’Africain a la passion des actions sociales prises sur les heures de travail. Adolescent, je voyais que les levées de corps se déroulaient les samedis. A , l’époque, le samedi matin était un jour ouvrable. En voulant imiter l’Occident, déjà développé, l’Afrique sous-développé, sur tous les plans, a sollicité de ses dirigeants politiques la suppression du samedi dans le travail. On se souvient qu’à leur première demande de cinq jours de travail par semaine le Président Félix Houphouët-Boigny a donné une réponse cinglante et ironique aux syndicats. « S’il n’y avait pas d’étrangers dans notre pays je vous aurais demandé de travailler encore plus d’heures. » Le père de la Nation était indigné qu’on puisse demander une réduction du temps de travail dans un pays sous-développé. Avec l’oncle de la Nation on parle de plus en plus de travail dans ce pays. Que cela se manifeste en plus d’heures de travail pour chacun dans ce pays. Une jeune amie qui venait à peine de commencer dans la fonction publique à peine six mois disait un vendredi matin son impatience d’aller en week-end. Certains n’ont pas envie de se rendre au travail le lundi et bénissent les jours fériés. Africains ! Le japonais, ce n’est un secret pour personne, ne travaille pas pour son entreprise mais pour son pays. Tout ce qu’il fait consiste à enrichir son pays. Ce n’est pas lui qui cherchera à savoir de quel village est son chef. Encore moins de connaitre l’ethnie d’un dirigeant. Tout le monde est japonais. Un point. Un trait. La corruption qui retarde le développement de l’Afrique à presque tous les niveaux est pratiquement inimaginable dans ce pays. Voler son pays est une honte qui pousse au suicide. Si on augmentait de deux heures notre temps de travail et qu’on ne cherche pas à sombrer dans un tribalisme primaire on aurait fait un grand pas vers le rapprochement du Japon. Pour le moment nous en sommes encore très très loin. Un facteur dont les spécialistes semblent ignorer du Japon et qui est le facteur déterminent de son émergence est la culture. La recherche permanente du savoir. Et C’est Jean-Jacques Servan-Schereiber dans son best seller : « Le Défi mondial » qui nous livre le secret japonais caché aux Africains. L’auteur nous dit que « Le remarquable succès du Japon s’explique essentiellement par la recherche permanente et collective de la connaissance. Dans les écoles, les entreprises, les magasins, dans les entreprises, dans les services et même sur les terrains de golf, la recherche de l’information irrigue toute la société japonaise. Chaque année plus de 30 000 livres sont publiés au Japon. Et depuis la seconde guerre mondiale il a été traduit plus de 200 000 livres. Les deux principaux quotidiens de Tokyo tirent à plus de 8 millions d’exemplaires chacun » Le japonais a soif de lire. Toute sa réussite s’explique par le fait qu’il lit beaucoup et bien. Il a compris comme les citoyens des grandes nations que l’acte de lire agit sur le cerveau d’une manière diffuse. Les Japonais passent infiniment plus de temps que les Américains à lire mais la proportion d’information dans ce qu’il lit est beaucoup plus grande. Tout y est fait pour enseigner. Inutile de faire une comparaison avec l’Afrique. Même à Abidjan les quelques rares librairies se ferment. Faute de clients. A l’intérieur du pays point de lieu de vente de la connaissance et du savoir. On espère que la visite du premier Ministre du Japon sera une occasion offerte de multiplier, en l’instar des infrastructures économiques, des dizaines de bibliothèques dans le pays, seuls moyens de pousser à l’émergence. Au dernier conseil des ministres le Président Ouattara a demandé à ses ministres de faire plus de communication. Et cela est réjouissant. Communiquer c’est une forme de connaissance et de savoir qu’on distille au peuple. Dieu a dit que mon peuple meurt faute de connaissance. Prenons Dieu au mot en suivant le Japon pour ne pas mourir faute de connaissance mais plutôt se lever à cause du savoir. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly