Joie et fête dans le camp des pro-Gbagbo. Indignation et consternation pour des victimes qui ruminent le mécontentement. Depuis un certain temps, au grand dam des droits des victimes qui attendent que les bourreaux d’hier répondent de leurs actes au cours de procès équitables, les partisans de l’ancien homme fort d’Abidjan ne cessent de se réjouir de la libération presqu’en cascade de plus d’une centaine de prisonniers de la crise postélectorale. En effet, la justice ivoirienne, dans le cadre de la décrispation de la situation ou du climat politique sur les bords de la Lagune Ebrié, a décidé d’accorder le bon air de la liberté à de nombreuses personnes arrêtées et incarcérées pour meurtres, assassinats et autres crimes violents perpétrés après la terrible crise postélectorale, qui a fait un peu plus trois mille morts. S’il est vrai que le geste des autorités judicaires participe effectivement à conforter la décrispation et à renforcer le processus de réconciliation nationale et de paix cher au pouvoir d’Abidjan, il est tout aussi vrai qu’il faut craindre que ceux qui bénéficient ainsi de la liberté ne narguent les victimes. Parce que nul n’ignore, ici en Côte d’Ivoire, que ces personnes libérées sont les présumés bourreaux d’hier, qui ont activement pris part aux violents actes ignobles de la crise postélectorale et dont certains ont même été pris la main dans le sac. Les victimes de ces violations graves des droits de l’homme sont dans les quartiers où ils vont retourner après leur libération. Il est donc impérieux qu’ils se gardent de jeter l’huile sur le feu en évitant de narguer ces victimes. Les comportements et propos de provocation et de mépris à l’endroit des victimes et des autorités pourraient soulever le courroux de ceux qui réclament la justice depuis la fin de la crise. Les anciens prisonniers gagneraient donc à garder le profil bas en attendant que les victimes avalent la pilule. Surtout pour ceux qui mènent des activités politiques. Ils doivent absolument se défaire des invectives, des discours guerriers, de l’arrogance afin que la justice ne regrette pas sa décision de leur accorder la liberté provisoire.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara