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Société Publié le jeudi 20 février 2014 | Le Democrate

Interview / Le président des victimes de la crise postélectorale charge : « Un pays sans social est un pays sans âme »

A l’issue de la conférence internationale organisée sur les victimes de la crise postélectorale, qui s’est tenue du mercredi 11 au vendredi 14 février à Abidjan, Lebanco.net a tendu son micro à M. Issiaka DIABY, président du collectif des victimes de Cote d’Ivoire. Dans cet entretien, il parle des propositions de la CVCI au cours de cette rencontre, des échanges avec M. Doudou Diène, et des rapports des victimes avec la CDVR.


Quelles ont été vos propositions à cette rencontre ?

Notre proposition a consisté à faire en sorte que cette rencontre ne soit pas une rencontre de trop. Nos propositions ont consisté à faire en sorte que la CDVR et le gouvernement mettent la question des victimes au centre de leurs préoccupations. Nous avons constaté, que certains de nos droits fondamentaux, à savoir le droit à une assistance médicale, sociale et scolaire n’ont jamais été respecté ni par le gouvernement ni par les organisations internationales. Cela nous nous a poussés à poser la question de savoir si ces entités ignoraient notre existence.

Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu ?

Bien évidemment ! Nous ne sommes pas allés à cette rencontre comme des figurants. Nous avons dominé ce forum. Je suis venu avec une quarantaine de victimes, qui portent encore des balles, des blessés, des paralysés. Elles n’ont pas eu accès à la salle. Immédiatement, nous avons organisé un sit-in, qui a eu raison des organisateurs. Les victimes ont pu ainsi intervenir directement à la tribune. Cela a pesé sur l’orientation de la rencontre. Donc, les résolutions, qui sanctionneront la rencontre prouveront que les victimes ont dominé la rencontre.

Est-ce que vous avez eu un échange direct avec M. Doudou Diène ?

Oui, nous avons déjà échangé avec lui. Ce n’est pas la première fois, d’ailleurs ! On l’avait déjà interpellé. Nous estimons, que tous ceux qui se sont engagés pour aidés la Cote d’Ivoire doivent être juste.

Faut-il croire alors que M. Doudou Diène est partial ?
Certaines de ses déclarations ont choqué les victimes. Si les victimes ont été choquées, c’est qu’il n’a pas été impartial, notamment sur la question relative à la libération de Simone Gbagbo. Il a souhaité la voir libérée. Au cours de ces rencontres, les victimes l’ont interpellé. Ils lui ont dit qu’ils sont frustrés, touchés. Nous l’avons interpellé sur son attitude à toujours aller voir les conditions de détention de nos bourreaux, alors que les victimes sont à Abidjan. Il ne leur a jamais rendu visite. Il n’est jamais venu les voir malgré nos interpellations. Nous lui avons dit clairement de ne plus jamais s’immiscer dans les affaires de justice. Nous lui avons dit que nous le voyons entrain de demander à la CPI de liberer Gbagbo. La Cote d’ivoire sort d’une crise. Les institutions ne fonctionnaient pas normalement. La justice est en train de se rétablir, ce n’est pas le moment de profiter pour l’ébranler. En sa qualité d’expert indépendant, il n’a pas le droit de s’immiscer dans les affaires de la justice. Nous pensons, qu’il a bien compris. Et que ces choses ne se répèteront plus.

En protestant contre la libération provisoire des soldats proches de l’ancien régime, n’avez-vous pas le sentiment que vous ramez à contre-courant de la réconciliation nationale ?

Le collectif des victimes en Côte d’Ivoire, qui se propose d’assurer la promotion, la protection des victimes en Côte d’Ivoire et partout ailleurs dans le monde a des principes, notamment, l’application effective des lois nationales et internationales. Nous luttons contre également contre l’impunité. Fort de ce principe, nous nous opposons à toute forme de réconciliation sans cette notion de justice. Justice dans nos comportements, justice dans nos propos, justice dans nos actions envers les acteurs de cette crise, de cette crise, de toutes les crises.

Que demandez-vous alors concrètement ?

Nous demandons une prise en charge nationale d’urgence des victimes. Cela y va des du respect de nos droits. Pour nous, une institution, un pays ou on ne cultive pas le social c’est comme si ce pays n’a pas d’âme. On ne peut pas voir ces concitoyens aujourd’hui, souffrir, porter des balles dans le corps, être paralysés, en période de rééducation et on en mène aucune action pour les soulager. Mais, au contraire on déploie de gros moyens pour aller chercher des refugiés, pour libérer des prisonniers. Quand Simone Gbagbo est malade, on envoie un avion la chercher pour venir la soigner. Alors que les victimes souffrent dans le silence.
Avez-vous des rapports avec la CDVR ?

Nous n’avons pas de rapport avec la CDVR. C’est paradoxal ! Et beaucoup d’association de victimes n’ont pas de rapports avec Banny. Malgré nos nombreux courriers, Banny n’a jamais été à nos côtés. Banny n’a jamais soutenu les victimes pour obtenir le minimum, ne serait-ce que pour les soigner. Banny n’a jamais soutenu les victimes, pour obtenir une prise en charge scolaire pour les orphelins, Banny n’a jamais soutenu les victimes, concernant les veuves ne serait-ce que des aides pour améliorer leur quotidien. Lors des exhumations des corps, les parents meurtris, parlaient à coté de nous. Vous comprenez, il n’est jamais là. Mais, nous voyons Banny sur tous les fronts, envoyés des émissaires au Togo, au Libéria. Et pire venir avec notre bourreau, le commandant Abehi, le présenter à la télé comme un trophée. Qu’est-ce-qui s’est passé ? Abehi est sorti. (Ndlr : du pays) Les victimes en ont gros sur le cour contre la CDVR, qui est le fruit de nos doléances. On parle de réconciliation parce que les victimes ont toléré.
Avez-vous un message particulier aux victimes ?

Je demande aux victimes de ne pas perdre espoir, de faire confiance au collectif des victimes qui s’est engagé à leurs côtés. Nous allons nous battre. Nous ne ménagerons aucun effort pour obtenir tout ce à quoi ils ont droit, à savoir le droit à assistance sociale, à une assistance scolaire, à une assistance médicale.
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