Face au défi du changement climatique, le coton africain qui se trouve menacé, est loin d’avoir trouvé la solution idoine.
Près de 25 millions d’Africains tirent une part importante de leurs revenus de la filière cotonnière. Et pourtant, cette spéculation qui a éprouvé d’énormes difficultés, reste vulnérable. Ce qui a pour effet d’impacter négativement, notamment sur les revenus des producteurs. L’une des causes de cette situation est le changement climatique. C’est pourquoi, les douzièmes journées de l’Association cotonnière africaine (Aca), tenues à Yamoussoukro, les 13 et 14 mars derniers, ont placé au cœur des débats, ‘’le coton africain face au défi du changement climatique’’. A cette occasion, le président par intérim de l’Aca, Sissoko Salif Abdoulaye, a relevé les conséquences néfastes du changement climatique dans toutes les quatre régions de l’Afrique.
La baisse de la production
Ce phénomène se manifeste essentiellement par l’augmentation de la température, la baisse et l’irrégularité de la pluviométrie, la dégradation des sols, la résurgence des ravageurs, la perte de la qualité du coton. Le Burkina-Faso, premier producteur du coton du continent avec plus de 700.000 tonnes, n’est pas épargné par la ‘’colère’’ de dame nature. Selon Yacouba Koura de l’Union nationale des producteurs du Burkina (Unpcb), le problème est réel dans son pays. « Durant la période des semis, les pluies mal reparties causent d’énormes soucis aux producteurs. En outre, les arrêts des pluies ont un impact négatif sur la maturité du coton », s’est-il lamenté. Selon ce producteur, le coton est le troisième consommateur d’eau d’irrigation de la planète, après le riz et le blé, avant le maïs et les fruits et légumes. « Il faut, selon les techniques utilisées, entre 7 000 et 29 000 litres d’eau pour produire un kilogramme de coton, alors que 900 litres seulement sont nécessaires pour un kilogramme de blé et 1 900 litres pour un kilogramme de riz », fait-il savoir. Et d’ajouter que dans un tel contexte, les changements de saisons nuisent aux producteurs. Tabé Bio Seko, responsable commercial de la Société nationale pour la production agricole (Sonapra), entreprise publique en charge de cette filière au Bénin, a déploré les effets du changement climatique dans son pays. « Depuis décembre, il y a plus de cinq pluies. Ce qui est source de problèmes pour les égreneurs. L’année dernière, aux mois de juin-juillet, il ne pleuvait pas au moment où les producteurs attendaient la pluie », soulignera-t-il. En Côte d’Ivoire, les planteurs se plaignent également des modifications de saisons. C’est Sekongo O. de Korhogo qui a exprimé au mieux cette préoccupation. « Il ne pleut plus durant la période de semis. Du coup, il faut plus de pesticides pour faire face aux ravageurs », va-t-il avancer. Or, ajoutera-t-il, le coût des intrants revient cher aux planteurs. Le constat est là. Avec les manifestations du changement climatique, la production mondiale du coton connaît une baisse. De 28 millions T en 2011/ 2012, elle est passée à 26,8 millions T en 2012/2013 contre 25,75 millions T en 2013/2014. La projection pour 2014/ 2015 est de 24,8 millions T. S’agissant de l’Afrique, la production était de 1,4 million T en 2012/2013, soit 5,4% de la production mondiale.
Les producteurs sans solution
Celle de la campagne 2013/2014 est estimée à 1,3 million T. Certes, la Côte d’Ivoire, troisième producteur africain derrière le Burkina-Faso et le Mali, avec une prévision de 365.000 T pour 2013/ 2014, contre 352.000 T en 2012-2013, connaît une hausse. Mais, force est de noter que l’Etat veut booster sa production jusqu’à atteindre 500.000 T en 2015/ 2016. Cela afin de répondre aux besoins des usiniers. Pour ce faire, il faut, entre autres, trouver la solution au phénomène climatique. Les douzièmes journées de l’Aca n’ont rien apporté à la recherche de solutions au changement climatique, dans la culture du coton. « Nous sommes venus pour poser le problème et lancer les débats sur cette question », a affirmé Ali Mohamed Abdala, nouveau président du bureau mis sur pied au terme de ce rendez-vous. Pour lui, une préoccupation aussi importante ne pouvait être vidée pendant deux jours. Cependant, cette rencontre a envisagé quatre pistes de solutions en vue de faire face à ce phénomène. Il s’agit d’une synergie d’actions régionales dans la sensibilisation des gouvernants et des populations sur les changements climatiques et leurs conséquences. Il y a, en outre, le suivi des données climatiques et météorologiques, la mise en place des variétés adaptées et la réadaptation des itinéraires techniques. Enfin, les experts ont proposé la valorisation des producteurs face au changement climatique. Maigre moisson tout de même ! Face au danger qui se profile à l’horizon, l’organe de régulation de la filière, le Conseil du coton et de l’anacarde, ne reste pas les bras croisés. Intervenant au cours de ces journées, Simplice Gué, agroéconomiste au Conseil du coton et de l’anacarde, a insisté pour dire que l’Etat ivoirien met l’accent sur la recherche, dans sa quête de solutions contre le phénomène climatique. « Le Conseil travaille à la recherche de nouvelles variétés, accessibles aux producteurs et permettant de résister aux variations pluviométriques », a-t-il révélé. Selon lui, la réforme du secteur initiée depuis le 23 mars 2013 par le gouvernement, n’a pas omis d’intégrer cette nouvelle donne. M. Agué a donc rassuré les producteurs quant à la volonté de l’Etat de favoriser l’accès à l’eau et aux intrants. Il a appelé les investisseurs à s’intéresser à ce secteur prépondérant dans les zones nord et centre, pour lequel l’Etat veut relancer les unités de deuxième et troisième transformations, par la mise en place de stratégies concertées de sécurisation de l’approvisionnement en fibres et graines.
Ahua K.
Près de 25 millions d’Africains tirent une part importante de leurs revenus de la filière cotonnière. Et pourtant, cette spéculation qui a éprouvé d’énormes difficultés, reste vulnérable. Ce qui a pour effet d’impacter négativement, notamment sur les revenus des producteurs. L’une des causes de cette situation est le changement climatique. C’est pourquoi, les douzièmes journées de l’Association cotonnière africaine (Aca), tenues à Yamoussoukro, les 13 et 14 mars derniers, ont placé au cœur des débats, ‘’le coton africain face au défi du changement climatique’’. A cette occasion, le président par intérim de l’Aca, Sissoko Salif Abdoulaye, a relevé les conséquences néfastes du changement climatique dans toutes les quatre régions de l’Afrique.
La baisse de la production
Ce phénomène se manifeste essentiellement par l’augmentation de la température, la baisse et l’irrégularité de la pluviométrie, la dégradation des sols, la résurgence des ravageurs, la perte de la qualité du coton. Le Burkina-Faso, premier producteur du coton du continent avec plus de 700.000 tonnes, n’est pas épargné par la ‘’colère’’ de dame nature. Selon Yacouba Koura de l’Union nationale des producteurs du Burkina (Unpcb), le problème est réel dans son pays. « Durant la période des semis, les pluies mal reparties causent d’énormes soucis aux producteurs. En outre, les arrêts des pluies ont un impact négatif sur la maturité du coton », s’est-il lamenté. Selon ce producteur, le coton est le troisième consommateur d’eau d’irrigation de la planète, après le riz et le blé, avant le maïs et les fruits et légumes. « Il faut, selon les techniques utilisées, entre 7 000 et 29 000 litres d’eau pour produire un kilogramme de coton, alors que 900 litres seulement sont nécessaires pour un kilogramme de blé et 1 900 litres pour un kilogramme de riz », fait-il savoir. Et d’ajouter que dans un tel contexte, les changements de saisons nuisent aux producteurs. Tabé Bio Seko, responsable commercial de la Société nationale pour la production agricole (Sonapra), entreprise publique en charge de cette filière au Bénin, a déploré les effets du changement climatique dans son pays. « Depuis décembre, il y a plus de cinq pluies. Ce qui est source de problèmes pour les égreneurs. L’année dernière, aux mois de juin-juillet, il ne pleuvait pas au moment où les producteurs attendaient la pluie », soulignera-t-il. En Côte d’Ivoire, les planteurs se plaignent également des modifications de saisons. C’est Sekongo O. de Korhogo qui a exprimé au mieux cette préoccupation. « Il ne pleut plus durant la période de semis. Du coup, il faut plus de pesticides pour faire face aux ravageurs », va-t-il avancer. Or, ajoutera-t-il, le coût des intrants revient cher aux planteurs. Le constat est là. Avec les manifestations du changement climatique, la production mondiale du coton connaît une baisse. De 28 millions T en 2011/ 2012, elle est passée à 26,8 millions T en 2012/2013 contre 25,75 millions T en 2013/2014. La projection pour 2014/ 2015 est de 24,8 millions T. S’agissant de l’Afrique, la production était de 1,4 million T en 2012/2013, soit 5,4% de la production mondiale.
Les producteurs sans solution
Celle de la campagne 2013/2014 est estimée à 1,3 million T. Certes, la Côte d’Ivoire, troisième producteur africain derrière le Burkina-Faso et le Mali, avec une prévision de 365.000 T pour 2013/ 2014, contre 352.000 T en 2012-2013, connaît une hausse. Mais, force est de noter que l’Etat veut booster sa production jusqu’à atteindre 500.000 T en 2015/ 2016. Cela afin de répondre aux besoins des usiniers. Pour ce faire, il faut, entre autres, trouver la solution au phénomène climatique. Les douzièmes journées de l’Aca n’ont rien apporté à la recherche de solutions au changement climatique, dans la culture du coton. « Nous sommes venus pour poser le problème et lancer les débats sur cette question », a affirmé Ali Mohamed Abdala, nouveau président du bureau mis sur pied au terme de ce rendez-vous. Pour lui, une préoccupation aussi importante ne pouvait être vidée pendant deux jours. Cependant, cette rencontre a envisagé quatre pistes de solutions en vue de faire face à ce phénomène. Il s’agit d’une synergie d’actions régionales dans la sensibilisation des gouvernants et des populations sur les changements climatiques et leurs conséquences. Il y a, en outre, le suivi des données climatiques et météorologiques, la mise en place des variétés adaptées et la réadaptation des itinéraires techniques. Enfin, les experts ont proposé la valorisation des producteurs face au changement climatique. Maigre moisson tout de même ! Face au danger qui se profile à l’horizon, l’organe de régulation de la filière, le Conseil du coton et de l’anacarde, ne reste pas les bras croisés. Intervenant au cours de ces journées, Simplice Gué, agroéconomiste au Conseil du coton et de l’anacarde, a insisté pour dire que l’Etat ivoirien met l’accent sur la recherche, dans sa quête de solutions contre le phénomène climatique. « Le Conseil travaille à la recherche de nouvelles variétés, accessibles aux producteurs et permettant de résister aux variations pluviométriques », a-t-il révélé. Selon lui, la réforme du secteur initiée depuis le 23 mars 2013 par le gouvernement, n’a pas omis d’intégrer cette nouvelle donne. M. Agué a donc rassuré les producteurs quant à la volonté de l’Etat de favoriser l’accès à l’eau et aux intrants. Il a appelé les investisseurs à s’intéresser à ce secteur prépondérant dans les zones nord et centre, pour lequel l’Etat veut relancer les unités de deuxième et troisième transformations, par la mise en place de stratégies concertées de sécurisation de l’approvisionnement en fibres et graines.
Ahua K.