La nouvelle fait en ce moment le tour du monde. C’est maintenant une réalité. Charles Blé Goudé, le leader des jeunes patriotes, est désormais un pensionnaire de quartier pénitencier de Scheveningen à La Haye. Il vient ainsi grossir le rang des célèbres prisonniers de la Cour pénale internationale que sont Jean-Pierre Bemba, Thomas Lubanga, Germain Katanga ou encore Laurent Gbagbo. Retour sur un transfèrement sous haute sécurité.
Tout commence le vendredi dernier tôt le matin. Charles Blé Goudé quitte sa « résidence protégée » pour la cellule spéciale d’enquête d’Abidjan. Ici, tout le monde est en branle pour accueillir le leader des jeunes patriotes. Le procureur de la République, le juge Adou Richard est également présent. Il reçoit le président du Cojep dans l’un des bureaux du siège de la Cellule d’enquête. L’audition peut commencer. Après plusieurs minutes d’audition, le célèbre prévenu est conduit ensuite au Palais de justice du Plateau où l’attend le procureur général, le juge Ali Yéo. Le périmètre est bouclé par un gros détachement des forces de l’ordre. L’accès est interdit à toutes les personnes étrangères au temple de Thémis. Certains amis et proches de l’ancien Secrétaire général de la FESCI tentent de forcer le dispositif sécuritaire mis en place. Mais les contrevenants sont refoulés par la cohorte de gendarmes et de policiers qui veillent au grain. Charles Blé Goudé arrive au Palais de Justice. Il est accueilli dans ses bureaux par le procureur général. Il y est encore auditionné, conformément à la procédure. Cette étape franchie, l’ancien président du Cojep est ensuite conduit devant la Chambre d’accusation. En présence de ses avocats, les juges de la Chambre d’accusation statuent sur la décision de transfèrement du « génie du Kpo ». Ses avocats essayent une ultime tentative de faire échouer le transfèrement. « La Chambre d’accusation n’est pas habilité à décider du transfert d’un citoyen ivoirien devant une juridiction étrangère », argumentent-ils. Après deux heures d’échanges, les juges de la Chambre d’accusation tranchent. La décision du Gouvernement ivoirien de transférer Charles Blé Goudé à La Haye est recevable. Après les formalités d’usage, Blé Goudé est remis aux greffes de la Cour pénale internationale, en présence d’un représentant du Gouvernement ivoirien. Certains journaux et sites Internet annoncent que l’ex-leader des Jeunes Patriotes est dans les airs. Rumeurs et méprise. La journée a été longue, en effet. Au moment où Charles Blé Goudé sort du Palais de justice, il fait tard.
Compte tenu de l’heure avancée, les autorités préfèrent attendre le lendemain pour le transfèrement. Les formalités administratives se poursuivent entre le ministère de la Justice et la présidence ivoirienne, jusque tard dans la nuit. Tout est bouclé vers 22 heures. A partir de ce moment, Blé Goudé n’est plus sous le contrôle du gouvernement ivoirien. Mais, des greffes de la CPI chargé de le conduire jusqu’à La Haye. Le lendemain samedi, après quelques heures d’attente, un avion privé, de type Grumann 3, attend sur le tarmac de la Base aérienne (ex-GATL), jouxtant l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët. Un avion affrété par les autorités belges pour exécuter le mandat de la CPI. En conformité avec le Traité de Rome qui stipule en ses articles 86 et 87 que les Etats membres du Traité ont une obligation de coopérer avec la Cour pénale internationale. Charles Blé Goudé quitte en toute discrétion son lieu de détention jusqu’à l’aéroport sous escorte des agents de sécurité de la CPI, soutenus par des éléments encagoulés des forces spéciales ivoiriennes.
L’oiseau de fer décolle de l’aéroport d’Abidjan peu avant midi. Mais l’avion a dû faire une escale technique dans un pays du Maghreb pour se ravitailler en carburant. Finalement, c’est autour de minuit quarante minutes que le « ministre de la rue » des heures chaudes de la crise ivoirienne est arrivé à La Haye. Charles Blé Goudé rejoint ainsi son mentor Laurent Gbagbo au centre pénitentiaire de Scheveningen. Mais les deux hommes, même s’ils sont logés dans la même aile, ne pourront pas, pour le moment, avoir des contacts. En tout cas pas avant plusieurs semaines, selon le bon vouloir des juges. Ainsi se referme une page de l’histoire de ce jeune agitateur, père de « l’Article 125 ». Une autre page s’ouvre. Celle-là, sera écrite par les juges de la CPI.
Jean-Claude Coulibaly
Tout commence le vendredi dernier tôt le matin. Charles Blé Goudé quitte sa « résidence protégée » pour la cellule spéciale d’enquête d’Abidjan. Ici, tout le monde est en branle pour accueillir le leader des jeunes patriotes. Le procureur de la République, le juge Adou Richard est également présent. Il reçoit le président du Cojep dans l’un des bureaux du siège de la Cellule d’enquête. L’audition peut commencer. Après plusieurs minutes d’audition, le célèbre prévenu est conduit ensuite au Palais de justice du Plateau où l’attend le procureur général, le juge Ali Yéo. Le périmètre est bouclé par un gros détachement des forces de l’ordre. L’accès est interdit à toutes les personnes étrangères au temple de Thémis. Certains amis et proches de l’ancien Secrétaire général de la FESCI tentent de forcer le dispositif sécuritaire mis en place. Mais les contrevenants sont refoulés par la cohorte de gendarmes et de policiers qui veillent au grain. Charles Blé Goudé arrive au Palais de Justice. Il est accueilli dans ses bureaux par le procureur général. Il y est encore auditionné, conformément à la procédure. Cette étape franchie, l’ancien président du Cojep est ensuite conduit devant la Chambre d’accusation. En présence de ses avocats, les juges de la Chambre d’accusation statuent sur la décision de transfèrement du « génie du Kpo ». Ses avocats essayent une ultime tentative de faire échouer le transfèrement. « La Chambre d’accusation n’est pas habilité à décider du transfert d’un citoyen ivoirien devant une juridiction étrangère », argumentent-ils. Après deux heures d’échanges, les juges de la Chambre d’accusation tranchent. La décision du Gouvernement ivoirien de transférer Charles Blé Goudé à La Haye est recevable. Après les formalités d’usage, Blé Goudé est remis aux greffes de la Cour pénale internationale, en présence d’un représentant du Gouvernement ivoirien. Certains journaux et sites Internet annoncent que l’ex-leader des Jeunes Patriotes est dans les airs. Rumeurs et méprise. La journée a été longue, en effet. Au moment où Charles Blé Goudé sort du Palais de justice, il fait tard.
Compte tenu de l’heure avancée, les autorités préfèrent attendre le lendemain pour le transfèrement. Les formalités administratives se poursuivent entre le ministère de la Justice et la présidence ivoirienne, jusque tard dans la nuit. Tout est bouclé vers 22 heures. A partir de ce moment, Blé Goudé n’est plus sous le contrôle du gouvernement ivoirien. Mais, des greffes de la CPI chargé de le conduire jusqu’à La Haye. Le lendemain samedi, après quelques heures d’attente, un avion privé, de type Grumann 3, attend sur le tarmac de la Base aérienne (ex-GATL), jouxtant l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët. Un avion affrété par les autorités belges pour exécuter le mandat de la CPI. En conformité avec le Traité de Rome qui stipule en ses articles 86 et 87 que les Etats membres du Traité ont une obligation de coopérer avec la Cour pénale internationale. Charles Blé Goudé quitte en toute discrétion son lieu de détention jusqu’à l’aéroport sous escorte des agents de sécurité de la CPI, soutenus par des éléments encagoulés des forces spéciales ivoiriennes.
L’oiseau de fer décolle de l’aéroport d’Abidjan peu avant midi. Mais l’avion a dû faire une escale technique dans un pays du Maghreb pour se ravitailler en carburant. Finalement, c’est autour de minuit quarante minutes que le « ministre de la rue » des heures chaudes de la crise ivoirienne est arrivé à La Haye. Charles Blé Goudé rejoint ainsi son mentor Laurent Gbagbo au centre pénitentiaire de Scheveningen. Mais les deux hommes, même s’ils sont logés dans la même aile, ne pourront pas, pour le moment, avoir des contacts. En tout cas pas avant plusieurs semaines, selon le bon vouloir des juges. Ainsi se referme une page de l’histoire de ce jeune agitateur, père de « l’Article 125 ». Une autre page s’ouvre. Celle-là, sera écrite par les juges de la CPI.
Jean-Claude Coulibaly