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Économie Publié le mercredi 26 mars 2014 | AFP

Le karité: quand les crèmes anti-âge des Occidentales redonnent espoir à des millions d’Africaines

© AFP Par Saliou Amah
Cérémonie d’ouverture de la conférence mondiale Karité 2014
Lundi 24 mars 2014. Abidjan. La Côte d`Ivoire abrite l’édition 2014 de la conférence mondiale sur le karité
Le karité, arbre poussant uniquement en Afrique et dont les fruits sont de plus en plus demandés par les industries alimentaire et surtout cosmétique, apparaît comme un réel instrument de développement dans une vingtaine de pays africains.
Le karité est récolté uniquement par les femmes. Seize millions d’Africaines vivent aujourd’hui de sa récolte, ou plutôt survivent,
essentiellement en milieu rural, selon l’Alliance globale du karité (AGK), qui tient congrès de lundi à mercredi à Abidjan.
Les marchés occidentaux en sont grands consommateurs. Le beurre de karité, utilisé dans l’alimentaire, entre de plus en plus dans la composition de crèmes ou de shampoings, en raison de ses vertus hydratantes.
Sa zone de production va de l’est à l’ouest de l’Afrique, soit de l’Ethiopie au Sénégal, et descend jusqu’à la République démocratique du Congo. Ce qui correspond à la plus importante ceinture de sous-développement au monde.
Partout où il est produit, le karité, "source de revenus substantiels",
selon Mamadou Sangafowa Coulibaly, le ministre ivoirien de l’Agriculture, fait reculer la pauvreté.
Dans le nord du Ghana, bien moins aisé que le sud du pays, il "aide
beaucoup à l’indépendance financière des femmes", observe Stephanie Green,
responsable marketing pour la société ghanéenne SeKaf, qui produit du karité à des fins cosmétiques.
Grâce à l’argent gagné, celles-ci "créent des petits commerces" dans les villages, ce qui permet d’"éradiquer" l’indigence, raconte-t-elle.
Le karité est au centre d’enjeux "économiques et sociaux" car il permet de
"tirer vers le haut l’économie rurale", remarque Christophe Godard, qui
travaille au Burkina Faso pour le compte du groupe oléagineux français Olvéa.
De nombreuses entreprises dites de "commerce équitable" oeuvrent de fait
dans le karité, une pousse considérée parfois comme mystique qui ne déparerait
pas dans des contes africains.
Le karité est un arbre de savane, sauvage, qui peut faire jusqu’à 20 m de haut mais ne peut être planté. Mais il peut survivre à des incendies et sécheresses et vivre plusieurs centaines d’années. Il ne donne des fruits qu’au bout de 25 ans, une fois toutes les trois saisons, selon l’AGK.
La noix de karité est composée d’une coque dans laquelle est enfermée
l’amande dont on peut extraire le beurre de karité.

- "Priorité" -

Quelque 600.000 tonnes d’amandes sont produites chaque année en Afrique.
Les deux tiers de ces récoltes sont exportées vers l’Europe, pour un chiffre
d’affaire annuel de plus de 300 milliards de FCFA (458 millions d’euros). Le
reste est consommé localement.
La demandé de karité s’accroît "aussi bien sur le marché national
qu’international", se réjouit le ministre de l’Agriculture ivoirien, qui
devant ces "belles perspectives", souhaite faire de la filière "une priorité".
La Côte d’Ivoire est le cinquième producteur mondial, avec 40.000 tonnes
l’an et un potentiel estimé par Mamadou Sangafowa Coulibaly à 150.000 tonnes.
Mais la qualité des récoltes est problématique, déplore Aminata Coulibaly
Barry, qui encadre des femmes productrices de karité au Mali. Or "la qualité
est un sésame pour avoir un accès au marché (...) et aider à réduire la
pauvreté", observe-t-elle.
Konté Diarratouma, en charge du projet national karité au Mali, appelle
ainsi à "un rassemblement de tous les pays producteurs" pour "imposer la
qualité".
Au Mali, le "faible niveau d’organisation des acteurs" pourrait être amélioré et les "moyens logistiques" "modernisés" pour obtenir "un karité
compétitif sur le marché international" estime-t-elle.
Autres progrès à faire, "la domestication de l’arbre du karité et
l’amélioration du taux de transformation doivent constituer des priorités",
avertit de son côté Stéphanie Green, employée de SeKaf, ajoutant que le parc à
karité devient "vieillissant".
Ce qui n’entame pas l’optimisme d’autres acteurs, tel Christophe Godard, d’Olvéa, pour qui "la ressource" est "largement suffisante pour l’ensemble des acteurs de cette filière".
"A peine la moitié des fruits du karité sont aujourd’hui ramassés",
commente M. Godard, qui qualifie de "belles" les perspectives du karité. Seize
millions d’Africaines peuvent donc espérer un futur meilleur grâce à ce que
certaines appellent "l’or des femmes".

ck-jf/de/jpc
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