On s’y attendait un peu. Hier, lors de sa première comparution devant la Cour pénale internationale (Cpi), Charles c a ‘’plaidé’’ non coupable. C’est comme s’il n’avait rien à voir avec tout ce qu’on lui reproche et qui lui vaut aujourd’hui d’être dans cette juridiction. «Je ne veux pas être libre de mes mouvements physiques pendant que ma conscience innocente, accusée à tort d’être à la base de tous les torts pleure, au-dedans de moi », a-t-il fait observer aux juges. Comme pour leur dire qu’il a toujours été disposé à se présenter à eux, pour se défendre des accusations portées contre lui. C’est selon toute vraisemblance cette ligne de défense qu’il va adopter durant la longue procédure qui l’attend. Mieux, dans la procédure qui ne fait que débuter, l’ancien président du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep), va se présenter comme une victime de la crise ivoirienne. Il a donné le ton, hier. « Je n’ai pas été remis à la Cpi dans les normes. J’ai été arrêté de manière cavalière, surpris dans mon sommeil et amené manu militari au Bureau national d’investigation (au Ghana, ndlr), ensuite mis dans un véhicule sans qu’on me dise où on m’amène. Et c’est après que je me suis rendu compte qu’on me ramène en Côte d’Ivoire », a-t-il accusé, face aux juges de la Cpi. « (…) j’ai été réveillé le 21 mars à minuit, on m’a bandé les yeux, on m’a mis une cagoule, on m’a mis dans un véhicule. De minuit jusqu’au petit matin, j’étais assis dans une chaise, les yeux bandés, la tête encagoulée (…) C’est comme ça que j’ai été amené le lendemain à la Cpi », a insisté l’ancien secrétaire général controversé de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Selon ses dires, il aurait suffi aux autorités ivoiriennes de lui demander de se rendre, qu’il l’aurait fait bien volontiers. «Les choses pouvaient se faire dans les règles de l’art (…) J’estime qu’on peut faire la politique avec élégance, avec sagesse », a argué l’ancien chef des ‘’jeunes patriotes’’. Des propos qui font dire à Alpha Sidibé, parent de victime de la barbarie des partisans de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, que « Blé Goudé est un comédien doublé d’un fieffé menteur. Il était sous sanction de l’Onu, mais il a pris une fausse identité pour quitter le pays pour se réfugier dans la sous-région où il changeait fréquemment de lieu de résidence. Tout ça parce qu’il se reproche quelque chose. Les partisans de M. Gbagbo qui ne se reprochaient rien, comme Gervais Coulibaly, sont rentrés au premier appel du régime Ouattara ». Toutefois, pour lui, toute cette « comédie » de Charles Blé Goudé ne va pas émouvoir les juges de la Cpi. « Aujourd’hui, il veut se faire passer pour une victime, mais la Cpi sait faire la différence entre les victimes et les bourreaux. Ils ne vont pas se laisser émouvoir par le discours de Blé Goudé », a-t-il soutenu. « Il raconte qu’il est maltraité, qu’il a eu les yeux bandés durant toute sa détention et malgré cela, il a pu poser, dans plusieurs postures, pour les photographes, c’est vraiment incroyable », a ironisé M. Kouassi, militant du Rassemblement des républicains (Rdr) d’Abobo. « C’est un prisonnier cinq étoiles, habitué à manger du caviar, quand Gbagbo était Président, qui a eu mal quand on lui a présenté une soupe avec quelques morceaux de viandes. Quel dommage ! Si les différentes victimes de Blé Goudé, depuis 2003 jusqu’à celles de 2011, avaient eu ce privilège de n’avoir pas été tuées et de manger cette soupe, elles lui auraient fait beaucoup de bénédiction ! », a ajouté M. Kouassi. Toutefois, Alpha Sidibé se dit persuadé que Blé Goudé ne sait pas encore ce qui l’attend réellement, vu le ton vindicatif qu’il a utilisé lors de sa comparution. « La vérité, c’est qu’il est bien dans le box des accusés. Gbagbo a fait mieux que lui, mais il est toujours dans la prison de la Cpi », a analysé cet interlocuteur. « Ça ne fait que commencer et j’espère que dans cinq mois, dans deux ou trois ans, toujours dans le box des accusés, il aura toujours la même verve », a-t-il soutenu.
M. Dossa
M. Dossa