Il nous revient de façon récurrente que le village appelé Akawa dans le royaume N’drahanouan, (canton N’drahanouan depuis la colonisation), s’apprête à introniser comme prince un de ses fils, Brou N’guessan Jean-Paul pendant le week-end pascal. Cette intronisation devient un évènement capital surtout qu’elle a lieu dans ledit canton, considéré à juste titre comme le point de départ des Baoulés vers les autres régions.
Chez les Akans, en général, et le peuple Baoulé en particulier, l’on intronise un prince comme Roi, mais jamais un individu n’est intronisé pour devenir Prince. Peut-être que le village d’Akwa veut-il inaugurer une nouvelle voie d’accès au trône de nos ancêtres. Sinon pour le commun des mortels, le Prince naît d’un Roi ou d’une Reine. C’est une question de naissance et le but de cette contribution est d’amener le frère Brou N’guessan Jean-Paul et les organisateurs de cette cérémonie d’intronisation à nous instruire sur le sens profond et les motivations de leur démarche.
En effet, c’est d’un chef, sage, fort, respecté et non d’un ‘‘usurpateur’’ aux ambitions demésurées et non justifiées que les populations du canton N’drahanouan ont besoin pour que celui-ci ait droit de cité parmi ses pairs. Toutes les personnes qui suivent le cours de la vie dans notre canton, savent que dans la plupart de ceux-ci, il n’existe plus aujourd’hui de successeurs dans la lignée classique qui est la lignée matrilinéaire. Mais les Rois ou Chefs qu’ils se donnent, sont issus des familles traditionnelles qui dirigent depuis toujours ces cantons.
Pour le Canton N’drahanouan, la généalogie dont nous disposons, s’inscrit en faux contre les prétentions de Brou N’guessan Jean-Paul.
Sans entrer dans les détails de cette généalogie, il est bon de savoir que Dame Amenan Kpli, dont se réclame notre futur « prince » a eu pour époux un certain Assan, avec lequel elle a eu de nombreux enfants dont Assan Affoué. Qui, à son tour, a engendré Akouama. Nous verrons plus loin comment cette dernière est arrivée dans le village de Oko, situé au sud-est du département de Bouaké.
Nous avons cité dame Amenan Kpli, parce que notre fameux « prince » affirme que c’est elle qui aurait créé sa lignée royale. En admettant que cette assertion soit vraie, ce qui est loin d’être le cas, la question qui nous vient à l’esprit est de savoir comment cette dame peut-elle être de la lignée royale du N’drahanouan ? Alors que nous ne trouvons point de trace d’elle dans la succession de Rois qui ont dirigé ce royaume.
En effet, depuis son érection sur les bords de la rivière N’drahan-Ba, le canton a été dirigé, jusqu’à la mort de Nanan Amon Yobouët, par quatorze (14) souverains, après la Reine Abla Pokou. Il s’agit de Mlan Kpangui, Lokôssè (épouse d’Asssandrè Eboua, celui-là même qui a participé à la médiation qui devait ramener Abla Pokou et les siens au bercail). Ensuite viennent Mlan Kanou 1er, Ebouët Kassou, Ebouët Amenan, Mlan Ebouët 1er, Apindrin Mlan, Mlan Ebouët II, Mlan Kanou II, Koffi Moungo, N’gatta Ebouët, Amoin Kanou, Yao Kouamé Zroa et enfin Amon Yobouët. Alors de quel souverain Brou N’guessan Jean-Paul tient-il sa « royauté ? ». L’histoire nous apprend aussi, avec certitude, que dame Akouama, petite fille de Amenan Kpli a été dotée, selon un rite spécial en pays baoulé dénommé « Atô-n’vlè », par le sieur N’guessan Kouassi, fils de Oko N’guessan du village de Oko, pour la donner en mariage à son fils Kouassi N’dri, en première noce. De ce premier mariage, il n’y a pas eu d’enfants.
Après le décès de ce dernier, dame Akouama fut remariée, en seconde noces, pour repecter le rite « atô-n’vlè », au sieur Koffi Ahondè, un parent de son époux défunt. De cette union va naître, entre autres enfants, Koffi Aya, qui, elle-même va se marier à Djè Kouadio pour donner naissance à plusieurs enfants dont une fille appelée Kouadio Affoué (arrière-grand-mère de Brou N’guessan Jean-Paul).
Il est généralement reconnu que chez les Baoulés, la succession se transmet selon la lignée matrilinéaire (seuls les enfants nés des sœurs succèdent à leurs oncles). Il arrive que cette lignée matrilinéaire s’éteigne. Dans ce cas, l’on peut la faire renaître selon le rite « atô-n’vlè ».
Le rite « atô-n’vlè » consiste, pour celui qui apporte la dot, à offrir à la famille de la fille à marier de l’or, divers autres biens et des présents de valeurs. La fille dotée, selon ce rite, est coupée pour toujours de sa famille d’origine. Elle intègre alors, avec sa descendance, celle de son mari, avec tous les avantages liés à ce statut qui lui donne le droit de recevoir en héritage des terres, de l’or et du cheptel, etc, de son mari ou de la famille de celui-ci. Voilà pourquoi, lorsque le mari décède, la famille la remarie à un autre de ses membres.
Dans le cas précis de dame Akouama, elle a reçu de sa nouvelle famille quatre (4) terres. A savoir, Kongoti, Alomabo, Ahossé et N’galiwa. Brou N’guessan Jean-Paul peut-il nous expliquer autrement que par la dot de son aïeule, dame Akouama, peut-il être en possession, aujourd’hui, de par sa descendance, de ces terres à Oko ?
Notre « prince » trouve-t-il normal et admissible qu’une reine (en l’occurrence Amenan Kpli), cède sa fille, héritière du trône du royaume de N’drahanouan, à une autre famille qui elle n’appartient pas ni de près, ni de loin, à la lignée des Rois que nous avons dénombrée ci-haut ? Et si l’ancêtre de dame Amenan Kpli n’est pas noble, comment Brou N’guessan Jean-Paul, peut-il l’être ? Paradoxe des paradoxes !
En vérité, le dècès de Nanan Amon Yobouët, en novembre 1994, a éteint la lignée matrilinéaire de la famille royale du canton N’drahanouan. Et ce décès a ouvert, pour la première fois la succession à un membre de la lignée patrilinéaire, en la personne de Nanan Lattai Kouassi qui, après son décès a été remplacé par Nanan Konan Konan Julien, l’actuel Souverain de notre canton. Pourquoi le « prince » Brou N’guessan Jean-Paul ne s’était-il pas présenté à la succession de Nanan Amon Yobouët ?
Il résulte de tout ce qui précède que Brou N’guessan Jean-Paul, n’est d’aucune famille de nobles, comme il le veut le faire croire. Nous sommes confortés dans notre position par la sagesse de ses oncles, tantes et cousins, encore vivants, qui ne se reconnaissent ni de près, ni de loin dans les prétentions et agissements de ce dernier.
Trop, c’est trop. Le canton N’drahanouan, a mieux à faire que de se laisser berner par des contrevérités et la défiance vis-à-vis de l’autorité établie. Toutefois, il importe de denoncer et de condamner les prétentions mal fondées de Brou N’guessan Jean-Paul. Car, si elles prospèrent, ce sera la porte ouverte à toutes sortes de dérives, avec pour conséquences inéluctablement, la déstabilisation du canton N’drahanouan, cher au peuple baoulé dans son ensemble. Nous devons, au contraire, chercher à promouvoir la fraternité, l’entente, la cohésion et l’unité au niveau de notre canton. Ce canton qui a tant besoin de tous ses fils et filles pour son développement économique, social et culturel harmonieux.
Un sachant de la lignée
yanacybamene@yahoo.fr
Chez les Akans, en général, et le peuple Baoulé en particulier, l’on intronise un prince comme Roi, mais jamais un individu n’est intronisé pour devenir Prince. Peut-être que le village d’Akwa veut-il inaugurer une nouvelle voie d’accès au trône de nos ancêtres. Sinon pour le commun des mortels, le Prince naît d’un Roi ou d’une Reine. C’est une question de naissance et le but de cette contribution est d’amener le frère Brou N’guessan Jean-Paul et les organisateurs de cette cérémonie d’intronisation à nous instruire sur le sens profond et les motivations de leur démarche.
En effet, c’est d’un chef, sage, fort, respecté et non d’un ‘‘usurpateur’’ aux ambitions demésurées et non justifiées que les populations du canton N’drahanouan ont besoin pour que celui-ci ait droit de cité parmi ses pairs. Toutes les personnes qui suivent le cours de la vie dans notre canton, savent que dans la plupart de ceux-ci, il n’existe plus aujourd’hui de successeurs dans la lignée classique qui est la lignée matrilinéaire. Mais les Rois ou Chefs qu’ils se donnent, sont issus des familles traditionnelles qui dirigent depuis toujours ces cantons.
Pour le Canton N’drahanouan, la généalogie dont nous disposons, s’inscrit en faux contre les prétentions de Brou N’guessan Jean-Paul.
Sans entrer dans les détails de cette généalogie, il est bon de savoir que Dame Amenan Kpli, dont se réclame notre futur « prince » a eu pour époux un certain Assan, avec lequel elle a eu de nombreux enfants dont Assan Affoué. Qui, à son tour, a engendré Akouama. Nous verrons plus loin comment cette dernière est arrivée dans le village de Oko, situé au sud-est du département de Bouaké.
Nous avons cité dame Amenan Kpli, parce que notre fameux « prince » affirme que c’est elle qui aurait créé sa lignée royale. En admettant que cette assertion soit vraie, ce qui est loin d’être le cas, la question qui nous vient à l’esprit est de savoir comment cette dame peut-elle être de la lignée royale du N’drahanouan ? Alors que nous ne trouvons point de trace d’elle dans la succession de Rois qui ont dirigé ce royaume.
En effet, depuis son érection sur les bords de la rivière N’drahan-Ba, le canton a été dirigé, jusqu’à la mort de Nanan Amon Yobouët, par quatorze (14) souverains, après la Reine Abla Pokou. Il s’agit de Mlan Kpangui, Lokôssè (épouse d’Asssandrè Eboua, celui-là même qui a participé à la médiation qui devait ramener Abla Pokou et les siens au bercail). Ensuite viennent Mlan Kanou 1er, Ebouët Kassou, Ebouët Amenan, Mlan Ebouët 1er, Apindrin Mlan, Mlan Ebouët II, Mlan Kanou II, Koffi Moungo, N’gatta Ebouët, Amoin Kanou, Yao Kouamé Zroa et enfin Amon Yobouët. Alors de quel souverain Brou N’guessan Jean-Paul tient-il sa « royauté ? ». L’histoire nous apprend aussi, avec certitude, que dame Akouama, petite fille de Amenan Kpli a été dotée, selon un rite spécial en pays baoulé dénommé « Atô-n’vlè », par le sieur N’guessan Kouassi, fils de Oko N’guessan du village de Oko, pour la donner en mariage à son fils Kouassi N’dri, en première noce. De ce premier mariage, il n’y a pas eu d’enfants.
Après le décès de ce dernier, dame Akouama fut remariée, en seconde noces, pour repecter le rite « atô-n’vlè », au sieur Koffi Ahondè, un parent de son époux défunt. De cette union va naître, entre autres enfants, Koffi Aya, qui, elle-même va se marier à Djè Kouadio pour donner naissance à plusieurs enfants dont une fille appelée Kouadio Affoué (arrière-grand-mère de Brou N’guessan Jean-Paul).
Il est généralement reconnu que chez les Baoulés, la succession se transmet selon la lignée matrilinéaire (seuls les enfants nés des sœurs succèdent à leurs oncles). Il arrive que cette lignée matrilinéaire s’éteigne. Dans ce cas, l’on peut la faire renaître selon le rite « atô-n’vlè ».
Le rite « atô-n’vlè » consiste, pour celui qui apporte la dot, à offrir à la famille de la fille à marier de l’or, divers autres biens et des présents de valeurs. La fille dotée, selon ce rite, est coupée pour toujours de sa famille d’origine. Elle intègre alors, avec sa descendance, celle de son mari, avec tous les avantages liés à ce statut qui lui donne le droit de recevoir en héritage des terres, de l’or et du cheptel, etc, de son mari ou de la famille de celui-ci. Voilà pourquoi, lorsque le mari décède, la famille la remarie à un autre de ses membres.
Dans le cas précis de dame Akouama, elle a reçu de sa nouvelle famille quatre (4) terres. A savoir, Kongoti, Alomabo, Ahossé et N’galiwa. Brou N’guessan Jean-Paul peut-il nous expliquer autrement que par la dot de son aïeule, dame Akouama, peut-il être en possession, aujourd’hui, de par sa descendance, de ces terres à Oko ?
Notre « prince » trouve-t-il normal et admissible qu’une reine (en l’occurrence Amenan Kpli), cède sa fille, héritière du trône du royaume de N’drahanouan, à une autre famille qui elle n’appartient pas ni de près, ni de loin, à la lignée des Rois que nous avons dénombrée ci-haut ? Et si l’ancêtre de dame Amenan Kpli n’est pas noble, comment Brou N’guessan Jean-Paul, peut-il l’être ? Paradoxe des paradoxes !
En vérité, le dècès de Nanan Amon Yobouët, en novembre 1994, a éteint la lignée matrilinéaire de la famille royale du canton N’drahanouan. Et ce décès a ouvert, pour la première fois la succession à un membre de la lignée patrilinéaire, en la personne de Nanan Lattai Kouassi qui, après son décès a été remplacé par Nanan Konan Konan Julien, l’actuel Souverain de notre canton. Pourquoi le « prince » Brou N’guessan Jean-Paul ne s’était-il pas présenté à la succession de Nanan Amon Yobouët ?
Il résulte de tout ce qui précède que Brou N’guessan Jean-Paul, n’est d’aucune famille de nobles, comme il le veut le faire croire. Nous sommes confortés dans notre position par la sagesse de ses oncles, tantes et cousins, encore vivants, qui ne se reconnaissent ni de près, ni de loin dans les prétentions et agissements de ce dernier.
Trop, c’est trop. Le canton N’drahanouan, a mieux à faire que de se laisser berner par des contrevérités et la défiance vis-à-vis de l’autorité établie. Toutefois, il importe de denoncer et de condamner les prétentions mal fondées de Brou N’guessan Jean-Paul. Car, si elles prospèrent, ce sera la porte ouverte à toutes sortes de dérives, avec pour conséquences inéluctablement, la déstabilisation du canton N’drahanouan, cher au peuple baoulé dans son ensemble. Nous devons, au contraire, chercher à promouvoir la fraternité, l’entente, la cohésion et l’unité au niveau de notre canton. Ce canton qui a tant besoin de tous ses fils et filles pour son développement économique, social et culturel harmonieux.
Un sachant de la lignée
yanacybamene@yahoo.fr