Belle mais capricieuse, la Coupe du monde de football a livré son verdict. Leçons d’un Mondial plein de surprises et de promesses, mais riche aussi en désillusions cruelles.
Le football est un sport qui se joue à 11, mais à la fin c’est toujours l’Allemagne qui gagne. Cette phrase Gary Lineker est symptomatique. Quelle finale Allemagne-Argentine ! Ce match à lui seul résume la belle Coupe du monde que nous avons vécue. L’opposition entre la rigueur allemande et une Argentine qui a joué par à-coups, ne remettant son salut qu’au génie de Lionel Messi a donné un grand match. Le hic, c’est que Messi n’a pas été le Messie attendu. Il a erré sur le terrain comme une âme en peine, incapable de mettre en danger les Allemands. Et il aurait été dommage que ce match finisse aux tirs au but.
Joachim Löw a gagné la bataille en faisant entrer Mario Göetze, l’homme providentiel, dans la prolongation, qui a donné une victoire logique à la Mannschaft. Quant à Sabella, il a sorti son joueur le plus dangereux en la personne du Parisien Lavezzi. Et cela a fait toute la différence. L’Allemagne a pour elle toutes les statistiques depuis 19 participations. Si elle attendait ce titre depuis 24 ans, notons qu’elle avait atteint 9 fois les demi-finales en 18 participations. Un quatrième titre pour l’Allemagne et une étiquette de loser à jamais bannie du palmarès de son coach. Et que dire de Manuel Neuer, véritable muraille infranchissable ? L’Allemagne mérite amplement son titre. Et il n’y aura eu que le Ghana et l’Algérie (les Africains) pour les Bousculer !
Le Brésil surcoté
Qui aurait pu imaginer le Brésil ne remportant pas ‟sa″ Coupe du monde ? Cette compétition censée redonner le sourire à un peuple meurtri par la crise économique, et qui n’en voulait pas du tout, a fait sombrer le peuple ‟ auriverde″ dans le tragi-comique. Par la faute de ces Allemands qui leur ont infligé leur plus lourde défaite depuis 94 ans. Éliminés sans gloire (7-1) en demies-finales, les Brésiliens n’ont pas réussi à évacuer la pression qu’ils se sont mise eux-mêmes, parfois inutilement. Et le pitoyable spectacle livré en match de classement contre la Hollande, achevait de convaincre que l’équipe de Felipao Scolari ne méritait rien.
L’absence de Neymar, quoi que préjudiciable ne saurait à elle seule expliquer ce cataclysme. Les Brésiliens ont perdu de leur génie. À trop ‟ européaniser″ leur jeu, ils ont oublié leur spontanéité et leur légèreté, en somme, tout ce qui faisait le charme de ce football si chatoyant. Le hic, c’est qu’en voulant imiter les Européens parce que les Brésiliens vont de plus en plus jeunes en Europe, ils n’ont pas eu l’efficacité des sélections du Vieux-Continent. Une leçon d’efficacité que les Allemands et les Néerlandais leur ont donnée.
Dix buts encaissés en deux matches, un jeu insipide, et un coach incapable de changer sa structure de jeu, le Brésil fut pathétique. Cette quatrième place est peut-être même ce qui pouvait arriver de mieux à cette sélection complètement surcotée. Elle aurait dû déjà être sortie en 8èmes de finales face au Chili. Sa qualification aux tirs au but était en soi un petit miracle. Mais le Christ du Corcovado ne pouvait pas faire gagner cette équipe peu méritante où Neymar n’était que l’arbre cachant la forêt de sa médiocrité.
Spray pour coups-francs et Gold Line Technology
Une des nouveautés de ce Mondial aura été l’apparition du spray pour faire respecter les 9,15m entre le mur et le ballon sur les coups-francs indirects. Une trouvaille qui a énormément aidé les arbitres quand on sait que les directeurs de jeu ont de plus en plus de mal à mettre les murs à bonne distance. D’ailleurs quelques tricheurs se sont gentiment fait rappeler à l’ordre. Ce procédé devrait être généralisé dans tous les championnats importants de football.
Quant à la Gold Line Technology, elle a permis de valider un but de la France contre le Honduras, un but qui prêtait à discussion. En attendant peut-être l’entrée de la vidéo dans le football, cette technologie réduirait les risques d’erreur des arbitres. Pas toujours évident de savoir si le ballon a vraiment franchi la ligne de but ou non sur certaines actions. Plusieurs fédérations sont aussi intéressées par ce procédé.
Van Gaal, ce génie
Louis Van Gaal est loin d’être l’entraîneur le plus sympathique qui soit. Mais cela n’empêchera pas de reconnaître que le coach néerlandais a eu du ‟pif″ en quarts de finale contre le Costa-Rica. En sortant son gardien titulaire Jesper Cillesen à la 120ème mn pour le remplacer par Tim Krul juste avant les tirs au but, il a réussi un coaching gagnant. Krul stoppe le tir au but de Keylor Navas et qualifie les Pays-Bas pour les demies. Pourtant, en arrêtant seulement 2 penalties sur 20 en Premier League avec Newcastle, on ne peut pas dire qu’il soit un spécialiste en la matière.
La Hollande, surnommée à raison nation maudite du Mondial, à cause de ses trois finales perdues, remporte une fort belle médaille de bronze. Cette jeune équipe qui a laminé le Brésil (3-0) lors de la petite finale, sera très dangereuse deux ans.
L’Afrique, championne du ridicule
Ceux qui attendaient monts et merveilles de la Cote d’Ivoire et du Cameroun en sont pour leurs frais. Les Ivoiriens incapables de jouer comme une équipe, ne sont pas sortis d’un groupe largement à leur portée. L’excès d’individualisme des uns a rivalisé avec la mauvaise foi des autres. Les « pros » Drogba qui ne jouent pas avec les « pros »Touré et vice-versa, et le pauvre Gervihno au milieu de cette pétaudière qui n’avait d’équipe que le nom. Résultat, une sortie sans gloire pour des Éléphants la trompe entre les pattes.
Les Camerounais, eux, ont poussé le ridicule entamé lors de la préparation jusque pendant le tournoi. Ils ont même touché le fond avec un Assou-Ekoto qui assène un coup de tête à son partenaire Benjamin Moukandjo au cours d’un match. Ne voulant pas être en reste, Alexandre Song se fait expulser à la 39ème mn du match contre la Croatie pour un coup de coude volontaire et sans motif sur Mario Mandzukic.
Le capitaine Samuel Éto’o n’a pas surnagé, lui qui a été incapable, sur et en dehors du terrain, de diriger ses jeunes lions indisciplinés mais domptés. Il n’a pas été non plus exempt de reproche dans son attitude personnelle. Mais lorsqu’on a vu des dirigeants camerounais se faire prendre en photo avec Neymar à la mi-temps de Brésil-Cameroun, on a compris que le ‟tourisme footballistique″ existait.
Le Ghana qui nous avait habitués à mieux, a sombré aussi dans le ridicule pour une question de primes. L’état a même été obligé de mettre de l’argent en espèces dans un avion pour payer les primes de joueurs, de la main à la main. Car, tout professionnels qu’ils soient, certains n’avaient pas de compte bancaire tandis que d’autres doutaient de l’honnêteté de leurs dirigeants.
Pire Kevin-Prince Boateng et Sulley Muntari, les plus célèbres Black stars, ont préféré se battre contre leurs coéquipiers au lieu de le faire contre leurs adversaires. Heureusement, le Nigeria et l’Algérie ont quelque peu débroussaillé la forêt de l’inconsistance africaine.
Une France prometteuse
L’équipe de France de Didier Deschamps a réussi une chose dans ce Mondial : effacer le traumatisme de Knysna et réconcilier les Français avec leur sélection. Ce qui n’est pas rien. Sortis de leur groupe avec 2 victoires et 1 nul, les Bleus ont battu le Nigeria en 8èmes de finales. Même s’ils ont perdu en quarts contre leur bête noire, l’Allemagne, les Français ont laissé entrevoir de belles dispositions dans l’optique de l’Euro 2016 que l’Hexagone accueillera.
Benzema est devenu un vrai leader. L’attaquant du Real Madrid a pris une nouvelle dimension, et sera le fer-de-lance des Bleus à l’Euro. Avec les Pogba, Matuidi, Varane, Digne ou Griezmann, cette génération écrira sans nul doute de belles pages du football français. D’autant plus que ces joueurs auront pris de la ‟bouteille″ dans deux ans.
L’Amérique, continent séduisant
Est-ce la proximité géographique avec le Brésil ou tout simplement le talent ? Toujours est-il que les équipes du continent américain ont séduit la planète football. Les USA, la Colombie, le Costa-Rica, le Mexique, le Chili, et à un degré moindre l’Equateur et le Honduras, ont proposé un excellent jeu tout en vitesse et en dextérité. Ces sélections ont apporté de la variété, de la couleur et de la fraîcheur. Elles ont joué ‟à la brésilienne″ alors que l’équipe de Scolari balbutiait son football.
Si la grinta, l’émulation et le courage de ces équipes est à saluer, on ne saurait oublier les pépites qui ont illuminé ce Mondial comme James Rodrigues, Bryan Ruiz, Guillermo Ochoa, Enner Valencia, Tim Howard, et bien d’autres. Ces joueurs ont, si besoin en était, démontré l’universalité du football. Il y a un tel nivellement de valeurs que la notion de ‟ petite équipe″ parait quelque peu désuète.
Espagne, grandeur et décadence
Lorsque le Néerlandais Arjen Robben chronométré à 37 km/h prit de vitesse tout le repli défensif espagnol, se joua de Sergio Ramos pour battre un Iker Casillas complètement perdu, au cours d’Espagne-Pays- Bas on comprit que le déclin de la Roja était bien entamé. L’Espagne, championne en titre, est passée à côté de cette Coupe du monde. Les adeptes de la ‟ toca″ (jeu à une touche de balle) ont véritablement déjoué.
Une attaque inefficace avec un Diego Costa insuffisamment remis de sa blessure, un milieu trop lent avec un Xabi Alonso dépassé, et une défense à la rue, l’Espagne a sombré corps et biens. S’en remettra-t-elle ? Son jeu devenu trop prévisible peut-il encore lui permettre de briller au plus haut niveau, Vicente Del Bosque est –il encore l’homme de la situation ? Autant de questions auxquelles il va falloir trouver des réponses. Et rapidement !
ENCADRE
La dictature de la petitesse
« Si on se qualifie pour le second tour, on aura réussi notre Coupe du monde. Si on atteint les quarts, ce sera la cerise sur le gâteau, le Graal ! » Voici les commentaires des dirigeants, joueurs et entraîneurs des sélections africaines engagées dans ce mondial qui vient de s’achever. Diantre ! Aucun d’entre eux ne se voyait remporter ce Mondial. Tout simplement parce qu’on a tellement appris aux Africains à penser petit qu’ils en sont réduits à être des éternels « losers ». Et ils se sont convaincus eux-mêmes de n’être que des perdants, c’est-à-dire, la cinquième roue du carrosse.
Pourtant il suffit de voir les effectifs de ces équipes nationales. Les footeux africains évoluent dans les plus grands championnats au monde. Mieux, ils font partie des meilleurs à leurs postes de jeu. Mais quel manque d’ambition criard !
Certes, ambition n’est pas prétention, et ce n’est pas prétentieux de dire que les Africains ont les moyens de gagner la Coupe du monde. C’est possible, mais pas avec la mentalité actuelle. Au fond, au nom de quoi les Africains devraient-ils toujours être les derniers de la classe ? Au nom de quoi devraient-ils être des faire-valoir pour les autres s’ils ne sont la cinquième roue du carrosse ?
Y en a marre de cette dictature mentale de la petitesse. Sinon comment peut-on expliquer que le continent africain soit le plus riche au monde et que les Africains à contrario, soient aussi pauvres ? Il serait bon d’arrêter de croire que c’est toujours de la faute des autres. Reconnaissons nos turpitudes. Cela nous aiderait, du moins je l’espère, à changer notre mentalité. Et devenir ainsi des vainqueurs.
Malick DAO
Le football est un sport qui se joue à 11, mais à la fin c’est toujours l’Allemagne qui gagne. Cette phrase Gary Lineker est symptomatique. Quelle finale Allemagne-Argentine ! Ce match à lui seul résume la belle Coupe du monde que nous avons vécue. L’opposition entre la rigueur allemande et une Argentine qui a joué par à-coups, ne remettant son salut qu’au génie de Lionel Messi a donné un grand match. Le hic, c’est que Messi n’a pas été le Messie attendu. Il a erré sur le terrain comme une âme en peine, incapable de mettre en danger les Allemands. Et il aurait été dommage que ce match finisse aux tirs au but.
Joachim Löw a gagné la bataille en faisant entrer Mario Göetze, l’homme providentiel, dans la prolongation, qui a donné une victoire logique à la Mannschaft. Quant à Sabella, il a sorti son joueur le plus dangereux en la personne du Parisien Lavezzi. Et cela a fait toute la différence. L’Allemagne a pour elle toutes les statistiques depuis 19 participations. Si elle attendait ce titre depuis 24 ans, notons qu’elle avait atteint 9 fois les demi-finales en 18 participations. Un quatrième titre pour l’Allemagne et une étiquette de loser à jamais bannie du palmarès de son coach. Et que dire de Manuel Neuer, véritable muraille infranchissable ? L’Allemagne mérite amplement son titre. Et il n’y aura eu que le Ghana et l’Algérie (les Africains) pour les Bousculer !
Le Brésil surcoté
Qui aurait pu imaginer le Brésil ne remportant pas ‟sa″ Coupe du monde ? Cette compétition censée redonner le sourire à un peuple meurtri par la crise économique, et qui n’en voulait pas du tout, a fait sombrer le peuple ‟ auriverde″ dans le tragi-comique. Par la faute de ces Allemands qui leur ont infligé leur plus lourde défaite depuis 94 ans. Éliminés sans gloire (7-1) en demies-finales, les Brésiliens n’ont pas réussi à évacuer la pression qu’ils se sont mise eux-mêmes, parfois inutilement. Et le pitoyable spectacle livré en match de classement contre la Hollande, achevait de convaincre que l’équipe de Felipao Scolari ne méritait rien.
L’absence de Neymar, quoi que préjudiciable ne saurait à elle seule expliquer ce cataclysme. Les Brésiliens ont perdu de leur génie. À trop ‟ européaniser″ leur jeu, ils ont oublié leur spontanéité et leur légèreté, en somme, tout ce qui faisait le charme de ce football si chatoyant. Le hic, c’est qu’en voulant imiter les Européens parce que les Brésiliens vont de plus en plus jeunes en Europe, ils n’ont pas eu l’efficacité des sélections du Vieux-Continent. Une leçon d’efficacité que les Allemands et les Néerlandais leur ont donnée.
Dix buts encaissés en deux matches, un jeu insipide, et un coach incapable de changer sa structure de jeu, le Brésil fut pathétique. Cette quatrième place est peut-être même ce qui pouvait arriver de mieux à cette sélection complètement surcotée. Elle aurait dû déjà être sortie en 8èmes de finales face au Chili. Sa qualification aux tirs au but était en soi un petit miracle. Mais le Christ du Corcovado ne pouvait pas faire gagner cette équipe peu méritante où Neymar n’était que l’arbre cachant la forêt de sa médiocrité.
Spray pour coups-francs et Gold Line Technology
Une des nouveautés de ce Mondial aura été l’apparition du spray pour faire respecter les 9,15m entre le mur et le ballon sur les coups-francs indirects. Une trouvaille qui a énormément aidé les arbitres quand on sait que les directeurs de jeu ont de plus en plus de mal à mettre les murs à bonne distance. D’ailleurs quelques tricheurs se sont gentiment fait rappeler à l’ordre. Ce procédé devrait être généralisé dans tous les championnats importants de football.
Quant à la Gold Line Technology, elle a permis de valider un but de la France contre le Honduras, un but qui prêtait à discussion. En attendant peut-être l’entrée de la vidéo dans le football, cette technologie réduirait les risques d’erreur des arbitres. Pas toujours évident de savoir si le ballon a vraiment franchi la ligne de but ou non sur certaines actions. Plusieurs fédérations sont aussi intéressées par ce procédé.
Van Gaal, ce génie
Louis Van Gaal est loin d’être l’entraîneur le plus sympathique qui soit. Mais cela n’empêchera pas de reconnaître que le coach néerlandais a eu du ‟pif″ en quarts de finale contre le Costa-Rica. En sortant son gardien titulaire Jesper Cillesen à la 120ème mn pour le remplacer par Tim Krul juste avant les tirs au but, il a réussi un coaching gagnant. Krul stoppe le tir au but de Keylor Navas et qualifie les Pays-Bas pour les demies. Pourtant, en arrêtant seulement 2 penalties sur 20 en Premier League avec Newcastle, on ne peut pas dire qu’il soit un spécialiste en la matière.
La Hollande, surnommée à raison nation maudite du Mondial, à cause de ses trois finales perdues, remporte une fort belle médaille de bronze. Cette jeune équipe qui a laminé le Brésil (3-0) lors de la petite finale, sera très dangereuse deux ans.
L’Afrique, championne du ridicule
Ceux qui attendaient monts et merveilles de la Cote d’Ivoire et du Cameroun en sont pour leurs frais. Les Ivoiriens incapables de jouer comme une équipe, ne sont pas sortis d’un groupe largement à leur portée. L’excès d’individualisme des uns a rivalisé avec la mauvaise foi des autres. Les « pros » Drogba qui ne jouent pas avec les « pros »Touré et vice-versa, et le pauvre Gervihno au milieu de cette pétaudière qui n’avait d’équipe que le nom. Résultat, une sortie sans gloire pour des Éléphants la trompe entre les pattes.
Les Camerounais, eux, ont poussé le ridicule entamé lors de la préparation jusque pendant le tournoi. Ils ont même touché le fond avec un Assou-Ekoto qui assène un coup de tête à son partenaire Benjamin Moukandjo au cours d’un match. Ne voulant pas être en reste, Alexandre Song se fait expulser à la 39ème mn du match contre la Croatie pour un coup de coude volontaire et sans motif sur Mario Mandzukic.
Le capitaine Samuel Éto’o n’a pas surnagé, lui qui a été incapable, sur et en dehors du terrain, de diriger ses jeunes lions indisciplinés mais domptés. Il n’a pas été non plus exempt de reproche dans son attitude personnelle. Mais lorsqu’on a vu des dirigeants camerounais se faire prendre en photo avec Neymar à la mi-temps de Brésil-Cameroun, on a compris que le ‟tourisme footballistique″ existait.
Le Ghana qui nous avait habitués à mieux, a sombré aussi dans le ridicule pour une question de primes. L’état a même été obligé de mettre de l’argent en espèces dans un avion pour payer les primes de joueurs, de la main à la main. Car, tout professionnels qu’ils soient, certains n’avaient pas de compte bancaire tandis que d’autres doutaient de l’honnêteté de leurs dirigeants.
Pire Kevin-Prince Boateng et Sulley Muntari, les plus célèbres Black stars, ont préféré se battre contre leurs coéquipiers au lieu de le faire contre leurs adversaires. Heureusement, le Nigeria et l’Algérie ont quelque peu débroussaillé la forêt de l’inconsistance africaine.
Une France prometteuse
L’équipe de France de Didier Deschamps a réussi une chose dans ce Mondial : effacer le traumatisme de Knysna et réconcilier les Français avec leur sélection. Ce qui n’est pas rien. Sortis de leur groupe avec 2 victoires et 1 nul, les Bleus ont battu le Nigeria en 8èmes de finales. Même s’ils ont perdu en quarts contre leur bête noire, l’Allemagne, les Français ont laissé entrevoir de belles dispositions dans l’optique de l’Euro 2016 que l’Hexagone accueillera.
Benzema est devenu un vrai leader. L’attaquant du Real Madrid a pris une nouvelle dimension, et sera le fer-de-lance des Bleus à l’Euro. Avec les Pogba, Matuidi, Varane, Digne ou Griezmann, cette génération écrira sans nul doute de belles pages du football français. D’autant plus que ces joueurs auront pris de la ‟bouteille″ dans deux ans.
L’Amérique, continent séduisant
Est-ce la proximité géographique avec le Brésil ou tout simplement le talent ? Toujours est-il que les équipes du continent américain ont séduit la planète football. Les USA, la Colombie, le Costa-Rica, le Mexique, le Chili, et à un degré moindre l’Equateur et le Honduras, ont proposé un excellent jeu tout en vitesse et en dextérité. Ces sélections ont apporté de la variété, de la couleur et de la fraîcheur. Elles ont joué ‟à la brésilienne″ alors que l’équipe de Scolari balbutiait son football.
Si la grinta, l’émulation et le courage de ces équipes est à saluer, on ne saurait oublier les pépites qui ont illuminé ce Mondial comme James Rodrigues, Bryan Ruiz, Guillermo Ochoa, Enner Valencia, Tim Howard, et bien d’autres. Ces joueurs ont, si besoin en était, démontré l’universalité du football. Il y a un tel nivellement de valeurs que la notion de ‟ petite équipe″ parait quelque peu désuète.
Espagne, grandeur et décadence
Lorsque le Néerlandais Arjen Robben chronométré à 37 km/h prit de vitesse tout le repli défensif espagnol, se joua de Sergio Ramos pour battre un Iker Casillas complètement perdu, au cours d’Espagne-Pays- Bas on comprit que le déclin de la Roja était bien entamé. L’Espagne, championne en titre, est passée à côté de cette Coupe du monde. Les adeptes de la ‟ toca″ (jeu à une touche de balle) ont véritablement déjoué.
Une attaque inefficace avec un Diego Costa insuffisamment remis de sa blessure, un milieu trop lent avec un Xabi Alonso dépassé, et une défense à la rue, l’Espagne a sombré corps et biens. S’en remettra-t-elle ? Son jeu devenu trop prévisible peut-il encore lui permettre de briller au plus haut niveau, Vicente Del Bosque est –il encore l’homme de la situation ? Autant de questions auxquelles il va falloir trouver des réponses. Et rapidement !
ENCADRE
La dictature de la petitesse
« Si on se qualifie pour le second tour, on aura réussi notre Coupe du monde. Si on atteint les quarts, ce sera la cerise sur le gâteau, le Graal ! » Voici les commentaires des dirigeants, joueurs et entraîneurs des sélections africaines engagées dans ce mondial qui vient de s’achever. Diantre ! Aucun d’entre eux ne se voyait remporter ce Mondial. Tout simplement parce qu’on a tellement appris aux Africains à penser petit qu’ils en sont réduits à être des éternels « losers ». Et ils se sont convaincus eux-mêmes de n’être que des perdants, c’est-à-dire, la cinquième roue du carrosse.
Pourtant il suffit de voir les effectifs de ces équipes nationales. Les footeux africains évoluent dans les plus grands championnats au monde. Mieux, ils font partie des meilleurs à leurs postes de jeu. Mais quel manque d’ambition criard !
Certes, ambition n’est pas prétention, et ce n’est pas prétentieux de dire que les Africains ont les moyens de gagner la Coupe du monde. C’est possible, mais pas avec la mentalité actuelle. Au fond, au nom de quoi les Africains devraient-ils toujours être les derniers de la classe ? Au nom de quoi devraient-ils être des faire-valoir pour les autres s’ils ne sont la cinquième roue du carrosse ?
Y en a marre de cette dictature mentale de la petitesse. Sinon comment peut-on expliquer que le continent africain soit le plus riche au monde et que les Africains à contrario, soient aussi pauvres ? Il serait bon d’arrêter de croire que c’est toujours de la faute des autres. Reconnaissons nos turpitudes. Cela nous aiderait, du moins je l’espère, à changer notre mentalité. Et devenir ainsi des vainqueurs.
Malick DAO