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Société Publié le mardi 30 décembre 2014 | Nord-Sud

Interdiction de la vente du pain à la criée: les inquiétudes des commerçants

© Nord-Sud Par DR
Menace d’augmentation du prix du pain
A partir du 1er janvier 2015, l’arrêté portant organisation de la distribution et de la vente du pain entrera en vigueur. Une mesure qui n’est pas appréciée par les commerçants.

Un car sur le point du démarrer. Une commerçante avec des baguettes de pain en main tente de servir un voyageur à bord du véhicule. Cette scène se déroule à la gare de la compagnie Utrako, à Adjamé Gare-Nord. En effet, il est très courant de voir des commerçantes avec des cuvettes pleines de baguettes de pain parcourir les quartiers et les marchés pour commercialiser cette denrée de première nécessité. Aïchatou Bâ fait partie de ces vendeuses ambulantes. « Je viens à la gare entre 4 h et 5h du matin. Je vis de la vente du pain et je ne connais que ça », a indiqué cette quarantenaire qui dit nourrir les siens de ce commerce. Elle précise n’avoir été en aucun cas informée d’une quelconque mesure interdisant la vente du pain à la criée. Selon elle, c’est même une façon à elles (vendeuses) de rendre service aux consommateurs. Certains étant dans le car ne peuvent se déplacer au risque de rater le véhicule pour leur voyage. «Que ce soit à la gare et même dans nos différents quartiers, nous rendons service aux clients. Tout le monde ne peut se rendre à la boulangerie. On ne peut donc nous empêcher subitement une telle activité», a-t-elle justifié. Le constat dans la commune du maire Youssouf Sylla, démontre que vendeuses ambulantes, boutiquiers, vendeurs dans les kiosques à café, dans leur majorité ne sont pas informés de la mesure gouvernementale. qui entre en vigueur à partir du 1er janvier 2015. A l’ancienne gare d’Adjamé également, il est impossible de parcourir 200 m à pieds sans apercevoir du pain vendu soit dans les cuvettes, ou sur les tables à l’air libre. Assise juste après la gare nord, en bordure de route, non loin de la gare de train, Clarisse Ehouman se plaint de cette mesure qui selon elle vise à augmenter le nombre de chômeurs en Côte d’Ivoire. « Pourquoi aller à la mairie pour avoir une autorisation pour vendre du pain ? Les mairies elles-mêmes assurent-elles la propreté de leurs communes ? Si le gouvernement veut augmenter le taux de chômeurs, qu’il nous le dise», déplore-t-elle. Elle précise en outre, qu’il «est bien de vouloir de l’hygiène dans la vente du pain, mais il ne faut pas mettre au chômage ou à la rue des personnes qu’on ne peut aider. Certes, tout le monde ne protège pas le pain contre l’insalubrité, mais si l’Etat veut faire son travail, qu’il offre des box à tous les vendeurs de pain», a-t-elle suggéré, la mine renfrognée. Autre commune, même scène. A Abobo, Barry Boubacar qui exerce cette activité depuis une quinzaine d’années se dit moins inquiet dans la mesure où il conserve son pain dans une vitrine, indiquant que la mesure est salutaire. Cependant, a-t-il souhaité, «il faut que l’Etat sache accompagner ces milliers de personnes qui vivent essentiellement de ce type de commerce ».

Les boulangers soutiennent la mesure

En effet, mardi dernier, à Marcory, la Fédération interprofessionnelle des patrons boulangers et pâtissiers de Côte d’Ivoire, a animé une conférence de presse invitant les boulangers à respecter les nouvelles mesures. Selon son vice-président, Any Jean-Baptiste, pour des raisons de traçabilité, d’hygiène alimentaire et de non contamination du pain, la pratique de cette activité est soumise à l’obtention d’une autorisation délivrée par le maire de la zone. Ce qui signifie dorénavant, à en croire M. Any, que chaque boulangerie doit disposer au maximum de deux véhicules arborant à l’arrière et sur les deux côtés des macarons codés en plus du nom de la boulangerie. «Le transport du pain dans les charrettes, les véhicules de transport en commun, la distribution ambulante à pieds ou les ventes de porte à porte, et dans les boutiques de quartier sont interdits », a-t-il informé. Pour sa part, le président de la Fédération des associations des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Faca-Ci), Marius Comoé, estime que c’est surtout une question d’hygiène. A en croire le porte-parole des consommateurs, la commercialisation du pain à la criée, présente un danger pour la santé du consommateur. «La santé en Côte d’Ivoire ‘’avale’’ beaucoup du budget de l’Etat. Nous voulons le réduire. Cela, en mangeant sainement. Il faut une traçabilité dans tout ce que nous consommons », a-t-il préconisé.

Fatou Sylla et KO (stagiaire)
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