Directeur général et fondateur avec Patrick Vieira et Bernard Lama de l'association Diambars qui forme les jeunes aux métiers du football, Jimmy Adjovi-Boco est depuis peu le responsable de la branche sport de la Fondation AfricaFrance pour une croissance partagée. Il a des projets plein la tête pour le développement économique du sport africain. Votre magazine l'a rencontré. Interview.
Diasporas-News : Qu'est-ce que la Fondation AfricaFrance pour une croissance partagée?
Jimmy Adjovi-Boco : C'est une structure qui a été créée par les chefs d'états africains et français, afin de fluidifier les échanges entre l'Afrique et la France. Nous parlons de croissance partagée, c'est pour booster la croissance aussi bien en Afrique qu'en France. La croissance africaine est depuis 20 ans régulière, forte et homogène. Il faut qu'elle profite aux Africains. C'est donc un partenariat gagnant-gagnant car nous voulons faire en sorte que l'Afrique soit gagnante dans ce partenariat et qu'elle puisse s'ouvrir la voie du progrès.
D-N : Justement croyez-vous vraiment à cette notion de croissance partagée?
J.A-B : Oui, j'y crois dans la mesure où le président de la fondation Lionel Zinsou est Franco-Béninois; il a un regard très positif sur le continent et il sait comment on peut mener les actions qui vont justement créer les conditions de cette croissance partagée. J'y crois parce que l'Afrique a un potentiel de développement énorme, et une diaspora très importante. Ce sont des éléments qui peuvent être moteurs dans les projets que nous allons mener. Chaque cluster de la fondation est composé d'un chef d'entreprise africain et d'un responsable d'entreprise français.
D-N : Que répondez-vous à ceux qui disent déjà que cette fondation sera une Françafrique bis?
J.A-B : Elle le sera si nous voulons qu'elle le soit. C'est à nous de faire bouger les choses, de nous prendre en mains, d'être conscients que nous avons un rôle important à jouer, et que, si nous ne prenons pas notre destin en mains, ce sont les autres qui s'en occuperont mais à notre détriment. C'est à nous de mettre en œuvre les projets de développement que nous souhaitons pour notre continent, et de taper du poing sur la table si on se rend compte que ça n'avance pas.
D-N : Vous êtes le directeur du cluster sport; en quoi, concrètement, va consister votre mission?
J.A-B : La première mission a été, en tant que directeur général et membre fondateur de l'association Diambars, de faire comprendre et accepter un cluster sport qui n'existait pas, car je suis convaincu que le sport peut jouer un rôle moteur dans le développement d'une nation. Diambars a fait ses preuves et montré que c'est un projet viable. Donc le sport doit avoir toute sa place dans la croissance partagée que nous souhaitons développer. Le sport est un vrai levier économique, et je veux travailler pour dynamiser et optimiser cet aspect. Il a une dimension sociale que nous allons aussi travailler tout en prenant en compte son fort taux d'attractivité sur les gens, d'où de grandes actions de communication que nous allons mettre en place.
D-N : Comment allez-vous y prendre?
J.A-B : Nous sommes en train de peaufiner notre stratégie de travail. Mais en quelques mots, nous allons miser sur la formation des jeunes, la formation des cadres, l'organisation et la participation aux compétitions dans toutes leurs dimensions, c'est-à-dire le volet sportif et tout ce qui gravite autour du sport. La formation est pour nous très importante car sans formation, l'échec est inévitable. Nous allons aussi structurer l'organisation des fédérations sportives en Afrique. Et puis nous allons commencer à travailler sur l'organisation des Jeux Olympiques sur notre continent. Avec la CAN de football tous les deux ans, il y là de gros enjeux économiques que nous devons faire percevoir au monde du football et aux opérateurs économiques afin qu’ils y investissent. Notre vision, c'est que le football, et au-delà, le sport africain en général, soit un vecteur de rentabilité économique. Si la France l'a fait, nous le pouvons aussi en nous inspirant et en adaptant ce qui se fait en France et en Europe. On peut vivre du sport en tant que sportif soit en allant à l'étranger, soit en restant sur-place. Ce qui suppose qu'en amont les conditions sont réunies pour que les sportifs africains vivent de leur art mais aussi les opérateurs économiques qui sont dans ce domaine. C'est donc à nous de le faire comprendre aux investisseurs africains et français. Nous avons la capacité, et on l'a montré avec Diambars, de fabriquer un produit de qualité qui soit vendable. Ce modèle là, nous pouvons l'étendre à plusieurs autres sports.
Pour cela, nous devons convaincre les dirigeants du sport africain afin de les amener à croire au modèle économique que nous leurs proposons, et qu'eux, de leur côté, ils s'organisent dans une transparence absolue. Diambars est aujourd'hui un modèle que nous pouvons décliner dans tous les pays et quel que soit le sport.
D-N : Ne craignez-vous pas que certains immobilismes en Afrique vous ralentissent dans votre travail d'autant plus que de nombreux responsables sportifs en Afrique agissent comme si les structures leur appartenaient?
J.A-B : C'est un handicap, c'est sûr, mais si on veut vraiment développer son pays ou sa fédération, on s'en donne les moyens en s'organisant. Le continent africain doit évoluer sur ce plan. Et au lieu qu'une seule personne gagne, nous voulons faire en sorte que tout le monde gagne. Il est temps que les pays africains entrent dans le concert des grandes nations du sport. Et tout le monde pourrait en bénéficier. Mais on ne part pas dans l'inconnu; on va patiemment convaincre les sceptiques, vaincre les immobilismes et même faire comprendre aux jaloux que tout le continent y a à gagner. Et nous sommes motivés. Si les dirigeants acceptent notre modèle, ce sera déjà un premier gros critère de réussite. Mais nous allons développer aussi le sport-loisir et le sport-santé car une nation en bonne santé coûte moins cher à l'état. Les infrastructures, les routes, les hôtels, le tourisme, la médecine du sport, tous ces aspects font partie de notre projet. Donc à chaque grand événement sportif, on veut pouvoir engendrer des retombées socio-économiques.
D-N : À-propos de médecine, on a appris que vous travaillez à la mise en place d'un marché de l'optique à prix réduit en Afrique. Vrai ou faux?
J.A-B : En effet, avec le chanteur A'Salfo, et un opticien ivoirien Constant Kouassi, nous voulons créer une chaîne de magasins de lunettes car nous avons remarqué que l'optique était un luxe en Afrique parce que trop cher. Notre concept qui s'appelle "Envie d'y voir', veut relever le pari de proposer des lunettes de vue en Afrique à 20.000 FCFA (30 euros). L'ouverture du premier magasin est prévue pour ce premier semestre 2015 à Abidjan. Nous travaillons aussi à la mise en place d'un système de mutuelle santé afin que les Africains puissent bien se soigner, et à moindre coût.
D-N : Aurez-vous le temps de vous occuper vraiment de la branche sport de la fondation, sachant que vous avez aussi Diambars à gérer?
J.A-B : Oui, ne vous inquiétez pas pour ça. Diambars tourne bien avec Saer Seck à Dakar et Djelloul Habchi en Afrique du Sud, deux responsables que nous avons mis en place et qui sont très compétents pour faire tourner la structure. Moi j'accompagne un peu nos jeunes qui jouent en Europe, je les conseille, et j'essaie continuellement d'améliorer notre modèle économique. Ce qui nous laissera le temps de faire autre chose, et donc, pour moi, de m'occuper convenablement de la branche sport de la fondation AfricaFrance.
D-N : Pour terminer quels sont les joueurs que Diambars a déjà sortis en Europe?
J.A-B : Nous avons Idrissa Gueye qui est à Lille, Joseph Lopy à Sochaux, Saliou Ciss à Valenciennes, Pape Souaré qui vient de signer à Crystal Palace en Angleterre, et Kara M'Bodj qui joue à Genk en Belgique et qui, grâce à une excellente CAN 2015, intéresse de nombreux gros clubs européens. Nous avons plein d'autres joueurs, mais je n'aurai pas le temps de les citer tous.
Malick Daho
Diasporas-News : Qu'est-ce que la Fondation AfricaFrance pour une croissance partagée?
Jimmy Adjovi-Boco : C'est une structure qui a été créée par les chefs d'états africains et français, afin de fluidifier les échanges entre l'Afrique et la France. Nous parlons de croissance partagée, c'est pour booster la croissance aussi bien en Afrique qu'en France. La croissance africaine est depuis 20 ans régulière, forte et homogène. Il faut qu'elle profite aux Africains. C'est donc un partenariat gagnant-gagnant car nous voulons faire en sorte que l'Afrique soit gagnante dans ce partenariat et qu'elle puisse s'ouvrir la voie du progrès.
D-N : Justement croyez-vous vraiment à cette notion de croissance partagée?
J.A-B : Oui, j'y crois dans la mesure où le président de la fondation Lionel Zinsou est Franco-Béninois; il a un regard très positif sur le continent et il sait comment on peut mener les actions qui vont justement créer les conditions de cette croissance partagée. J'y crois parce que l'Afrique a un potentiel de développement énorme, et une diaspora très importante. Ce sont des éléments qui peuvent être moteurs dans les projets que nous allons mener. Chaque cluster de la fondation est composé d'un chef d'entreprise africain et d'un responsable d'entreprise français.
D-N : Que répondez-vous à ceux qui disent déjà que cette fondation sera une Françafrique bis?
J.A-B : Elle le sera si nous voulons qu'elle le soit. C'est à nous de faire bouger les choses, de nous prendre en mains, d'être conscients que nous avons un rôle important à jouer, et que, si nous ne prenons pas notre destin en mains, ce sont les autres qui s'en occuperont mais à notre détriment. C'est à nous de mettre en œuvre les projets de développement que nous souhaitons pour notre continent, et de taper du poing sur la table si on se rend compte que ça n'avance pas.
D-N : Vous êtes le directeur du cluster sport; en quoi, concrètement, va consister votre mission?
J.A-B : La première mission a été, en tant que directeur général et membre fondateur de l'association Diambars, de faire comprendre et accepter un cluster sport qui n'existait pas, car je suis convaincu que le sport peut jouer un rôle moteur dans le développement d'une nation. Diambars a fait ses preuves et montré que c'est un projet viable. Donc le sport doit avoir toute sa place dans la croissance partagée que nous souhaitons développer. Le sport est un vrai levier économique, et je veux travailler pour dynamiser et optimiser cet aspect. Il a une dimension sociale que nous allons aussi travailler tout en prenant en compte son fort taux d'attractivité sur les gens, d'où de grandes actions de communication que nous allons mettre en place.
D-N : Comment allez-vous y prendre?
J.A-B : Nous sommes en train de peaufiner notre stratégie de travail. Mais en quelques mots, nous allons miser sur la formation des jeunes, la formation des cadres, l'organisation et la participation aux compétitions dans toutes leurs dimensions, c'est-à-dire le volet sportif et tout ce qui gravite autour du sport. La formation est pour nous très importante car sans formation, l'échec est inévitable. Nous allons aussi structurer l'organisation des fédérations sportives en Afrique. Et puis nous allons commencer à travailler sur l'organisation des Jeux Olympiques sur notre continent. Avec la CAN de football tous les deux ans, il y là de gros enjeux économiques que nous devons faire percevoir au monde du football et aux opérateurs économiques afin qu’ils y investissent. Notre vision, c'est que le football, et au-delà, le sport africain en général, soit un vecteur de rentabilité économique. Si la France l'a fait, nous le pouvons aussi en nous inspirant et en adaptant ce qui se fait en France et en Europe. On peut vivre du sport en tant que sportif soit en allant à l'étranger, soit en restant sur-place. Ce qui suppose qu'en amont les conditions sont réunies pour que les sportifs africains vivent de leur art mais aussi les opérateurs économiques qui sont dans ce domaine. C'est donc à nous de le faire comprendre aux investisseurs africains et français. Nous avons la capacité, et on l'a montré avec Diambars, de fabriquer un produit de qualité qui soit vendable. Ce modèle là, nous pouvons l'étendre à plusieurs autres sports.
Pour cela, nous devons convaincre les dirigeants du sport africain afin de les amener à croire au modèle économique que nous leurs proposons, et qu'eux, de leur côté, ils s'organisent dans une transparence absolue. Diambars est aujourd'hui un modèle que nous pouvons décliner dans tous les pays et quel que soit le sport.
D-N : Ne craignez-vous pas que certains immobilismes en Afrique vous ralentissent dans votre travail d'autant plus que de nombreux responsables sportifs en Afrique agissent comme si les structures leur appartenaient?
J.A-B : C'est un handicap, c'est sûr, mais si on veut vraiment développer son pays ou sa fédération, on s'en donne les moyens en s'organisant. Le continent africain doit évoluer sur ce plan. Et au lieu qu'une seule personne gagne, nous voulons faire en sorte que tout le monde gagne. Il est temps que les pays africains entrent dans le concert des grandes nations du sport. Et tout le monde pourrait en bénéficier. Mais on ne part pas dans l'inconnu; on va patiemment convaincre les sceptiques, vaincre les immobilismes et même faire comprendre aux jaloux que tout le continent y a à gagner. Et nous sommes motivés. Si les dirigeants acceptent notre modèle, ce sera déjà un premier gros critère de réussite. Mais nous allons développer aussi le sport-loisir et le sport-santé car une nation en bonne santé coûte moins cher à l'état. Les infrastructures, les routes, les hôtels, le tourisme, la médecine du sport, tous ces aspects font partie de notre projet. Donc à chaque grand événement sportif, on veut pouvoir engendrer des retombées socio-économiques.
D-N : À-propos de médecine, on a appris que vous travaillez à la mise en place d'un marché de l'optique à prix réduit en Afrique. Vrai ou faux?
J.A-B : En effet, avec le chanteur A'Salfo, et un opticien ivoirien Constant Kouassi, nous voulons créer une chaîne de magasins de lunettes car nous avons remarqué que l'optique était un luxe en Afrique parce que trop cher. Notre concept qui s'appelle "Envie d'y voir', veut relever le pari de proposer des lunettes de vue en Afrique à 20.000 FCFA (30 euros). L'ouverture du premier magasin est prévue pour ce premier semestre 2015 à Abidjan. Nous travaillons aussi à la mise en place d'un système de mutuelle santé afin que les Africains puissent bien se soigner, et à moindre coût.
D-N : Aurez-vous le temps de vous occuper vraiment de la branche sport de la fondation, sachant que vous avez aussi Diambars à gérer?
J.A-B : Oui, ne vous inquiétez pas pour ça. Diambars tourne bien avec Saer Seck à Dakar et Djelloul Habchi en Afrique du Sud, deux responsables que nous avons mis en place et qui sont très compétents pour faire tourner la structure. Moi j'accompagne un peu nos jeunes qui jouent en Europe, je les conseille, et j'essaie continuellement d'améliorer notre modèle économique. Ce qui nous laissera le temps de faire autre chose, et donc, pour moi, de m'occuper convenablement de la branche sport de la fondation AfricaFrance.
D-N : Pour terminer quels sont les joueurs que Diambars a déjà sortis en Europe?
J.A-B : Nous avons Idrissa Gueye qui est à Lille, Joseph Lopy à Sochaux, Saliou Ciss à Valenciennes, Pape Souaré qui vient de signer à Crystal Palace en Angleterre, et Kara M'Bodj qui joue à Genk en Belgique et qui, grâce à une excellente CAN 2015, intéresse de nombreux gros clubs européens. Nous avons plein d'autres joueurs, mais je n'aurai pas le temps de les citer tous.
Malick Daho