Abidjan - Massés pendant 48 heures à Abidjan derrière leurs écrans, une trentaine de jeunes développeurs informatiques, d'ingénieurs et de journalistes se livrent bataille durant un "hackathon", sorte de marathon numérique. Leur but : faciliter l'accès à l'information en Afrique.
Des dizaines d'ordinateurs portables éclairent la petite salle de l'Ecole supérieure africaine des technologies et des communications, basée dans la capitale économique ivoirienne, où se tient la compétition. Faute de climatisation, les débats se tiennent dans une chaleur étouffante.
"On va créer un réseau social pour permettre à chaque citoyen de produire de l'information", lance un jeune développeur. "Ca existe déjà, ça s'appelle Twitter", lui répond, tranchant, un membre du jury.
Sept équipes s'affrontent au "hackathon" - contraction de "hack" (pirater en anglais) et de "marathon" - abidjanais, démarré vendredi et qui s'achèvera dimanche soir. La trentaine de concurrents a deux jours pour bâtir et affiner ses concepts. La maturation se fait de jour comme de nuit.
L'objectif de l'évènement est "d'identifier et d'accompagner des projets qui vont permettre un meilleur accès à l'information dans les pays africains", décrypte Pierre Jalladeau, directeur Afrique de l'agence française de coopération média CFI, co-organisatrice du hackathon.
Car l'Afrique est à la traine des autres continents en terme d'utilisation d'internet et des réseaux sociaux. Même si des pays comme le Maroc, l'Egypte l'Afrique du sud ou le Kenya, avec la moitié de leur population connectée,
sont à des années lumière de la Sierra Leone, de la Somalie ou du Niger, où ce quota est inférieur à 2%, d'après le site internetworldstats.com.
"Analphabétisme" ou "analphabétisme numérique", "délestages" électriques, "faiblesse de la bande passante"... les raisons "objectives" expliquant ce retard sont nombreuses, note Philippe Couve, un expert en charge du hackathon ivoirien.
En Côte d'Ivoire, seules 200.000 personnes sur 23 millions d'habitants disposent d'un abonnement internet, selon le gouvernement ivoirien. Même si les cybercafés pullulent dans les principales villes du pays.
- 'Rattrapage' -
Plus d'1,7 million d'Ivoiriens ont ainsi un compte Facebook, affirme Orange, le premier opérateur téléphonique de Côte d'Ivoire. Notamment du fait du très fort taux de pénétration du téléphone portable, évalué à 90% de la population.
"En Afrique on est passé directement au portable, sans passer par le filaire. Ces innovations, ces ruptures vont nous permettre de rattraper un certain retard", estime Mohamed Diaby, blogueur influent et directeur d'une agence web ivoirienne.
D'après une étude de McKinsey, près de 170 millions d'Africains sur le milliard d'habitants du continent utilisaient internet fin 2013, pour environs 70 millions de smartphones.
Ils seront 600 millions d'internautes en 2025, dotés de 360 millions de smartphones, prévoit le cabinet de conseil, qui évalue à 300 milliards de dollars les gains de productivité générés par ces avancées technologiques en Afrique.
Les hackathons, que CFI, en partenariat avec l'ONG Code for Africa, organisera ensuite dans onze autres villes du continent, dont Dakar, Antananarivo, Johannesburg, Douala, ou encore Tunis, se veulent un instrument de cette croissance numérique.
Au "hackaton" d'Abidjan, deux jeunes filles planchent sur un service de messagerie vocale qui délivrerait un flash info de 50 secondes en langues locales. Un moyen selon elles de contourner l'illettrisme et le manque d'accès à la presse papier dans certains villages, deux obstacles majeurs à la diffusion de l'information en Côte d'Ivoire.
Moins orienté "news", le projet "Ivoire infos" aspire à contrôler la transparence des appels d'offre dans les travaux publics en Côte d'Ivoire, un secteur en pleine expansion mais à la transparence critiquée par la société civile.
"Nous voulons créer une application pour pouvoir mieux suivre la façon dont l'Etat gère l'argent public", explique Henri Aka, ingénieur informaticien et leader du projet, pour qui le manque de "suivi" des appels d'offre constitue un "frein à l'émergence" de son pays.
A terme, les meilleurs candidats pourraient rejoindre l'un des cinq incubateurs de Côte d'Ivoire, où deux nouvelles pépinières siglées NTIC, devraient prochainement voir le jour.
Ils pourront surtout postuler pour un grand concours panafricain, organisé fin novembre par CFI et Code for Africa, aux perspectives alléchantes. Les lauréats se partageront alors un million de dollars.
pid/jf/sba
Des dizaines d'ordinateurs portables éclairent la petite salle de l'Ecole supérieure africaine des technologies et des communications, basée dans la capitale économique ivoirienne, où se tient la compétition. Faute de climatisation, les débats se tiennent dans une chaleur étouffante.
"On va créer un réseau social pour permettre à chaque citoyen de produire de l'information", lance un jeune développeur. "Ca existe déjà, ça s'appelle Twitter", lui répond, tranchant, un membre du jury.
Sept équipes s'affrontent au "hackathon" - contraction de "hack" (pirater en anglais) et de "marathon" - abidjanais, démarré vendredi et qui s'achèvera dimanche soir. La trentaine de concurrents a deux jours pour bâtir et affiner ses concepts. La maturation se fait de jour comme de nuit.
L'objectif de l'évènement est "d'identifier et d'accompagner des projets qui vont permettre un meilleur accès à l'information dans les pays africains", décrypte Pierre Jalladeau, directeur Afrique de l'agence française de coopération média CFI, co-organisatrice du hackathon.
Car l'Afrique est à la traine des autres continents en terme d'utilisation d'internet et des réseaux sociaux. Même si des pays comme le Maroc, l'Egypte l'Afrique du sud ou le Kenya, avec la moitié de leur population connectée,
sont à des années lumière de la Sierra Leone, de la Somalie ou du Niger, où ce quota est inférieur à 2%, d'après le site internetworldstats.com.
"Analphabétisme" ou "analphabétisme numérique", "délestages" électriques, "faiblesse de la bande passante"... les raisons "objectives" expliquant ce retard sont nombreuses, note Philippe Couve, un expert en charge du hackathon ivoirien.
En Côte d'Ivoire, seules 200.000 personnes sur 23 millions d'habitants disposent d'un abonnement internet, selon le gouvernement ivoirien. Même si les cybercafés pullulent dans les principales villes du pays.
- 'Rattrapage' -
Plus d'1,7 million d'Ivoiriens ont ainsi un compte Facebook, affirme Orange, le premier opérateur téléphonique de Côte d'Ivoire. Notamment du fait du très fort taux de pénétration du téléphone portable, évalué à 90% de la population.
"En Afrique on est passé directement au portable, sans passer par le filaire. Ces innovations, ces ruptures vont nous permettre de rattraper un certain retard", estime Mohamed Diaby, blogueur influent et directeur d'une agence web ivoirienne.
D'après une étude de McKinsey, près de 170 millions d'Africains sur le milliard d'habitants du continent utilisaient internet fin 2013, pour environs 70 millions de smartphones.
Ils seront 600 millions d'internautes en 2025, dotés de 360 millions de smartphones, prévoit le cabinet de conseil, qui évalue à 300 milliards de dollars les gains de productivité générés par ces avancées technologiques en Afrique.
Les hackathons, que CFI, en partenariat avec l'ONG Code for Africa, organisera ensuite dans onze autres villes du continent, dont Dakar, Antananarivo, Johannesburg, Douala, ou encore Tunis, se veulent un instrument de cette croissance numérique.
Au "hackaton" d'Abidjan, deux jeunes filles planchent sur un service de messagerie vocale qui délivrerait un flash info de 50 secondes en langues locales. Un moyen selon elles de contourner l'illettrisme et le manque d'accès à la presse papier dans certains villages, deux obstacles majeurs à la diffusion de l'information en Côte d'Ivoire.
Moins orienté "news", le projet "Ivoire infos" aspire à contrôler la transparence des appels d'offre dans les travaux publics en Côte d'Ivoire, un secteur en pleine expansion mais à la transparence critiquée par la société civile.
"Nous voulons créer une application pour pouvoir mieux suivre la façon dont l'Etat gère l'argent public", explique Henri Aka, ingénieur informaticien et leader du projet, pour qui le manque de "suivi" des appels d'offre constitue un "frein à l'émergence" de son pays.
A terme, les meilleurs candidats pourraient rejoindre l'un des cinq incubateurs de Côte d'Ivoire, où deux nouvelles pépinières siglées NTIC, devraient prochainement voir le jour.
Ils pourront surtout postuler pour un grand concours panafricain, organisé fin novembre par CFI et Code for Africa, aux perspectives alléchantes. Les lauréats se partageront alors un million de dollars.
pid/jf/sba