Voilà 24 ans que l’écrivain, penseur et ethnologue, Amadou Hampaté Bâ a tiré sa révérence. La fondation qui porte son nom a vulgarisé son héritage, lors d’une table ronde organisée, vendredi, à son siège, à Cocody Danga.
« En Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée, qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement... ». Le bout de citation extrait d’Amkoullel, l’enfant peul d’Amadou Hampâté Bâ, est l’illustration patente de la fondation qui porte son nom. La fondation Amadou Hampathé Bâ, qui a réuni, vendredi dernier, d’éminents écrivains et universitaires africains, pour retracer les sillons de la pensée et de l’œuvre littéraire de l’écrivain, est ainsi engagée pour révéler les multiples facettes de celui que sa fille aînée, Rokiatou Bâ, présente comme «le penseur des temps modernes ».
Katry Yaya, président d’une association de défense de la culture peuhle au Cameroun, est revenu plus éloquemment sur les trois traits caractéristiques du descendant de la famille peule noble. Ainsi, dit-il, « Amadou Hampaté Bâ est quelqu’un qui était particulièrement conscient du destin ». Il pouvait le traduire dans « L’Étrange Destin de Wangrin (1973) – Grand prix littéraire d’Afrique noire 1974. Le destin perçu comme la lutte perpétuelle pour l’accomplissement de ses objectifs, et non l’état de passivité pour subir le cours des événements et de l’histoire. Amadou Hampaté Bâ a dû poser, tout au long de sa vie, actes sur actes pour l’amener à son destin. D’où sa détermination au travail pour offrir une bibliographie énorme, en quantité et par l’immensité de ses pensées.
Secundo, Amadou Hampaté Bâ avait une conscience élevée de ses origines. D’où son engagement à faire la promotion de la culture peuhle. Car, disait-il, «une langue non écrite est condamnée à disparaître ». L’homme a écrit en malinké, en peuhl et en français. Tertio, Amadou Hampaté Bâ savait respecter l’adversaire et recommande de lui souhaiter longue vie, afin, explique-t-il, de pouvoir se mesurer à lui. « Dans la vie, il faut avoir des adversaires et leur souhaiter longue vie. Parce que le jour où ils disparaîtront, vous n’aurez personne à qui vous mesurer ».
S’inspirant du Livre des morts de l’Egypte pharaonique, Niamkey Koffi a rendu un vibrant hommage «à celui qui vit dans la lumière des étoiles mortelles et écoute les chants des astres». Amadou Hampaté-Ba «s’est transformé, a-t-il traduit, en étoile qui brille aux aurores, du côté de l’Orient et des mers». Pour le philosophe qui s’est prononcé sur «La parole ésotérique d’Amadou Hampaté-Ba, la transparence du langage comme révélation», «Osiris Hampaté Ba est de ces êtres spéciaux que la mort ne peut vaincre car ses œuvres entretiennent dans la mémoire collective des fils d’Adan le souvenir indélébile qui immortalise sa pensée et fait de lui un immortel».
Voici, pour la circonstance l’enfant peuhl, Amadou Hampaté Bâ, qui a su percer le secret du don pour réussir dans la vie. « Il faut savoir donner pour sortir indemne des épreuves initiatiques », recommandait l’écrivain.
Amadou Hampâté Bâ est né en 1900 ou 1901 à Bandiagara, chef-lieu du pays Dogon et ancienne capitale de l’empire toucouleur du Macina. Fils de Hampâté Bâ et de Kadidja Pâté Poullo Diallo, il est descendant d’une famille peule noble. Peu avant la mort de son père, il sera adopté par le second époux de sa mère, Tidjani Amadou Ali Thiam, de l’ethnie toucouleur. Il fréquente d’abord l’école coranique de Tierno Bokar, un dignitaire de la confrérie tidjaniyya, avant d’être réquisitionné d’office pour l’école française, à Bandiagara puis à Djenné. En 1960, à l’indépendance du Mali, il fonde l’Institut des sciences humaines à Bamako et représente son pays à la Conférence générale de l’Organisation des nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco en anglais). En 1962, il est élu membre du Conseil exécutif de l’organisation onusienne. En 1966, il participe à l’élaboration d’un système unifié pour la transcription des langues africaines. En 1970, son mandat à l’Unesco prend fin.
Amadou Hampâté Bâ se consacre alors entièrement à son travail de recherche et d’écriture. Les dernières années de sa vie, il les passera à Abidjan, à classer ses archives accumulées durant sa vie sur les traditions orales d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’à la rédaction de ses mémoires, Amkoullel l’enfant peul et Oui mon commandant !, qui seront publiés en France en 1991. Il meurt à Abidjan en mai 1991. A sa mort en 1991, son professeur Théodore Monod, écrivait à son propos: « Puissent ceux qui le découvriront... se sentir moralement enrichis et fortifiés par la découverte de celui qui fut à la fois un sage, un savant et un spirituel... ». Ainsi soit-il pour les générations à venir !
Edouard Gonto
« En Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée, qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement... ». Le bout de citation extrait d’Amkoullel, l’enfant peul d’Amadou Hampâté Bâ, est l’illustration patente de la fondation qui porte son nom. La fondation Amadou Hampathé Bâ, qui a réuni, vendredi dernier, d’éminents écrivains et universitaires africains, pour retracer les sillons de la pensée et de l’œuvre littéraire de l’écrivain, est ainsi engagée pour révéler les multiples facettes de celui que sa fille aînée, Rokiatou Bâ, présente comme «le penseur des temps modernes ».
Katry Yaya, président d’une association de défense de la culture peuhle au Cameroun, est revenu plus éloquemment sur les trois traits caractéristiques du descendant de la famille peule noble. Ainsi, dit-il, « Amadou Hampaté Bâ est quelqu’un qui était particulièrement conscient du destin ». Il pouvait le traduire dans « L’Étrange Destin de Wangrin (1973) – Grand prix littéraire d’Afrique noire 1974. Le destin perçu comme la lutte perpétuelle pour l’accomplissement de ses objectifs, et non l’état de passivité pour subir le cours des événements et de l’histoire. Amadou Hampaté Bâ a dû poser, tout au long de sa vie, actes sur actes pour l’amener à son destin. D’où sa détermination au travail pour offrir une bibliographie énorme, en quantité et par l’immensité de ses pensées.
Secundo, Amadou Hampaté Bâ avait une conscience élevée de ses origines. D’où son engagement à faire la promotion de la culture peuhle. Car, disait-il, «une langue non écrite est condamnée à disparaître ». L’homme a écrit en malinké, en peuhl et en français. Tertio, Amadou Hampaté Bâ savait respecter l’adversaire et recommande de lui souhaiter longue vie, afin, explique-t-il, de pouvoir se mesurer à lui. « Dans la vie, il faut avoir des adversaires et leur souhaiter longue vie. Parce que le jour où ils disparaîtront, vous n’aurez personne à qui vous mesurer ».
S’inspirant du Livre des morts de l’Egypte pharaonique, Niamkey Koffi a rendu un vibrant hommage «à celui qui vit dans la lumière des étoiles mortelles et écoute les chants des astres». Amadou Hampaté-Ba «s’est transformé, a-t-il traduit, en étoile qui brille aux aurores, du côté de l’Orient et des mers». Pour le philosophe qui s’est prononcé sur «La parole ésotérique d’Amadou Hampaté-Ba, la transparence du langage comme révélation», «Osiris Hampaté Ba est de ces êtres spéciaux que la mort ne peut vaincre car ses œuvres entretiennent dans la mémoire collective des fils d’Adan le souvenir indélébile qui immortalise sa pensée et fait de lui un immortel».
Voici, pour la circonstance l’enfant peuhl, Amadou Hampaté Bâ, qui a su percer le secret du don pour réussir dans la vie. « Il faut savoir donner pour sortir indemne des épreuves initiatiques », recommandait l’écrivain.
Amadou Hampâté Bâ est né en 1900 ou 1901 à Bandiagara, chef-lieu du pays Dogon et ancienne capitale de l’empire toucouleur du Macina. Fils de Hampâté Bâ et de Kadidja Pâté Poullo Diallo, il est descendant d’une famille peule noble. Peu avant la mort de son père, il sera adopté par le second époux de sa mère, Tidjani Amadou Ali Thiam, de l’ethnie toucouleur. Il fréquente d’abord l’école coranique de Tierno Bokar, un dignitaire de la confrérie tidjaniyya, avant d’être réquisitionné d’office pour l’école française, à Bandiagara puis à Djenné. En 1960, à l’indépendance du Mali, il fonde l’Institut des sciences humaines à Bamako et représente son pays à la Conférence générale de l’Organisation des nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco en anglais). En 1962, il est élu membre du Conseil exécutif de l’organisation onusienne. En 1966, il participe à l’élaboration d’un système unifié pour la transcription des langues africaines. En 1970, son mandat à l’Unesco prend fin.
Amadou Hampâté Bâ se consacre alors entièrement à son travail de recherche et d’écriture. Les dernières années de sa vie, il les passera à Abidjan, à classer ses archives accumulées durant sa vie sur les traditions orales d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’à la rédaction de ses mémoires, Amkoullel l’enfant peul et Oui mon commandant !, qui seront publiés en France en 1991. Il meurt à Abidjan en mai 1991. A sa mort en 1991, son professeur Théodore Monod, écrivait à son propos: « Puissent ceux qui le découvriront... se sentir moralement enrichis et fortifiés par la découverte de celui qui fut à la fois un sage, un savant et un spirituel... ». Ainsi soit-il pour les générations à venir !
Edouard Gonto