Dans cet entretien qu’il a eu avec la presse, à ouverture de la 23ème réunion plénière du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), qui se tient dans la capitale politique, depuis le 18 mai 2015, le Directeur général du GIABA, M. Adama Coulibaly livre les objectifs de la lutte contre ce phénomène.
Quels sont les enjeux de cette 23 ème réunion du GIABA
Les enjeux de cette 23ème réunion, c’est que nous sommes à une phase charnière dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme dans la région. En effet, de 2011 à 2014, le GIABA a développé une stratégie d’intervention auprès des Etats pour mettre en place les dispositifs et les renforcer. Aujourd’hui ce cycle prend fin. Et il a donné lieu à l’évaluation de tous les pays membres. A savoir les quinze (15) pays de la CEDEAO et un pays non membre de la CEDEAO, qui est Sao Tomé et Principe. Il a donné lieu à une évaluation de leur dispositif national de lutte contre ledit phénomène. Il s’agissait de passer au crible fin toute la chaîne économique, les activités et la gouvernance du pays à travers, les normes que constituent les 40 recommandations éditées par le GAFI. Nous sommes à la fin de ce cycle parce que, à partir de 2016, nous allons engager un nouveau cycle d’évaluation. Ce nouveau cycle se base essentiellement sur les normes révisées du GAFI. Et a pour point crucial, l’évaluation des risques aux plans nationaux. C’est une tâche assidue. Il s’agit de prendre toutes les composantes de l’activité économique d’un pays et les passer au peigne fin, voir leur vulnérabilité à la perpétration du crime financier et prendre en contrepartie des mesures idoines afin que la gouvernance soit renforcée et que le pays soit débarrassé de ces tentatives de menaces. C’est cette évaluation qui se déroule depuis le lundi 18 mai afin de rendre compte au comité ministériel qui comprend trois ministres par pays membre. Il s’agit des ministres de l’Economie et des Finances, de la Justice et de la Sécurité. Il y aura plus de 45 ministres. L’objectif, c’est de prendre des décisions sur ce qu’il y a lieu de faire, la stratégie à définir pour passer avec succès au second cycle. Cette évaluation va permettre de dégager les caps au niveau de chaque pays. Et ensuite, nous allons passer à la stratégie pour les combler et permettre ainsi à nos pays d’entrer dans le second cycle, qui est un cycle beaucoup plus difficile. Voila les enjeux. Il s’agit également de renforcer la coopération économique, parce que dans un contexte aussi difficile que celui qu’on connaît maintenant, on ne peut aller seul sans l’implication des partenaires techniques et financiers. D’où leur présence à cette session.
Quels sont, au niveau de la CEDEAO, les pays les plus touchés et les secteurs d’activité les plus concernés par ce fléau?
C’est une chaîne. Et dans une chaîne, il n’y pas un maillon qui peut paraître plus vulnérable qu’un autre. Si un est maillon faible, c’est toute la chaîne qui est faible. Notre raisonnement, c’est qu’il y ait un équilibre parfait dans l’efficacité des systèmes dans toute la sous-région. Au niveau de la Côte d’Ivoire nous sommes satisfaits, je l’ai dit. Au niveau de l’ensemble des 16 pays, aujourd’hui, un seul pays se trouve sous le processus de suivi accéléré, parce que nous n’avons pas pu mettre en place l’assistance nécessaire pour lui venir en aide lorsqu’il a été touché par la maladie à virus Ebola. Mais avec les progrès qui ont été réalisés dans l’éradication de cette maladie, nous serons à mesure de lui mettre à disposition de l’aide, pour qu’il puisse être au même niveau que les autres.
Quel est l’état des lieux en Côte d’Ivoire?
Les secteurs les plus touchés en Côte d’Ivoire sont l’immobilier et l’agriculture. Vous savez que notre pays est un pays à vocation agricole. Nous avons eu des dossiers qui portent sur le blanchiment d’argent à travers les grains de café et des fèves de cacao. Des dossiers qui portent sur l’acquisition de plantation d’hévéa. Les vulnérabilités sont liées rapport aux activités les plus porteuses d’un Etat. Donc, quand vous voyez la structure économique de la Côte d’Ivoire, vous pouvez deviner aisément. Mais ce n’est pas pour autant que les autres secteurs doivent être négligés. Parce que nous avons un cas très important, un vendeur de fleur. C’est pour dire que tous les secteurs sont à contrôler. C’est une chaîne. Autant une chaîne est en maillons autant les secteurs sont interdépendants.
Que fait l’Etat pour juguler ce phénomène?
Le dispositif national de la Côte d’Ivoire a été évalué en 2012. En 2013, notre rapport a été analysé à Cotonou et à partir de ce moment-là, nous avons été mis sur le régime de suivi évaluation. C’est un très bon régime en dépit de la crise et cela est remarquable. Nous continuons de renforcer le dispositif national, en rendant notre environnement conforme aux recommandations du GIABA et du GAFI. Beaucoup de textes qui ont été pris, parce que le blanchiment a plusieurs visages. Cela part du trafic d’armes, de stupéfiants, à la fraude fiscale. Notre premier souci, c’est de rendre notre environnement conforme et en novembre 2015, nous allons rendre notre troisième rapport. Dans le même élan, nous portons une attention particulière à la formation des assujettis et l’autre volet, c’est celui de la phase opérationnelle, c’est-à-dire le traitement que nous faisons des dossiers qui nous sont transmis. Pour l’année 2014, nous avons déjà 120 dossiers, et depuis le mois de septembre, 14 rapports qui ont été transmis.
Quel est l’impact financier du blanchiment d’argent. Etes-vous en mesure de nous dire combien de milliards ont été perdus du fait de cette infraction?
Les premières années du GIABA ont été essentiellement consacrées à l’implantation du dispositif de lutte dans chaque pays au niveau de la sous-région puis à la formation des acteurs, des membres des cellules dans chaque pays. C’est maintenant que nous allons entrer effectivement dans la phase de résultats. A Niamey par exemple, nous avons enregistré plus de 300.000 dossiers, mais il faut attendre que ces dossiers aboutissent. Le processus est long selon le type d’infractions. Ce qui fait qu’à la date d’aujourd’hui, nous sommes réservés sur la communication des chiffres. C’est pour cela que nous sommes en train de passer à une phase d’interconnexion au niveau non seulement des assujettis avec la Certif, mais également avec les autorités de contrôle et de supervision et les autorités judiciaires. Ce qui est certain, les indices sont là, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme portent gravement atteinte à la sécurité et à la stabilité des Etats.
Propos recueillis par Diallo Harry
Quels sont les enjeux de cette 23 ème réunion du GIABA
Les enjeux de cette 23ème réunion, c’est que nous sommes à une phase charnière dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme dans la région. En effet, de 2011 à 2014, le GIABA a développé une stratégie d’intervention auprès des Etats pour mettre en place les dispositifs et les renforcer. Aujourd’hui ce cycle prend fin. Et il a donné lieu à l’évaluation de tous les pays membres. A savoir les quinze (15) pays de la CEDEAO et un pays non membre de la CEDEAO, qui est Sao Tomé et Principe. Il a donné lieu à une évaluation de leur dispositif national de lutte contre ledit phénomène. Il s’agissait de passer au crible fin toute la chaîne économique, les activités et la gouvernance du pays à travers, les normes que constituent les 40 recommandations éditées par le GAFI. Nous sommes à la fin de ce cycle parce que, à partir de 2016, nous allons engager un nouveau cycle d’évaluation. Ce nouveau cycle se base essentiellement sur les normes révisées du GAFI. Et a pour point crucial, l’évaluation des risques aux plans nationaux. C’est une tâche assidue. Il s’agit de prendre toutes les composantes de l’activité économique d’un pays et les passer au peigne fin, voir leur vulnérabilité à la perpétration du crime financier et prendre en contrepartie des mesures idoines afin que la gouvernance soit renforcée et que le pays soit débarrassé de ces tentatives de menaces. C’est cette évaluation qui se déroule depuis le lundi 18 mai afin de rendre compte au comité ministériel qui comprend trois ministres par pays membre. Il s’agit des ministres de l’Economie et des Finances, de la Justice et de la Sécurité. Il y aura plus de 45 ministres. L’objectif, c’est de prendre des décisions sur ce qu’il y a lieu de faire, la stratégie à définir pour passer avec succès au second cycle. Cette évaluation va permettre de dégager les caps au niveau de chaque pays. Et ensuite, nous allons passer à la stratégie pour les combler et permettre ainsi à nos pays d’entrer dans le second cycle, qui est un cycle beaucoup plus difficile. Voila les enjeux. Il s’agit également de renforcer la coopération économique, parce que dans un contexte aussi difficile que celui qu’on connaît maintenant, on ne peut aller seul sans l’implication des partenaires techniques et financiers. D’où leur présence à cette session.
Quels sont, au niveau de la CEDEAO, les pays les plus touchés et les secteurs d’activité les plus concernés par ce fléau?
C’est une chaîne. Et dans une chaîne, il n’y pas un maillon qui peut paraître plus vulnérable qu’un autre. Si un est maillon faible, c’est toute la chaîne qui est faible. Notre raisonnement, c’est qu’il y ait un équilibre parfait dans l’efficacité des systèmes dans toute la sous-région. Au niveau de la Côte d’Ivoire nous sommes satisfaits, je l’ai dit. Au niveau de l’ensemble des 16 pays, aujourd’hui, un seul pays se trouve sous le processus de suivi accéléré, parce que nous n’avons pas pu mettre en place l’assistance nécessaire pour lui venir en aide lorsqu’il a été touché par la maladie à virus Ebola. Mais avec les progrès qui ont été réalisés dans l’éradication de cette maladie, nous serons à mesure de lui mettre à disposition de l’aide, pour qu’il puisse être au même niveau que les autres.
Quel est l’état des lieux en Côte d’Ivoire?
Les secteurs les plus touchés en Côte d’Ivoire sont l’immobilier et l’agriculture. Vous savez que notre pays est un pays à vocation agricole. Nous avons eu des dossiers qui portent sur le blanchiment d’argent à travers les grains de café et des fèves de cacao. Des dossiers qui portent sur l’acquisition de plantation d’hévéa. Les vulnérabilités sont liées rapport aux activités les plus porteuses d’un Etat. Donc, quand vous voyez la structure économique de la Côte d’Ivoire, vous pouvez deviner aisément. Mais ce n’est pas pour autant que les autres secteurs doivent être négligés. Parce que nous avons un cas très important, un vendeur de fleur. C’est pour dire que tous les secteurs sont à contrôler. C’est une chaîne. Autant une chaîne est en maillons autant les secteurs sont interdépendants.
Que fait l’Etat pour juguler ce phénomène?
Le dispositif national de la Côte d’Ivoire a été évalué en 2012. En 2013, notre rapport a été analysé à Cotonou et à partir de ce moment-là, nous avons été mis sur le régime de suivi évaluation. C’est un très bon régime en dépit de la crise et cela est remarquable. Nous continuons de renforcer le dispositif national, en rendant notre environnement conforme aux recommandations du GIABA et du GAFI. Beaucoup de textes qui ont été pris, parce que le blanchiment a plusieurs visages. Cela part du trafic d’armes, de stupéfiants, à la fraude fiscale. Notre premier souci, c’est de rendre notre environnement conforme et en novembre 2015, nous allons rendre notre troisième rapport. Dans le même élan, nous portons une attention particulière à la formation des assujettis et l’autre volet, c’est celui de la phase opérationnelle, c’est-à-dire le traitement que nous faisons des dossiers qui nous sont transmis. Pour l’année 2014, nous avons déjà 120 dossiers, et depuis le mois de septembre, 14 rapports qui ont été transmis.
Quel est l’impact financier du blanchiment d’argent. Etes-vous en mesure de nous dire combien de milliards ont été perdus du fait de cette infraction?
Les premières années du GIABA ont été essentiellement consacrées à l’implantation du dispositif de lutte dans chaque pays au niveau de la sous-région puis à la formation des acteurs, des membres des cellules dans chaque pays. C’est maintenant que nous allons entrer effectivement dans la phase de résultats. A Niamey par exemple, nous avons enregistré plus de 300.000 dossiers, mais il faut attendre que ces dossiers aboutissent. Le processus est long selon le type d’infractions. Ce qui fait qu’à la date d’aujourd’hui, nous sommes réservés sur la communication des chiffres. C’est pour cela que nous sommes en train de passer à une phase d’interconnexion au niveau non seulement des assujettis avec la Certif, mais également avec les autorités de contrôle et de supervision et les autorités judiciaires. Ce qui est certain, les indices sont là, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme portent gravement atteinte à la sécurité et à la stabilité des Etats.
Propos recueillis par Diallo Harry