Au terme de la 101ième assemblée plénière de la conférence des évêques catholiques du 4 au 10 mai à Taabo, Mgr Alexis Touably Youlo, évêque du diocèse d’Agboville et, par ailleurs, président de la conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (CCECI) s’est prêté à nos questions pour donner des éclairages sur leur dernière sortie qui a fait couler beaucoup d’encre.
Vous venez de clore la 101ème assemblée des évêques catholiques à Taabo. Quelles sont les grandes lignes des résolutions que vous avez prises ?
Effectivement, nous avons tenu du 4 au 10 mai 2015 à Taabo, la 101ème assemblée de notre conférence. Les résolutions prises se situent à deux niveaux. D’abord, pour la vie de l’Eglise, nous avons pris la résolution de redynamiser les différents organes et structures de fonctionnement de l’Eglise catholique. Deuxièmement, nous avons procédé à certaines nominations importantes. Nous avons nommé un nouveau directeur national de la catéchèse, un nouveau directeur national de la Caritas, un nouveau coordonnateur de la Commission épiscopale ‘Justice et paix’. Il y a eu aussi des nominations dans nos grands séminaires. Voilà, les résolutions prises qui concernent la vie interne de l’Eglise. Cela est dans l’ordre de nos manières de travailler. L’assemblée plénière de janvier est un temps consacré à un thème qu’on développe et celle de mai concerne les nominations et la redynamisation de nos structures.
Parmi ces résolutions, avez-vous réclamé le désarmement des ex-rebelles pour une bonne tenue des élections d’octobre prochain ?
Là, ce n’est pas une résolution parce qu’il n’appartient pas à l’Eglise de prendre des résolutions quand il s’agit de la vie de la nation. Et donc, le désarmement ne fait pas partie de nos résolutions. Nous prenons les résolutions sur les chapitres qui relèvent de notre compétence. Donc, nous n’avons pas pris de résolution sur le désarmement. Cela ne relève pas de notre compétence directe. Par contre, nous avons émis un vœu, un souhait. Nous avons souhaité que le désarmement se fasse effectivement. Les choses ont déjà commencé et vont bien. Nous félicitons d’ailleurs, ceux qui ont compétence dans ce domaine. Nous souhaitons que ce travail se poursuive et s’achève à temps pour que, justement, les prochaines élections puissent se dérouler dans de bonnes conditions. Donc, je reprécise que concernant le désarmement, ce n’est pas une résolution parce qu’il ne revient pas à l’Eglise de prendre des résolutions pour ce qui concerne la vie et le fonctionnement de l’Etat. C’était un vœu, un souhait.
Pensez-vous que les élections peuvent se tenir dans le temps indiqué surtout que les opposants contestent la Cei ?
Ce n’est pas à moi de répondre à cette question parce que je n’ai aucune compétence pour le faire. Nous émettons un vœu. Maintenant, il revient à ceux qui ont compétence d’apprécier. Je pense, d’ailleurs, étant donné que c’est leur métier, qu’ils ont pris leurs précautions et les moyens pour que les choses tiennent dans le temps.
Vous avez aussi souhaité que tous les leaders politiques se retrouvent pour booster la paix. Alors que d’autres sont toujours en prison. Dans votre entendement, comment cela va se faire ? En clair, que voulez-vous que le tenant actuel du pouvoir fasse ?
Tout cela relève de l’ordre des souhaits. Et notre souhait est que tous les leaders politiques puissent se retrouver. Tous ceux qui, hier, ne se sont pas bien compris, puissent se retrouver et transcender ce qui les a opposés pour rechercher ensemble le bien de la Côte d’Ivoire. Maintenant, comment ils vont le faire ? Ça, ce n’est pas à nous de le dire. Il revient à ceux qui sont compétents de le faire. C’est comme si quelqu’un vient nous (prêtres) voir pour demander une messe, il ne lui revient pas de nous indiquer comment nous devons dire la messe. C’est à nous qui sommes compétents dans ce domaine de décider comment dire cette messe. Donc, c’est la même procédure. On leur dit qu’ils ne se sont pas entendus hier et ça arrive dans toute famille. Si l’on considère la Nation comme une famille où il y a des moments de brouilles, de mésententes. Mais aujourd’hui, nous leur demandons de s’entendre. C’est tout. Comment vont-ils procéder ? C’est à eux de voir et ils sont compétents pour le faire.
Après votre sortie à Taabo, les Ivoiriens disent que l’Eglise est en train de se réveiller. Qu’en dites-vous ?
Non, je regrette. Ceux qui disent cela, ne suivent, peut-être, pas de près les activités de la conférence épiscopale. Vous qui êtes de la presse, si vous avez bien remarqué, à chacune de nos assemblées, nous produisons un message du même ordre que celui de Taabo. A Korhogo, il y a trois ans de cela, nous avons publié un message sur les conditions de la paix. A Abengorou, San-Pedro, Taabo, ….c’est toujours la même chose. Donc, pratiquement à chacune de nos assemblées plénières, nous avons donné des messages. Ceux qui disent que c’est maintenant qu’on se réveille, alors je ne les comprends pas très bien puisque chaque fois que nous nous réunissons nous donnons des messages. Peut-être, avec tout le respect que je leur dois, ils n’ont pas pris le temps de suivre les activités de la conférence épiscopale. Peut-être aussi qu’ils ne prennent pas le temps d’écouter nos radios catholiques sur lesquelles nous faisons nos relais après les publications. Et c’est ce que nous pouvons faire car nous n’avons que cela : la parole.
Nous courons vers les échéances d’octobre 2015. Comment voyez-vous la vie politique de la Côte d’Ivoire ?
Personnellement, je suis de nature optimiste. Il n’est pas dans ma nature de voir la catastrophe partout. Je dis qu’une nation est comme un corps humain. Et un corps qui grandit, c’est ‘normal’, qu’il connaisse des moments de fièvre, de maladie. Quand ces moments arrivent, on soigne le corps, il guérit et continue sa route c’est-à-dire sa croissance. Il en va de même pour une nation qui connaît des moments d’essoufflements, de fièvre, de fièvre nationale, de « Djakouadjo national» (paludisme). Ça arrive. Mais, on ne peut pas dire que comme on a connu un « Djakouadjo national », alors tout le reste de notre histoire sera « Djakouadjo ». Pour revenir à votre question, personnellement, je suis optimiste et j’ai confiance aux Ivoiriens. Je sais que l’homme ivoirien, quelle que soit sa religion, son parti politique, son groupe ethnique, est capable de transcendance, de dépassement, d’élévation parce que justement, notre bien commun, c’est la Côte d’Ivoire. Et je suis convaincu qu’aucun Ivoirien ne veut voir ce pays sombrer. Ça, j’en suis convaincu. Sachez que l’Ivoirien n’a pas la violence dans ses chromosomes. Ce n’est pas cela qui est la culture de l’Ivoirien. Et je suis convaincu que les Ivoiriens feront tout pour que les élections se passent bien afin que la Côte d’Ivoire en sorte plus grande, plus forte et plus rayonnante. J’ai foi en l’avenir de ce pays. D’ailleurs, je ne cesse de le dire et je l’ai dit devant le cardinal Tauran, qu’ici en Côte d’Ivoire, on a plus de grâces à célébrer que de difficultés à résoudre. Notre pays est l’un des plus beaux au monde. C’est d’ailleurs le plus beau pays au monde sans exagérer tant au plan humain, social qu’au niveau de la nature. La Côte d’Ivoire est un paradis. Ce n’est pas faire de la poésie de dire cela. Pour moi, la Côte d’Ivoire est un morceau du ciel qu’on a déposé sur la terre (…) Nous n’avons pas intérêt à gâter et à faire sombrer notre pays. Je suis convaincu que nous ferons tout pour que les élections se passent bien pour qu’après octobre le pays passe à la vitesse supérieure. C’est la réalité. Je crois que ce petit pays de par sa superficie a fait trop de bien à l’Afrique et à l’humanité toute entière pour que Dieu le laisse sombrer. Ce n’est pas possible.
Un conseil aux hommes politiques à l’orée des élections d’octobre prochain ?
Mon appel se résumera en un seul mot : l’amour. Car c’est l’amour qui fait la force d’une nation parce qu’une nation c’est une famille. Et la force d’une famille, c’est l’amour (...) Je ne m’adresse pas seulement aux leaders politiques, mais à tous les Ivoiriens. Chacun d’entre nous doit aimer la Côte d’Ivoire que nous devons absolument préserver par l’amour. Par exemple, aimer les hommes car la meilleure richesse du pays, ce n’est ni le cacao ni le café mais plutôt l’Ivoirien. Si les hommes du Sud aiment vraiment et sincèrement les hommes du Nord ou que les hommes du Nord aiment ceux de l’Ouest et ceux de l’Est aiment ceux du Centre etc. la Côte d’Ivoire sera un beau pays et une grande famille avec pour père, le président en exercice. Et tous seront des frères et des sœurs. Aimer également et respecter les institutions et tout ce qui est emblème et symbole de la Nation, par exemple, les équipes nationales, le drapeau national, les biens publics etc. Voilà où il faut arriver. Il faut qu’on retrouve cela parce que c’est quelque chose qu’on connaît avant. S’il y a l’amour, la paix et tout reste viendront. Je termine en citant Saint Augustin qui dit : « Aime et fais ce que tu veux ». Cela veut dire que si tu aimes tu ne feras que du bien. Aux hommes politiques, religieux, à tous les Ivoiriens, je leur demande de vivre l’amour car c’est l’amour qui sauvera notre pays.
Ahou Moayé
Vous venez de clore la 101ème assemblée des évêques catholiques à Taabo. Quelles sont les grandes lignes des résolutions que vous avez prises ?
Effectivement, nous avons tenu du 4 au 10 mai 2015 à Taabo, la 101ème assemblée de notre conférence. Les résolutions prises se situent à deux niveaux. D’abord, pour la vie de l’Eglise, nous avons pris la résolution de redynamiser les différents organes et structures de fonctionnement de l’Eglise catholique. Deuxièmement, nous avons procédé à certaines nominations importantes. Nous avons nommé un nouveau directeur national de la catéchèse, un nouveau directeur national de la Caritas, un nouveau coordonnateur de la Commission épiscopale ‘Justice et paix’. Il y a eu aussi des nominations dans nos grands séminaires. Voilà, les résolutions prises qui concernent la vie interne de l’Eglise. Cela est dans l’ordre de nos manières de travailler. L’assemblée plénière de janvier est un temps consacré à un thème qu’on développe et celle de mai concerne les nominations et la redynamisation de nos structures.
Parmi ces résolutions, avez-vous réclamé le désarmement des ex-rebelles pour une bonne tenue des élections d’octobre prochain ?
Là, ce n’est pas une résolution parce qu’il n’appartient pas à l’Eglise de prendre des résolutions quand il s’agit de la vie de la nation. Et donc, le désarmement ne fait pas partie de nos résolutions. Nous prenons les résolutions sur les chapitres qui relèvent de notre compétence. Donc, nous n’avons pas pris de résolution sur le désarmement. Cela ne relève pas de notre compétence directe. Par contre, nous avons émis un vœu, un souhait. Nous avons souhaité que le désarmement se fasse effectivement. Les choses ont déjà commencé et vont bien. Nous félicitons d’ailleurs, ceux qui ont compétence dans ce domaine. Nous souhaitons que ce travail se poursuive et s’achève à temps pour que, justement, les prochaines élections puissent se dérouler dans de bonnes conditions. Donc, je reprécise que concernant le désarmement, ce n’est pas une résolution parce qu’il ne revient pas à l’Eglise de prendre des résolutions pour ce qui concerne la vie et le fonctionnement de l’Etat. C’était un vœu, un souhait.
Pensez-vous que les élections peuvent se tenir dans le temps indiqué surtout que les opposants contestent la Cei ?
Ce n’est pas à moi de répondre à cette question parce que je n’ai aucune compétence pour le faire. Nous émettons un vœu. Maintenant, il revient à ceux qui ont compétence d’apprécier. Je pense, d’ailleurs, étant donné que c’est leur métier, qu’ils ont pris leurs précautions et les moyens pour que les choses tiennent dans le temps.
Vous avez aussi souhaité que tous les leaders politiques se retrouvent pour booster la paix. Alors que d’autres sont toujours en prison. Dans votre entendement, comment cela va se faire ? En clair, que voulez-vous que le tenant actuel du pouvoir fasse ?
Tout cela relève de l’ordre des souhaits. Et notre souhait est que tous les leaders politiques puissent se retrouver. Tous ceux qui, hier, ne se sont pas bien compris, puissent se retrouver et transcender ce qui les a opposés pour rechercher ensemble le bien de la Côte d’Ivoire. Maintenant, comment ils vont le faire ? Ça, ce n’est pas à nous de le dire. Il revient à ceux qui sont compétents de le faire. C’est comme si quelqu’un vient nous (prêtres) voir pour demander une messe, il ne lui revient pas de nous indiquer comment nous devons dire la messe. C’est à nous qui sommes compétents dans ce domaine de décider comment dire cette messe. Donc, c’est la même procédure. On leur dit qu’ils ne se sont pas entendus hier et ça arrive dans toute famille. Si l’on considère la Nation comme une famille où il y a des moments de brouilles, de mésententes. Mais aujourd’hui, nous leur demandons de s’entendre. C’est tout. Comment vont-ils procéder ? C’est à eux de voir et ils sont compétents pour le faire.
Après votre sortie à Taabo, les Ivoiriens disent que l’Eglise est en train de se réveiller. Qu’en dites-vous ?
Non, je regrette. Ceux qui disent cela, ne suivent, peut-être, pas de près les activités de la conférence épiscopale. Vous qui êtes de la presse, si vous avez bien remarqué, à chacune de nos assemblées, nous produisons un message du même ordre que celui de Taabo. A Korhogo, il y a trois ans de cela, nous avons publié un message sur les conditions de la paix. A Abengorou, San-Pedro, Taabo, ….c’est toujours la même chose. Donc, pratiquement à chacune de nos assemblées plénières, nous avons donné des messages. Ceux qui disent que c’est maintenant qu’on se réveille, alors je ne les comprends pas très bien puisque chaque fois que nous nous réunissons nous donnons des messages. Peut-être, avec tout le respect que je leur dois, ils n’ont pas pris le temps de suivre les activités de la conférence épiscopale. Peut-être aussi qu’ils ne prennent pas le temps d’écouter nos radios catholiques sur lesquelles nous faisons nos relais après les publications. Et c’est ce que nous pouvons faire car nous n’avons que cela : la parole.
Nous courons vers les échéances d’octobre 2015. Comment voyez-vous la vie politique de la Côte d’Ivoire ?
Personnellement, je suis de nature optimiste. Il n’est pas dans ma nature de voir la catastrophe partout. Je dis qu’une nation est comme un corps humain. Et un corps qui grandit, c’est ‘normal’, qu’il connaisse des moments de fièvre, de maladie. Quand ces moments arrivent, on soigne le corps, il guérit et continue sa route c’est-à-dire sa croissance. Il en va de même pour une nation qui connaît des moments d’essoufflements, de fièvre, de fièvre nationale, de « Djakouadjo national» (paludisme). Ça arrive. Mais, on ne peut pas dire que comme on a connu un « Djakouadjo national », alors tout le reste de notre histoire sera « Djakouadjo ». Pour revenir à votre question, personnellement, je suis optimiste et j’ai confiance aux Ivoiriens. Je sais que l’homme ivoirien, quelle que soit sa religion, son parti politique, son groupe ethnique, est capable de transcendance, de dépassement, d’élévation parce que justement, notre bien commun, c’est la Côte d’Ivoire. Et je suis convaincu qu’aucun Ivoirien ne veut voir ce pays sombrer. Ça, j’en suis convaincu. Sachez que l’Ivoirien n’a pas la violence dans ses chromosomes. Ce n’est pas cela qui est la culture de l’Ivoirien. Et je suis convaincu que les Ivoiriens feront tout pour que les élections se passent bien afin que la Côte d’Ivoire en sorte plus grande, plus forte et plus rayonnante. J’ai foi en l’avenir de ce pays. D’ailleurs, je ne cesse de le dire et je l’ai dit devant le cardinal Tauran, qu’ici en Côte d’Ivoire, on a plus de grâces à célébrer que de difficultés à résoudre. Notre pays est l’un des plus beaux au monde. C’est d’ailleurs le plus beau pays au monde sans exagérer tant au plan humain, social qu’au niveau de la nature. La Côte d’Ivoire est un paradis. Ce n’est pas faire de la poésie de dire cela. Pour moi, la Côte d’Ivoire est un morceau du ciel qu’on a déposé sur la terre (…) Nous n’avons pas intérêt à gâter et à faire sombrer notre pays. Je suis convaincu que nous ferons tout pour que les élections se passent bien pour qu’après octobre le pays passe à la vitesse supérieure. C’est la réalité. Je crois que ce petit pays de par sa superficie a fait trop de bien à l’Afrique et à l’humanité toute entière pour que Dieu le laisse sombrer. Ce n’est pas possible.
Un conseil aux hommes politiques à l’orée des élections d’octobre prochain ?
Mon appel se résumera en un seul mot : l’amour. Car c’est l’amour qui fait la force d’une nation parce qu’une nation c’est une famille. Et la force d’une famille, c’est l’amour (...) Je ne m’adresse pas seulement aux leaders politiques, mais à tous les Ivoiriens. Chacun d’entre nous doit aimer la Côte d’Ivoire que nous devons absolument préserver par l’amour. Par exemple, aimer les hommes car la meilleure richesse du pays, ce n’est ni le cacao ni le café mais plutôt l’Ivoirien. Si les hommes du Sud aiment vraiment et sincèrement les hommes du Nord ou que les hommes du Nord aiment ceux de l’Ouest et ceux de l’Est aiment ceux du Centre etc. la Côte d’Ivoire sera un beau pays et une grande famille avec pour père, le président en exercice. Et tous seront des frères et des sœurs. Aimer également et respecter les institutions et tout ce qui est emblème et symbole de la Nation, par exemple, les équipes nationales, le drapeau national, les biens publics etc. Voilà où il faut arriver. Il faut qu’on retrouve cela parce que c’est quelque chose qu’on connaît avant. S’il y a l’amour, la paix et tout reste viendront. Je termine en citant Saint Augustin qui dit : « Aime et fais ce que tu veux ». Cela veut dire que si tu aimes tu ne feras que du bien. Aux hommes politiques, religieux, à tous les Ivoiriens, je leur demande de vivre l’amour car c’est l’amour qui sauvera notre pays.
Ahou Moayé