x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Editorial Publié le samedi 1 août 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : la photographie du savoir

« Qu’est-ce qu’on va faire de tous ces bacheliers ? On a aussi besoin de boulangers ! » C’est François Mitterrand qui s’exclamait ainsi en réaction à son ministre de l’Education qui voulait que la France atteigne l’objectif de 80 pour cent de bacheliers. C’est écrit noir et blanc dans le livre que lui consacre Jacques Attali sous le titre : « C’était François Mitterrand. » J’aurai à revenir, souvent dans mes chroniques, sur ce livre qui est un vrai outil de travail pour tout le monde, en particulier les politiciens. J’ai souvent dit et écrit que l’une des faiblesses de la gouvernance en Afrique se trouvait dans la faiblesse des documents écrits par ceux qui ont gouverné ou géré. Ainsi, en produisant des écrits, leurs successeurs seront informés et ne se jetteront pas dans le néant. A travers ce livre on apprend à comprendre et à connaitre les politiciens de haut rang, notamment sur les critiques venant de partout à leur encontre. « Il pensait que la première qualité d’un chef d’Etat n’était pas le courage, mais l’indifférence. » Le commun des mortels se demande toujours comment les politiciens font pour avoir la sérénité devant les attaques des opposants et des journalistes. Or, selon l’ancien président français c’est à l’indifférence affichée vis-à-vis de toutes ces criques qu’on reconnait l’homme politique vrai. Il est si féroce contre la presse, notamment les journalistes de la presse écrite qu’il traite de prétentieux, d’incapables, de faibles, de médiocres, de minables, d’ignorance crasse. « Vous voyez bien : les journalistes n’ont pas de passion pour la vérité. Ils aiment à la fabriquer pour faire un scoop, pas à enquêter sérieusement et objectivement. Toutefois, la surprise vient des commentaires sur son gouvernement, ses ministres. Il trouve une grande majorité nulle. Alors, je comprends mieux pourquoi Hampaté aimait me dire pourquoi son ami et les politiciens africains n’aimaient pas écrire. Ils vont toucher à des « secrets » qui vont nuire à des personnes et même à leur famille sur plusieurs générations. Et on reste tous dans la conspiration du silence. Cela explique aussi l’oralité. On n’écrit pas. On mémorise tout. On meurt avec sa connaissance, son savoir. D’où l’incompréhension sur le problème de l’analphabétisme. Pour de nombreux cadres africains il faut augmenter le taux de ceux qui doivent aller à l’école occidentale. Ils sont pris comme des analphabètes. Heureusement d’ailleurs, sans quoi le volcan aurait tout détruit depuis longtemps dans nos pays. Chez nous les boulangers dont parle Mitterrand, sont ceux qui pratiquent les petits métiers, qui n’ont pas été à l’école. On les retrouve dans la tôlerie, la mécanique, la menuiserie, la couture, la vente de produits alimentaires dans les marchés, les différentes réparations, les salons de coiffure, des servantes de maison, etc... On image si une partie d’eux avaient atteints la classe du CM2, ils auraient passé leur temps à chercher du travail dans les bureaux. Augmentant du double au quadruple le taux du chômage. Ce qui est impressionnant, pour nous qui les côtoyons chaque jour, le fait de ne pas aller à l’école française ou occidentale n’a pas été un frein dans leur progression dans la vie. Tous ont appris à parler la langue du colonisateur et certains même l’écrivent. En plus et mieux, une grande partie d’eux ont le même niveau de vie que des hauts fonctionnaires et même plus. Je me souviens encore de la télévision ivoirienne a ses débuts. Quand elle ne marchait pas toute la journée et surtout quand on ne possédait pas des centaines de chaines câblées, une grande offense à l’intelligence comme je continue à le croire, un débat a été historique. Des ouvriers ont été montrés dans leurs activités, dans leurs garages ou dans leurs ateliers et à domicile avec tout le confort. Les jeunes collégiennes interrogées ont été catégoriques. Jamais elles n’épouseront un mécanicien ou un plombier, tout homme de petit métier, même s’il est riche. Le complexe du parchemin occidental continue d’hanter l’esprit des cadres africains oubliant que l’écriture est une photographie du savoir et non le savoir. On oublie souvent que la plupart de ces analphabètes à l’occidental sont d’une grande culture dans une autre éducation et écrivent dans d’autres langues telles que l’arabe. On comprend encore mieux le grand intérêt de François Mitterrand pour les écrivains. En particulier les romanciers. « Je ne crois pas qu’on puisse conduire des millions d’hommes en restant à l’abri d’interrogations et esthétiques, en n’ayant pas quelques critères de jugement et d’action. Pour moi, il est donc important de vivre dans un milieu où l’on débat de ces choses et, sans mélanger les genres, de ne pas séparer ces deux mondes : intellectuel ou artistique et politique. » Sacré Mitterrand ! Je crois qu’une politique est à renforcer. L’alphabétisation. Elle sera salutaire. Et cela permettra aux uns et autres de nous laisser des documents dans la langue coloniale. Et leurs écrits renforceront notre développement intégral. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ