Banny veut être président. Mais cette année, en cette élection 2015, c’est raté. Faut-il être devin pour pouvoir faire une telle affirmation ? À la vérité, tous les indicateurs sont au rouge. Et la preuve est faite que Banny n’a pas préparé son projet. Il a oublié les principes primaires, qui posent qu’il faut travailler pour gagner une compétition. Au lieu de tisser sa toile qui lui permettrait de mobiliser la population pour sa cause, et de le positionner comme le leader de l’opposition, en l’absence d’un Laurent Gbagbo mis sous l’éteignoir depuis 2011, son entourage s’est engagé dans la félonie et le dénigrement gratuit. Et la principale figure de ces atermoiements reste sans conteste Tiburce Koffi, cet homme-girouette, cet homme sans convictions qui court de chapelle en chapelle en quête de la reconnaissance nombrilique. Rasant les murs et travaillant à visage masqué Banny et ses hommes paient cash, du moins au prix fort, leur manque de pugnacité politique. Mais aussi et surtout leur attachement aux avantages du pouvoir. Sans cela, Banny aurait eu un positionnement différent sur l’échiquier politique ivoirien. Hélas, Tiburce Koffi et les autres thuriféraires n’ont pas prévenu les trois erreurs qui plombent la candidature de Banny aujourd’hui.
Premièrement, l’attachement aux avantages du pouvoir.
En effet, il a choisi le confort douillet des salons feutrés, évitant les pistes rocailleuses, les sentiers escarpés et la broussaille, qui mènent aux populations rurales. Il a évité de vivre, le temps d’une visite, les réalités du peuple. Il ne sait pas, par exemple, que dans telle ville les femmes rurales ont besoin de routes pour écouler leurs produits (le vivrier en l’occurrence), il ne sait pas que dans telle zone, les populations ont besoin d’écoles (soit un nombre important de salles de classe) pour scolariser leurs enfants. Il ne s’est pas mis à la disposition de son pays. Servir la Côte d’Ivoire n’a pas été un objectif, pas plus que cela n’a été ni une priorité ni un sacerdoce. Comment dans ces conditions aurait-il pu envisager des solutions innovantes aux problèmes de nos braves paysans ? Comment dans ces conditions aurait-il pu envisager le changement pour les commerçants ? Impulser une dynamique nouvelle à l’artisanat ?
Deuxièmement, le manque d’instrument de conquête du pouvoir
Banny n’aurait pas dû accepter la présidence de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr). Il devrait créer son parti. Le parti, et je ne vous apprends rien, est l’instrument de la quête du pouvoir, de même que le fusil est l’instrument de la chasse. Or, la quête du pouvoir ne s’improvise pas. C’est vrai que c’est Dieu qui donne le pouvoir. Mais, Il ne le donne qu’à ceux qui vont à sa conquête avec stratégie, intelligence et persévérance. Banny ne pouvait pas être à Abidjan, attaché à la Cdvr et proposer aujourd’hui et subitement aux Ivoiriens de lui accorder leurs suffrages. Il s’est attaché à lutter pour contrôler le Pdci, à faire des missions puériles pour la Cdvr. Conséquences, il se retrouve sans appareil politique, sans appui institutionnel, les chefs traditionnels Baoulé ayant soutenu l’Appel de Daoukro, et sans ancrage politique. Il n’a pas de fief, non plus. Que peut-il réellement proposer aux Ivoiriens ? Lui qui ne connaît pas les problèmes des Ivoiriens. Ce n’est pas surprenant si Banny, parmi les ténors de la politique ivoirienne, reste le seul à ne pas pouvoir revendiquer de bilan.
Troisièmement, l’insuffisance de bilan
C’est là, justement que réside le tendon d’Achille de l’ancien Premier ministre. Il n’a initié ni réussi aucune réforme. Il n’a été à l’origine d’aucun changement notable ni sur le plan social ni sur le plan économique. D’ailleurs, c’est sous sa gouvernance que les populations de Côte d’Ivoire ont été affectées par la mort à travers les déchets toxiques. Une affaire macabre, dont il a été incapable de sanctionner les coupables. En sa qualité de président de la Cdvr, il n’a pas réussi à réconcilier les Ivoiriens. Sans bilan, sans formation politique, les portes du palais sont-elles fermées pour autant à Banny ? L’histoire nous apprend que c’est après moult essais que les grands hommes sont parvenus aux affaires. Laurent-Désiré Kabila a mis 32 ans, Alassane Ouattara, 17 ans. La première candidature de François Mitterrand date de 1965. Mais c’est en 1981, qu’il a été élu. Pour cette fois, le candidat unique du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) rempile pour un second mandat, s’il plaît à Dieu. Les starting-blocks restent ouverts…
Philippe GUEI
Premièrement, l’attachement aux avantages du pouvoir.
En effet, il a choisi le confort douillet des salons feutrés, évitant les pistes rocailleuses, les sentiers escarpés et la broussaille, qui mènent aux populations rurales. Il a évité de vivre, le temps d’une visite, les réalités du peuple. Il ne sait pas, par exemple, que dans telle ville les femmes rurales ont besoin de routes pour écouler leurs produits (le vivrier en l’occurrence), il ne sait pas que dans telle zone, les populations ont besoin d’écoles (soit un nombre important de salles de classe) pour scolariser leurs enfants. Il ne s’est pas mis à la disposition de son pays. Servir la Côte d’Ivoire n’a pas été un objectif, pas plus que cela n’a été ni une priorité ni un sacerdoce. Comment dans ces conditions aurait-il pu envisager des solutions innovantes aux problèmes de nos braves paysans ? Comment dans ces conditions aurait-il pu envisager le changement pour les commerçants ? Impulser une dynamique nouvelle à l’artisanat ?
Deuxièmement, le manque d’instrument de conquête du pouvoir
Banny n’aurait pas dû accepter la présidence de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr). Il devrait créer son parti. Le parti, et je ne vous apprends rien, est l’instrument de la quête du pouvoir, de même que le fusil est l’instrument de la chasse. Or, la quête du pouvoir ne s’improvise pas. C’est vrai que c’est Dieu qui donne le pouvoir. Mais, Il ne le donne qu’à ceux qui vont à sa conquête avec stratégie, intelligence et persévérance. Banny ne pouvait pas être à Abidjan, attaché à la Cdvr et proposer aujourd’hui et subitement aux Ivoiriens de lui accorder leurs suffrages. Il s’est attaché à lutter pour contrôler le Pdci, à faire des missions puériles pour la Cdvr. Conséquences, il se retrouve sans appareil politique, sans appui institutionnel, les chefs traditionnels Baoulé ayant soutenu l’Appel de Daoukro, et sans ancrage politique. Il n’a pas de fief, non plus. Que peut-il réellement proposer aux Ivoiriens ? Lui qui ne connaît pas les problèmes des Ivoiriens. Ce n’est pas surprenant si Banny, parmi les ténors de la politique ivoirienne, reste le seul à ne pas pouvoir revendiquer de bilan.
Troisièmement, l’insuffisance de bilan
C’est là, justement que réside le tendon d’Achille de l’ancien Premier ministre. Il n’a initié ni réussi aucune réforme. Il n’a été à l’origine d’aucun changement notable ni sur le plan social ni sur le plan économique. D’ailleurs, c’est sous sa gouvernance que les populations de Côte d’Ivoire ont été affectées par la mort à travers les déchets toxiques. Une affaire macabre, dont il a été incapable de sanctionner les coupables. En sa qualité de président de la Cdvr, il n’a pas réussi à réconcilier les Ivoiriens. Sans bilan, sans formation politique, les portes du palais sont-elles fermées pour autant à Banny ? L’histoire nous apprend que c’est après moult essais que les grands hommes sont parvenus aux affaires. Laurent-Désiré Kabila a mis 32 ans, Alassane Ouattara, 17 ans. La première candidature de François Mitterrand date de 1965. Mais c’est en 1981, qu’il a été élu. Pour cette fois, le candidat unique du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) rempile pour un second mandat, s’il plaît à Dieu. Les starting-blocks restent ouverts…
Philippe GUEI