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Politique Publié le mercredi 9 septembre 2015 | Notre Voie

Election transparente et environnement apaisé: les hommes politiques inquiets

Eric-Aimé Sémien, William Attéby et Joël N’Guessan étaient les invités, hier, du club Initiatives en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert. C’était à l’Hôtel Belle côte, à la Riviera Palmeraie, ils ont débattu sur le thème : « Elections transparentes et environnement apaisée en Côte d’Ivoire ». Une rencontre qui aura montré que malgré les assurances du régime Ouattara, la situation sociopolitique nationale inquiète. Et c’est Eric-Aimé Sémien, président du Bureau exécutif national de l’Observatoire ivoirien des droits de l’Homme (OIDH), qui met le pied dans le plat pour dénoncer une société ivoirienne en crise. Décrivant la vie sociopolitique ivoirienne de ces deux dernières décennies, il a indiqué que lorsque le régulateur social qu’est l’Etat est absent ou défectueux dans la mise en place d’institutions fiables et crédibles, qu’il n’est pas à mesure de ramener le contrat social et les relations de confiance, chacun se fait vengeance, donnant libre cours à son droit ou encore chacun fait un repli identitaire. Pour lui donc, c’est l’Etat, lui-même, qui est en crise. Dès lors, l’Etat s’est affaissé et les individus sont en train d’émerger en écrasant les institutions ou qu’ils façonnent à leur guise. Du coup, indiquera-t-il, on a des institutions faibles. Mais avec des individus forts. « Et ce son justement ces hommes forts qui marchent sur le peuple, qui marchent sur les institutions », a-t-il révélé.

Pour Eric-Aimé Sémien, au-delà donc des élections, il y a surtout la confiance. Parce qu’il est convaincu qu’une élection peut bien se dérouler avec des résultats fiables, mais cela ne garantit pas forcément un environnement propice à un climat de confiance entre les acteurs des élections et avec les populations. « La commission mise en place peut être bonne, mais est-ce qu’elle inspire la confiance, est-ce qu’elle a l’adhésion de tous, est-ce qu’elle a un regard de consensus ? Il en est de même pour les juridictions en charge des résultats définitifs», a-t-il affirmé. Avant d’indiquer que pour la société civile qu’il a représentée à ce panel, il faut un minimum de culture démocratique à tous les niveaux dans tout le processus électoral.

«Quand on est candidat, il n’y a que deux résultats possibles. Ou on gagne ou on perd. Quand on est électeur, il y a deux résultats possibles. Soit ton candidat gagne, soit ton candidat perd. Et celui qui gagne, je m’engager à le respecter en tant que président de la République, le chef suprême des Armées et des Institutions », a conseillé le patron de l’OIDH.

« Quel est le cadre institutionnel des élections de 2015 ?». Pour l’ancien député de Yopougon, William Attéby, la solution au problème de la crise que vit l’Etat de Côte d’Ivoire se trouve dans la réponse à donner cette interrogation. Pour le représentant du Front populaire ivoirien (FPI), il y a deux cas institutionnels possibles. La solution pourrait être le cas des accords politiques comme cela s’est fait en 2010 lorsqu’il a été décidé de mettre la Constitution ivoirienne de côté pour que l’actuel chef d’Etat, Alassane Ouattara, soit candidat pour la seule élection de 2010. A partir de cet instant, le Conseil constitutionnel ne pouvait pas se référer à la Constitution pour établir des critères d’éligibilité. « Nous sommes en 2015. Est-ce que nous sommes dans le cadre des accords politiques ou bien est-ce que nous sommes dans le cadre de la Constitution ? Parce que c’est en fonction du cadre institutionnel qu’on apprécie la validité de telle ou telle chose y compris le recours », a-t-il fait remarquer. Avant de s’interroger sur quelle base le Conseil constitutionnel va analyser les candidatures des différents prétendants à la magistrature suprême.

Comme les deux autres intervenants, Joël N’Guessan a reconnu qu’il y a effectivement une crise de l’Etat en Côte d’Ivoire. Selon lui, c’est parce qu’il y a encore dans le pays des individus, qui par manque de maturité démocratique, refusent de respecter les lois qui les régissent. C’est d’ailleurs pourquoi il a vivement interpellé ceux des hommes politiques qui appellent au boycott de tout processus électoral. «Même si certains ne veulent pas aller voter, il se trouvera toujours des gens qui iront voter », a-t-il fait comprendre.

Robert KRASSAULT
ciurbaine@yahoo.fr
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