Les institutions chargées de la question de l’élection présidentielle ne rassurent pas. Le Conseil constitutionnel à travers la validation de la candidature d’Alassane Ouattara vient d’amplifier les inquiétudes des Ivoiriens sur la transparence de cette élection.
La validation des candidatures mercredi dernier, est un aperçu de la grosse mascarade électorale qui attend les Ivoiriens. Alassane Ouattara, malgré la polémique sur son inéligibilité a été déclaré éligible par le Conseil constitutionnel. Cela avec des arguments que l’on peut qualifier de politiques et non juridiques. Le juge constitutionnel ayant passé le clair de son temps à répondre aux récriminations des hommes politiques en déclarant ceci : « Le Conseil constitutionnel qui rend la justice au nom du peuple de Côte d’Ivoire, ne saurait déclarer inéligible un candidat que le même peuple avait déjà oint de son suffrage en 2010, en parfaite connaissance de tout ce qui avait pu se dire sur lui, sans qu’aucun élément nouveau ne soit intervenu dans son statut ».Cet argument de Koné Mamadou n’est rien d’autre qu’une pure acrobatie politicienne visant à sauver un ami en difficulté. Cela parce que le peuple qu’il prend à témoin pour fonder sa conviction étant lui-même divisé sur la question de l’éligibilité d’Alassane Ouattara. Cette division est tellement profonde que la candidature du chef de l’Etat sortant n’a été possible qu’à la suite d’une mesure exceptionnelle imposée par le médiateur de la crise ivoirienne en 2005. En plus de cette précision, l’argument basé sur les « suffrages du peuple de Côte d’Ivoire » à Alassane Ouattara en 2010 pour justifier la validation de la candidature du chef de l’Etat sortant ne tient pas la route étant donné le grave contentieux électoral de cette année à laquelle Koné Mamadou se réfère. L’élection présidentielle de 2010 ayant été l’objet d’un braquage politico-diplomatique de la part de la coalition franco-onusienne, elle ne mérite pas d’être prise comme exemple pour fonder la conviction du juge constitutionnel. Lequel juge aura du mal à prouver que le « peuple ivoirien a oint l’actuel chef de l’Etat de son suffrage ». La preuve, c’est l’option de la voie militaire choisie par le camp d’Alassane Ouattara pour vider le contentieux électoral de 2010. Voici l’une des propositions meurtrières de Guillaume Soro, un partisan du chef de l’Etat. « En ce qui me concerne, après que la mobilisation de la communauté internationale par les sanctions, le soutien à M Alassane Ouattara, nous tous nous devons convenir que rien d’autre, que l’utilisation de la force ne peut déloger M. Gbagbo du pouvoir. D’ailleurs, le Premier ministre Kenyan, l’a proposé. Je conviens avec lui. De toutes les façons, ce n’est pas la première fois que la CEDEAO a pris des mesures pour déloger des dictateurs et que l’Union africaine a pris des mesures pour déloger des dictateurs au pouvoir. Je demande à tous les démocrates, à commencer par l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine, la CEDEAO de clairement envisager l’option de la force pour contraindre un dictateur qui, je le répète, a déjà fait tuer 200 Ivoiriens par des mercenaires libériens ». Il y a aussi cet aveu de Nicolas Sarkozy qui a dit ceci après l’intervention de la France au Mali : « Il y a eu une improvisation sur le Mali et la Centrafrique. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas intervenir, mais je n’ai toujours pas compris ce qu’on allait y faire. Le Mali, c’est du désert, des montagnes et des grottes. Quand je vois le soin que j’ai mis à intervenir en Côte d’Ivoire… On a sorti Laurent Gbagbo, on a installé Alassane Ouattara, sans aucune polémique, sans rien». Nicolas Sarkozy a fait cet aveu de taille lors des nombreux rendez-vous secrets qu’il a eus pendant sa retraite politique de deux ans et demi avec Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel pour chroniquer le quinquennat de François Hollande. Des confidences que les deux journalistes français ont consignées dans un livre paru, en novembre 2014, aux éditions Flammarion, sous le titre : « Ça reste entre nous, hein ? Deux ans de confidences de Nicolas Sarkozy ». Et qui dévoile, selon l’éditeur, «un Sarkozy brut de décoffrage, sans le filtre de la communication que les Français détectent et abhorrent». Une façon de dire que son poulain n’a pas eu l’onction du peuple mais que lui, Sarkozy a usé de la force pour dénouer le contentieux électoral 2010. Cet aveu est tellement clair qu’il permet de dire que quelqu’un à qui le peuple a accordé son suffrage ne peut permettre à ses partisans d’appeler à la guerre. Plusieurs options s’offrent à lui pour se faire entendre. Et l’option la plus sérieuse que son adversaire lui offrait, c’est le recomptage des voix en vigueur dans les démocraties les plus avancées. Ce n’est qu’en Côte d’Ivoire que ladite option a été refusée. Autant dire que le verdict de Koné Mamadou n’est pas convaincant. Cela est d’autant plus vrai que le juriste s’est vu dans l’obligation d’inventer « la candidature dérivée ». Un terme tout aussi anachronique pour embrouiller les Ivoiriens.
Gobson Zago
La validation des candidatures mercredi dernier, est un aperçu de la grosse mascarade électorale qui attend les Ivoiriens. Alassane Ouattara, malgré la polémique sur son inéligibilité a été déclaré éligible par le Conseil constitutionnel. Cela avec des arguments que l’on peut qualifier de politiques et non juridiques. Le juge constitutionnel ayant passé le clair de son temps à répondre aux récriminations des hommes politiques en déclarant ceci : « Le Conseil constitutionnel qui rend la justice au nom du peuple de Côte d’Ivoire, ne saurait déclarer inéligible un candidat que le même peuple avait déjà oint de son suffrage en 2010, en parfaite connaissance de tout ce qui avait pu se dire sur lui, sans qu’aucun élément nouveau ne soit intervenu dans son statut ».Cet argument de Koné Mamadou n’est rien d’autre qu’une pure acrobatie politicienne visant à sauver un ami en difficulté. Cela parce que le peuple qu’il prend à témoin pour fonder sa conviction étant lui-même divisé sur la question de l’éligibilité d’Alassane Ouattara. Cette division est tellement profonde que la candidature du chef de l’Etat sortant n’a été possible qu’à la suite d’une mesure exceptionnelle imposée par le médiateur de la crise ivoirienne en 2005. En plus de cette précision, l’argument basé sur les « suffrages du peuple de Côte d’Ivoire » à Alassane Ouattara en 2010 pour justifier la validation de la candidature du chef de l’Etat sortant ne tient pas la route étant donné le grave contentieux électoral de cette année à laquelle Koné Mamadou se réfère. L’élection présidentielle de 2010 ayant été l’objet d’un braquage politico-diplomatique de la part de la coalition franco-onusienne, elle ne mérite pas d’être prise comme exemple pour fonder la conviction du juge constitutionnel. Lequel juge aura du mal à prouver que le « peuple ivoirien a oint l’actuel chef de l’Etat de son suffrage ». La preuve, c’est l’option de la voie militaire choisie par le camp d’Alassane Ouattara pour vider le contentieux électoral de 2010. Voici l’une des propositions meurtrières de Guillaume Soro, un partisan du chef de l’Etat. « En ce qui me concerne, après que la mobilisation de la communauté internationale par les sanctions, le soutien à M Alassane Ouattara, nous tous nous devons convenir que rien d’autre, que l’utilisation de la force ne peut déloger M. Gbagbo du pouvoir. D’ailleurs, le Premier ministre Kenyan, l’a proposé. Je conviens avec lui. De toutes les façons, ce n’est pas la première fois que la CEDEAO a pris des mesures pour déloger des dictateurs et que l’Union africaine a pris des mesures pour déloger des dictateurs au pouvoir. Je demande à tous les démocrates, à commencer par l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine, la CEDEAO de clairement envisager l’option de la force pour contraindre un dictateur qui, je le répète, a déjà fait tuer 200 Ivoiriens par des mercenaires libériens ». Il y a aussi cet aveu de Nicolas Sarkozy qui a dit ceci après l’intervention de la France au Mali : « Il y a eu une improvisation sur le Mali et la Centrafrique. Je ne dis pas qu’il ne fallait pas intervenir, mais je n’ai toujours pas compris ce qu’on allait y faire. Le Mali, c’est du désert, des montagnes et des grottes. Quand je vois le soin que j’ai mis à intervenir en Côte d’Ivoire… On a sorti Laurent Gbagbo, on a installé Alassane Ouattara, sans aucune polémique, sans rien». Nicolas Sarkozy a fait cet aveu de taille lors des nombreux rendez-vous secrets qu’il a eus pendant sa retraite politique de deux ans et demi avec Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel pour chroniquer le quinquennat de François Hollande. Des confidences que les deux journalistes français ont consignées dans un livre paru, en novembre 2014, aux éditions Flammarion, sous le titre : « Ça reste entre nous, hein ? Deux ans de confidences de Nicolas Sarkozy ». Et qui dévoile, selon l’éditeur, «un Sarkozy brut de décoffrage, sans le filtre de la communication que les Français détectent et abhorrent». Une façon de dire que son poulain n’a pas eu l’onction du peuple mais que lui, Sarkozy a usé de la force pour dénouer le contentieux électoral 2010. Cet aveu est tellement clair qu’il permet de dire que quelqu’un à qui le peuple a accordé son suffrage ne peut permettre à ses partisans d’appeler à la guerre. Plusieurs options s’offrent à lui pour se faire entendre. Et l’option la plus sérieuse que son adversaire lui offrait, c’est le recomptage des voix en vigueur dans les démocraties les plus avancées. Ce n’est qu’en Côte d’Ivoire que ladite option a été refusée. Autant dire que le verdict de Koné Mamadou n’est pas convaincant. Cela est d’autant plus vrai que le juriste s’est vu dans l’obligation d’inventer « la candidature dérivée ». Un terme tout aussi anachronique pour embrouiller les Ivoiriens.
Gobson Zago