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Politique Publié le vendredi 30 octobre 2015 | L’intelligent d’Abidjan

Contribution : Au Nigeria et en Côte d’Ivoire, le soleil s’est levé sans effusion de sang

La belle leçon de démocratie apaisée ne doit plus être tournée en dérision mais constitue une réalité tangible, palpable et visible en Afrique de l'Ouest en 2015, loin du fond de violence électorale au Nigeria et en Côte d'Ivoire dont les similitudes et les différences nous donnent les clés de la compréhension de la maturité démocratique et des recettes de la croissance économique.

1. Au Nigeria, le perdant a confessé sa défaite. Le gagnant a appelé au calme suite à une campagne extrêmement difficile avec beaucoup d'émotion en Mars 2015. Première puissance économique en Afrique de l'Ouest avec 170 millions d'habitants, le Nigeria a démontré qu'il est possible de parachever la transition pacifique du pouvoir grâce à des élections libres et justes en 2015, contrairement aux émeutes en 2011 lors du dernier scrutin. "Ce n'est pas le temps de la confrontation. C'est le temps de panser les plaies et bâtir l'avenir" a dit le nouveau Président avec environ deux millions et demi de voix d'avance sur le Président sortant.

En Côte d'Ivoire, avant la proclamation du résultat de l'élection présidentielle du 25 Octobre 2015,par la Commission Électorale Indépendante, un candidat indépendant a reconnu sa défaite et félicité le Président réélu. Les observateurs nationaux et internationaux ont unanimement félicité tous les candidats et le peule ivoirien pour la maturité, le comportement pacifique et responsable,le climat de paix, l'environnement apaisé sur toute l'étendue du territoire national, le vote en toute liberté et dans l'ordre, le vote discret, la transparence dans le vote, le scrutin crédible et juste, l'esprit patriotique, de dépassement, de fraternité et de paix, en dépit des dysfonctionnements d'ordre logistique qui ne mettent en cause les principes d'impartialité.

2. Au Nigeria, face au bilan économique élogieux de n'importe quel pouvoir, la pauvreté demeure la première cause de frustration des électeurs. Environ 70% de la population vit avec moins de deux dollars américains par jour en 2015. L'opposition en a fait un instrument d'endoctrinement et de rejet de la prouesse économique, en battant en brèche les résultats des reformes qui assainissent l'environnement dans lequel se crée la croissance avant de la rendre durable et partagée au profit des classes moyenne et inférieure.

En Côte d'Ivoire le bilan économique du Président sortant est éloquent. Sur la période 2011-2015, le taux de pauvreté est passé de 55% de la population à 45 %. Sur les 5830 milliards FCFA du budget 2016, sont destinés 2.000 milliards FCFA aux dépenses pro-pauvres. En quatre ans, le taux de coupure d'électricité de 42 heures par an est le plus bas en Afrique de l'Ouest, un critère d'amélioration de la compétitivité de l'économie nationale et d'attractivité des investissements directs étrangers. Pays post conflit, la Côte d'Ivoire en 2015 est fréquentable, en pleine expansion économique vers l'émergence à l'horizon 2020. Cette qualité ne doit pas être banalisée, si le peuple veut se donner de la perspective, du champ démocratique, de la prospective stratégique.

3. Au Nigeria, le train des reformes a tardé dans la prise en charge de la réflexion et de l'action pour prendre la pleine mesure de la chute du prix du pétrole représentant environ 95% des recettes du pays depuis Juin 2014 et la baisse de la monnaie nationale face au dollar américain et dans l'accélération des reformes du secteur pétrolier, moteur de la croissance économique et de la puissance financière du pays dans l'espace CEDEAO, ainsi que dans l'élaboration des stratégies, actions et mesures de partage équitable des richesses nationales pour réduire les disparités économiques et sociales entre le Nord et le Sud du pays.

De 2011 à 2015, la Côte d'Ivoire est parmi les grands pays reformateurs sectoriels, structurels et institutionnels du continent africain. Les reformes du secteur du cacao en terme d'organisation, de stabilisation, de sécurisation des recettes et de développement, entreprises depuis 2011, ont non seulement permis au pays d'être le premier producteur mondial mais aussi aux producteurs agricoles de bénéficier d'un revenu substantiel de 1.000 FCFA le kilo de cacao en 2015.

4. Au Nigeria, l'aspiration au changement était plus grande que la continuité en terme de promesses tardives de gouvernance vertueuse du Président sortant. En Côte d'Ivoire, l'aspiration au changement de l'opposition politique divisée au sein d'une coalition était moins grande que la volonté majoritaire de tolérance, de dialogue et de paix des ivoiriens qui ont vite compris par sagesse, par vocation et par expérience tirée des impacts négatifs de la crise post électorale de 2010 que dans toute crise il y'a une opportunité de développement dans la paix, la réconciliation, la cohésion sociale et la concorde nationale. Ils ont exprimé leur choix dans les urnes le 25 Octobre 2015, au profit du Président sortant qui en quatre ans de gouvernance a sorti le pays du rouge.

5. Loin du Nigeria et de la Côte d'Ivoire, la combinaison de la consolidation démocratique et des reformes économiques vertueuses ont fait de l'Ethiopie avec un taux de croissance économique de 10 % par an au cours d'une décennie la Chine de l'Afrique. Elle était synonyme de guerre, de misère et de famine. Aujourd'hui, elle est une nation émergente vers la renaissance et le renouveau mais où 80% de la population n'a pas d'électricité et subit les délestages. Chaque année les besoins en énergie du pays augment de 30%, obligeant le développement de la géothermie, de l'énergie hydraulique, thermique et éolienne pour satisfaire les besoins nationaux et exporter l'électricité.

6. Au Nigeria et en Côte d'Ivoire, le soleil s'est levé sans effusion de sang. La démocratie a triomphé sur la malédiction de la crise post électorale. L'Afrique Centrale doit à l'avenir s'inspirer des deux exemples instructifs et mobilisateurs pour éviter les violences électorales mortelles sur fond de casses, vols, pillages et destruction des acquis économiques et sociaux.

Laurent Maurice Kouakou
Chroniqueur expert consultant
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